De la fin du Saint Empire romain germanique (1806) à la réunification de 1990, le cours de l'histoire allemande a suivi un chemin bien particulier, plus d'une fois catastrophique. L'absence d'Etat national et la présence de deux grandes puissances germaniques (l'Autriche et la Prusse) ont retardé voire altéré l'établissement de la démocratie, laquelle n'a triomphé (brièvement) qu'à la faveur de la défaite de 1918 et de nouveau après celle de 1945 - mais seulement en 1990 à l'est. Les perpétuelles hésitations des élites entre " petite " et " grande " Allemagne plongent leurs racines dans un très ancien passé et ne s'estompent vraiment que dans la seconde partie du XXe siècle à travers la construction européenne - ce n'est que depuis quinze ans qu'il n'y a plus de " question allemande "... Il est passionnant, pour un Français, de suivre là-dessus l'évocation et la réflexion de l'un des meilleurs spécialistes d'outre-Rhin. Heinrich Winkler ne néglige aucune des clefs mises à la disposition de l'historien, s'intéressant spécialement aux mythes et aux lectures de l'Histoire sur lesquels les Allemands, génération après génération, ont deux siècles durant vu leur avenir et construit leur projet. Son ouvrage, magistral, est une somme sans précédent où la sûreté et la richesse de l'information le disputent à l'intelligence de l'événement et à la hauteur de vue. A l'intersection du politique, du culturel et de cent autres approches du passé, il concilie avec bonheur l'histoire-récit et l'histoire-problème.

Histoire de l'Allemagne - XIXe-XXe siècle : Le long chemin vers l'Occident

Heinrich August Winkler, né le 19 décembre 1938 à Königsberg (aujourd’hui Kaliningrad, en Russie), est un historien allemand spécialiste d’histoire politique de l’Allemagne moderne et notamment de la république de Weimar. Il est professeur émérite d’histoire moderne à l’université Humboldt de Berlin.

Lorsque la classe moyenne nouvellement formée en Chine commence à percevoir ses intérêts et découvre la valeur de l'état de droit, la structure de pouvoir existante perdra ses bases. C'est un processus auquel aucun gouvernement ne peut mettre un terme à long terme. Cela s'applique également à certains pays arabes, avec certaines limites. Mais nous devons être patients. Dans les années 1980, personne ne s'attendait à ce que le mouvement de la liberté en Pologne entraîne l'effondrement de tout le bloc de l'Est. C'est pourquoi ce serait une énorme erreur où nous croyons que les systèmes autoritaires étaient indestructibles.

En Ukraine, il n'y a jamais eu de consensus derrière l'adhésion à l'OTAN. Même Yulia Tymoshenko n'était pas engagée alors qu'elle était encore Premier ministre. La Géorgie sous le président Mikhail Saakashvili a adopté une position assez agressive, qui se tenait sur le chemin de son adhésion à l'OTAN. Compte tenu des relations uniques des deux États avec la Russie, les préoccupations étaient justifiées que l'adhésion à l'OTAN déclencherait les craintes raisonnables de l'encerclement de la Russie.

À bien des égards, l'Occident dépend de la Russie en tant que partenaire. Montrer une considération pour les sensibilités russes en ce qui concerne les liens anciens et historiques est une approche raisonnable et bien fondée.

Pendant la guerre froide, l'Occident a été extrêmement prudent de ne pas permettre à l'écart entre les riches et les pauvres de s'élargir trop loin, d'abord et avant tout pour contrer les représentations communistes des masses sordides en Occident. Mais la même chose reste vrai aujourd'hui: si l'Occident ne fait rien sur les inégalités sociales croissantes, elle met en danger sa légitimité interne.

L'Allemagne n'est pas le seul pays que l'on pourrait appeler post-héroïque. Mais il y a un aspect supplémentaire pour l'Allemagne en ce qui concerne cette position généralement occidentale - celle que Vladimir Poutine appellera décadent. Pendant près de quatre décennies et demi après la Seconde Guerre mondiale, nous n'avions pas de souveraineté complète. Au cours de cette période, nous avons existé dans un créneau de la politique mondiale. Cette expérience de souveraineté limitée continue d'avoir un effet. De nombreux Allemands ont encore de la sympathie pour l'idée que l'Allemagne peut exister comme quelque chose comme une grande Suisse au milieu de l'Europe.

Les gauchistes allemands n'ont toujours pas compris dans quelle mesure le président russe Vladimir a dérivé au niveau national. Maintenant, les observateurs perspicaces disent que Poutine essaie de créer quelque chose comme une internationale réactionnaire. Le virage vers l'homophobie et les clercs est complètement ignoré par les gauchistes en Allemagne. Leur sympathie pour Poutine vient en grande partie de leur antipathie pour l'Amérique. Et cet anti-américain est ce qui les lie à l'extrême droite.

Vladimir Poutine essaie sans aucun doute de faire un coin dans l'alliance occidentale. En ce qui concerne les minorités russes dans les Baltes, Poutine saura sûrement que ses chances qu'il y en a mince. Ils sont assez à l'aise dans ces pays. Mais pour le moment, il y a au moins trois États membres de l'UE où il est douteux s'ils appartiennent toujours aux démocraties occidentales: la Hongrie, la Roumanie et la Bulgarie.

Les Allemands discutent avec les Américains de beaucoup de choses, de la peine de mort à la relation entre la sécurité et la liberté. Nous devons être honnêtes au sujet de ces différences. Et pourtant, chaque fois que nous nous querelles avec les Américains, cela équivaut à des controverses sur différentes interprétations des valeurs que nous partageons. Vous ne pouvez pas dire cela sur la Russie. Vladimir Poutine remet en question fondamentalement les valeurs occidentales.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Heinrich_August_Winkler

Ses oeuvres