Ida Vitale
@idaVitale
La nuit, cette demeure La nuit, cette demeure où l’homme se trouve et il est seul, sur le point de mourir et de se mettre à marcher par d’autres airs. Le monde va perdre des nuages, des chevaux, il vacille, s’étonne, se défait, tombe comme aux bords du désir mais déjà à l’écart du miracle. L’espoir lentement revêt sa peau d’oubli. Je ne vois pas au-delà d’un nom que j’ai appelé lettre à baiser à caresse à rose ouverte à vol aveugle à larmes. Et comme tout est dépossédé, tout d’un pied juste afin de toucher la terre obscure, le ciel devenu creux sans voix et sans rivages, je ne suis plus déjà la pauvre, évaluée entre des airs mortels, mélancoliques, corps aveuglé de lumière ou simple larme. Ce que cette mer, cette ombre croissante perd peu à peu vient se sauver en moi, nuage toujours, cheval bleu, ciel éternel.