Jacques Dupin
@jacquesDupin
Se lever tôt Se lever tôt, se coucher tard, restreindre l’espace de réparation retrouver le souffle des mots perdus hors de la cage d’air comme un cheval qui se bat contre les taons, le hasard, contre les mouches et le noir avec les contre-cages odorantes avec les insectes doux d’un visage de femme-enfant qui se glissent, qui se jouent entre les branches et la soif Je suis sans identité comme, coupant, par les bois le pas d’un autre, toujours un autre, à la fin, par les bois l’étirement de la peur dans le poignet, les veines alanguies des bras ma mort, sans l’avoir vécue, elle, sans voix, me tirant... toute l’eau du ciel dans les feuilles de la forêt, dans la résonnance des pierres empêchée d’écrire – écrivant ce qui me tue sans une goutte de sang Le poète – il n’existe pas – est celui qui change de sexe comme de chemise une humide contre une sèche, une rose contre un caillou et vice vers... précipice un feu de branches déjà vertes... quelles fleurs pourraient surgir rien ne presse que le pas l’ombre qu’il jette Les mots me manquent pour jouir du chèvrefeuille, du jasmin frappé par le vent violent le sol brille le jour bat je suis aveugle – et – lié à ta voix indestructible qui compte le vide des pas sous les fibres de l’image le mot relance la mort de la déesse calcaire... Le corps vient de rajeunir le souffle de s’éparpiller