Où puiser de l'espoir après Auschwitz ? Comment parler encore de Dieu après les tragédies du XXe siècle ? Qu'advient-il du christianisme - qui prend ses racines dans le judaïsme - après que le peuple juif a été assassiné dans les camps ? Voici quelques-unes des questions abordées successivement par chacun des deux éminents témoins qui dialoguent avec Ekkehard Schuster et Reinhold Boschert-Kimmig. Si toute vraie théologie doit prendre en compte la souffrance humaine, si la mémoire est essentielle, E. Wiesel et J-B. Metz partagent l'idée que la Shoah est une fracture dans l'histoire elle-même.

Espérer envers et contre tout - Un juif et un chrétien après Auschwitz

"Religion au visage tourné vers le monde", le christianisme ne saurait se désintéresser purement et simplement de l'ombre que l'histoire des souffrances humaines projette sur notre espérance : il est dramatiquement contraint de reprendre de façon nouvelle la question essentielle de la théodicée, celle de Dieu. Cela nous conduit à confronter notre mémoire biblique aux divers univers culturels et religieux actuels, et à relancer ainsi à neuf les problèmes brûlants de l'histoire de la passion de l'homme.Dans une religion qui voit dans la passion de Dieu une compassion, une expression non sentimentale d'un amour qui s'enracine dans l'unité inséparable de l'amour de Dieu et de l'amour de l'homme, l'Histoire de l'humanité (au sens de grand récit) vue comme une histoire de passion ne peut que récuser l'idée (moderne) d'une avancée non dialectique du progrès, mais aussi l'intention (postmoderne) de dissoudre l'Histoire dans une pluralité d'histoires sans lien entre elles. C'est pourquoi le christianisme critique l'image répandue dans le public, celle d'une histoire qu'on a fondamentalement soustraite à la dialectique du souvenir et de l'oubli, et qui vient ainsi conforter l'amnésie culturelle régnante en effaçant de la mémoire le souvenir de la passion. [...]En reprenant ainsi en théologie le thème de la théodicée, il ne s'agit pas, comme le mot et son histoire pourraient le laisser entendre, d'un retour à la tentative vieillotte de "justification de Dieu" envers et contre tout, alors que nous devons faire face au monde, à la souffrance et au mal. Il s'agit plutôt, et même exclusivement, de se demander comment on peut parler de Dieu de manière générale, étant donné l'insondable souffrance du monde, de "son" monde. A mes yeux, c'est là la question de la théologie, et il est tout aussi impossible de l'éliminer que d'y répondre. C'est la question eschatologique, celle pour laquelle la théologie ne dispose d'aucune réponse venant tout concilier, mais au sujet de laquelle elle doit toujours chercher un nouveau langage pour ne jamais la laisser tomber dans l'oubli.[Jean-Baptiste Metz]

Memoria passionis: Un souvenir provocant dans une société pluraliste

Découvrez , le livre de Johann-Baptist Metz. Le programme de théologie politique que Johann Baptist Metz avait esquissé dans son premier ouvrage, Pour une théologie du monde, avait suscité des critiques diverses surtout de la part des théologiens latino-américains. Dans ce nouvel ouvrage, le théologien allemand de Münster tient compte de ces critiques et poursuit sa propre recherche. Il s'agit d'un essai de théologie fondamentale où la praxis de la foi chrétienne, dans sa double structure mystique et politique, joue un rôle décisif comme correctif au caractère trop théorique des systèmes théologiques existants. Critiquant aussi bien la sécularisation extrême de la foi que sa privatisation, il trace les grandes lignes d'un " christianisme radical ". Cette nouvelle théologie politique est l'exemple même d'une théologie européenne qui s'efforce de relever le défi des diverses théologies de la libération. Dans l'avant-propos à cette nouvelle édition, l'auteur répond aux questions qui ont été formulées sur son programme et en développe l'actualité.

La Foi dans l'histoire et dans la société

Johann Baptist Metz n'est pas un religieux, mais un professeur de théologie à la faculté de théologie de Münster, dont l'audience dépasse de loin les frontières de son pays. Dans ce livre, il s'adresse cependant aux religieux pour leur dire ce que l'Église est en droit d'attendre d'eux. Pour lui, les ordres religieux ont toujours été pour la grande Église des correctifs et même une sorte de " thérapie de choc ". Contre des compromis douteux envers lesquels l'Église ne cesse d'incliner, ils font valoir l'absence de compromis qu'impliquent l'Évangile et la suite de Jésus. Contre trop de force d'inertie ecclésiastique, face aux exigences et aux incitations de l'Évangile, ils rappellent la démesure et l'unilatéralité de la suite de Jésus. Notre temps doit être celui des religieux, car plus que jamais nous avons besoin d'hommes et de femmes qui, au sein même d'une société marquée par la technocratie et le confort, rappellent à l'Église tout entière, le radicalisme de l'Évangile. Les ordres religieux ont donc en notre temps une " vocation prophétique ". L'auteur souligne par quoi ils peuvent être aujourd'hui un signe du Royaume qui vient. Dans son livre, J.B. Metz se réfère souvent à un document du synode allemand de 1975, " Notre Espérance ", un très beau texte qui, lui, s'adresse à tous les chrétiens. L'auteur en a sans doute été l'inspirateur. Ce document constitue la deuxième partie de ce livre.

Un temps pour les ordres religieux ?

Le thème de «Dieu» ne distribue pas le théologien de sa biographie. Cela le distingue de l'expert qui s'occupe de la science de la religion.

La définition la plus courte de la religion: interruption.

Chaque rébellion contre la souffrance est alimentée par le pouvoir subversif de la souffrance rappelée.

Qui, par exemple, formule le discours sur Dieu Abraham, Isaac et Jakovljev, de sorte que le soupir de travail et un procès n'y sont plus entendu, "dates Still?", Il ne traite pas de théologie mais de mythologie.

Les morts d'Auschwitz auraient dû nous apporter une transformation totale; Rien n'aurait dû être autorisé à rester tel qu'il était, ni parmi notre peuple ni dans nos églises. Surtout, pas dans les églises.

Nous devons apprendre à nous accepter dans la douloureuse expérience de la vie. Nous devons embrasser l'aventure spirituelle de devenir humain, se déplaçant à travers les nombreuses étapes qui se trouvent entre la naissance et la mort.

N'avons-nous pas trop interprété le christianisme uniquement comme une religion sensible au péché et, par conséquent, trop sensible à la souffrance?

Afin de vivre et de comprendre ce que signifie être chrétien, il est toujours nécessaire de reconnaître une situation historique définie.

[A]ucun de nous ne boit le calice de notre existence jusqu'à la dernière goutte. Aucun de nous n'est totalement obéissant. Chacun de nous est en deçà de la nature humaine qui nous est confiée.

Sommes-nous, chrétiens dans ce pays, en train de changer vraiment nos cœurs, ou croyons-nous simplement en un changement de cœur... ?

Certes, l'Église n'est pas principalement une institution morale, mais le porteur d'un espoir.

L'histoire ne doit pas être blanchie à la chaux "par une projection de l'importance de la souffrance".

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