La science a besoin de l'art pour exprimer la dimension du mystère, mais l'art a besoin de la science pour que tout ne demeure pas mystère.
"A l'instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d'extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m'avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. D'où avait pu me venir cette puissante joie ?" En citant ces phrases célèbres de Proust, Jonah Lehrer rend hommage à l'immense intuition dont l'écrivain a fait preuve. Grâce aux miettes prophétiques de sucre, farine et beurre, Proust comprit que notre odorat et notre goût portent ensemble le poids de la mémoire.
A l'époque, les physiologistes n'avaient pas la moindre idée du mode de connexion des sens à l'intérieur du cerveau. C'est seulement aujourd'hui que les neurosciences ont confirmé que notre odorat et notre goût sont directement reliés à l'hippocampe, centre de la mémoire à long terme, d'où leur penchant exceptionnellement sentimental. Outre le célèbre écrivain, sept autres artistes précurseurs ont été réunis par Jonah Lehrer dans ce livre.
Tous ont découvert, a-t-il constaté, des vérités bien réelles et tangibles sur l'esprit humain que les neurosciences commencent à peine à décrire. Auguste Escoffier sut capter "l'essence du goût", quand Paul Cézanne mit au jour le "processus de la vision". Dans d'autres registres, les amateurs de musique, de littérature et de poésie découvriront les intuitions profondes qu'eurent Igor Stravinsky, Virginia Woolf ou Watt Whitman...

Proust était un neuroscientifique sans le savoir

Dans la tradition occidentale, en particulier dans la vision philosophique issue de Platon, raison et émotion sont opposées : ou bien l'on prend une décision de façon rationnelle, ou bien on la prend « avec ses tripes ». Les deux ne font généralement pas bon ménage. Et l'idée qu'existe un « être rationnel » continue de primer ! Aujourd'hui, les neuroscientifiques décrivent autrement la façon dont notre cerveau élabore ses décisions à l'aide des nouveaux outils d'imagerie cérébrale. Si l'inconscient dicte certaines de nos conduites, ce n'est pas de façon incontrôlée - comme le redoutent certains -, mais en fonction de l'apprentissage des individus. Jonah Lehrer raconte ainsi comment un contrôleur radar (lors de la première guerre d'Irak) avait décidé de lancer un missile contre une cible pour laquelle rien ne prouvait « rationnellement » que ce n'était pas un avion ami. Pourquoi cet homme a-t-il agi ainsi ? Seul un débriefing extrêmement élaboré aura permis aux scientifiques de le comprendre : son inconscient « savait », après des années de pratique du contrôle radar, qu'il s'agissait bien d'un ennemi à abattre, et c'est « avec ses tripes » (une peur incompréhensible, les mains moites, etc.) que ce contrôleur a pris la bonne décision. A l'inverse, Jonah Lehrer montre comment, lors de situations extrêmement stressantes, l'esprit parvient, dans un sursaut remarquable, à mobiliser toutes ses capacités d'analyse rationnelle pour élaborer des décisions vitales. Il décortique ainsi l'exemple d'un pompier aguerri qui, condamné par un feu auquel il était impossible d'échapper, a su allumer au dernier moment, avec un sang-froid hors du commun, un contre-feu qui l'a sauvé. Sa manière d'agir est désormais enseignée dans toutes les escouades. Raison et émotion : c'est ainsi au moyen d'un mélange particulièrement raffiné de ces deux composantes que notre cerveau prend toutes ses décisions. Et aussi, sait « faire le bon choix ». La preuve par les plus récentes découvertes en neurosciences, comme l'explique ici de façon lumineuse le jeune spécialiste américain Jonah Lehrer. Cette façon de voir devrait heurter bien des penseurs !

Faire le bon choix ; comment notre cerveau prend ses décisions

Jonah Lehrer (né en 1981 à Los Angeles) est un auteur et vulgarisateur américain. Il écrit sur des sujets tels la psychologie, les neurosciences ainsi que la relation entre les sciences et les lettres. Il a travaillé plusieurs années comme assistant de recherche à l'Université Columbia.

Alors ne prétendons pas que le voyage est toujours amusant. Nous ne passons pas 10 heures perdues dans le Louvre parce que nous l'aimons, et la vue du haut de Machu Picchu ne compense probablement pas les tracas des bagages perdus. (Plus souvent qu'autrement, j'ai besoin de vacances après mes vacances.) Nous voyageons parce que nous en avons besoin, car la distance et la différence sont le tonique secret de la créativité. Lorsque nous rentrons à la maison, la maison est toujours la même. Mais quelque chose dans notre esprit a été changé, et cela change tout.

Si vous essayez d'être plus créatif, l'une des choses les plus importantes que vous puissiez faire est d'augmenter le volume et la diversité des informations auxquelles vous êtes exposé.

La créativité ne doit pas être considérée comme quelque chose d'un autre monde. Il ne faut pas considérer comme un processus réservé aux artistes et aux inventeurs et autres «types créatifs». L'esprit humain, après tout, a l'impulsion créative intégrée à son système d'exploitation, câblé dans son code de programmation le plus essentiel. À un moment donné, le cerveau forme automatiquement de nouvelles associations, reliant continuellement un x quotidien à un y inattendu.

Le grain est le refus obstiné d'arrêter.

C'est une chose difficile à décrire. C'est juste ce sentiment que vous avez quelque chose à dire.

Il n'y a tout simplement aucun moyen de décrire le passé sans mentir. Nos souvenirs ne sont pas comme la fiction. Ils sont de la fiction.

Même lorsque des opinions alternatives sont clairement erronées, leur exposition exposée élargit toujours notre potentiel créatif. D'une certaine manière, le pouvoir de la dissidence est le pouvoir de surprise. Après avoir entendu quelqu'un crier une réponse errante, nous travaillons pour le comprendre, ce qui nous amène à réévaluer nos hypothèses initiales et à essayer de nouvelles perspectives. "La dissidence authentique peut être difficile, mais elle est toujours revigorante", explique Nemeth. «Cela nous réveille tout de suite.»

La connaissance peut être une malédiction subtile. Lorsque nous apprenons le monde, nous apprenons également toutes les raisons pour lesquelles le monde ne peut pas être changé. Nous nous habituons à nos échecs et nos imperfections. Nous devenons engourdis aux possibilités de quelque chose de nouveau

J'ai toujours voulu être scientifique, j'ai toujours pensé que je serais un scientifique, c'était le récit que je portais. J'ai travaillé dans un laboratoire de neurosciences en tant que premier cycle puis après, près de cinq ans au total, mais j'ai réalisé que je n'étais tout simplement pas bon en science. Je n'avais pas la discipline pour cela.

Comment réguler nos émotions? La réponse est étonnamment simple: en y pensant. Le cortex préfrontal permet à chacun de nous de contempler son propre esprit, un talent psychologues appelle la métacognition. Nous savons quand nous sommes en colère; Chaque état émotionnel est livré avec la conscience de soi attachée, afin qu'un individu puisse essayer de comprendre pourquoi il ressent ce qu'il ressent. Si le sentiment particulier n'a aucun sens - si l'amygdale répond simplement à un cadre de perte, par exemple - alors il peut être réduit. Le cortex préfrontal peut délibérément choisir d'ignorer le cerveau émotionnel.

Bien que la nature humaine détermine en grande partie comment nous entendons les notes, c'est Nurture qui nous permet d'entendre la musique.

La seule façon de maximiser la créativité du groupe - de rendre le tout plus que la somme de ses parties - est d'encourager une discussion franc des erreurs. Cela est dû en partie au fait que l'acceptation de l'erreur réduit le coût. Lorsque vous croyez que vos défauts seront rapidement corrigés par le groupe, vous êtes moins inquiet de perfectionner votre contribution, ce qui conduit à une conversation plus franche. Nous ne pouvons bien faire les choses que lorsque nous parlons de ce que nous nous sommes trompés.

Peu importe que les gens jouent au jazz ou écrivent de la poésie. S'ils veulent réussir, ils doivent apprendre à persister et à persévérer et à travailler jusqu'à ce que le travail soit terminé ... Je parie qu'il n'y a pas une seule personne qui réussit qui ne dépendait pas du grain. Personne n'est assez talentueux pour ne pas avoir à travailler dur, et c'est ce que le grain vous permet de faire.

Nous devons être prêts à risquer d'embarras, poser des questions idiotes, nous entourer de gens qui ne savent pas de quoi nous parlons. Nous devons laisser la sécurité de notre expertise.

En fait, le seul moyen de rester créatif au fil du temps - de ne pas être défait par notre expertise - est d'expérimenter l'ignorance, de regarder des choses que nous ne comprenons pas pleinement.

À l'âge de 3 ans, les enfants des ménages plus riches entendent, en moyenne, environ 500 000 encouragements et 80 000 découragements. Le ratio est inversé dans les ménages sur le bien-être.

Les gens supposent qu'ils perçoivent la réalité telle qu'elle est, que nos sens enregistrent avec précision le monde extérieur. Pourtant, la science suggère que, de manière importante, les gens éprouvent la réalité non pas telle qu'elle est, mais comme ils l'attendent.

C'est ironique mais vrai: la seule réalité que la science ne peut pas réduire est la seule réalité que nous ne connaîtrons jamais. C'est pourquoi nous avons besoin d'art. En exprimant notre expérience réelle, l'artiste nous rappelle que notre science est incomplète, qu'aucune carte de la matière n'explique jamais l'immatérialité de notre conscience.

Je veux donner aux gens des théories, je veux les exposer à des histoires scientifiques qui les obligent à réévaluer la façon dont ils utilisent ces trois livres de viande dans leur tête.

La créativité est un terme de capture pour une variété de processus de pensée distincts.

Lorsque nous nous aventurons au-delà du bord de nos connaissances, tout ce que nous avons, c'est de l'art.

L'incohérence du génie est un thème cohérent de la créativité.

La meilleure façon de résoudre un problème? Essayez de l'expliquer à quelqu'un à l'extérieur de votre champ.

Le processus de rejet n'est pas amusant. C'est le stylo rouge sur la page, le croquis jeté, est parfois la seule voie à suivre.

Les grands âges n'ont peut-être pas produit beaucoup plus de talent que le nôtre '', a écrit Eliot. «Mais moins de talent a été gaspillé.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jonah_Lehrer

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