«Deux prisonniers purgent une peine à vie dans la Rome de Tibère transposée à l'époque de la cybernétique. La Tour où ils ont leur cellule s'élève à un kilomètre au-dessus de la Ville éternelle. Rome est une utopie de l'espace et du temps, et la Tour est l'aboutissement de cette utopie. Le dialogue des deux prisonniers est tour à tour gouailleur, grossier, sentimental, philosophique. L'un est romain, l'autre barbare. Pour le Romain, le suicide sera moins un geste personnel que son identification à l'utopie. Les recoupements avec l'oeuvre poétique de Brodsky, les allusions à la Russie, les citations de Sappho ou de Properce vivifient ce texte théâtralement très efficace, la meilleure des trois tentatives théâtrales du poète dissident. Ironie et émotion accompagnent notre regard sur ces deux candidats à l'utopie qui attendent la parousie du Progrès, en compagnie d'un serin.» Georges Nivat.

Marbre

Dans ce nouveau recueil du grand poète russe devenu américain, Baltique et Adriatique, East River et Tibre entremêlent leurs eaux fuyantes. Le temps délave les reflets. Parents, amis, amours s'y engloutissent et le froid envahit tout, communiquant au regard l'acuité souveraine du givre. Mais sous cette voix blanche, appliquée à garder la distance de la réflexion, affleure une sensibilité à vif. Marmoréenne et chaleureuse, lucide et passionnée, infiniment proche, la poésie de Brodsky est de celles qui aident à vivre. Elle est ce «miroir brûlant dont le doigt chercherait en vain à écailler la tendresse».

Vertumne et autres poemes

La lente avancée du bateau à travers la nuit était comme le passage d'une pensée cohérente à travers le subconscient.
 Des deux côtés, baignant dans l'eau d'encre, se dressaient les énormes coffres sculptés de sombres palazzi remplis d'insodables trésors - de l'or assurément, à en juger par la faible lueur électrique jaune qui sourdait parfois par les fentes des volets.  l'atmosphère de tout cela était mythologique, cyclopéenne pour être précis : j'étais entré dans cet infini que j'avais contemplé sur les marchés de la stazione et voilà que je passais au milieu de ses habitants, devant une troupe de cyclopes endormis reposant dans l'eau noire et qui, de temps à autre, se dressaient et soulevaient une paupière.

Acqua alta

Loin de Byzance, premier recueil d'essais de Joseph Brodsky, constitue une autobiographie intellectuelle au sens le plus large du terme: c'est-à-dire à la fois poétique, littéraire, politique et historique. Poétique dans les essais _ admirables de luminosité et de tendresse _ consacrés à ces poètes sans lesquels l'homme que je suis, comme l'écrivain, serait bien peu de chose ": Akhmatova, Tsvétaïéva, Mandelstam, Auden, mais aussi Montale, Cavafy et Derek Walcott. Littéraire avec " Des catastrophes dans l'air ", où Brodsky, considérant le passé et l'avenir de la prose russe, nous offre une description originale de la vie et de la mort d'une tradition littéraire. Politique, inévitablement, dans ces méditations sur l'histoire et sur notre époque que sont " La tyrannie " et " Loin de Byzance ". Historique enfin, avec les souvenirs personnels de " L'art de la distanciation " et " Dans une pièce et demie ", hommages l'un à sa ville natale, l'autre à ses parents.Joseph Brodsky est né à Leningrad en 1940. Exilé contre son gré, il s'est installé aux Etats-Unis en 1972. Auteur de plusieurs recueils de poésie, il vit actuellement à New York et à South Headley (Massachusetts), où il est professeur de littérature à Mt. Holyoke College. Il a reçu le prix Nobel de littérature en 1987."

Loin de Byzance

Profondément enracinée dans la langue et la tradition poétique russes, l'oeuvre de Joseph Brodsky ouvre son horizon sur la planète, en disant l'exil, la séparation, la solitude, et les jeux confondus de l'espace et du temps.Poésie de la nostalgie et de la tendresse, mais aussi d'une lucidité parfois sarcastique et du refus des illusions consolatrices, elle est une quête obstinée du sens portée par un acte de foi toujours renouvelé dans les pouvoirs du langage.

Poemes (1961-1987)

Leningrad

Collines, et autres poemes

Joseph Brodsky (en russe : Иосиф Александрович Бродский, Iossif Aleksandrovitch Brodski) est un poète russe né à Léningrad le 24 mai 1940 et mort à New York le 28 janvier 1996. Il est lauréat du prix Nobel de littérature en 1987.

La littérature rend votre opération quotidienne, votre conduite quotidienne, la gestion de vos affaires dans la société un peu plus complexe. Et cela met ce que vous faites en perspective, et les gens n'aiment pas se voir ou leurs activités en perspective. Ils ne se sentent pas très à l'aise avec ça. Personne ne veut reconnaître l'insignifiance de sa vie, et c'est très souvent le résultat net de la lecture d'un poème.

La formule de prison est un manque d'espace contrebalancé par un excédent de temps. C'est ce qui vous dérange vraiment, que vous ne pouvez pas gagner. La prison est un manque d'alternatives, et la prévisibilité télescopique de l'avenir est ce qui vous rend fou.

Plus on lit de la poésie, moins la verbosité est tolérante, que ce soit dans le discours politique ou philosophique, que dans l'histoire, les études sociales ou l'art de la fiction.

Je suis la combinaison la plus heureuse à laquelle vous pouvez penser. Je suis un poète russe, un essayiste anglais et un citoyen des États-Unis.

Dans l'ensemble, l'amour s'accompagne de la vitesse de la lumière; séparation, avec celle du son.

La tyrannie transformera une population entière en lecteurs de poésie.

Ni en tant qu'écrivain ni, en outre, en tant que leader d'une nation ne devriez utiliser une terminologie qui obscurcit la réalité du mal humain.

Racisme? Mais n'est-ce pas seulement une forme de misanthropie?

Je ne crois plus à ce pays. Je ne suis pas intéressé. J'écris dans la langue et j'aime la langue.

La vie - comme c'est vraiment le cas - est une bataille non pas entre le bien et le mal, mais entre mauvais et pire

L'invention des doctrines éthiques et politiques, qui s'est transformée dans nos propres sciences sociales, est un produit de moments où les choses semblaient gérables. Il en va de même pour la critique de ces doctrines, bien qu'en tant que voix du passé, cette critique s'est avérée prophétique.

Pour le dire en langue claire, la Russie est ce pays où le nom d'un écrivain n'apparaît pas sur la couverture de son livre, mais à la porte de sa cellule de prison.

La véritable histoire de la conscience commence par son premier mensonge.

Je suis à 100% juif par le sang, mais par éducation, je ne suis rien. Par affiliation, je ne suis rien.

Mes poèmes se faire publier en Russie ne me font pas sentir de manière, pour vous dire la vérité. Je n'essaye pas d'être timide, mais ça ne chatouille pas mon ego.

Dans la pensée poétique, le rôle du subconscient est joué par l'euphonie.

Je me souviens de moi-même, cinq ans, assis sur un porche surplombant une route très boueuse. La journée était pluvieuse. Je portais des bottes en caoutchouc, jaune - non, pas jaune, vert - et pour tout ce que je sais, je suis toujours là.

Je perds ma citoyenneté soviétique, je ne cesse pas d'être un poète russe. Je crois que je reviendrai. Les poètes reviennent toujours en chair ou sur papier.

L'insuffisance de l'avenir est plus facile à affronter que celle du présent, ne serait-ce que parce que la prévoyance humaine est beaucoup plus destructrice que tout ce que l'avenir peut provoquer.

Un bon style en prose est toujours en otage de la précision, de la vitesse et de l'intensité laconique de la diction poétique.

La mauvaise littérature est une forme de trahison.

Vous ne pouvez pas couvrir une ruine avec une page de «pravda».

La Constitution ne mentionne pas la pluie.

Un homme éthique n'a pas besoin d'un consensus de ses alliés pour agir contre quelque chose qu'il trouve répréhensible.

Il me suffirait d'avoir le système d'un jury de douze contre le système d'un juge comme base pour préférer les États-Unis à l'Union soviétique. Je préférerais le pays que vous pouvez laisser au pays que vous ne pouvez pas.

Contrairement à un État, un écrivain ne peut pas plaider la nécessité historique de ses actions.

Contrairement à la vie, une œuvre d'art n'est jamais prise pour acquise: elle est toujours vue contre ses précurseurs et ses prédécesseurs.

Pour un écrivain, une seule forme de patriotisme existe: son attitude envers la langue.

Je suis un mauvais juif, un mauvais russe, un mauvais tout.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_Brodsky

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