Un verre de miroir rouge, un recueil de poèmes dans lesquels se mirent les angoisses de la poétesse et sa vision très rouge du monde.Rouge comme le soleil qui se couche sur la mer à l’horizon, rouge comme le sang, fluide de vie. Une poésie résolument vivante, parfois expérimentale dans sa forme, qui s’ancre volontiers dans les expériences physiques. Le regard de KIM Hyesoon est franc, maître dans l’art d’accepter l’existence humaine dans tous ces états, aussi sombres et tristes soient-ils. Sommes-nous prêts à plonger dans les profondeurs de ces poèmes et à partir à la rencontre de cet autre « vous » qui se reflète dans le miroir ?

Un Verre de miroir rouge

" Au-dedans de la poésie, je suis multiple " écrit Kim Hyesoon, avant de poursuivre : " la confusion de multiples "je" est ce qui me fait écrire de la poésie. Je suis une mère, une jeune femme non mariée, un ange, une prostituée. Je suis un enfant tout juste né,' une vieille femme près de la mort. " Elle dit encore : " Comme les enfants qui refissent l'école et s'enfuient par la grille, de multiples "je" pendillent de la jupe ouverte de la déesse bouddhiste de la compassion. " Et enfin (à l'instant où elle songe à l'interlocuteur qu'implique et même recèle le poème) : " Le "tu" au-dedans de la poésie pendille aussi de la jupe. " Il n'est rien, en effet, dans les poèmes de Kim Hyesoon, qui ne tremble et bouge, rien qui ne se divise cruellement - mais pour se reformer soudain et, rebelle, s'enfuir ... Non sans un éclat de rire.

Ordures de tous les pays, unissez-vous !

L'aliénation entre le fond et la forme est fréquente dans mes poèmes parce que je m'obstine à démanteler mon corps, un acte que l'on peut aussi appeler « démonter le délire ». Je pense qu'après avoir démonté mon corps féminin, je peux enfin démonter les poèmes lyriques établis.

Je suis un voleur de tombes qui vole ma propre tombe. Les choses de ma tombe sont exposées sous le soleil radieux. Chaque fois que cela arrive, je me sens grossier.

Il y a un type spécifique de jour où j'ai envie d'écrire des poèmes. Mes sens deviennent vraiment tranchants. Cette journée, c'est quand j'ai l'impression de me noyer dans l'abandon de la mort.

En Corée, une femme doit d'abord obéir à son père, puis son mari lorsqu'elle devient Ajuma, et enfin obéir à son fils en tant que halmoni. Toute femme qui viole ou vit en dehors de ces rôles est appelée ch'angyŏ (prostituée).

La Corée du Sud est l'un des pires pays en ce qui concerne la possibilité pour les femmes dans les activités sociales et l'emploi. À mon dégoût, dans certaines communautés de Corée, vous ne pouvez même pas imaginer à quel point la discrimination sexuelle est grave.

Vivre en Corée en tant que fille signifiait vivre sous beaucoup de discrimination et de limitation. C'était la même chose dans mon université et dans le monde littéraire coréen dans lequel je suis impliqué maintenant.

Une fois, j'ai comparé la poésie aux mères de mon livre appelé à écrire en tant que femme, parce que ma mère est quelqu'un qui me capture dans son corps et m'a donné naissance de son désir mais s'est lavé les mains de moi après m'avoir donné naissance en tant que poète.

Le grotesque dans mes poèmes est le mouvement que j'utilise pour me mettre et le monde grotesque ensemble. Ainsi, les images misérables que j'utilise dans mes poèmes sont les mêmes que les lettres que j'envoie dans le monde misérable.

Nous avons certaines règles pour la poésie lyrique traditionnelle en Corée. Je tourne mon corps, confus par ce qu'il faut dire et comment agir, face à ces règles. Confronter le lyrisme traditionnel, je parle avec un corps nu sans les tatouages de la culture.

Lorsque la colère et le chagrin débordent, il devient parfois de la poésie.

Les hommes pensent que les femmes devraient faire des choses triviales en marge. Ils pensent que les femmes ne devraient être qu'un assaisonnement pour un plat. Je ressens de la colère et du chagrin de voir ça.

Si quelqu'un demande, quelqu'un est-il vivant? Break, votre, tête, ouvert et, montrez, votre, dix, ta, cle.

Ma maman n'existe plus et je ne peux pas voir ma mère en moi-même. Pour moi, le mot «mère» est le synonyme des mots «séparer» ou «séparation» ou «adieu».

Les femmes sont des feuilles aux hommes. Il est difficile pour les femmes de jouer un rôle principal même dans les ONG pour la résistance politique.

Quand je suis devenu poète, le monde littéraire coréen s'attendait à ce que les femmes poètes chantent passivement de l'amour. Naturellement, cela n'a été écrit nulle part, mais cette règle existait néanmoins. Par conséquent, j'ai reçu de nombreuses critiques graves.

Le rythme de mon corps est le même que ma langue maternelle. C'est dans ce rythme où je trouve le caractère sacré, que je peux retourner à ma mère qui est partout dans l'univers.

En tant qu'étudiant universitaire, j'ai essayé d'écrire des poèmes en coréen. C'est à ce moment-là que je prévoyais ma mort et la mort du monde. Je pense que mes poèmes ont commencé à ce moment-là.

Les poèmes sont une danse de la langue qui sort lorsque mon corps puise dans le rythme de la langue. Le rythme nous rend nus et expose complètement nous-mêmes.

Enfant malade, je regardais toujours par la fenêtre. Les objets de mon observation étaient le soleil, les saisons, le vent, les fous et la mort de mon grand-père. Pendant ma longue période d'observation, j'ai senti que quelque chose comme des poèmes remplissait mon corps. Ils étaient dans une sorte d'état et de condition qui les rendait difficiles à traduire en mots. En tant qu'étudiant universitaire, je me suis efforcé de les écrire en coréen. C'est à ce moment-là que j'ai prévu ma mort et la mort du monde. Je pense que mes poèmes ont commencé à cette époque.

Je n'avais aucun modèle. Je ne pouvais rien apprendre de la voix féminine que les poètes masculins utilisaient, une voix plus "féminine" que la femme. Je ne pouvais pas non plus apprendre de la poésie féminine ancienne qui ne chantait que sur l'amour, le sentiment d'adieu et le désir des autres.

Le féminisme coréen a été emporté par la culture populaire. C'est devenu une sorte de tendance à l'ancienne ou une blague.

Je dois atteindre "la condition de poésie" à écrire. Ensuite, c'est comme si la bordure autour de moi était éclaircie ou floue ou effacée ou disparue ou morte.

Les femmes des mythes coréens disparaissent après l'accouchement. La raison pour laquelle ils sont nés est de produire des fils.

Quand j'étais à l'université, les policiers mesuraient à quel point les mini-jupes féminines étaient courtes et la durée des cheveux des gars. Nous vivons sous un gouvernement qui considère les gens comme des soldats.

À mon avis, les poètes parlent des symptômes de la maladie. Ces symptômes de maladie sont des prédictions, des cris et des chansons.

Les poèmes sont des moyens de dire que vous vous souvenez clairement du jour de votre mort et de votre tombeau. Quand j'écris de la poésie, je revit mes jours où une femme en moi meurt plusieurs fois.

Nos mères qui sont parties sont enterrées dans notre corps. On peut dire que nous sommes nés avec des mères mortes dans notre corps.

Vous ne pouvez pas appeler une femme poème simplement parce qu'elle est écrite par une femme. Néanmoins, je pense que les tentatives de trouver la féminité dans le corps féminin, la vie et la réflexion, tentent de trouver un moyen pour les femmes de parler, s'améliorera largement en Corée.

Le corps de la poésie n'est rien d'autre que de l'énergie, des vagues, du rythme.

Ses oeuvres

Ses derniers livres