La photographie documentaire est une catégorie ambiguë située entre l'information et l'art, entre le reportage et une esthétique apparemment objective (clarté, frontalité, sérialité) héritée du fameux "style documentaire" de Walker Evans. Ce volume entend rendre compte de cette complexité. Il réunit des artistes issus de l'art conceptuel, comme Bernd et Hilla Becher, qui ont documenté de manière systématique les formes de l'industrie minière, ou de la photographie de presse, à l'instar de Luc Delahaye, qui a continué à suivre l'actualité mais dont les grands tableaux sont parfois qualifiés de post-documentaires. Ces interviews soulignent aussi la dimension engagée du documentaire avec Allan Sekula, acteur du nouveau documentaire social américain dans les années 1980, ou Gilles Saussier, qui en appelle aujourd'hui à un documentaire "expérimental et performatif".

La photographie - Tome 3, (Post-)documentaires

Nouvelles frontières - Le paysage dans la photographie contemporaine

Je pensais qu'il était nécessaire d'étudier la photographie, de le démonter, de larguer tous les composants non essentiels et de recommencer par une idée dépouillée mais plus puissante de ce qui est ou pourrait être photographique.

Tout le monde peut prendre des photos. Ce qui est difficile, c'est de penser à eux, de les organiser et d'essayer de les utiliser d'une manière ou d'une autre afin que un sens puisse être construit d'eux. C'est vraiment là que le travail de l'artiste commence.

La technologie numérique, vous voyez, n'est pas le méchant ici. Il offre simplement une autre dimension. Je ne sais pas si c'est un retrait plus éloigné de la réalité que l'analogue. Je pense que si nous pouvons parler de réalité, si la réalité et la représentation peuvent être évoquées dans la même phrase, si la réalité existe même, le numérique est simplement une autre façon d'encoder cette réalité.

Le document photographique idéal semble être sans auteur ni art.

Il pourrait être plus utile, sinon nécessairement plus vrai, de considérer la photographie comme une zone étroite et profonde entre le roman et le film.

Je n'ai jamais eu d'ambition de faire quoi que ce soit de commercial, quoi que ce soit journalistique. Je voulais être un artiste, et je voulais être un artiste dont le travail était fait dans le médium de la photographie. Il peut être discutable à ce jour si j'ai jamais réussi à réaliser cette ambition, mais le fait est que je n'ai jamais eu d'incertitude à ce sujet.

J'ai supposé dès le départ que la photographie était déjà de l'art et que moi et d'autres personnes travaillant dans la photographie étions des artistes. Je comprends maintenant que c'était un point de vue minoritaire.

J'ai utilisé la photographie pour me distancier d'un monde que je détestais et était impuissant à améliorer.

Je voulais que [ma photographie] apparaisse comme si la caméra voyait d'elle-même.

Je vivais à Monterey, un endroit où les photographes classiques - les Westons, Wynn Bullock et Ansel Adams - sont venus pour une vision privilégiée de la nature. Mais ma vie quotidienne m'a très rarement emmené à pointer des lobos ou des yosemites; Il m'a fallu dans les centres commerciaux, et les stations-service et toutes les autres croissances malsaines qui ont prospéré à côté de l'autoroute. C'était un paysage que personne d'autre n'avait beaucoup d'intérêt à regarder. Un autre que moi.

Ses oeuvres

Ses derniers livres