Ouvrage de référence et de combat d'une grande économiste, L'Etat entrepreneur est un appel à modifier notre façon de parler de l'Etat et de son rôle dans l'économie. Contre un certain discours de dénigrement de l'action étatique et les politiques d'austérité budgétaire particulièrement prégnantes depuis 2008, Mariana Mazzucato montre que, de l'iPhone à l'industrie pharmaceutique, ce sont souvent les fonds publics qui apportent une stratégie à long terme. Les "innovateurs de génie" sont d'abord des bénéficiaires privilégiés des investissements publics dans la recherche fondamentale et le développement des nouvelles technologies, alors qu'ils réclament toujours plus d'avantages fiscaux et moins de contraintes administratives. Pour que l'innovation ne soit pas laissée aux seuls acteurs du secteur privé, nous avons besoin de mieux comprendre comment transformer l'Etat en moteur principal d'une croissance tirée par l'investissement, capable de s'attaquer aux grands défis de notre époque, depuis le changement climatique jusqu'à la santé de demain, en passant par la maîtrise de la révolution numérique. Ce livre qui repense la vocation du capitalisme moderne a connu un immense retentissement et a déjà fait l'objet de 17 traductions à travers le monde. Lauréate du Prix Léontieff 2018 pour l'avancement des limites de la pensée économique, Mariana Mazzucato est professeur d'économie de l'innovation et de la valo­risation des biens publics à l'University College London (UCL), où elle a fondé et dirige l'Institut pour l'Innovation & l'Intérêt général (IIPP). L'Etat entrepreneur, distingué par plusieurs prix, analyse le rôle critique de l'Etat dans le pilotage de la croissance. Dans The Value of Everything (2018), elle expose pourquoi et comment c'est la création de valeur qui doit être récompensée plutôt que son extraction. Mariana Mazzucato conseille des responsables politiques dans divers pays sur les questions liées à la croissance inclusive et durable tirée par l'innovation. Elle a remporté en 2019 le Prix Madame de Staël des Académies euro­péennes pour les valeurs culturelles et le Prix John Von Neumann en 2020. En 2019, le magazine Wired l'a nommée dans sa liste des "vingt-cinq penseurs internationaux les plus importants sur la technologie" .

L'état entrepreneur - Pour en finir avec l'opposition public-privé

The Value of Everything - Making and Taking in the Global Economy

The Entrepreneurial State - Debunking Public vs. Private Sector Myths

En tant qu'homme d'affaires, Donald Trump a été associé à certains des pires excès d'un style particulier de capitalisme d'extraction de valeur et de dépouillement d'actifs : créer des entreprises, les laisser échouer, éviter de payer les fournisseurs, utiliser les lois sur la faillite pour éviter les impôts pendant des décennies, puis créer une autre entreprise ailleurs. C'est ce modèle qui est la cause de nombreux problèmes que nous voyons aujourd'hui.

La plupart des fonds de capital-risque sont trop à court terme et axés sur la sortie pour faire face au processus d'innovation très incertain et long.

Le soutien du gouvernement consiste non seulement à investir dans des domaines en amont comme la recherche fondamentale, mais aussi dans des domaines en aval comme la recherche appliquée et un financement à un stade précoce pour les entreprises elles-mêmes. Cela signifie qu'il existe de grands risques.

Nous devrions investir là où les rendements publics sont les plus grands - c'est-à-dire dans l'innovation.

J'utilise souvent l'iPhone comme un exemple de la façon dont les gouvernements façonnent les marchés, car ce qui rend l'iPhone «intelligent» et non stupide, c'est ce que vous pouvez en faire. Et oui, tout ce que vous pouvez faire avec un iPhone a été financé par le gouvernement. Depuis Internet qui vous permet de surfer sur le Web, au GPS qui vous permet d'utiliser Google Maps, pour afficher l'écran tactile et même le système activé par Siri Voice - toutes ces choses ont été financées par l'oncle Sam via la Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA ), La NASA, la marine et même la CIA!

Une autre similitude entre les campagnes du Brexit et de Trump était une attaque contre les soi-disant élites. Ce n'est pas tant un échec du capitalisme que de ses grands prêtres de la profession économique, dont nous devons tous assumer une part de responsabilité.

Si nous regardons la complexité des défis auxquels sont confrontés les sociétés occidentales aujourd'hui, nous voyons que les problèmes ne concernent pas vraiment les étrangers, mais ont leurs racines beaucoup plus près de chez nous.

Si nous regardons la politique d'infrastructure allemande, elle a été motivée par son accent axé sur la mission sur les infrastructures vertes. Cela affecte à la fois l'innovation et les infrastructures, les anciennes industries et les nouvelles. L'industrie sidérurgique allemande, par exemple, s'est adaptée à la politique en abaissant son contenu matériel grâce à une stratégie «réutiliser, réutiliser et recycler».

La croissance de la productivité a divergé de la croissance de la part que les travailleurs peuvent s'attendre à des économies avancées, mais cette tendance a commencé plus tôt et a été plus prononcée aux États-Unis

Les marchés ne sont pas des entités statiques qui sont «interdites» (pour le bien ou le mal) mais qui sont des résultats des interactions publiques et privées.

Mes préoccupations spécifiques concernant les plans de Trump sont qu'ils sont susceptibles d'investir dans les infrastructures où les rendements privés sont les plus élevés (par exemple les routes à péage et les ponts) plutôt que où les gains publics sont les plus importants.

Avec une administration Trump, nous ne savons pas encore assez pour faire des prédictions, mais si le comportement passé est une indication, je ne suis pas encouragé.

Si nous voulons que la croissance aujourd'hui soit plus axée sur l'innovation, plus inclusive et plus durable, nous avons besoin d'un état plus actif, pas moins actif. Pourtant, nous entendons toujours le dogme que nous devrions simplement réparer l'échec du marché en nous concentrant sur la science et les infrastructures, et pour "niveler les règles du jeu".

Les gens travaillent dur et les entreprises réalisent de gros bénéfices, mais les employés ne voient pas qu'ils partagent la richesse qu'ils aident à créer.

Bien que l'infrastructure soit bien sûr importante, elle doit faire partie d'une vision plus importante. Le but n'est pas de simplement creuser des fossés mais de diriger ces investissements vers la croissance transformationnelle.

Le vert ne concerne pas seulement les énergies renouvelables. Il s'agit également de créer une nouvelle direction pour toute l'économie. Cela oblige le gouvernement à intensifier, pas à prendre du recul, à créer les types d'organisations publiques axées sur la mission qui nous permettront de lutter contre le changement climatique - aussi ambitieux que ceux qui nous ont amenés à la lune. Cela nécessite également que le secteur financier soit moins à court terme car nous savons que la finance à court terme a déformé les incitations et les directions dans des domaines comme la biotechnologie.

La théorie de la valeur des actionnaires - l'idée destructrice selon laquelle les entreprises devraient être gérées uniquement au profit des actionnaires - a conduit à des entreprises financialisées qui n'investissent pas dans les domaines qui conduiront à une croissance future ou à l'invention de nouveaux produits utiles.

Les revenus médians réels aux États-Unis étaient fondamentalement les mêmes en 1989 qu'en 2014. Mais nous voyons également des défis similaires au Royaume-Uni dans la stagnation des salaires réels.

Notre modèle actuel du capitalisme et les idées dominantes de l'élaboration des politiques ont conduit à un échec de l'investissement par le public et le secteur privé dans les choses qui stimulent la productivité et qui affectent sa distribution.

Il est important que les fonds publics soient dépensés dans des directions de recherche qui poussent les frontières du marché plutôt que de travailler dans des domaines existants. Cela signifie financer des recherches non seulement sur les médicaments mais aussi sur des domaines comme les changements de style de vie, même si le potentiel de profit est plus faible pour la grande pharma car vous ne pouvez pas vendre ce changement car vous pouvez vendre un médicament.

Ce serait une erreur de surestimer les similitudes entre le vote du Brexit et la victoire de Trump - mais il y a des thèmes communs, notamment dans les cris de ralliement que les campagnes gagnantes ont utilisées. Ils se sont concentrés sur une menace économique supposée posée par des étrangers, en tant qu'immigrants ou en tant que partenaires commerciaux. Ce combustible des angoisses a soutenu un récit centré sur la nécessité de «reprendre le contrôle», qu'il s'agisse de frontières ou de forces économiques.

Fixer les marchés ne suffit pas. Nous devons les façonner et les créer activement et incliner les règles du jeu dans le sens de la croissance que nous voulons.

Les entreprises préfèrent mettre de l'argent dans les poches des actionnaires ou trésder en espèces plutôt qu'à augmenter les salaires ou à investir.

Il y a beaucoup de chair à mettre sur les os - mais il y a au moins une ouverture pour un débat plus pragmatique et moins idéologique sur la façon de construire des économies qui fonctionnent pour les gens, dans les limites de notre planète.

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