Né dans les années 20, le roman-photo a longtemps été le favori des lectrices assoiffées d'histoires d'amour, avant d'être détrôné par le roman-savon. Martin Villeneuve, jeune diplômé en design graphique de l'UQAM, a décidé de remettre cet art un peu kitsch au goût du jour. Mars et Avril est un ouvrage amusant, fort bien fait, et qui ne risque pas de faire compétition aux romans Harlequin ! De fait, peu d'éléments demeurent du modèle original, sinon que ce roman-photo nouveau genre – rebaptisé "photo-roman" – parle de désir, d'aventures et d'amour.  L'action se situe en 2022 et met en scène un musicien alcoolique, Jacob Obus (Jacques Languirand), toujours vierge malgré ses 70 ans bien sonnés et la réputation de tombeur que lui valent ses interprétations sensuelles. Lorsque la jeune Avril (Marie-Josée Croze) se jette à son cou, Jacob est bien obligé de lui dire qu'il ne connaît rien aux femmes. "Mais ta musique, Jacob. De quoi tu parles dans ta musique ?", demande Avril. "Je ne suis sûrement pas le premier sur terre à parler de ce qu'il ne connaît pas", répond Jacob, se moquant d'une société où l'apparence a supplanté la réalité. En marge des efforts de la belle Avril pour montrer à Jacob les voies du plaisir, le lecteur sera aussi invité à suivre une entrevue "tribédévisuelle" menée par Bernard Brel (Stéphane Demers) avec quatre "marsonautes" anglos qui s'apprêtent (le 1er avril !) à s'envoler pour la planète rouge.  Album original auquel ont participé une foule d'excellents collaborateurs, Mars et Avril revisite avec humour et beaucoup de classe l'art oublié du roman-photo. --Julie Sergent

Mars et Avril

«Il y a des histoires difficiles à raconter. Mais ce qui ne peut se dire demande parfois à s'écrire. Il m'aura fallu trente-cinq ans pour y arriver... Ta mort et celle du Petit ont causé dans notre famille un immense tsunami. Tous les mots perdus ont reflué jusqu'à moi. Depuis, je ramasse les gravats qui flottent à la dérive ou jonchent la grève. Avec ces débris de mots, j'essaie de trouver un peu de sens au désastre.»1977. Une tragédie familiale. Pour ceux qui restent, la vie vient de basculer. À la douleur de la perte s'ajoute l'intrusion des médias. Le jugement social. Le poids de la honte. Le silence qui s'installe. Mais la vie d'un homme ne peut se réduire au dernier geste de son dernier jour: il y a toute une histoire avant. Avec une écriture juste, sensible et prenante, J'écris sur vos cendres aborde les multiples questions que soulève un drame humain. Une écriture qui se fait «mausolée de mots», «oeuvre de mémoire». Un récit qui veut «consoler les morts» tout en prenant soin des vivants.Le deuil de ces deux vies inachevées, je ne le ferai jamais. Peut-être l'écriture n'est-elle qu'une tentative illusoire d'achèvement, alors je ne pourrai jamais cesser d'écrire.

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