Vers un nouveau manifeste montre Theodor Adorno et Max Horkheimer dans un échange d'idées unique, animé et fluide. Ce livre est un compte rendu de leurs discussions pendant trois semaines au printemps 1956, enregistrées en vue de la production d'une version contemporaine du Manifeste du Parti communiste de Marx et Engels. Une jam-session philosophique au cours de laquelle les deux penseurs improvisent librement, souvent de manière sauvage, sur des thèmes centraux de leur travail - théorie et pratique, travail et loisirs, domination et liberté - dans un registre politique unique. Un exemple passionnant de philosophie en action et une carte convaincante d'un passage possible vers un nouveau monde.

Vers un nouveau manifeste

Le laboratoire de la Dialectique de la raison - Discussions, notes et fragments inédits

La Dialektik der Aufklärung (Dialectique de la raison), ébauchée par Theodor W Adorno et Max Horkheimer, les deux fondateurs de l'Ecole de Francfort, pendant leur exil américain a été publiée sous forme fragmentaire en 1944, puis rééditée avec des variantes importantes en 1947. Depuis sa redécouverte dans les années 1960, elle est devenue un texte aussi mythique que controversé. Le présent ouvrage rassemble des notes, des fragments et les protocoles des discussions entre les deux auteurs. Ces textes permettent non seulement d'observer la naissance des thèmes centraux de la Dialectique de la raison, niais aussi de prendre la mesure du chemin parcouru par les deux auteurs et de leurs doutes concernant la possibilité d'une nouvelle critique de la raison. Ils offrent un aperçu unique sur le mode de gestation d'un texte philosophique majeur en même temps qu'un témoignage de la façon dont les deux auteurs affrontent la pression du contexte historique.

Le présent recueil vise à donner une vue d'ensemble de l'itinéraire de Horkheimer : composé en majeure partie de textes publiés d'abord dans la Zeitschrift für Sozialforschung, au cours des années 1930-1940, il contient les trois grands essais, Matérialisme et morale (1933), A propos de la querelle du rationalisme dans la philosophie contemporaine (1934) et Sur le problème de la vérité (1935), qui annoncent le « Manifeste » de 1937, Théorie traditionnelle et théorie critique. Des textes, antérieur — la présentation institutionnelle de l'Institut de recherches sociales (1931) — et postérieur — la conférence de 1970, La Théorie critique hier et aujourd'hui —, permettent de s'interroger sur la périodisation de la théorie critique ; faut-il en penser le développement sous le signe de l'évolution ou de la rupture ? L'Etat autoritaire (1942) pose la question politique fondamentale de notre temps. Trois grandes tâches requièrent la théorie critique : Faire prendre conscience à toute théorie de l'intérêt social qui l'anime et la détermine. Travailler à la constitution d'une société répondant aux exigences de la raison. Déconstruire le devenir de la raison pour en distinguer les différentes figures. Volonté d'émancipation, persévérance, décision sont les qualités propres de la raison matérialiste. Contre l'Etat autoritaire et les théories qui en font un destin, demeure la question : qu'est-ce que penser la liberté ? « Tant que l'histoire universelle va son chemin logique, elle ne remplit pas sa destination humaine. »

Théorie critique

Document exceptionnel, ayant presque valeur de testament, ce livre est le journal philosophique du fondateur de la théorie critique. Sous la forme de fragment - comme dans Minima Moralia d'Adorno -, Horkheimer interprète l'Allemagne d'après-guerre, le totalitarisme, l'expansion des médias, l'Etat d'Israël, le mouvement étudiant de 1968, le féminisme, etc..., en affirmant le lien entre altérité sociale et résistance : là où l'idée d'altérité disparaît, la possibilité de la résistance s'effondre.

Notes critiques (1949-1969)

Crépuscule - Notes en Allemagne (1926-1931)

Document exceptionnel, en forme de fragments, les Notes (1949-1969) sont le journal philosophique du fondateur de la théorie critique interprétant l'événement (l'Allemagne d'après-guerre, le totalitarisme, l'Etat d'Israël, le féminisme, etc.). Porté par une éthique de la non-réconciliation, Horkheimer y élève la théorie critique à son plus haut point d'incandescence et en explore de nouvelles formes d'intervention : la dialectique à l'arrêt, soudain focalisée sur la souffrance quotidienne du particulier, la politique négative seulement susceptible de désigner le mal, le tourment de l'aporie, l'écartèlement du paradoxe. Loin de congédier les idées de liberté et de vie juste, il s'agit bien plutôt de les soumettre au travail, sans fin, de la complication. Contre la société administrée - état

Notes critiques - 1949-1969, sur le temps présent

Les idéaux du progrès ont été l'élément essentiel de la philosophie bourgeoise des Lumières, déployée sous la bannière de la Raison. Au XX? siècle, le progrès scientifique et technique était de ce point de vue suffisamment avancé pour qu'un monde sans famine, sans guerre et sans oppression cessât d'appartenir au domaine de l'utopie. Or les grandes innovations de l'ère moderne ont été payées «d'un déclin croissant de la conscience théorique». La domination de la société sur la nature, portée à un degré jamais atteint, s'est accompagnée d'une évolution qui n'attache de prix qu'à ce qui est immédiatement utilisable, techniquement exploitable. Les principes de vérité, de liberté, de justice, d'humanité ont perdu leur réalité pour devenir de simples mots. Du même coup, l'ambition de réaliser ces principes dans le monde social s'est vidée de sa substance : celui qui ne sait pas ce qu'est la liberté n'est plus en mesure de lutter pour elle sur le plan politique. Dans ce texte matriciel de ce que l'on appelle «l'École de Francfort», Horkheimer (1895-1973) et Adorno (1903-1969) analysent comment cette autodestruction de la Raison ne peut que se poursuivre à l'avenir et engendrer de nouvelles formes de totalitarisme - à moins que l'ambiguïté qui réside au coeur de la notion de progrès ne soit enfin clairement reconnue et sans cesse surmontée.

La dialectique de la raison : fragments philosophiques

Spinoza, par exemple, pensait que la perspicacité de l'essence de la réalité, dans la structure harmonieuse de l'univers éternel, éveille nécessairement l'amour pour cet univers. Pour lui, la conduite éthique est entièrement déterminée par une telle perspicacité sur la nature, tout comme notre dévouement à une personne peut être déterminée par une perspicacité sur sa grandeur ou son génie. Les peurs et les petites passions, étrangères au grand amour de l'univers, qui est le logos lui-même, disparaîtra, selon Spinoza, une fois que notre compréhension de la réalité est suffisamment profonde.

Platon et ses successeurs objecvistes ... ont préservé la conscience des différences que le pragmatisme a été inventée pour nier la différence entre la pensée en laboratoire et en philosophie, et par conséquent la différence entre la destination de l'humanité et son cours actuel.

Le monde est tellement possédé par la puissance de ce qui est et les efforts d'adaptation, que la rébellion de l'adolescent, qui a autrefois combattu le père parce que ses pratiques contredisaient sa propre idéologie, ne peuvent plus surgir. ... psychologiquement, le père est ... remplacé par le monde des choses.

Celui qui n'est pas prêt à parler du capitalisme devrait également rester silencieux sur le fascisme.

Les faits que nos sens nous présentent sont socialement réalisés de deux manières: à travers le caractère historique de l'objet perçu et à travers le caractère historique de l'organe de perception. Les deux ne sont pas simplement naturels; Ils sont façonnés par l'activité humaine, et pourtant l'individu se perçoit comme réceptif et passif dans l'acte de perception.

Malgré leurs attaques contre la conception fondamentale du rationalisme, sur les jugements synthétiques a priori, c'est-à-dire des propositions matérielles qui ne peuvent être contredites par aucune expérience, l'empiriste pose les formes d'être aussi constantes.

Si le point de vue subjectiviste est vrai, la pensée ne peut pas être utile pour déterminer l'opportunité d'un objectif en soi. L'acceptabilité des idéaux, les critères de nos actions et croyances, les principaux principes de l'éthique et de la politique, toutes nos décisions ultimes sont prises pour dépendre de facteurs autres que la raison. Ils sont censés être des sujets de choix et de prédilection, et il est devenu dénué de sens de parler de la vérité dans la prise de décisions pratiques, morales ou esthétiques.

L'effort de la recherche scientifique à voir des événements dans leur lien plus général afin de déterminer leurs lois est une profession légitime et utile. Toute protestation contre de tels efforts, au nom de Freefom des conditions restrictives, serait infructueu B Suivez A.

La signification de Dieu, de la cause, du nombre, de la substance ou de l'âme consiste, comme James l'affirme, dans rien d'autre que la tendance du concept donné à nous faire agir ou à penser. Si le monde devait atteindre un point où il cesse de se soucier non seulement de ces entités métaphysiques, mais aussi de meurtres perpétrés derrière des frontières fermées ou simplement dans l'obscurité, il faudrait conclure que les concepts de ces meurtres n'ont aucun sens, qu'ils ont Ne représentez aucune «idées distinctes» ou vérités, car elles ne font aucune différence judicieuse pour personne.

Raison subjective ... est enclin à abandonner le combat avec la religion en créant deux supports différents, un pour la science et la philosophie, et un pour la mythologie institutionnalisée, les reconnaissant ainsi. Pour la philosophie de la raison objective, il n'y a pas de telle issue. Puisqu'il tient au concept de vérité objective, il doit prendre une position positive ou négative en ce qui concerne le contenu de la religion établie.

Lorsque les grandes conceptions religieuses et philosophiques étaient vivantes, pensant que les gens n'extolaient pas l'humilité et l'amour fraternel, la justice et l'humanité parce qu'il était réaliste de maintenir de tels principes et étranges et dangereux à s'écarter d'eux, ou parce que ces maximes étaient plus en harmonie avec leur Soi-disant goûts gratuits que les autres. Ils ont tenu de telles idées parce qu'ils ont vu en eux des éléments de vérité, parce qu'ils les reliaient à l'idée de logos, que ce soit sous la forme de Dieu ou d'un esprit transcendantal, ou même de la nature comme principe éternel.

La complexité du lien entre le monde de la perception et le monde de la physique n'empêche pas qu'une telle connexion puisse exister à tout moment.

Celui qui désire vivre parmi les hommes doit obéir à leurs lois, c'est ce que la moralité laïque de la civilisation occidentale se résume. ... La rationalité sous la forme d'une telle obéissance avale tout, même la liberté de penser.

Face à l'idée que la vérité pourrait se permettre le contraire de la satisfaction et se révéler complètement choquante à l'humanité à tout moment historique, ... les pères du pragmatisme ont fait la satisfaction du sujet le critère de la vérité. Pour une telle doctrine, il n'y a aucune possibilité de rejeter ou même de critiquer toute espèce de croyance jouée par ses adhérents.

Maintenant que la science nous a aidés à surmonter la crainte de la nature inconnue, nous sommes les esclaves des pressions sociales de notre propre création. Lorsqu'il est appelé à agir de manière indépendante, nous pleurons pour les modèles, les systèmes et les autorités. Si par l'illumination et les progrès intellectuels, nous entendons la libération de l'homme de la croyance superstitieuse dans les forces du mal, dans les démons et les fées, dans le destin aveugle - en bref, l'émancipation de la peur - alors la dénonciation de ce qui est actuellement appelé la raison est le plus grand service la raison peut rendre.

Bien que les formulations de la science offrent aujourd'hui les connaissances les plus avancées sur la nature, les hommes continuent d'utiliser des formes de pensée obsolètes depuis longtemps écartées par la théorie scientifique. Dans la mesure où ces formes obsolètes sont superflues pour la science, leur persistance viole le principe de l'économie de la pensée, ce trait caractéristique du caractère bourgeois.

L'inversion de la compulsion externe dans la contrainte de la conscience ... produit l'assiduité en forme de machine et l'allégeance flexible requise par la nouvelle rationalité.

La raison en tant qu'organe pour percevoir la vraie nature de la réalité et déterminer les principes directeurs de nos vies est devenue obsolète.

Les Pathfinders de la pensée moderne n'ont pas dérivé ce qui est bon de la loi. ... Leur rôle dans l'histoire n'était pas celui d'adapter leurs paroles et leurs actions au texte des anciens documents ou des doctrines généralement acceptées: ils ont eux-mêmes créé les documents et provoqué l'acceptation de leurs doctrines.

Le pragmatisme, en essayant de transformer la physique expérimentale en un prototype de toute science et de modéliser toutes les sphères de la vie intellectuelle après les techniques du laboratoire, est la contrepartie de l'industrie moderne, pour laquelle l'usine est le prototype de l'existence humaine, et quel modèle Toutes les branches de la culture après la production sur le tapis roulant.

Le pragmatisme ... reflète avec une franchise presque désarmante l'esprit de la culture d'entreprise dominante, la même attitude d'être «pratique» que contraire à laquelle la méditation philosophique en tant que telle a été conçue.

L'irrationalisme théocentrique de Calvin s'est finalement révélé comme la ruse à une raison technocratique qui a dû façonner son matériel humain. La misère et les pauvres lois ne suffisaient pas à conduire les hommes dans les ateliers de l'ère capitaliste précoce. Le nouvel esprit a contribué à compléter les pressions externes avec une préoccupation pour la femme et l'enfant à laquelle l'autonomie morale du sujet introverti en réalité était en train de devenir.

Lorsque même les dictateurs d'aujourd'hui font appel à la raison, ils signifient qu'ils possèdent le plus de chars. Ils étaient assez rationnels pour les construire; D'autres devraient être suffisamment rationnels pour leur céder.

Le dénigrement des preuves empiriques en faveur d'un monde métaphysique d'illusion a son origine dans le conflit entre l'individu émancipé de la société bourgeoise et son sort au sein de cette société.

À l'heure actuelle, lorsque les formes de la société dominantes sont devenues des obstacles à la liberté d'expression des pouvoirs humains, c'est précisément les branches abstraites de la science, des mathématiques et de la physique théorique, qui ... offrent une forme de connaissance moins déformée que les autres branches de la science qui sont entrelacés avec le schéma de la vie quotidienne, et dont le praticité témoigne apparemment de leur caractère réaliste.

Dans la plupart des cas, être raisonnable signifie ne pas être obstiné, ce qui à son tour indique la conformité avec la réalité telle qu'elle est. Le principe d'ajustement est pris pour acquis. Lorsque l'idée de la raison a été conçue, elle était destinée à atteindre plus que la simple régulation de la relation entre les moyens et les fins: elle était considérée comme l'instrument pour comprendre les fins, pour les déterminer.

Une fois que le fondement philosophique de la démocratie s'est effondré, la déclaration selon laquelle la dictature est mauvaise est rationnellement valable uniquement pour ceux qui ne sont pas ses bénéficiaires, et il n'y a aucun obstacle théorique à la transformation de cette déclaration en son contraire.

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