"~~Au mépris de toutes les garanties prévues par la loi, mon pays m'a livré aux États-Unis, comme si j'étais une sucrerie. Les Américains m'ont envoyé en Jordanie pour y être torturé, puis à Bagram et enfin ici [...]. Je vis hors du monde depuis plus de quatre ans. Mohamedou Slahi, Guantánamo, 13 décembre 2005 Emprisonné depuis août 2002 à Guantánamo, Mohamedou Ould Slahi n'a jamais été inculpé par la justice américaine. Et alors qu'un juge fédéral a ordonné sa libération, le gouvernement des États-Unis a décidé d'ignorer cette décision et ne donne aucun signe d'une quelconque volonté de lui rendre sa liberté. En 2005, trois ans après son arrestation, Mohamedou a commencé à rédiger un journal. Pendant des mois, il a écrit ses mémoires à la main, racontant sa vie avant de disparaître dans les limbes de Guantánamo, pour ce qu'il qualifie " d'interminable tour du monde " de la détention et des interrogatoires. Son journal n'est pas seulement une chronique captivante d'un déni de justice, c'est aussi un récit profondément personnel : terrifiant, parfois férocement drôle, et d'une grande élégance. Publiés pour la première fois, Les Carnets de Guantánamo sont un document d'une importance historique unique. "

Les Carnets de Guantánamo

Au mépris de toutes les garanties prévues par la loi, mon pays m'a livré aux États-Unis, comme si j'étais une sucrerie. Les Américains m'ont envoyé en Jordanie pour y être torturé, puis à Bagram et enfin ici [.]. Je vis hors du monde depuis plus de quatre ans. Mohamedou Slahi, Guantánamo, 13 décembre 2005 

Emprisonné depuis août 2002 à Guantánamo, Mohamedou Ould Slahi n'a jamais été inculpé par la justice américaine. Et alors qu'un juge fédéral a ordonné sa libération, le gouvernement des États-Unis a décidé d'ignorer cette décision et ne donne aucun signe d'une quelconque volonté de lui rendre sa liberté. En 2005, trois ans après son arrestation, Mohamedou a commencé à rédiger un journal. Pendant des mois, il a écrit ses mémoires à la main, racontant sa vie avant de disparaître dans les limbes de Guantánamo, pour ce qu'il qualifie « d'interminable tour du monde » de la détention et des interrogatoires. Son journal n'est pas seulement une chronique captivante d'un déni de justice, c'est aussi un récit profondément personnel : terrifiant, parfois férocement drôle, et d'une grande élégance. 

Publiés pour la première fois, Les Carnets de Guantánamo sont un document d'une importance historique unique.

Les carnets de Guantanamo

Il n'y a pas de guerre entre les musulmans et les Américains. Il n'y a pas de guerre entre les Américains et les pauvres du monde. Il n'y a qu'une guerre entre les gens sur le dessus qui ont leur propre agenda.

Les détenus n'étaient pas autorisés à se parler, mais nous aimions nous regarder. La punition pour parler était de suspendre le détenu par ses mains avec les pieds touchant à peine le sol.

Je suis d'abord entré dans le radar de l'intelligence américaine lorsque j'ai reçu un appel de mon cousin Mahfouz. C'était en 1999. Il voulait que je l'aide à transférer de l'argent à son père malade. Et il m'a appelé depuis le téléphone d'UBL.

Je me sens reconnaissant et redevable aux gens qui m'ont soutenu.

Comment puis-je rendre une interrogation ininterrompue qui a duré les 7 dernières années? C'est comme demander à Charlie Sheen combien de femmes il sortait.

C'est le goût de l'impuissance lorsque vous voyez votre bien-aimée s'évanouir comme un rêve et que vous ne pouvez pas l'aider.

Tout ce qu'un détenu dit est classé. Les détenus ne peuvent pas vous parler. Ils ne peuvent parler à personne. Ils ne peuvent pas défier, de manière significative, leur détention. Il ne reste plus que des gens qui ont survécu à Guantanamo Bay pour parler au nom de gens qui sont laissés pour compte et qui parlent pour ceux qui sont dans tant de Guantanamos, pluriel, dans ma part du monde.

L'anglais accepte plus de malédictions que toute autre langue, et j'ai vite appris à maudire avec les roturiers.

Je me suis habitué aux interrogateurs me demandant les mêmes choses. Avant même que l'interrogateur ne bouge les lèvres, je connaissais ses questions, et dès qu'il ou elle a commencé à parler, j'ai allumé ma «bande».

Je ne veux pas être traité en dehors de l'état de droit. Et je ne veux pas que les gens de cette partie du monde, en particulier l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient, soient considérés comme des sous -hains, comme des gens qui ne méritent pas les droits de l'homme et sont soumis à l'état de droit, ce que j'appelle ouvrir saison. Je ne veux plus ça.

Lorsque les gens regardent une chose sous un point de vue, ils ne parviennent certainement pas à obtenir l'image, et c'est la principale raison de la majorité des malentendus qui conduisent parfois à des confrontations sanglantes.

J'ai peur de demander un visa aux États-Unis car c'est contre le terrorisme d'une manière très antidémocratique.

Au début, le gouvernement américain était satisfait de ses opérations secrètes, car elle pensait qu'elle avait réussi à rassembler tous les maux du monde en GTMO, et avait contourné la loi américaine et les traités internationaux afin qu'il puisse effectuer sa vengeance. Mais ensuite, il a réalisé, après beaucoup de travail douloureux, qu'il avait rassemblé un tas de non-combattants.

L'humiliation, le harcèlement sexuel, la peur et la famine ont été à l'ordre du jour jusqu'à environ 10 heures. Les interrogateurs se sont assurés que je n'avais aucune idée de l'époque, mais personne n'est parfait; Leurs montres l'ont toujours révélé.

En quelques semaines, j'ai développé des cheveux gris sur la moitié inférieure des côtés de ma tête. Dans ma culture, les gens appellent ce phénomène comme le résultat extrême de la dépression.

Les êtres humains utilisent la torture lorsqu'ils deviennent chaotiques et confus. Et les Américains sont certainement devenus chaotiques, vengeurs et confus après les attaques terroristes du 11 septembre 2001.

Je suis sûr que s'il y a un débat, Guantanamo Bay doit être fermé. Et il doit être fermé, car il n'appartient pas à une démocratie.

Je suis menacé en raison de la quantité d'informations que j'ai fournies aux États-Unis.

Mon objectif était uniquement de lutter contre les agresseurs, principalement les communistes, qui interdisent à mes frères de pratiquer leur religion.

Tous ceux qui m'ont torturé et m'ont kidnappé, qui m'a emprisonné, j'ai pardonné à tout le monde. Et je leur souhaite, du fond du cœur, le meilleur des vies.

Je me compare souvent à un esclave. Les esclaves ont été prélevés de force de l'Afrique, tout comme moi. Les esclaves ont été vendus à quelques reprises sur leur chemin vers leur destination finale, tout comme moi. Les esclaves étaient soudainement affectés à quelqu'un qu'ils n'ont pas choisi, tout comme moi.

J'ai dit aux gens avant qu'ils ne me torturent, s'il vous plaît, ne me torturez pas. Je n'ai rien fait. Ils disent que nous devons vous torturer beaucoup. Puis, quand ils m'ont torturé, je leur ai dit tout ce qu'ils voulaient entendre. J'ai signé des confessions. Cela dit, le ballon était dans leur cour. Tu sais, je me rend beaucoup à mon sort.

Je n'avais rien dans ma cellule. La plupart du temps, j'ai récité le Coran. Le reste du temps, je me parlais à moi-même et que je pensais à ma vie et aux pires scénarios qui pourraient m'arriver.

Ils ont consacré tout le temps jusqu'en 10 novembre 2003 à m'interroger sur le Canada et le 11 septembre; Ils ne m'ont pas posé une seule question sur l'Allemagne, où j'avais vraiment le centre de gravité de ma vie.

Il n'y a rien qu'un interrogateur pourrait me dire qui serait nouveau; J'ai entendu toutes les variations.

Donc, je suis un grand partisan de la démocratie et des droits de l'homme.

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