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Nicolas Gilbert

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Poésies

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    Nicolas Gilbert

    @nicolasGilbert

    L'amant désespéré Forêts solitaires et sombres, Je viens, dévoré de douleurs, Sous vos majestueuses ombres, Du repos qui me fuit respirer les douceurs. Recherchez, vains mortels, le tumulte des villes ; Ce qui charme vos yeux aux miens est en horreur : Ce silence imposant, ces lugubres asiles, Voilà ce qui peut plaire au trouble de mon coeur. Arbres, répondez-moi !... Cachez-vous ma Sylvie ? Sylvie, ô ma Sylvie !... Elle ne m'entend pas. Tyrans de ces forêts, me l'auriez-vous ravie ? Hélas ! je cherche en vain la trace de ses pas.

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    Nicolas Gilbert

    @nicolasGilbert

    Le poète malheureux Ainsi je m'abusais. Sans guide, sans secours, J'abandonne, insensé, mon paisible village, Et les champs où mon père avait fini ses jours. Cieux, tonnez contre moi ; vents, armez votre rage ; Que, vide d'aliments, mon vaisseau mutilé Vole au port sur la foi d'une étoile incertaine, Et par vous loin du port soit toujours exilé. Mon asile est partout où l'orage m'entraîne. Qu'importe que les flots s'abîment sous mes pieds ; Que la mort en grondant s'étende sur ma tête ; Sa présence m'entoure, et, loin d'être effrayés, Mes yeux avec plaisir regardent la tempête : Du sommet de la poupe, armé de mon pinceau, Tranquille, en l'admirant, j'en trace le tableau. Je n'avais point alors essuyé de naufrage Mon génie abusé croyait à la vertu. Et, contre les destins rassemblant son courage, Se nourrissait des maux qui l'avaient combattu. Mon sort est d'être grand, il faut qu'il s'accomplisse; Oui, j'en crois mon orgueil, tout, jusqu'à mes revers. Qui de ceux dont la voix éclaira l'univers N'a point de l'infortune éprouvé l'injustice? Un dieu, sans doute un dieu m'a forgé ces malheurs Comme des instruments qui peuvent à ma vue Ouvrir du cœur humain les sombres profondeurs, Source de vérités, au vulgaire inconnue. Rentrez dans le néant, présomptueux rivaux; Ainsi que le soleil, dans sa lumière immense. Cache ses astres vains levés en son absence, Je vais vous effacer par mes nobles travaux. Mon âme (quel orgueil, grand Dieu, l'avait séduite!) Dévorait des talents le trône révéré. Et dans tous les objets dont je marche entouré. Ma gloire en traits de feu déjà me semble écrite. Prestiges que bientôt je vis s'évanouir ! Doux espoir de l'honneur, trop sublime délire ! Ah ! revenez encor, revenez me séduire : Pour les infortunés, espérer c'est jouir. Je n'ai donc en travaux épuisé mon enfance Que pour m'environner d'une affreuse clarté Qui me montrât l'abîme où je meurs arrêté. Ne valait-il pas mieux garder mon ignorance ?

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    Nicolas Gilbert

    @nicolasGilbert

    Ode imitée de plusieurs psaumes J'ai révélé mon cœur au Dieu de l'innocence ; Il a vu mes pleurs pénitents. Il guérit mes remords, il m'arme de constance ; Les malheureux sont ses enfants. Mes ennemis, riant, ont dit dans leur colère : "Qu'il meure et sa gloire avec lui !" Mais à mon cœur calmé le Seigneur dit en père : "Leur haine sera ton appui. À tes plus chers amis ils ont prêté leur rage : Tout trompe ta simplicité ; Celui que tu nourris court vendre ton image Noire de sa méchanceté.

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