Ondine Valmore
@ondineValmore
A Jacques Durant les longs étés, quand la terre altérée Semble se soulever, blanchie et déchirée, Pour chercher vainement un souffle de fraîcheur Qui soulage en passant son inquiète ardeur; Quand la moisson jaunie, éparse, échevelée, Se penche tristement sur sa tige brûlée, Qu’il est doux, sur ces champs tout à coup suspendu, De voir poindre et grandir le nuage attendu ! Qu’il est doux, sous les flots de sa tiède rosée De voir se ranimer la nature embrasée, Et de sentir la vie, arrêtée un moment, Rentrer dans chaque feuille avec frémissement ! Dans ces vallons étroits, profonds, et solitaires, Où plonge un jour douteux pesant, plein de mystères ; Où l’ombre des sapins couvre les champs pâlis, Loin de l’air et du ciel terrains ensevelis; Qu’il est doux, au milieu de la sombre journée, De voir éclore enfin une heure fortunée, De voir l’astre de feu, que le mont veut cacher, S’élevant glorieux, dominer le rocher ! Ouvrant sa gerbe d’or sur ce côté du monde, De ses jets lumineux il l’échauffé et l’inonde, Et l’aride vallon, semé de mille fleurs, Resplendira bientôt de divines couleurs!