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Ondine Valmore

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Poésies

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    Ondine Valmore

    @ondineValmore

    A Jacques Durant les longs étés, quand la terre altérée Semble se soulever, blanchie et déchirée, Pour chercher vainement un souffle de fraîcheur Qui soulage en passant son inquiète ardeur; Quand la moisson jaunie, éparse, échevelée, Se penche tristement sur sa tige brûlée, Qu’il est doux, sur ces champs tout à coup suspendu, De voir poindre et grandir le nuage attendu ! Qu’il est doux, sous les flots de sa tiède rosée De voir se ranimer la nature embrasée, Et de sentir la vie, arrêtée un moment, Rentrer dans chaque feuille avec frémissement ! Dans ces vallons étroits, profonds, et solitaires, Où plonge un jour douteux pesant, plein de mystères ; Où l’ombre des sapins couvre les champs pâlis, Loin de l’air et du ciel terrains ensevelis; Qu’il est doux, au milieu de la sombre journée, De voir éclore enfin une heure fortunée, De voir l’astre de feu, que le mont veut cacher, S’élevant glorieux, dominer le rocher ! Ouvrant sa gerbe d’or sur ce côté du monde, De ses jets lumineux il l’échauffé et l’inonde, Et l’aride vallon, semé de mille fleurs, Resplendira bientôt de divines couleurs!

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    Ondine Valmore

    @ondineValmore

    Adieu à l’enfance Adieu mes jours enfants, paradis éphémère ! Fleur que brûle déjà le regard du soleil, Source dormeuse où rit une douce chimère, Adieu ! L’aurore fuit. C’est l’instant du réveil ! J’ai cherché vainement à retenir tes ailes Sur mon coeur qui battait, disant :  » Voici le jour ! «  J’ai cherché vainement parmi mes jeux fidèles A prolonger mon sort dans ton calme séjour ; L’heure est sonnée, adieu mon printemps, fleur sauvage ; Demain tant de bonheur sera le souvenir. Adieu ! Voici l’été ; je redoute l’orage ; Midi porte l’éclair, et midi va venir.

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    Ondine Valmore

    @ondineValmore

    Automne Vois ce fruit, chaque jour plus tiède et plus vermeil, Se gonfler doucement aux regards du soleil ! Sa sève, à chaque instant plus riche et plus féconde, L’emplit, on le dirait, de volupté profonde. Sous les feux d’un soleil invisible et puissant, Notre coeur est semblable à ce fruit mûrissant. De sucs plus abondants chaque jour il enivre, Et, maintenant mûri, il est heureux de vivre. L’automne vient : le fruit se vide et va tomber, Mais sa gaine est vivante et demande à germer. L’âge arrive, le coeur se referme en silence, Mais, pour l’été promis, il garde sa semence.

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    La rose A Monsieur Sainte-Beuve Quand nous respirons cette rose Au front pâle, au souffle embaumé, Tu nous dis qu’en son sein repose Un vers enfermé. Tu la saisis et tu la cueilles, Fouillant dans son calice vert Qui, tout dépouillé de ses feuilles, reste à découvert. Puis tu fais voir l’insecte avide Se tordant, roulé tout au fond De la pauvre fleur au coeur vide Que tes mains défont. Eh! Quoi! savant inexorable, Tuant la rose avant l’hiver, Tu détruis une fleur aimable, Pour trouver un vers! En admirant les belles choses Avions-nous donc trop de candeur? Va, grâce à toi, toutes les roses Vont nous faire peur. Ah ! plutôt dans les fleurs mortelles Montre-nous le miel précieux. Apprends-nous à trouver en elles Ce qui vient des cieux. Apprends-nous à laisser la lie Qui se cache au fond de notre eau. Et que l’âme immortelle oublie Le ver du tombeau !

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    Ondine Valmore

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    La voix La neige au loin couvre la terre nue ; Les bois déserts étendent vers la nue Leurs grands rameaux qui, noirs et séparés, D’aucune feuille encor ne sont parés ; La sève dort et le bourgeon sans force Est pour longtemps engourdi sous l’écorce ; L’ouragan souffle en proclamant l’hiver Qui vient glacer l’horizon découvert. Mais j’ai frémi sous d’invisibles flammes Voix du printemps qui remuez les âmes, Quand tout est froid et mort autour de nous, Voix du printemps, ô voix, d’où venez-vous ?…

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    Ondine Valmore

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    Mère C’est l’hiver et le noir décembre Gémit dans le bois attristé ; A la fenêtre de ta chambre Pend un vieux pampre dévasté ; La bise qui gronde à ta porte Siffle autour de ton front charmant ; Sans songer aux fleurs qu’elle emporte, Pourquoi souris-tu si gaîment ? Oh ! dit-elle en levant la tête, Que me fait le temps triste ou beau ! Tous mes jours sont des jours de fête. J’ai dans le cœur un chant d’oiseau. Mais du sein de la terre ouverte S’élèvent les blondes moissons ; Vois la feuille odorante et verte Habiller rochers et maisons : Quant tout frémit, s’éveille et chante, Quand ta vitre brille au soleil, Pourquoi la gaîté rayonnante A-t-elle fui ton front vermeil ?

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    Ondine Valmore

    @ondineValmore

    Quand du printemps… Quand du printemps la feuille verte S’essaie à parer les rameaux, Quand du sein de la terre ouverte S’élèvent les arbres nouveaux, Quand tout sourit, quand tout s’éclaire, Quand l’astre tiède et triomphant Semble mesurer sa lumière A la force d’un oeil d’enfant ; J’aime à voir la petite fille, Fraîche fleur, courir par les prés. J’aime à voir sa couronne où brille (sic) Les premiers boutons diaprés. Admirant l’enfant qui s’élance Sous le ciel qui n’a plus d’autans J’aime le Dieu qui fit l’enfance Et qui lui donne le printemps.

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