Dans "Elévation" , Ottessa Moshfegh brosse le portrait d'une jeune professeure aux habitudes révoltantes et, dans "Monsieur Wu" , celui d'un vieux voyeur esseulé qui prend son courage à deux mains pour aborder la femme nichée au creux de ses fantasmes. "Un meilleur endroit" met en scène une petite fille convaincue qu'elle vient d'un autre monde et qu'elle doit tuer la bonne personne pour pouvoir y retourner... Les héros des nouvelles subversives et implacables rassemblées dans Nostalgie d'un autre monde ont tous un point commun : ils ont pris un mauvais virage. Instables, pétris de défauts et d'incertitudes, ils expérimentent le désir, l'obsession, la solitude, l'amour et l'échec, tout en aspirant à se reconnecter au monde qui les entoure. L'écrivaine américaine confirme son talent d'observatrice de nos modes de vie contemporains, de la solitude et de la mélancolie qui en découlent. Lire. Une réflexion abrupte sur le vide de notre condition humaine. Les Echos. Nouvelles traduites de l'anglais (Etats-Unis) par Clément Baude.

Nostalgie d'un autre monde

"J'avais commencé à "hiberner" tant bien que mal à la mi-juin de l'an 2000. J'avais vingt-six ans. Très vite, j'ai pris des cachets à haute dose et je dormais jour et nuit, avec des pauses de deux à trois heures. Je trouvais ça bien. Je faisais enfin quelque chose qui comptait vraiment. Le sommeil me semblait productif". Jeune, belle, riche, fraîchement diplômée de l'université de Columbia, la narratrice de ce roman décide de tout plaquer pour entamer une longue hibernation en s'assommant de somnifères. Avec les tribulations de cette Oblomov de la génération Y qui somnole d'un bout à l'autre du récit, Ottessa Moshfegh s'attaque à sa manière, lucide et pleine d'humour, aux travers de son temps. Sombre, drôle, subversif. Nelly Kaprièlian, Les Inrockuptibles. Décapant. Bruno Corty, Le Figaro littéraire. Une petite bombe. Marguerite Baux, Grazia. Grinçant et magnifique. Clémentine Goldszal, Elle. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Clément Baude.

Mon année de repos et de détente

Ottessa Moshfegh s'est affirmée depuis quelques années comme l'une des voix les plus singulières et fracassantes de la littérature contemporaine. Dans son recueil de nouvelles, Nostalgie d'un autre monde, elle révèle un talent rare dans l'élaboration d'histoires complexes, dans le choix et la mise en scène de situations étranges, drôles et dérangeantes qui disent notre époque, dans la peinture lucide et implacable de marginaux empreints d'une profonde humanité.
Les héros des nouvelles subversives et implacables rassemblées dans Nostalgie d'un autre monde ont tous un point commun : ils ont pris un mauvais virage. Certains sont séparés ou divorcés, d'autres sont au chômage, endettés, en conflit avec leur famille. Instables, pétris de défauts et d'incertitudes, ils expérimentent le désir, l'obsession, la solitude, l'amour et l'échec, tout en aspirant à se reconnecter au monde qui les entoure. Dans « Élévation », Ottessa Moshfegh brosse le portrait d'une jeune professeure aux habitudes révoltantes. « M. Wu » est un vieux voyeur esseulé qui prend son courage à deux mains pour aborder la femme nichée au creux de tous ses fantasmes. « Un monde meilleur » découvre une petite fille convaincue qu'elle vient d'un autre monde et doit tuer quelqu'un pour pouvoir y retourner - or se présente un jour la victime parfaite...

Les héros des nouvelles subversives et implacables rassemblées dans Nostalgie d’un autre monde ont tous un point commun : ils ont pris un mauvais virage. Certains sont séparés ou divorcés, d’autres sont au chômage, endettés, en conflit avec leur famille. Instables, pétris de défauts et d’incertitudes, ils expérimentent le désir, l’obsession, la solitude, l’amour et l’échec, tout en aspirant à se reconnecter au monde qui les entoure. Dans « Élévation », Ottessa Moshfegh brosse le portrait d’une jeune professeure aux habitudes révoltantes. « M. Wu » est un vieux voyeur esseulé qui prend son courage à deux mains pour aborder la femme nichée au creux de tous ses fantasmes. « Un monde meilleur » découvre une petite fille convaincue qu’elle vient d’un autre monde et doit tuer quelqu’un pour pouvoir y retourner – or se présente un jour la victime parfaite…

« J’avais commencé à hiberner tant bien que mal à la mi-juin de l’an 2000. J’avais vingt-six ans... J’ai pris des cachets à haute dose et je dormais jour et nuit, avec des pauses de deux à trois heures. Je trouvais ça bien. Je faisais enfin quelque chose qui comptait vraiment. Le sommeil me semblait productif. Quelque chose était en train de se mettre en place. En mon for intérieur, je savais – c’était peut-être la seule chose que mon for intérieur ait sue à l’époque – qu’une fois que j’aurais assez dormi, j’irais bien. Je serais renouvelée, ressuscitée... Ma vie passée ne serait qu’un rêve, et je pourrais sans regret repartir de zéro, renforcée par la béatitude et la sérénité que j’aurais accumulées pendant mon année de repos et de détente. »Jeune, belle, riche, fraîchement diplômée de l’université de Columbia, l’héroïne du nouveau roman d’Ottessa Moshfegh décide de tout plaquer pour entamer une longue hibernation en s’assommant de somnifères. Tandis que l’on passe de l’hilarité au rire jaune en découvrant les tribulations de cette Oblomov de la génération Y qui somnole d’un bout à l’autre du récit, la romancière s’attaque aux travers de son temps avec une lucidité implacable, et à sa manière, méchamment drôle.

Une femme se souvient avec un cynisme minutieux de la semaine qui a fait basculer sa vie cinquante ans plus tôt. En 1964, alors âgée de vingt-quatre ans, elle vit avec son père alcoolique dans une maison délabrée, près de Boston, et travaille comme agent d'accueil dans une prison pour délinquants mineurs. Elle subit cette existence sinistre avec un mélange d'impuissance, de colère et de haine - contre elle-même surtout. L'arrivée d'une fascinante jeune femme fraîche émoulue de Harvard et chargée de mission auprès des détenus joue un rôle de détonateur.Un roman à la construction rigoureuse et à l'écriture incisive, où la tension devient peu à peu insoutenable.Une magistrale étude de caractère, marquée par la soif de liberté, la cruauté et la revanche sociale. Macha Séry, Le Monde des livres.Un compte à rebours orchestré de main de maître. Laetitia Favro, Le Journal du dimanche.Prix PEN/Hemingway Award et finaliste du Man Booker Prize.Traduit de l'anglais (États-Unis) par Françoise du Sorbier.

Eileen

Une vieille femme se souvient avec un cynisme minutieux de la semaine qui a fait basculer sa vie cinquante ans plus tôt.  

En 1964, aors âgée de vingt-quatre ans, elle vit avec son père alccolique dans une maison délabrée, près de Boston, et travaille comme agent d'accueil dans une prison pour délinquants mineurs. Elle subit cette existence sinistre avec un mélange d'impuissance, de colère et de haine - contre elle-même surtout. L'arrivée d'une fascinante jeune femme fraîche émoulue de Harvard et chargée de mission après des détenues joue un rôle de détonateur. Dès lors, tous les mécanismes s'emballent... 

Un roman à la construction rigoureuse et à l'écriture incisive, où la tension devient peu à peu insoutenable.  

"Une histoire ténébreuse, magnifiquement racontée." (Kirkus Reviews). 

"Moshfegh est un écrivain d'une grande maîtrise, qui possède une gamme très étendue." (Jeffrey Eugenides).

Une vieille femme se souvient avec un cynisme minutieux de la semaine qui a fait basculer sa vie cinquante ans plus tôt. En 1964, aors âgée de vingt-quatre ans, elle vit avec son père alccolique dans une maison délabrée, près de Boston, et travaille comme agent d'accueil dans une prison pour délinquants mineurs. Elle subit cette existence sinistre avec un mélange d'impuissance, de colère et de haine - contre elle-même surtout. L'arrivée d'une fascinante jeune femme fraîche émoulue de Harvard et chargée de mission après des détenues joue un rôle de détonateur. Dès lors, tous les mécanismes s'emballent...Un roman à la construction rigoureuse et à l'écriture incisive, où la tension devient peu à peu insoutenable.

Ottessa Moshfegh, née le 20 mai 1981 à Boston dans le Massachusetts, est une écrivaine américaine. Son roman Eileen remporte le prix Booker 2005.

Il est fou que les gens aient ces identités Internet. Cela a très peu à voir avec qui nous sommes vraiment. En tant qu'écrivain, avec qui je suis ami, comment je passe mon temps, à quoi je ressemble, ce que je porte, ce que je mange, quel genre de musique j'aime - ce n'est pas totalement important pour le travail.

J'ai consacré une grande partie de ma vie en tant qu'écrivain pour comprendre comment entendre la voix divine, ou la musique des sphères, ou quoi que ce soit que nous faisons lorsque nous faisons de l'art, faisons quelque chose à partir de rien. Déterminer comment faire est beaucoup plus important que de savoir comment exécuter une bonne ligne. Je n'y pense plus, j'écris juste.

Je me fiche d'être une personnalité littéraire - cela ne me plaira pas, surtout parce que le monde littéraire ne me plaira pas. En fait, je n'ai pas l'impression de m'y appartenir. S'il s'agissait du lycée, je serais assis avec les Goths, en regardant tout le monde, étant comme, «peu importe».

Vous savez, c'est pourquoi les gens n'aiment pas les personnages peu aimables. Ce n'est pas qu'ils ne sont pas intéressants. Tout le monde connaît le personnage le plus intéressant d'un livre ou d'un film ou quel que soit le récit, le méchant.

Vous ne pouvez pas être un esprit libre dans un endroit qui a l'impression d'avoir été construit sur le verrouillage.

La puberté s'étend dans la vingtaine, c'est sûr, et certaines personnes ne s'en remettent que bien plus tard dans la vie. J'ai l'impression de commencer à surmonter la puberté - essentiellement vingt ans d'enfer insupportable et totalement obsédé.

Les gens me demandent: "Quels conseils avez-vous pour les jeunes écrivains?" Je leur dis: a) descendre des médias sociaux; b) Ne demandez pas à vos amis ce qu'ils pensent de votre travail ou de vos idées. Vous devez vous concentrer et être fou en vous pour construire votre château de sable. L'esprit est tellement malléable et vous devez avoir un piège en acier autour, du moins pendant que vous travaillez sur quelque chose.

Je ne me souviens pas du tout avoir lu pendant l'écriture d'Eileen. Je passe par plusieurs années de sécheresse et je n'ai pas envie de lire du tout. Je travaillais à temps partiel pour un gars à Venise, en Californie, pendant que je rédigeais Eileen. Il voulait de l'aide pour écrire ses mémoires. La recherche avait beaucoup à voir avec les années 60, ce qui a dû informer mon sens du lieu et du temps de mon roman, et peut-être même du point de vue des mémoires. Il était également de la Nouvelle-Angleterre. C'était un travail amusant. J'ai beaucoup appris sur les clubs de moto, Charles Manson, les trains de fret sauter.

Le truc avec la Californie, c'est que c'est une sorte de rêve, et j'ai commencé à avoir l'impression de vivre dans un rêve. Je me sens toujours comme ça. À cause de cela, je pense que j'ai pu réaliser beaucoup de choses qui n'étaient que des idées. Quand je vivais à New York, c'est une telle course de rats, c'est tellement compétitif et tout est si concret et en face tout le temps. Si vous vous dites: "Je vais être écrivain!" Tout le monde est comme, "Ouais, toi et tous les autres connards dans le métro." Il n'y a pas beaucoup d'espace pour le mouvement détaché et flottant librement de l'imagination.

J'habite à East Hollywood qui est en quelque sorte la fin du grain, en mettant contre Silverlake et Los Feliz qui sont les zones hipster gentrifiées raffinées, que j'ai tendance à apprécier quand j'ai besoin de prendre un café, mais j'aime vivre dans le grain. J'aime me sentir séparé de cette civilisation élitiste d'une manière ou d'une autre, même si je n'appartenais pas vraiment non plus au grain. Mais je passe plus de la moitié de mon temps maintenant dans le désert, ce qui est vraiment sympa - d'être hors de la grille, se souvenant que le monde est plus grand que les rues de la ville.

J'adore l'art parce que je pense que c'est la preuve du grand pouvoir universel partagé. J'aime l'art qui semble réel, qui coupe les conneries.

Mon père est un violoniste iranien doux et brillant.

Pour moi, j'aime les gens intimidants et j'aime être intimidé. C'est excitant. C'est cool d'avoir une expérience avec quelqu'un où vous les défiez, et ils ont peur, puis ils vous aiment et ils ont grandi. Lorsque cela m'arrive, je me sens tellement béni si quelqu'un a ouvert un peu plus mon monde.

J'ai constaté que les gens deviennent particulièrement frustrés et ferment lorsque les femmes en fiction sont dégoûtantes ou désordonnées.

Ce qui m'inspire le plus [c'est] l'injustice. Ma propre croissance en tant que membre de la race humaine, en termes de voiles soulevées, en voyant davantage la beauté et aussi l'horreur. Un sentiment de mon propre but dans cette vie. Aimer...

Dans Fiction, le narrateur est une performance de la voix, et il peut être n'importe quel style de voix, mais je suis intéressé par la façon dont une voix qui sait qu'il raconte une histoire raconte réellement une histoire différente de celle de l'intention. Dans la façon dont je peux m'asseoir ici et vous dire ce que j'avais pour le petit déjeuner, mais je vous dis vraiment que j'ai une liaison, quelque chose comme ça. Et je ne pense pas que mon écriture soit claire, mais je pense que beaucoup de mes personnages parlent. Il y a une vulnérabilité là-bas, en ce sens que nous pouvons commencer à les voir, nous pouvons commencer à voir où ils se trompent.

Je suis une première - j'étais la première personne de ma famille née aux États-Unis. Ma mère est originaire de Croatie et mon père est originaire d'Iran. Ils se sont rencontrés à l'école de musique en Belgique. J'ai grandi en tant que pianiste. J'étais vraiment intéressé par le piano et j'ai en quelque sorte découvert que j'étais écrivain quand j'avais environ 13 ans et j'ai commencé à écrire.

Mes nouvelles sont si basées sur le personnage et elles sont aussi si privées. Ils sont comme un monde privé dans chaque histoire et je m'intéresse de plus en plus Nature du monde matériel en général. Et j'avais l'impression que je devais me déplacer sous une forme plus grande.

Je préfère lire des romans. Les nouvelles ressemblent trop aux poignards. Et maintenant que j'en ai fini avec ma collection, je suis plus intéressé par différentes formes d'écriture et d'autres types d'art narratif. Je travaille sur un scénario. Mais quand je travaillais sur Eileen, je me sentais vraiment comme si je prenais une pisse. Par exemple, me voici, en tapant sur mon ordinateur, en écrivant le "roman". Ce n'était pas que ce n'était pas sincère, mais il y avait une sorte de sentiment farfelu que j'avais quand j'écrivais.

J'ai toujours su ce que je voulais faire. Le chemin de ma vie a été de découvrir ce que je dois faire pour me soutenir en tant qu'écrivain.

Si vous regardez le genre d'horreur, ce travail consiste à mettre les gens mal à l'aise en stimulant notre peur de la mort.

J'espère que je suis le genre de personne qui interviendrait entre quelqu'un qui tiendrait une arme sur quelqu'un d'autre. J'aimerais être aussi stupide. J'aimerais être aussi amoureux de la vie.

Je demande au lecteur de suspendre la réalité avec moi et de divertir l'idée que la personne qui écrivait n'est pas moi. Afin de bien faire cela, je pense, il faut souligner l'artifice du récit. D'une manière ou d'une autre, si le narrateur est conscient de soi, c'est presque plus humanisant et plus relatable.

La distance est l'endroit où les gens deviennent vraiment confus. Si vous vous tenez vraiment loin de quelqu'un, vous êtes comme, "Ce n'est pas moi. Je suis si loin de cette personne. Cette personne est si différente de moi." Il est facile d'oublier que les gens - les réfugiés de Syrie, par exemple - sont exactement comme nous.

Parfois, je pense que je suis nihiliste parce que cela n'a pas d'importance, rien de tout cela n'a d'importance. Nous suivons tous la volonté d'une puissance supérieure inconnaissable, probablement les étoiles manipulant nos aimants cellulaires. Nous pensons que nous avons toute cette agence, mais le faisons-nous? Sommes-nous vraiment? Pouvez-vous choisir d'être courageux quand vous êtes né lâche? Pouvons-nous être déprogrammés du lavage de cerveau dans lequel nous avons grandi? Je pense que nous le pouvons, mais je pense que nous avons besoin de beaucoup d'aide.

Pour moi, l'écriture n'est pas un exercice mental, c'est à peine un exercice littéraire, c'est comme une expérience spirituelle.

J'étais vraiment intéressé par le piano et j'ai en quelque sorte découvert que j'étais écrivain quand j'avais environ 13 ans et j'ai commencé à écrire. Et c'était ma chose secrète et ma passion.

J'ai toujours vraiment aimé partager mon travail avec les autres. Je trouve vraiment difficile si je ne pense pas que le travail existe en dehors de mon propre appartement.

Je n'ai pas vraiment pitié de mes personnages. Je tiens mes personnages sous une lampe fluorescente dure et demande "Qui êtes-vous?" Je ne fais pas leur maquillage ou ne leur donne pas de coiffures. Ils se présentent à moi tels qu'ils sont, puis je les laisse dire ce qu'ils veulent. Habituellement, ils disent quelque chose de trop honnête.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ottessa_Moshfegh

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