Philip Glass est doté d'une oreille extraordinairement réceptive aux nuances des mondes qu'il a traversés, comme aux évolutions musicales de son temps. Dans ce récit de vie à la première personne, les lieux marquent les souvenirs et font émerger des sonorités : le magasin de disques de son père à Baltimore, les clubs de be-bop à Chicago, la scène expérimentale à New York, les exercices d'" écoute " de Nadia Boulanger à Paris, l'intensité rythmique des concerts de Ravi Shankar... Sa formation musicale, la fréquentation d'artistes majeurs, mais aussi ses voyages, qui sont autant d'incursions dans les musiques indienne, himalayenne, africaine, sud-américaine, lui permettent d'inventer les outils nécessaires à la composition et font de lui un praticien hors du commun.

Paroles sans musique

Words Without Music

Einstein on the beach, reconnu comme l'une des plus importantes réalisations artistiques du XXe siècle, révolutionna les codes de l'opéra traditionnel. Cet ouvrage revient sur la genèse de l'opéra du compositeur Philip Glass et le metteur en scène Robert Wilson.

Einstein on the beach ; 1976

Je trouve que les gens ne peuvent pas vous trouver. C'est un peu calme. Quand je vais dans une ville, je peux presque toujours obtenir un piano si j'en ai besoin. Il y a donc quelque chose de gentil à être sur la route et à vous concentrer sur quelque chose que vous voulez faire.

Enfin, en fin de compte, vous écrivez de la musique pour vous-même. Je veux dire, j'ai besoin d'un public, j'ai besoin de gens pour jouer, j'ai besoin de tout le reste. Je ne travaille pas isolément. Mais finalement, l'homme qui écrit la musique est seul. Et je dois répondre à ces critères qui sont presque comme des besoins intérieurs ou des réponses intérieures.

Les traditions implosent et explosent partout - tout se rassemble, pour le meilleur ou pour le pire, et nous ne pouvons plus prétendre que tous vivaient tous dans des mondes différents parce que nous étions sur des continents différents.

La génération de compositeurs qui viennent de me précéder, des gens comme [Karlheinz] Stockhausen, [Pierre] Boulez et, bien, [John] Cage d'ailleurs, [Morton] Feldman ... c'était une sorte de musique expérimentale qui était très isolé. Il n'avait pas de vrai public.

Mais la différence entre les petits morceaux et les gros morceaux - je ne sais pas vraiment quels sont les petits morceaux. Avec certains des gros morceaux, c'est beaucoup de musicaux qui courent, tandis que les petits morceaux, vous pouvez dire tout ce que vous voulez dire.

Le problème de l'écoute, bien sûr, est que nous ne le faisons pas. Il y a trop de bruit dans nos têtes, donc nous n'entendons jamais rien. La conversation intérieure ne s'arrête tout simplement jamais. Ce peut être notre voix ou quelle que soit la voix que nous voulons fournir, mais c'est une raquette constante. De la même manière que nous ne voyons pas, et de la même manière que nous ne ressentons pas, nous ne touchons pas, nous n'avons pas goûté.

Ce que vous entendez dépend de la façon dont vous concentrez votre oreille. Nous ne parlons pas d'inventer une nouvelle langue, mais d'inventer plutôt de nouvelles perceptions des langues existantes.

Vous vous entraînez et vous vous améliorez. C'est très simple.

Satyagraha est un opéra que j'ai écrit pour l'opéra des Pays-Bas, il utilise donc un orchestre d'environ cinquante, un chœur de quarante, et il y a environ sept solistes. L'opéra ... Satyagraha signifie véridique, donc c'était un nom [Mahatma] Gandhi a utilisé pour décrire son mouvement de désobéissance civile.

Je travaille vraiment dans le théâtre depuis environ 1965. J'ai commencé à travailler avec les mines de Mabou à l'époque, et d'une manière que j'ai toujours travaillé dans le théâtre, mais cela n'a jamais été une partie principale de mon travail. Et ce n'est qu'à Einstein que j'ai en quelque sorte passé à la vitesse supérieure avec le théâtre, en travaillant avec Bob, avec Bob Wilson. Et depuis lors, je trouve que c'est une forme très attrayante pour travailler. C'est juste une extension de mon travail.

Les temps théâtraux sont différents des temps de concert, pour le dire simplement. Prendre une silhouette comme [Mahatma] Gandhi et le mettre sur une scène nécessite de réfléchir à ce qu'est le théâtre et à ce qu'est toute l'expérience et ce que nous essayons de communiquer de cette façon, donc vous entrez dans certaines considérations moins abstraites.

Je considère les 20 premières performances qui apprennent la pièce. Pensez-y de cette façon: si vous pensez à un pianiste qui joue une Sonata Schubert tout au long de sa vie - si vous écoutez Rubenstein ou Horowitz jouant leur répertoire plus tard dans leur vie, vous comprenez la richesse avec laquelle ils jouent cette musique et comment Différemment, ils ont dû jouer quand ils étaient plus jeunes.

Je ne sais pas ce que je fais et c'est le ne pas savoir qui le rend intéressant.

J'aime l'idée que [Mahatma] Gandhi apparaît maintenant dans une salle d'opéra dans tous ces différents endroits, et les gens y pensent à nouveau.

Je me déplace entre les médiums très fréquemment. Au lieu de faire une pause dans l'écriture, j'écris juste dans un support différent ou d'une manière différente ou dans un but différent, afin que je n'arrête pas vraiment d'écrire - je vais juste à autre chose. Comme passer d'une grande symphonie à une pièce de piano est super et très rafraîchissante, je trouve. Puis passer de cela à un grand concerto, puis avoir à sortir et à jouer.

Moi, en tant que jeune homme qui sort de l'école de musique, je n'ai pas aimé la perspective de passer ma vie à écrire de la musique pour environ 200 personnes.

Je ne pense pas que je suis capable de faire des changements radicaux, mais sur une période de quatre ou cinq ans, vous pouvez percevoir de très grands changements, et ils semblent plutôt petits à l'époque.

Je suis intéressé par ce qui arrive à la musique lorsque d'autres personnes l'utilisent. Alors qu'il y a des compositeurs qui n'aiment pas que quiconque touche leur musique, je pense que les gens devraient parce qu'ils font des choses auxquelles je ne peux pas penser.

Donc, le vrai drame pour moi est d'équilibrer les performances et l'écriture en direct, et l'une des façons dont j'équilibre est que j'écris dans les chambres d'hôtel. Ce n'est pas exactement l'équilibrage. En fait, écrire dans des chambres d'hôtel signifie que je refuse de faire face au problème.

Je suis appelé compositeur minimaliste depuis plus de 30 ans, et même si je ne suis jamais vraiment d'accord avec la description, je me suis habitué à cela.

Je pense que je fais vraiment partie d'un mouvement générationnel en quelque sorte. Je pense que beaucoup d'autres personnes depuis et pendant cette période ont intéressé à écrire ce que nous pouvons encore appeler de la musique expérimentale. Ce n'est pas de la musique commerciale. Et c'est vraiment une musique de concert, mais une musique de concert pour notre temps. Et vouloir trouver le public, car nous avons découvert que le public était vraiment là. Ceux-ci sont devenus vraiment clairs avec Einstein sur la plage.

Si vous n'avez pas de base sur laquelle faire le choix, vous n'avez pas du tout de style. Vous avez une série d'accidents.

La chose la plus difficile à propos de voyager est que la plupart du temps, vous arrivez à un point - et cela se produit toujours à chaque visite - où vous pouvez choisir entre manger et dormir, mais vous ne pouvez pas faire les deux.

Je pense que c'est un excellent handicap à découvrir à un âge précoce. Je n'avais pas ce fardeau du succès précoce. J'ai eu la carrière beaucoup plus habitable et durable où le succès arrive en retard, et vient lentement, et vous vous y soutenez. Donc, au moment où cela arrive, vous êtes prêt à y faire face.

Il faut environ un an pour écrire un opéra pour moi, mais pas vraiment un an d'écriture. Je suis en tournée en même temps, et je joue, faisant parfois des projets plus petits. [L'opéra] Akhnaten s'intègre avec Gandhi et Einstein, donc cela forme une trilogie en quelque sorte. J'ai choisi des gens qui étaient ce genre de plus grand que les personnages de la vie, qui ont en quelque sorte changé le monde dans lequel ils vivaient par presque la force de leur personnalité et leur inventivité. Les gens que je pense non seulement que j'admire, mais je pense que ce sont des gens admirables.

Vous vous levez tôt le matin et vous travaillez toute la journée. C’est le seul secret.

J'étais une sorte d'étudiant de musique académique. J'étais à Juilliard. J'ai dû étudier toute la musique contemporaine de l'époque, et changer cette langue très radicalement n'était qu'un signe ou un signal que j'allais essayer de faire quelque chose de très différent. Je trouve que c'est ce dont je me sens le plus proche. Je n'ai trouvé aucune réelle réponse intérieure en moi dans une langue non tonale.

Si vous vous souvenez de votre lignée, vous ne vous sentirez jamais seul.

Je ne sais pas que je fais une grande distinction entre les gros morceaux et les petits morceaux, parce que je ne les expérimente pas de cette façon. Je veux dire, par le même jeton, vous êtes en tournée avec un groupe, puis vous écrivez des quatuors à cordes, et d'une manière amusante, n'est-ce pas tout de même, d'une certaine manière? C'est juste de la musique.

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