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Philippe Soupault

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Philippe Soupault, né le 2 août 1897 à Chaville et mort le 12 mars 1990 à Paris 16e, est un écrivain, poète et journaliste français, cofondateur du surréalisme.

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Poésies

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    Philippe Soupault

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    Est-ce le soleil qui se couche… ? Est-ce le soleil qui se couche Est-ce le sommeil Est-ce moi Je ferme les yeux simplement pour mieux voir mon pays mon royaume Il n'y a plus rien autour de moi mon pays du sommeil que je découvre à tâtons la reine a les yeux d'un vert spécial presque tendre il y a toujours de belles forêts qui bercent le silence Je vois de grands chemins très blancs comme les lignes de la main Rien ne sert de pleurer les larmes éternelles sont des étincelles qui brillent et qui creusent les yeux d'un vert spécial presque tendre Toutes les fumées du ciel Et tous les grains de sable se ressemblent et je dors tout près du soleil ma bouche repose près d'un fleuve qui va chantant les louanges des femmes de ma race celles qui le soir oublient leurs cheveux blancs et qui laissent mourir leurs amants en s'endormant Le rire comme un paquebot s'éloigne du royaume où naissent les étoiles où les arbres hautains sont des prières Le rire qui fait mal et qui fait mal et qui console le rire de Dieu Le sommeil est couché à mes pieds Et je me lève pour le regarder les yeux d'une reine qui sont verts simplement comme la mer où elle est née et son royaume s'étend sur toute la terre et sur toutes les années.

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    Est-ce le vent...? Est-ce le vent qui m’apporte tout à coup ces nouvelles Là-bas des signaux des cris et puis rien la nuit C’est le vent qui secoue et qui chante Il traîne derrière lui tout un fracas et une lente poussière quelque chose de mou quelque choc qui est la paresse une de ces méduses mortes qui pourrissent en crachant une odeur rose c’est le vent qui pousse ces pauvres bateaux bleus et leur fumée morose qui secoue ces arbres malheureux et c’est lui encore qui enivre les nuages il rase l’herbe Je sais que c’est lui qui pousse jusqu’à moi cette morne lumière et ces ombres sanglantes c’est lui toujours qui fait encore une fois battre mon cœur Ainsi ce coup de poing que j’entends et qui frappe une poitrine nue cette galopade de chevaux ivres d’air Il découvre le chemin qui mène là-bas dans ce pays rouge qui est une flamme Paris que je vois en tournant la tête Il me pousse en avant pour fuir cet incendie qu’il alimente Je m’accroche au bord de cette terre j’enfonce mes pieds dans le sable ce sable qui est une dernière étape avant la mer qui est là qui me lèche doucement comme un brave animal et qui m’emporterait comme un vieux bout de bois Je ne lutte pas j’attends et lui me pousse en soufflant toutes ses nouvelles en me sifflant les airs qu’il a rapportés de là-bas il s’écrie que derrière moi une ville flambe dans le jour et dans la nuit qu’elle chante elle aussi comme au jugement dernier Je jette tout mon poids sur ce sol chaud et je guette tout ce qu’il dit Il est plus fort Mais lui cherche des alliés il est plus fort il cherche des alliés qui sont le passé et le présent et il s’engouffre dans mes narines il me jette dans la bouche une boule d’air qui m’étouffe et m’écoeure Il n’y a plus qu’à avancer et à faire un grand pas en avant La route est devant moi il n’y a pas à se tromper elle est si large qu’on n’en voit pas les limites seulement quelques ornières qui sont les sillages des bateaux cette route vivante qui s’approche avec des langues et des bras pour vous dire que cela ira tout seul et si vite Cette route bleue et verte qui recule mais qui avance qui n’a pas de cesse et qui bondit Et lui toujours qui siffle une chanson de route et qui frappe dans le dos et qui aveugle pour que l’on ait pas peur Moi je m’accroche au sable qui fuit entre mes doigts pour écouter une dernière fois encore ce tremblement et ces cris qui firent remuer mes bras et mes jambes et dont le souvenir est si fort que je veux l’écouter encore que je voudrais le toucher Et lui ne m’apporte qu’un peu de ce souffle un peu de la respiration du grand animal bien aimé Encore trois jours sur cette terre avant le grand départ comme l’on dit Me voici tout habillé enfin avec une casquette et un grand foulard autour du cou les mains rouges et la gueule an avant Me voici comme un grand lâche qui oublie tout et qui sait encore tout de même que les autres dans le fond derrière derrière les forêts et toute la campagne au milieu de leur ville qui bouge comme une toupie les autres les amis ont le mal de terre et ils sont là qui attendent on ne sait quoi un incendie ou bien une belle catastrophe ces autres que j’oublie Comme ils étaient déjà morts pâles et crachant ce qu’ils appellent leur âme je renifle moi pendant ce temps-là avec mon nez en coupe-vent l’odeur du sel et l’odeur du charbon Encore trois jours et voici la mer que je vais toucher avec mes pieds de coton et puis il y aura là-bas plus loin derrière un morceau de verre qui deviendra un fil de verre ou un nuage on ne saura plus très bien On aura juste le temps de regarder une fois et de dire au revoir et puis il n’y aura plus rien du tout la terre sera couchée et la mer s’élèvera dans l’aube bleue Encore trois jours pour penser à ceux qui restent et qui étaient comme des membres qu’on ne pouvait détacher de soi sans souffrir et voilà voilà mon corps qui se brise en mille morceaux à cause de l’éclatement et de l’impatience et qui devient comme un peuple de fourmis que tout l’air rend ivres. Trois jours que cette tempête crache et vomit tout ce qu’elle a avalé sur sa route trois jours que rien n’est plus sacré pour ceux qui étaient bien tranquilles au coin du feu et qui maintenant ont peur que tout ce qu’il possédaient leur dégringole sur le crâne Trois jours que cette mer qui sifflait pour charmer les voyageurs se bat contre cette terre qui allait la nourrir et qui se dresse aujourd’hui pour chasser toux ceux qui voulaient oublier leur pays Maintenant il semble qu’une heure une treizième heure ait sonné et on ne l’attendait Tout ce monde qu’on allait quitter tremble et rage et puis celle qui semblait si bonne si douce a pris une grande colère on la voit qui serre ses milliers de poings et qui les jette en avant pour faire peur Alors il faut attendre encore attendre les secondes et les journées qui glissent tout de même On n’a plus besoin de s’accrocher ni au sable ni à la mémoire on est cloué là comme un vieux papier contre un mur On regarde ce qui se passe dans la rue à travers la vitre d’une fenêtre on en ferme les yeux et on entend le morceau de musique que joue le vent avec ses coups de rafales et ses flûtes dans les fentes Allons Allons on trouvera bien de quoi se consoler Ce n’est pas la peine tout de même de se tourmenter et de croire que tout cela va finir d’un seul coup On rira encore un peu et puis on boira beaucoup tellement que la terre et la mer tourneront comme elles le font tous les jours et toutes les nuits Allons Allons ce n’est pas la peine de pencher la tête et de se dire come je suis malheureux et de faire des choses et des choses qui ne serviront pas On n’a qu’à se laisser glisser comme ça dans le sommeil et dans la fatigue et puis oublier tout ce vent qui rage parce qu’il est tout de même impuissant et qu’il ne fera pas cette fois encore crever la terre Allons Allons mettons nos gants nos manteaux et nos drapeaux en attendant la pluie et la nuit en attendant le départ Voilà la mer et bientôt le soleil Voilà la mer et cette brise qui est sucrée Voilà une dernière fois la terre qui se secoue comme un chien couvert de puces.

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    Georgia Je ne dors pas Georgia Je lance des flèches dans la nuit Georgia j'attends Georgia Le feu est comme la neige Georgia La nuit est ma voisine Georgia J'écoute les bruits tous sans exception Georgia je vois la fumée qui monte et qui fuit Georgia je marche à pas de loup dans l'ombre Georgia je cours voici la rue les faubourgs Georgia Voici une ville qui est la même et que je ne connais pas Georgia je me hâte voici le vent Georgia et le froid et le silence et la peur Georgia je fuis Georgia je cours Georgia Les nuages sont bas il vont tomber Georgia j'étends les bras Georgia je ne ferme pas les yeux Georgia j'appelle Georgia je t'appelle Georgia Est-ce que tu viendras Georgia bientôt Georgia Georgia Georgia Georgia Georgia je ne dors pas Georgia je t'attends Georgia.

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    Sous les arbres mauves Sous les arbres mauves une nuit mauvaise j’allais contre le froid tous ceux que la faim faisait doucement gémir tous ceux qui laissaient tomber les bras guettaient dans l’ombre Ils étaient là près de moi Leurs yeux trop grands étaient des menaces J’avais honte de savoir marcher et une lumière plus douce que la neige me tirait Tu ne me quittais pas tu dormais et ta vie était cette nuit que je respirais Je savais par mes yeux mes mains mes pas que tout s’effaçait qu’il n’ y avait plus que la terre que la terre et toi.

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