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Pierre-Jean de Béranger

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Poésies

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    Pierre-Jean de Béranger

    @pierreJeanDeBeranger

    Ainsi soit-il Je suis devin, mes chers amis ; L'avenir qui nous est promis Se découvre à mon art subtil. Ainsi soit- il ! Plus de poète adulateur ; Le puissant craindra le flatteur ; Nul courtisan ne sera vil. Ainsi soit-il ! Plus d'usuriers, plus de joueurs, De petits banquiers grands seigneurs, Et pas un commis incivil. Ainsi soit-il ! L'amitié, charme de nos jours, Ne sera plus un froid discours Dont l'infortune rompt le fil. Ainsi soit-il ! La fille, novice à quinze ans, A dix-huit, avec ses amants, N'exercera que son babil. Ainsi soit-il ! Femme fuira les vains atours ; Et son mari, pendant huit jours, Pourra s'absenter sans péril. Ainsi soit-il ! L'on montrera dans chaque écrit Plus de génie, et moins d'esprit, Laissant tout jargon puéril. Ainsi soit-il ! L'auteur aura plus de fierté, L'acteur moins de fatuité ; Le critique sera civil. Ainsi soit-il ! On rira clos erreurs des grands, On chansonnera leurs agents, Sans voir arriver l'alguazil. Ainsi soit-il ! En France enfin renaît le goût ; La justice règne partout, Et la vérité sort d'exil. Ainsi soit-il ! Or, mes amis, bénissons Dieu, Qui met chaque chose en son lieu : Celles-ci sont pour l'an trois mille. Ainsi soit-il !

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    Pierre-Jean de Béranger

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    Beaucoup d'amour Malgré la voix de la sagesse, Je voudrais amasser de l'or : Soudain aux pieds de ma maîtresse J'irais déposer mon trésor. Adèle, à ton moindre caprice Je satisferais chaque jour. Non, non, je n'ai point d'avarice, Mais j'ai beaucoup, beaucoup d'amour. Pour immortaliser Adèle, Si des chants m'étaient inspirés, Mes vers, où je ne peindrais qu'elle, A jamais seraient admirés. Puissent ainsi dans la mémoire Nos deux noms se graver un jour ! Je n'ai point l'amour de la gloire, Mais j'ai beaucoup, beaucoup d'amour. Que la Providence m'élève Jusqu'au trône éclatant des rois, Adèle embellira ce rêve : Je lui céderai tout mes droits. Pour être plus sûr de lui plaire, Je voudrais me voir une cour. D'ambition je n'en ai guère, Mais j'ai beaucoup, beaucoup d'amour. Mais quel vain désir m'importune ? Adèle comble tous mes vœux. L'éclat, le renom, la fortune, Moins que l'amour rendent heureux. A mon bonheur je puis donc croire, Et du sort braver le retour ! Je n'ai ni bien, ni rang, ni gloire, Mais j'ai beaucoup, beaucoup d'amour.

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    Bon vin et fillette L'amour, l'amitié, le vin, Vont égayer ce festin ; Nargue de toute étiquette ! Turlurette, turlurette, Bon vin et fillette ! L'amour nous fait la leçon ; Partout, ce dieu sans façon, Prend la nappe pour serviette. Turlurette, turlurette, Bon vin et fillette ! Que dans l'or mangent les grands, Il ne faut à deux amants Qu'un seul verre, qu'une assiette. Turlurette, turlurette, Bon vin et fillette ! Sur un trône est-on heureux ? On ne peut s'y placer deux ; Mais vive table et couchette ! Turlurette, turlurette, Bon vin et fillette ! Si pauvreté qui nous suit A des trous à son habit, De fleurs ornons sa toilette. Turlurette, turlurette, Bon vin et fillette ! Mais que dis-je ? Ah ! dans ce cas, Mettons plutôt habit bas : Lise en paraîtra mieux faite, Turlurette, turlurette, Bon vin et fillette !

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    L'âge futur Je le dis sans blesser personne, Notre âge n'est point l'âge d'or : Mais nos fils, qu'on me le pardonne, Vaudront bien moins que nous encore. Pour peupler la machine ronde, Qu'on est fou de mettre du sien ! Ah ! pour un rien, Oui, pour un rien, Nous laisserions finir le monde, Si nos femmes le voulaient bien. En joyeux gourmands que nous sommes, Nous savons chanter un repas ; Mais nos fils, pesants gastronomes, Boiront et ne chanteront pas. D'un sot à face rubiconde Ils feront un épicurien. Ah ! pour un rien, Oui, pour un rien, Nous laisserions finir le monde, Si nos femmes le voulaient bien. Grâce aux beaux esprits de notre âge L'ennui nous gagne assez souvent ; Mais deux instituts, je le gage, Lutteront dans l'âge suivant. De se recruter à la ronde Tous deux trouveront le moyen. Ah ! pour un rien, Oui, pour un rien, Nous laisserions finir le monde, Si nos femmes le voulaient bien. Nous aimons bien un peu la guerre, Mais sans redouter le repos. Nos fils, ne se reposant guère, Batailleront à tout propos. Seul prix d'une ardeur furibonde, Un laurier sera tout leur bien. Ah ! pour un rien, Oui, pour un rien, Nous laisserions finir le monde, Si nos femmes le voulaient bien. Nous sommes peu galants, sans doute, Mais nos fils, d'excès en excès, Egarant l'amour sur sa route, Ne lui parleront plus français. Ils traduiront, Dieu les confonde ! L'Art d'aimer en italien. Ah ! pour un rien, Oui, pour un rien, Nous laisserions finir le monde, Si nos femmes le voulaient bien. Ainsi, malgré tous nos sophistes, Chez nos descendants on aura Pour grands hommes des journalistes Pour amusement l'Opéra ; Pas une vierge pudibonde ; Pas même un aimable vaurien. Ah ! pour un rien, Oui, pour un rien, Nous laisserions finir le monde, Si nos femmes le voulaient bien. De fleurs, amis, ceignant nos têtes, Vainement nous formons des vœux Pour que notre culte et nos fêtes Soient en honneur chez nos neveux : Ce chapitre que Momus fonde Chez eux manquera de doyen. Ah ! pour un rien, Oui, pour un rien, Nous laisserions finir le monde, Si nos femmes le voulaient bien.

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    La double ivresse Je reposais sous l'ombrage, Quand Nœris vint m'éveiller : Je crus voir sur son visage Le feu du désir briller. Sur son front Zéphyr agite La rose et le pampre vert ; Et de son sein qui palpite Flotte le voile entrouvert. Un enfant qui suit sa trace (Son frère, si je l'en crois) Presse pour remplir sa tasse Des raisins entre ses doigts. Tandis qu'à mes yeux la belle Chante et danse à ses chansons, L'enfant, caché derrière elle, Mêle au vin d'affreux poisons. Nœris prend la tasse pleine, Y goûte, et vient me l'offrir. Ah ! dis-je, la ruse est vaine : Je sais qu'on peut en mourir. Tu le veux, enchanteresse ! Je bois, dussé-je en ce jour Du vin expier l'ivresse Par l'ivresse de l'amour. Mon délire fut extrême : Mais aussi qu'il dura peu ! Ce n'est plus Nœris que j'aime, Et Nœris s'en fait un jeu. De ces ardeurs infidèles Ce qui reste, c'est qu'enfin, Depuis, à l'amour des belles J'ai mêlé le goût du vin.

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    Le coin de l'amitié L'Amour, l'Hymen, l'Intérêt, la Folie, Aux quatre coins se disputent nos jours. L'Amitié vient compléter la partie, Mais qu'on lui fait de mauvais tours ! Lorsqu'aux plaisirs l'âme se livre entière, Notre raison ne brille qu'à moitié, Et la Folie attaque la première Le coin de l'Amitié. Puis vient l'Amour, joueur malin et traître, Qui de tromper éprouve le besoin. En tricherie on le dit passé maître ; Pauvre Amitié gare à ton coin ! Ce dieu jaloux, dès qu'il voit qu'on l'adore, A tout soumettre aspire sans pitié. Vous cédez tout ; il veut avoir encore Le coin de l'Amitié. L'Hymen arrive : Oh, combien on le fête ! L'Amitié seule apprête ses atours. Mais dans les soins qu'il vient nous mettre en tête Il nous renferme pour toujours. Ce dieu, chez lui, calculant à toute heure, Y laisse enfin l'Intérêt prendre pied, Et trop souvent lui donne pour demeure Le coin de l'Amitié. Auprès de toi nous ne craignons, ma chère, Ni l'Intérêt, ni les folles erreurs. Mais, aujourd'hui, que l'Hymen et son frère, Inspirent de crainte à nos cœurs ! Dans plus d'un coin, où de fleurs ils se parent, Pour ton bonheur qu'ils règnent de moitié ; Mais que jamais, jamais ils ne s'emparent Du coin de l'Amitié.

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    Le petit homme gris Il est un petit homme, Tout habillé de gris, Dans Paris ; Joufflu comme une pomme, Qui, sans un sou comptant, Vit content, Et dit : Moi, je m'en... Et dit : Moi, je m'en... Ma foi, moi, je m'en ris ! Oh ! qu'il est gai (bis), Le petit homme gris ! A courir les fillettes, A boire sans compter, A chanter, Il s'est couvert de dettes ; Mais quant aux créanciers, Aux huissiers, Il dit : Moi, je m'en... Il dit : Moi, je m'en... Ma foi, moi, je m'en ris ! Oh ! qu'il est gai [bis), Le petit homme gris ! Qu'il pleuve dans sa chambre, Qu'il s'y couche le soir Sans y voir ; Qu'il lui faille en décembre Souffler, faute de bois, Dans ses doigts ; Il dit : Moi, je m'en... Il dit : Moi, je m'en... Ma foi, moi, je m'en ris ! Oh ! qu'il est gai (bis), Le petit homme gris ! Sa femme, assez gentille, Fait payer ses atours Aux amours : Aussi plus elle brille, Plus on le montre du doigt. Il le voit, Et dit : Moi, je m'en... Et dit : Moi, je m'en... Ma foi, moi, je m'en ris ! Oh ! qu'il est gai (bis), Le petit homme gris ! Quand la goutte l'accable Sur un lit délabré, Le curé, De la mort et du diable Parle à ce moribond, Qui répond : Ma foi, moi, je m'en... Ma foi, moi, je m'en... Ma foi, moi, je m'en ris ! Oh ! qu'il est gai (bis), Le petit homme gris !

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    Les souvenirs du peuple On parlera de sa gloire Sous le chaume bien longtemps. L'humble toit, dans cinquante ans, Ne connaîtra plus d'autre histoire. Là viendront les villageois Dire alors à quelque vieille Par des récits d'autrefois, Mère, abrégez notre veille. Bien, dit-on, qu'il nous ait nui, Le peuple encor le révère, Oui, le révère. Parlez-nous de lui, grand-mère ; Parlez-nous de lui. (bis) Mes enfants, dans ce village, Suivi de rois, il passa. Voilà bien longtemps de ça ; Je venais d'entrer en ménage. À pied grimpant le coteau Où pour voir je m'étais mise, Il avait petit chapeau Avec redingote grise. Près de lui je me troublais, Il me dit : Bonjour, ma chère, Bonjour, ma chère. - Il vous a parlé, grand-mère ! Il vous a parlé ! L'an d'après, moi, pauvre femme, À Paris étant un jour, Je le vis avec sa cour Il se rendait à Notre-Dame. Tous les coeurs étaient contents ; On admirait son cortège. Chacun disait : Quel beau temps ! Le ciel toujours le protège. Son sourire était bien doux ; D'un fils Dieu le rendait père, Le rendait père. - Quel beau jour pour vous, grand-mère ! Quel beau jour pour vous ! Mais, quand la pauvre Champagne Fut en proie aux étrangers, Lui, bravant tous les dangers, Semblait seul tenir la campagne. Un soir, tout comme aujourd'hui, J'entends frapper à la porte ; J'ouvre, bon Dieu ! c'était lui Suivi d'une faible escorte. Il s'assoit où me voilà, S'écriant : Oh ! quelle guerre ! Oh ! quelle guerre ! - Il s'est assis là, grand-mère ! Il s'est assis là ! J'ai faim, dit-il ; et bien vite Je sers piquette et pain bis Puis il sèche ses habits, Même à dormir le feu l'invite. Au réveil, voyant mes pleurs, Il me dit : Bonne espérance ! Je cours de tous ses malheurs Sous Paris venger la France. Il part ; et comme un trésor J'ai depuis gardé son verre, Gardé son verre. - Vous l'avez encor, grand-mère ! Vous l'avez encor ! Le voici. Mais à sa perte Le héros fut entraîné. Lui, qu'un pape a couronné, Est mort dans une île déserte. Longtemps aucun ne l'a cru ; On disait : Il va paraître. Par mer il est accouru ; L'étranger va voir son maître. Quand d'erreur on nous tira, Ma douleur fut bien amère ! Fut bien amère ! - Dieu vous bénira, grand-mère ; Dieu vous bénira. (bis)

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    Madame Grégoire C'était de mon temps Que brillait Madame Grégoire. J'allais, à vingt ans, Dans son cabaret rire et boire ; Elle attirait les gens Par des airs engageants. Plus d'un brun à large poitrine Avait là crédit sur la mine. Ah ! comme on entrait Boire à son cabaret ! D'un certain époux, Bien qu'elle pleurât la mémoire. Personne de nous N'avait connu défunt Grégoire ; Mais à le remplacer, Qui n'eût voulu y penser ! Heureux l'écot où la commère Apportait sa pinte et son verre ! Ah ! comme on entrait Boire à son cabaret ! Je crois voir encore Son gros rire aller jusqu'aux larmes, Et sous sa croix d'or, L'ampleur de ses pudiques charmes. Sur tous ses agréments Consultez ses amants : Au comptoir la sensible brune Leur rendait deux pièces pour une. Ah ! comme on entrait Boire à son cabaret ! Des Buveurs grivois Les femmes lui cherchaient querelle. Que j'ai vu de fois Des galants se battre pour elle ! La garde et les amours Se chamaillant toujours, Elle, en femme des plus capables, Dans son lit cachait les coupables. Ah ! comme on entrait Boire à son cabaret ! Quand ce fut mon tour D'être en tout le maître chez elle, C'était chaque jour Pour mes amis fête nouvelle. Je ne suis point jaloux ; Nous nous arrangions tous. L'hôtesse poussant à la vente, Nous livrait jusqu'à la servante. Ah ! comme on entrait Boire à son cabaret ! Tout est bien changé. N'ayant plus rien à mettre en perce, Elle a pris congé Et des plaisirs et du commerce. Que je regrette, hélas ! Sa cave et ses appas ! Longtemps encore chaque pratique S'écrira devant sa boutique : Ah ! comme on entrait Boire à son cabaret !

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