A century

Du 13 février au 6 juin 2021 le musée Fabre met à l'honneur trois artistes contemporains dont les oeuvres, toiles et dessins, ont récemment rejoint les collections du musée. Ils sont à découvrir dans trois espaces distincts du parcours permanent Issus de trois générations différentes, Pierrette Bloch, André-Pierre Arnal et Stéphane Bordarier se sont tous trois intéressés à la matérialité de la peinture, élaborant de nouvelles techniques picturales mises au coeur de leur pratique. Si Pierrette Bloch fait gouter la peinture, point après point, sur le papier ou sur la toile disposée à l'horizontal, noue consciencieusement le crin, inscrit de larges traces blanches au pastel, André-Pierre Arnal plie, froisse, ficèle la toile, colle et décolle le papier. Stéphane Bordarier développe quant à lui une technique picturale qui se rapproche de celle de la fresque, dans laquelle la couleur est prise dans la colle encore humide, induisant l'urgence du geste. Peintre et sculptrice française. Evoluant depuis les années 1950 vers une pratique abstraite, l'oeuvre de Pierrette Bloch, en dehors de toute catégorie esthétique, joue sur le rythme, l'ambivalence entre le plein et le vide, le contraste entre le noir et le blanc. Subtile, elle se décline par séries, avec une économie de moyens, à partir de la répétition de formes élémentaires – le point, les entrelacs, l'écriture – et de couleurs quasi absentes. Elle éprouve ses premières émotions artistiques en 1939, devant les chefs-d'oeuvre du musée du Prado exposés à Genève. C'est justement en Suisse que, fuyant la France occupée, elle se réfugie avec ses parents en 1940. Elle se plonge dans la lecture, source d'inspiration fondamentale, et assiste à des conférences d'histoire de l'art, notamment celle de René Huyghe sur la ligne, qui la conduit à s'interroger sur les relations qu'entretient le dessin avec le temps et l'écriture. A la fin de la guerre, de retour à Paris, elle suit les cours des peintres Jean Souverbie (1891-1981) et André Lhote (1885-1962) ; en 1949, elle est la première élève d'Henri Goetz (1909-1989), qui délaisse alors le surréalisme au profit de l'abstraction. Elle fait la connaissance de Colette et Pierre Soulages (1919), devenus des amis intimes. Influencées par celui-ci et Nicolas de Staël, ses premières peintures abstraites, à la texture épaisse, sont structurées par un système de grille, caractéristique des oeuvres picturales d'après-guerre. Les années 1950 correspondent au début de sa reconnaissance : elle participe au Salon des réalités nouvelles (1950), dédié à l'abstraction depuis l'après-guerre ; dès l'année suivante ont lieu ses premières expositions personnelles en France et aux Etats Unis, où elle séjourne régulièrement.

Pierrette Bloch - Une collection

« Devant un Outrenoir, qu'est-ce qu'on voit ? Il y a de la lumière réfléchie par le noir, donc déjà modifiée, transformée. Si elle était réfléchie par du vert, du bleu ou par un miroir, ce ne serait pas la même. On voit de la lumière qui provient du tableau vers celui qui regarde : ça, c'est ce qui se passe dans ma peinture, c'est le côté optique [.]. Si la lumière change de place, ce n'est plus la même peinture que l'on voit ; et si le regardeur bouge, ce n'est pas tout à fait la même chose qu'il voit. C'est une organisation, certes, qui reste la même mais qui s'efface ou qui apparaît plus évidente, c'est tout un ensemble de choses qui change, tandis que dans une peinture traditionnelle, il y a un point de vue. Dans mon cas, l'intériorité ne précède pas l'acte de peindre. Elle vient pendant. » Pierre Soulages

L'intériorité dans la peinture

"Devant un Outrenoir, qu'est-ce qu'on voit ? Il y a de la lumière réfléchie par le noir, donc déjà modifiée, transformée. Si elle était réfléchie par du vert, du bleu ou par un miroir, ce ne serait pas la même. On voit de la lumière qui provient du tableau vers celui qui regarde : ça, c'est ce qui se passe dans ma peinture, c'est le côté optique [... ]. Si la lumière change de place, ce n'est plus la même peinture que l'on voit ; et si le regardeur bouge, ce n'est pas tout à fait la même chose qu'il voit. C'est une organisation, certes, qui reste la même mais qui s'efface ou qui apparaît plus évidente, c'est tout un ensemble de choses qui change, tandis que dans une peinture traditionnelle, il y a un point de vue. Dans mon cas, l'intériorité ne précède pas l'acte de peindre. Elle vient pendant". Pierre Soulages

« Une peinture est un tout organisé, un ensemble de formes (lignes, surfaces colorées...) sur lequel viennent se faire ou se défaire les sens qu'on lui prête. Le contenu de cet ensemble n'est pas un équivalent d'émotion, de sensation, il vit de lui-même. Ces relations entre les formes sont un transfert de relations de l'univers à une autre signification. Dans ce qu'elle a d'essentiel la peinture est une humanisation du monde. » Pierre Soulages (1948)

Voici réunis, dans leur variété, leur constante et exemplaire rigueur, quelques-uns des textes et entretiens de Pierre Soulages. Ils explicitent pour nous son ouvre immense.

Ecrits et propos

Textes recueillis par Jean-Michel Le Lannou

Une peinture est un tout organisé, un ensemble déformes (lignes, surfaces colorées...) sur lequel viennent se faire ou se défaire les sens qu'on lui prête.

Le contenu de cet ensemble n'est pas un équivalent d'émotion, de sensation, il vit de lui-même.

Ces relations entre les formes sont un transfert de relations de l'univers à une autre signification.

Dans ce qu'elle a d'essentiel la peinture est une humanisation du monde.

Pierre Soulages (1948)

Voici réunis, dans leur variété, leur constante et exemplaire rigueur, quelques-uns des textes et entretiens de Pierre Soulages. Ils explicitent pour nous son oeuvre immense.

Comment une création artistique contemporaine peut-elle s'insérer dans un monument millénaire tout en lui étant fidèle, tout en lui apportant de la modernité ? Telle est la question qui a réuni l'historien médiéviste Jacques Le Goff et le peintre Pierre Soulages à l'occasion de la création des vitraux que celui-ci a réalisés pour l'abbatiale de Conques, en aveyron.

De la pertinence de mettre une oeuvre contemporaine dans un lieu chargé d'histoire - Entretien

Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.

Discours inaugural

Pierre Soulages, né le 24 décembre 1919 à Rodez et mort le 25 octobre 2022 à Nîmes, est un artiste peintre et graveur français.
Associé depuis la fin des années 1940 à l'art abstrait, il est particulièrement connu pour son usage des reflets de la couleur noire, qu'il appelle « noir-lumière » ou « outrenoir ». Il est l'un des principaux représentants de la peinture informelle.

L'encre noire a toujours été ma préférée. Je l'ai aimé. Et puis un jour, j'ai réalisé que la seule chose que j'ai toujours voulu faire était de peindre.

La réalité d'une oeuvre, c'est le triple rapport qui s'établit entre la chose qu'elle est, le peintre qui l'a produite et celui qui la regarde.

J'ai toujours aimé que les peintures soient des murs plutôt que des fenêtres. Lorsque nous voyons une peinture sur un mur, c'est une fenêtre, donc j'ai souvent mis mes peintures au milieu de l'espace pour faire un mur.

Je suis contre des limitations comme la perspective. La perspective est l'illusion, c'est l'opposé de la présence, et l'art est la présence.

Une fenêtre regarde à l'extérieur, mais une peinture devrait faire le contraire - elle devrait regarder à l'intérieur de nous. Lorsque je les place au milieu de la pièce, je fixe les tableaux en haut au plafond et en bas au sol. Je préfère cela que de simplement les accrocher au plafond car cela crée une place dans un espace, comme un mur.

L'art préhistorique est venu me faire bouger beaucoup plus que l'art grec. L'art grec a de belles femmes et de beaux hommes, mais je m'en fiche.

Il est fascinant de penser que dès que l'homme a vu le jour, il a commencé à peindre.

J'ai toujours aimé peindre. Enfant, j'aimais tremper mon pinceau à encre noire. Ils m'ont donné des couleurs à utiliser, mais je ne les aimais pas beaucoup.

La peinture est un jeu d'opacités et de transparents.

La peinture n'est pas seulement jolie ou agréable; C'est quelque chose qui vous aide à rester seul et à vous faire face.

J'ai réalisé que la plupart des gens gaspillent leur vie gagnant leur vie et je voulais vivre. J'adore la peinture, donc je continue de peindre. C'est comme ça que je suis devenu artiste.

Si la peinture n'offre pas un moyen de rêver et de créer des émotions, cela n'en vaut pas la peine.

La peinture, ça ne se regarde pas, ça se fréquente.

J'ai toujours aimé le noir et j'ai réalisé que, depuis le début, l'homme est entré dans des grottes complètement sombres pour peindre. Ils ont également peint de noir. Ils auraient pu peindre avec du blanc parce qu'il y avait des pierres blanches partout au sol, mais non, ils ont choisi de peindre avec du noir dans l'obscurité.

Il y a quelque chose d'important dans le vie, c'est l'art.

À 16 ans, j'ai décidé de faire quelque chose de courageux: j'ai fait une fouille préhistorique. En fait, j'ai mon nom dans un musée depuis l'âge de 18 ans, pas pour ma peinture mais pour les objets préhistoriques que j'ai trouvés. C'est comme ça que j'ai commencé à penser à l'art.

Pour moi, il est important de vivre un choc esthétique, qui met en mouvement notre imagination, nos émotions, nos sentiments et nos pensées. C'est le but d'une peinture et d'art en général.

La peinture nous permet de vivre d'une manière plus intéressante que nous ne vivons notre vie quotidienne.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Soulages

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