Traités 42-44 - Sur les genres de l'être, I, II et III
14 Nov. 2018
Plotin
Plotin, en grec ancien : Πλωτῖνος, en latin : Plotinus (205 - 270 apr. J.-C.), philosophe gréco-romain de l'Antiquité tardive, est le représentant principal du courant philosophique appelé « néoplatonisme » : à travers lui, la pensée grecque classique affronte désormais les mouvements gnostiques plus ou moins proches du christianisme et du manichéisme. Continuateur d’un Musonius Rufus, d’un Sénèque, d’un Épictète, Plotin est l’un des grands philosophes de l’époque impériale et un authentique sage de la Grèce. Il installe son école à Rome en 246, où Amélius fut son premier disciple. Sa relecture des dialogues de Platon fut une source d'inspiration importante pour la pensée chrétienne alors en pleine formation, notamment pour Augustin d'Hippone, et elle influença de manière profonde la philosophie occidentale. L'intégralité de ses écrits a été publiée par son disciple Porphyre de Tyr, qui les a réunis sous la forme d’Ennéades, en groupes de neuf traités. L'originalité de la pensée de Plotin tient à une réflexion d’une grande subtilité, élaborée à partir de Platon et d'Aristote, et où métaphysique et mystique se fondent et se confondent. Pour Plotin, l'univers est composé de trois réalités fondamentales : l'Un, l'Intellect et l'Âme. L'homme, partie du monde sensible, doit, par le plus haut degré d'intériorité, remonter de l'Âme à l'Intellect, puis de l'Intellect à l'Un et accomplir ainsi une union mystique avec le Dieu par excellence. La recherche du salut implique en effet pour l’âme une ascension spirituelle, loin du monde d’ici-bas, « au-delà de l’intellect et de la connaissance » (ἐπέκεινα νοῦ καὶ νοήσεως), vers la réalité vraie, le Bien, principe suprême identifié à la Beauté, que Plotin nomme l’Un ou Dieu. Ni mysticisme chrétien, ni contemplation de Dieu pour l'initié des mystères, la philosophie de Plotin est une exhortation à réintégrer notre vraie patrie, c’est tout le sens de l’allégorie d’Ulysse évoquée par Plotin : aux sortilèges de Circé et à la beauté de Calypso, Ulysse préféra le retour à Ithaque, sa patrie. Plotin nous invite à réintégrer notre parenté ontologique avec le divin, au moyen d’une ascèse purificatrice. Par une intuition de « l'Intellect embrasé d’amour », cette ascension spirituelle conduit l’âme, enfin unifiée, débarrassée de tout le superflu et de l’individualité qui la barricadait dans ses limites, à devenir « lumière véritable » et à voir « l’éclat divin de la vertu et la tempérance siégeant sur un trône sacré ». Ainsi comprise, cette purification, selon le mot de Jean Trouillard, « délie l’âme, non pas pour l’immerger dans un abîme mystique où elle s’annule, mais pour rendre à son jeu sacré toute son ampleur et sa lucidité ».
...plusCompte non officiel