Lorsque Rob Roberge apprend qu’il est probablement atteint d’une perte progressive de la mémoire, due à des années d’excès et de multiples commotions, il est terrifié à la perspective de devenir l’ombre de lui-même. En une tentative désespérée pour préserver son identité, il expose les moments charnières (tragiques, drolatiques ou anodins) de son existence. Le meurtre brutal de sa petite amie d'enfance, le diagnostic de son trouble bipolaire, son expérience personnelle du traditionnel «sexe, drogue et rock’n’roll»… Il y a les histoires familiales ou amoureuses – ordinaires et tortueuses comme elles le sont toujours. Il y a l’incompréhension des autres, le mépris de soi-même. Il y a le sentiment de ne pas être à sa place, et la tentation d’en finir. Il y a la femme aimée, l’écriture, et la volonté de s’en sortir. Mais tenter de mettre en ordre son passé ne fait qu’exposer la fragilité des événements qui nous fondent. Tandis que Roberge essaie de retrouver les moments qui l’ont façonné, il doit reconnaître que la ligne est floue entre les mensonges que l’on raconte aux autres et ceux que l’on construit pour soi-même. Livre poignant et sans pathos ni compromis, aussi humble que brutal, Menteur est le récit d’une vie. Un itinéraire fait de détours, de failles, d’impasses, de confusion, de digressions, dont chaque fragment a malgré tout un sens. Ou en tout cas prend sens au fur et à mesure que nous l’intégrons dans une existence qui se réécrit chaque jour.

Menteur. Un mémoire

Le Californien Bud Barrett, musicien tourmenté, doit trouver le courage d'exorciser son passé pour accepter l'homme qu'il est aujourd'hui.

A tout prix

L'action se déroule dans le désert. Jamais très loin de LosAngeles, jamais très loin non plus de laVallée de la Mort. Avec Rob Roberge, il est souvent question de vie et de mort ; tout en nous faisant rire, il ne cesse de poser des questions. Que font les gens de leur vie ? Comment fait-on pour s'en sortir ?... Dans chacune de ses histoires, l'auteur nous met le dos au mur. Il faut agir vite, ne pas se tromper.
Roberge nous coince dans un présent où chaque personnage, en « junky de la poisse » condamné à trouver une combine pour s'en sortir, traîne le passé chaotique qui lui colle à la peau. Sa galerie de « gueules » est éloquente :
Boxeurs K.-O., grand brûlés, victimes d'accidents, bourlingueurs à la petite semaine, cinglés du désert, ex-acteur à succès qui sombre, dealers tarés, arnaqueurs, etc. Sans oublier Bueno, un chimpanzé boxeur plus rusé que le journaliste épuisé venu l'interviewer. Roberge fracasse tous les clichés, toutes les illusions afin de refléter dans son écriture la réalité de la Californie du Sud. Une Californie décatie, échouée au bord de l'autoroute.
Le lecteur fonce en voiture, est entraîné dans des bars déserts, erre parmi les cactus... Chaque histoire est un long métrage condensé en quelques pages. Dans son roman précédent (Panne sèche, Série noire, 2006, Gallimard), Roberge campait déjà à la perfection des losers et autres misfits au bord de l'implosion, embarqués dans des situations impossibles. Au fil de ces nouvelles, il se montre conteur fascinant, doublé d'un maître du scénario.
Ses intrigues paradoxales sont hilarantes, tandis que la sobriété de son phrasé laisse admiratif.

La tête à l'envers, les pieds au mur

Après s'être fait sèchement plaquer par sa copine, Nick s'est décidé à partir en Californie pour tout reprendre à zéro. Malheureusement pour lui, Nick est un loser : échoué comme une mouette mazoutée à Long Beach, une petite station balnéaire sur le déclin, il travaille comme portier de nuit dans un hôtel art déco décrépi en instance de démolition.  Quand il ne bosse pas, Nick passe son temps à picoler et à se droguer en compagnie de ses deux amis : Joe, un ancien avocat dans le vent devenu junkie mais qui tente tant bien que mal de remonter la pente, et Sergei, un Russo-Batave psychopathe et flambeur prêt à tout pour un paquet de dollars. Tous rêvent du gros coup qui les rendra riches. Quand Nick tombe par hasard sur un vieux stock d'ordinateurs du FBI, qui renferment une liste de personnes bénéficiant du programme de protection des témoins ainsi que leurs nouvelles identités, il pense avoir ferré la bonne affaire. Aidé de ses compagnons d'infortune, Nick décide de retrouver les témoins et de les faire chanter. Bien entendu, rien ne va se passer comme prévu. Loser un jour, loser toujours... Météore loufoque, récit déjanté, Panne sèche est un peu la rencontre des Pieds Nickelés et du Big Lebowski passée à la sauce noire... Attachez vos ceintures !

Panne sèche

Je pense que l'acte de mentir peut être séparé du genre des mémoires. Bien que souvent, les gens ignorent leur propre subjectivité.

Beaucoup de mes étudiants ont été assez remarquables. Remarquable à la fois sur le plan personnel - des personnes qui ont changé ma vie - et remarquable dans le sens où beaucoup ont connu un énorme succès dans leur carrière d'écrivain. Que j'aie eu ou non beaucoup à voir avec ces réussites, je suis très fier et heureux que mes anciens élèves soient sur la carte.

La chose la plus importante a été que la deuxième personne m'a permis de me tromper pour en révéler plus sur moi-même. Cela m'a donné une distance d'auteur pour me rapprocher de l'action et des émotions, si cela a du sens.

Ma carrière d'enseignante a commencé avec moi d'enseigner la comp dans une très petite école de Buffalo. Et j'étais terrible à ce moment-là. Ils n'auraient jamais dû m'embaucher.

Je dirais que la musique influence l'écriture - la musique et le rythme de la prose - bien plus que l'écriture influence la musique.

J'ai un MFA par écrit. C'est discutable s'ils conviennent à tout le monde, mais j'avais un mentor qui a vraiment changé ma vie, donc cela a fonctionné pour moi.

Certains des plus grands défis ont été, page après page, nus devant le lecteur.

Cela m'a pris sept ans d'écriture avant de publier ma première histoire. Et puis, les publications ont coulé au cours des cinq prochaines années.

Je pense que chaque narrateur est un narrateur peu fiable. Dans sa définition classique - un narrateur peu fiable est celui qui révèle quelque chose qu'ils ne se connaissent pas pour révéler. Nous faisons tous cela.

Le témoignage le moins fiable d'un tribunal est le témoignage de témoins oculaires. Nous ne sommes tout simplement pas de bons journalistes de faits qui nous arrivent, ou devant nous. Mais ce n'est pas la même chose que le mensonge sciemment.

Pour moi, la dépendance n'a jamais vraiment inclus de me dire que tout allait bien. Au moment où j'étais profondément dans mes dépendances, je savais que les choses étaient assez mauvaises et je n'avais aucun contrôle sur eux.

Vous ne pouvez pas vous cacher derrière la fiction. Peu importe à quel point une scène fictive est autobiographique, vous pouvez toujours dire au lecteur - en vous protégeant - que vous avez inventé.

Il y a quelque chose connu sous le nom de «conformité de la mémoire», également connu sous le nom de «contagion sociale de la mémoire», qui fait référence à une situation où raconter une mémoire par une personne influence le récit d'une autre personne de cette même expérience.

Je n'enseigne plus la théorie narrative par elle-même, mais je l'utilise en quelque sorte en critiquer les manuscrits des étudiants. Donc, il s'y rendait, que je l'aime ou non.

L'une des choses que j'aime le plus chez la deuxième personne, c'est que cela rappelle au lecteur qu'ils lisent un texte. Cela ne leur permet pas de dériver dans l'histoire et de ne pas remarquer qu'ils lisent un livre - un livre qui a un auteur.

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