splash screen icon Lenndi
splash screen name leendi
@robertDesnos profile image

Robert Desnos

Auteurplume

Robert Desnos [dɛsˈnoːs] est un poète surréaliste et résistant français, né le 4 juillet 1900 dans le 11e arrondissement de Paris et mort du typhus le 8 juin 1945 au camp de concentration de Theresienstadt, en Tchécoslovaquie un mois après sa libération par l'Armée rouge le dernier jour de la guerre. Autodidacte en rupture avec sa famille et l'école, Robert Desnos est introduit au début des années vingt dans les milieux littéraires modernistes et rejoint en 1922 l'aventure surréaliste. Il participe de manière éclatante aux expériences d'écriture automatique et publie ses premiers textes en utilisant comme nom de plume celui de Rrose Sélavy, un personnage féminin créé par Marcel Duchamp. Rédacteur de La Révolution surréaliste à partir de 1924, il travaille comme journaliste pour plusieurs journaux, réinventant la critique comme un acte littéraire. En 1929 André Breton, qui s'engage dans la voie du communisme, l'exclut du mouvement surréaliste. Grand amateur de musique, il écrit - à l'instar de Max Jacob - des poèmes aux allures de chanson qui renouent avec l'enfance. Le 3 novembre 1933, la diffusion par Radio-Paris de La Complainte de Fantômas, qui annonce un nouvel épisode de la série Fantômas, est un succès radiophonique retentissant. Devenu rédacteur publicitaire, il se préoccupe de la montée des périls fascistes en Europe et rejoint dès 1934 le mouvement frontiste. Il adhère à l'Association des écrivains et artistes révolutionnaires puis, après les élections de mai 1936, au Comité de vigilance des intellectuels antifascistes. En 1940, la France défaite par l'Allemagne nazie, il est compté parmi les artistes dégénérés honnis de Vichy et survit avec Youki, sa compagne depuis neuf ans, grâce à des complaisances au sein du quotidien collaborationniste Aujourd'hui, qui publie sous pseudonyme ses dessins. De juillet 1942 jusqu'à son arrestation, le 22 février 1944, il participe au réseau de résistance AGIR. Depuis Compiègne, il est déporté le 27 avril 1944 vers Flöha, via Auschwitz, Buchenwald et Flossenbürg. Épuisé par deux semaines d'une marche de la mort qui l'a amené fin avril 1945 à Theresienstadt, il meurt dans un revier dantesque un mois après l'abandon du camp par les agents de la Sipo. Reconnu peu avant sa mort par un étudiant tchèque mobilisé, son corps est rapatrié en octobre et enterré au cimetière du Montparnasse. Son œuvre comprend un certain nombre de recueils de poèmes publiés de 1923 à 1943 — par exemple Corps et biens (1930) ou The Night of loveless nights (1930) — et d'autres textes sur l'art, le cinéma ou la musique, regroupés dans des éditions posthumes.

...plus

Compte non officiel

Poésies

16

    Robert Desnos

    Robert Desnos

    @robertDesnos

    Couplet de la rue de Bagnolet Le soleil de la rue de Bagnolet N'est pas un soleil comme les autres. Il se baigne dans le ruisseau, Il se coiffe avec un seau, Tout comme les autres, Mais, quand il caresse mes épaules, C'est bien lui et pas un autre, Le soleil de la rue Bagnolet Qui conduit son cabriolet Ailleurs qu'aux portes des palais, Soleil, soleil ni beau ni laid, Soleil tout drôle et tout content, Soleil de la rue de Bagnolet, Soleil d'hiver et de printemps, Soleil de la rue de Bagnolet, Pas comme les autres.

    en cours de vérification

    Robert Desnos

    Robert Desnos

    @robertDesnos

    Couplet de la rue Saint-Martin Je n'aime plus la rue Saint-Martin Depuis qu'André Platard l'a quittée. Je n'aime plus la rue Saint-Martin, Je n'aime rien, pas même le vin. Je n'aime plus la rue Saint-Martin Depuis qu'André Platard l'a quittée. C'est mon ami, c'est mon copain. Nous partagions la chambre et le pain. Je n'aime plus la rue Saint-Martin.

    en cours de vérification

    Robert Desnos

    Robert Desnos

    @robertDesnos

    Danses Vous avez faim, vous avez soif, Rosemonde, c'est le vent d'est Qui vous décoiffe. Que ce vent emporte la peste Au fond du ciel et qu'elle y reste. Hyppolite, l'oiseau du nord Qui passa sur la plaine L'oiseau qui chante, rêve et mord, L'avez-vous vu à la fontaine? Il chante, il rêve, il mord, Il dort. Andromède, face à l'ouest, Figure de proue, Pas un sourire, pas un geste, L'écume jaillit sur vos joues Et rouille le fer qui vous cloue. Un géant viendra du sud — Sabine as-tu donné ton cœur — • Porteur de fruits et de liqueurs, Sonneur de la solitude. Rosemonde, aimez-vous l'été? Bagatelle, bagatelle, J'aime mieux l'hiver, dit-elle, Et les rosiers désenchantés. Andromède, aimez-vous l'automne? Il vente, il pleut, il tonne, J'aime l'automne et le printemps Et la fleur de mes jeunes ans. Hyppolite, aimez-vous l'hiver? Je ne sais pas, dit-elle, Le seul été, j'ai découvert, Mon esprit suit les hirondelles. Sabine, aimez-vous le printemps ? J'aimais le printemps, je le pleure, J'aime, je pleure avec le temps Je ris avec les heures. Je danse, je ris dans le feu, Je flambe, je suis Andromède, Je me consume et c'est un jeu Qui me délivre et qui m'obsède. Rosemonde, écoutez la terre Qui peine sur son chemin. Je l'entends, mais il faut se taire, Nous chanterons demain. Hyppolite, fille de l'air Parcourt à cheval le désert, Cheval de nuage et de vent, Air de jadis et d'à présent. Au point du jour et au point d'eau, Sabine se désaltère Avec les lions et les panthères. La nuit dépose son fardeau.

    en cours de vérification

    Robert Desnos

    Robert Desnos

    @robertDesnos

    A pierrot les grandes feuilles sur le fait des dieux verts Pierrot tu jactes bien et, verts comme des dos, Tes sacrés nom de dieu de Bons Dieux ont la touche Qui chante à ma mousmée. Elle en rote, elle en louche Elle en jouit dans sa loque et palpite du pot. Quant à moi, pour le gringue ayant peu d'à propos, Ne m'en ressentant pas pour enculer des mouches, Je la boucle en serrant ma pipe entre les touches Mais j'estime tes Grecs des durs et des francos. La mère Guette-au-Trou qui depuis trente berges Fait son blé des bitards enfournés par nos verges Peut s'habiller. Jamais les sœurs qui font le tas Ne pourront chier des mecs comme ceux dont tu causes Autant pisser du pive ou dégraisser son prose D'un colombin doré reniflant les lilas.

    en cours de vérification

    Robert Desnos

    Robert Desnos

    @robertDesnos

    Art poétique Par le travers de la gueule Ramassée dans la boue et la gadoue Crachée, vomie, rejetée — Je suis le vers témoin du souffle de mon maître — Déchet, rebut, ordures Comme le diamant, la flamme et le bleu de ciel Pas pure, pas vierge Mais baisée dans tous les coins baisée enfilée sucée enculée violée Je buis le vers témoin du souffle de mon maître Baiseuse et violatrice Pas pucelle Rien de plus sale qu'un pucelage Ouf! ça y est on en sort Bonne terre boueuse où je mets le pied Je suis pour le vent le grand vent et la mer Je suis le vers témoin du souffle de mon maître Ça craque ça pète ça chante ça ronfle Grand vent tempête cœur du monde Il n'y a plus de sale temps J'aime tous les temps j'aime le temps J'aime le grand vent Le grand vent la pluie les cris la neige le soleil le feu et tout ce qui est de la terre boueuse ou sèche Et que ça croule! Et que ça pourrisse Pourrissez vieille chair vieux os Par le travers de la gueule Et que ça casse les dents et que ça fasse saigner les gencives Je suis le vers témoin du souffle de mon maître L'eau coule avec son absurde chant de colibris de rossignol et d'alcool brûlant dans une casserole coule le long de mon corps Un champignon pourrit au coin de la forêt ténébreuse dans laquelle s'égare et patauge pieds nus une femme du tonnerre de dieu Ça pourrit dur au pied des chênes Une médaille d'or n'y résiste pas C'est mou C'est profond Ça cède Ça pourrit dur au pied des chênes Une lune d'il y a pas mal de temps Se reflète dans cette pourriture Odeur de mort odeur de vie odeur d'étreinte De cocasses créatures d'ombre doivent se rouler et se combattre et s'embrasser ici Ça pourrit dur au pied des chênes Et ça souffle encore plus dur au sommet Nids secoués et les fameux colibris de tout à l'heure Précipités Rossignols époumonés Feuillage des forêts immenses et palpitantes Souillé et froissé comme du papier à chiottes Marées tumultueuses et montantes du sommet des forêts vos vagues attirent vers le ciel les collines dodues dans une écume de clairières et de pâturages veinée de fleuves et de minerais Enfin le voilà qui sort de sa bauge L'écorché sanglant qui chante avec sa gorge à vif Pas d'ongles au bout de ses doigts Orphée qu'on l'appelle Baiseur à froid confident des Sibylles Bacchus châtré délirant et clairvoyant Jadis homme de bonne terre issu de bonne graine par bon vent Parle saigne et crève Dents brisées reins fêles, artères nouées Cœur de rien Tandis que le fleuve coule roule et saoule de grotesques épaves de péniches d'où coule du charbon Gagne la plaine et gagne la mer Écume roule et s'use Sur le sable le sel et le corail J'entrerai dans tes vagues A la suite du fleuve épuisé Gare à tes flottes! Gare à tes coraux, à ton sable, à ton sel à tes festins Sorti des murailles à mots de passe Par le travers des gueules Par le travers des dents Beau temps Pour les hommes dignes de ce nom Beau temps pour les fleuves et les arbres Beau temps pour la mer Restent l'écume et la boue Et la joie de vivre Et une main dans la mienne Et la joie de vivre Je suis le vers témoin du souffle de mon maître

    en cours de vérification

    Robert Desnos

    Robert Desnos

    @robertDesnos

    Ce cœur qui haïssait la guerre… Ce cœur qui haïssait la guerre voilà qu'il bat pour le combat et la bataille ! Ce cœur qui ne battait qu'au rythme des marées, à celui des saisons, à celui des heures du jour et de la nuit, Voilà qu'il se gonfle et qu'il envoie dans les veines un sang brûlant de salpêtre et de haine. Et qu'il mène un tel bruit dans la cervelle que les oreilles en sifflent Et qu'il n'est pas possible que ce bruit ne se répande pas dans la ville et la campagne Comme le son d'une cloche appelant à l'émeute et au combat. Écoutez, je l'entends qui me revient renvoyé par les échos. Mais non, c'est le bruit d'autres cœurs, de millions d'autres cœurs battant comme le mien à travers la France. Ils battent au même rythme pour la même besogne tous ces cœurs, Leur bruit est celui de la mer à l'assaut des falaises Et tout ce sang porte dans des millions de cervelles un même mot d'ordre : Révolte contre Hitler et mort à ses partisans ! Pourtant ce cœur haïssait la guerre et battait au rythme des saisons, Mais un seul mot : Liberté a suffi à réveiller les vieilles colères Et des millions de Français se préparent dans l'ombre à la besogne que l'aube proche leur imposera. Car ces cœurs qui haïssaient la guerre battaient pour la liberté au rythme même des saisons et des marées, du jour et de la nuit.

    en cours de vérification

    Robert Desnos

    Robert Desnos

    @robertDesnos

    Cheval Cheval de fer et de fumier, mâcheur de paille. Cheval jailli de la tempête et du dégel, Agite le panache à ton front blanc de sel Et, d'un train paresseux, mène les funérailles. Car on conduit en terre au soir de la bataille Un être. Qui est-il ? il est mort et le ciel Montre sa trame et ses accrocs et ses tunnels Et se retourne et se déchire et tonne et bâille. Pas de nom sur la tombe où pourrira ce mort, Pas de légende où faire un jour vivre ce corps Rien que l'oubli, si l'oubli peut avec la haine Se concilier, et si, sans visage et sans nom Ce mort reste un exemple et si, jusqu'aux canons Enfoncé, le cheval le cloue en sa géhenne.

    en cours de vérification

    Robert Desnos

    Robert Desnos

    @robertDesnos

    Demain Âgé de cent mille ans, j'aurais encor la force De t'attendre, ô demain pressenti par l'espoir. Le temps, vieillard souffrant de multiples entorses, Peut gémir : Le matin est neuf, neuf est le soir. Mais depuis trop de mois nous vivons à la veille, Nous veillons, nous gardons la lumière et le feu, Nous parlons à voix basse et nous tendons l'oreille À maint bruit vite éteint et perdu comme au jeu. Or, du fond de la nuit, nous témoignons encore De la splendeur du jour et de tous ses présents. Si nous ne dormons pas c'est pour guetter l'aurore Qui prouvera qu'enfin nous vivons au présent.

    en cours de vérification

    Robert Desnos

    Robert Desnos

    @robertDesnos

    Désespoir du soleil Quel bruit étrange glissait le long de la rampe d'escalier au bas de laquelle rêvait la pomme transparente. Les Vergers étaient clos et le sphinx bien loin de là s'étirait dans le sable craquant de chaleur dans la nuit de tissu fragile. Ce bruit devait-il durer jusqu'à l'éveil des locataires ou s'évader dans l'ombre du crépuscule matinal? Le bruit persistait. Le sphinx aux aguets l'entendait depuis des siècles et désirait l'éprouver. Aussi ne faut-il pas s'étonner de voir la silhouette souple du sphinx dans les ténèbres de l'escalier. Le fauve égra-tignait de ses griffes les marches encaustiquées. Les sonnettes devant chaque porte marquaient de lueurs la cage de l'ascenseur et le bruit persistant sentant venir celui qu'il attendait depuis des millions de ténèbres s'attacha à la crinière et brusquement l'ombre pâlit. Cest le poème du matin qui commence tandis que dans son lit tiède avec des cheveux dénoués rabattus sur le visage et les draps plus froissés que ses paupières la vagabonde attend l'instant où s'ouvrira sur un paysage de résine et d'agate sa porte close encore aux flots du ciel et de la nuit. C'est le poème du jour où le sphinx se couche dans le lit de la vagabonde et malgré le bruit persistant lui jure un éternel amour digne de foi. C'est le poème du jour qui commence dans la fumée odorante du chocolat et le monotone tac tac du cireur qui s'étonne de voir sur les marches de l'escalier les traces des griffes du voyageur de la nuit C'est le poème du jour qui commence avec des étincelles d'allumettes au grand effroi des pyramides surprises et tristes de ne plus voir leur majestueux compagnon couché à leurs pieds. Mais le bruit quel était-il? Dites-le tandis que le poème du jour commence tandis que la vagabonde et le sphinx bien-aimé rêvent aux bouleversements de paysages. Ce n'était pas le bruit de la pendule ni celui des pas ni celui du moulin à café. Le bruit quel était-il? Quel était-il? L'escalier s'enfoncera-t-il toujours plus avant? Montera- t-il toujours plus haut? Rêvons acceptons de rêver c'est h poème du jour qui commence.

    en cours de vérification

    Robert Desnos

    Robert Desnos

    @robertDesnos

    En descendant des collines au Printemps En descendant des collines au printemps A l'heure où la rosée brille dans les toiles d'araignées Au bruit lointain du fer battu dans les forges, Au miroitement du jour dans l'eau des rivières. En descendant des collines au printemps J'ai laissé, dis-je, avec l'hiver les chagrins et les rancunes Un amour profond me transporte de joie Et ma haine elle-même me transporte et m'exalte. En descendant des collines au printemps Abandonnant des tombes vermoulues et des souvenirs, Ivre des parfums de la terre et de l'air Et me dilatant jusqu'à contenir le monde. En descendant des collines au printemps, J'ai brisé les balances où je pesais la vie et la mort, Enfin prêt à accueillir l'été et les vendanges, Prêt à accepter que le chemin, mon chemin s'interrompe. En descendant des collines au printemps Vivant de plus de joie qu'aux jours de ma jeunesse Mais attentif aux parfums de la terre et de l'air, Attentif à l'écho d'une petite chanson lointaine Chantée, d'une voix mal assurée, par une petite fille Que jamais je ne connaîtrai.

    en cours de vérification

    Robert Desnos

    Robert Desnos

    @robertDesnos

    J’ai tant rêvé de toi J’ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité. Est-il encore temps d’atteindre ce corps vivant et de baiser sur cette bouche la naissance de la voix qui m’est chère ? J’ai tant rêvé de toi que mes bras habitués en étreignant ton ombre à se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas au contour de ton corps, peut-être. Et que, devant l’apparence réelle de ce qui me hante et me gouverne depuis des jours et des années je deviendrais une ombre sans doute, Ô balances sentimentales. J’ai tant rêvé de toi qu’il n’est plus temps sans doute que je m’éveille. Je dors debout, le corps exposé à toutes les apparences de la vie et de l’amour et toi, la seule qui compte aujourd’hui pour moi, je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres que les premières lèvres et le premier front venu. J’ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec ton fantôme qu’il ne me reste plus peut-être, et pourtant, qu’à être fantôme parmi les fantômes et plus ombre cent fois que l’ombre qui se promène et se promènera allègrement sur le cadran solaire de ta vie.

    en cours de vérification

    Robert Desnos

    Robert Desnos

    @robertDesnos

    La dame pavot nouvelle épousée La dame pavot nouvelle épousée a demandé à son mari Quelle est l'année? Quel est le mois? Quelle est la semaine? Quel est le jour? Quelle est l'heure? Et son mari a répondu — Nous sommes en l'an nous sommes au mois de Juillobre semaine des quatre jeudis _ jour de gloire midi sonné Belle année, agréable mois, charmante semaine, jour merveilleux Heure délicieuse

    en cours de vérification

    Robert Desnos

    Robert Desnos

    @robertDesnos

    La famille Dupanard de Vitry-Sur-Seine La tribu Dupanard Les parents les moutards Habit' dans un gourbi AVitry A Vitry-sur-Seine Ah! quelle veine! Le papa Dupanard A jadis fait son lard Au retour d' Biribi AVitry A Vitry-sur-Seine Ah! quelle aubaine! La maman Dupanard S'est rangé' sur le tard EH' buvait des anis AVitry A Vitry-sur-Seine Ah! quelle haleine! Le p'tit Louis Dupanard D'habitude couche au quart Puis il fait son fourbi A Vitry A Vitry-sur-Seine Ah ! quell' vilaine ! La Louison Dupanard A des patt' de canard Des poils de ouistiti A Vitry A Vitry-sur-Seine Ah! quell' Sirène! Au musé' Dupuytren Il y en a encor un Il n'a pas fait son lit A Vitry A Vitry-sur-Seine Ah! quelle peine! Dans l'caveau familial Ils iront c'est fatal C'est la mort c'est la vi* AVitry A Vitry-sur-Seine Ah! quel domaine! Puis on les oubliera Tôt ou tard c'est comm' ça ! A Pékin à Paris AVitry A Vitry-sur-Seine Faridondaine!

    en cours de vérification

    Robert Desnos

    Robert Desnos

    @robertDesnos

    La fleur de pommier Joli rossignol et fleur de pommier, Si la neige tombe au mois de Juillet, Joli rossignol et fleur de pommier, C'est que le soleil en Janvier brillait, Joli rossignol et fleur de pommier.

    en cours de vérification

    Robert Desnos

    Robert Desnos

    @robertDesnos

    Le veilleur du Pont-au-change Je suis le veilleur de la rue de Flandre, Je veille tandis que dort Paris. Vers le nord un incendie lointain rougeoie dans la nuit. J’entends passer des avions au-dessus de la ville. Je suis le veilleur du Point-du-Jour. La Seine se love dans l’ombre, derrière le viaduc d’Auteuil, Sous vingt-trois ponts à travers Paris. Vers l’ouest j’entends des explosions. Je suis le veilleur de la Porte Dorée. Autour du donjon le bois de Vincennes épaissit ses ténèbres. J’ai entendu des cris dans la direction de Créteil Et des trains roulent vers l’est avec un sillage de chants de révolte. Je suis le veilleur de la Poterne des Peupliers. Le vent du sud m’apporte une fumée âcre, Des rumeurs incertaines et des râles Qui se dissolvent, quelque part, dans Plaisance ou Vaugirard. Au sud, au nord, à l’est, à l’ouest, Ce ne sont que fracas de guerre convergeant vers Paris. Je suis le veilleur du Pont-au-Change Veillant au cœur de Paris, dans la rumeur grandissantev Où je reconnais les cauchemars paniques de l’ennemi, Les cris de victoire de nos amis et ceux des Français, Les cris de souffrance de nos frères torturés par les Allemands d’Hitler. Je suis le veilleur du Pont-au-Change Ne veillant pas seulement cette nuit sur Paris, Cette nuit de tempête sur Paris seulement dans sa fièvre et sa fatigue, Mais sur le monde entier qui nous environne et nous presse. Dans l’air froid tous les fracas de la guerre Cheminent jusqu’à ce lieu où, depuis si longtemps, vivent les hommes. Des cris, des chants, des râles, des fracas il en vient de partout, Victoire, douleur et mort, ciel couleur de vin blanc et de thé, Des quatre coins de l’horizon à travers les obstacles du globe, Avec des parfums de vanille, de terre mouillée et de sang, D’eau salée, de poudre et de bûchers, De baisers d’une géante inconnue enfonçant à chaque pas dans la terre grasse de chair humaine. Je suis le veilleur du Pont-au-Change Et je vous salue, au seuil du jour promis Vous tous camarades de la rue de Flandre à la Poterne des Peupliers, Du Point-du-Jour à la Porte Dorée. Je vous salue vous qui dormez Après le dur travail clandestin, Imprimeurs, porteurs de bombes, déboulonneurs de rails, incendiaires, Distributeurs de tracts, contrebandiers, porteurs de messages, Je vous salue vous tous qui résistez, enfants de vingt ans au sourire de source Vieillards plus chenus que les ponts, hommes robustes, images des saisons, Je vous salue au seuil du nouveau matin. Je vous salue sur les bords de la Tamise, Camarades de toutes nations présents au rendez-vous, Dans la vieille capitale anglaise, Dans le vieux Londres et la vieille Bretagne, Américains de toutes races et de tous drapeaux, Au-delà des espaces atlantiques, Du Canada au Mexique, du Brésil à Cuba, Camarades de Rio, de Tehuantepec, de New York et San Francisco. J’ai donné rendez-vous à toute la terre sur le Pont-au-Change, Veillant et luttant comme vous. Tout à l’heure, Prévenu par son pas lourd sur le pavé sonore, Moi aussi j’ai abattu mon ennemi. Il est mort dans le ruisseau, l’Allemand d’Hitler anonyme et haï, La face souillée de boue, la mémoire déjà pourrissante, Tandis que, déjà, j’écoutais vos voix des quatre saisons, Amis, amis et frères des nations amies. J’écoutais vos voix dans le parfum des orangers africains, Dans les lourds relents de l’océan Pacifique, Blanches escadres de mains tendues dans l’obscurité, Hommes d’Alger, Honolulu, Tchoung-King, Hommes de Fez, de Dakar et d’Ajaccio. Enivrantes et terribles clameurs, rythmes des poumons et des cœurs, Du front de Russie flambant dans la neige, Du lac Ilmen à Kief, du Dniepr au Pripet, Vous parvenez à moi, nés de millions de poitrines. Je vous écoute et vous entends. Norvégiens, Danois, Hollandais, Belges, Tchèques, Polonais, Grecs, Luxembourgeois, Albanais et Yougo-Slaves, camarades de lutte. J’entends vos voix et je vous appelle, Je vous appelle dans ma langue connue de tous Une langue qui n’a qu’un mot : Liberté ! Et je vous dis que je veille et que j’ai abattu un homme d’Hitler. Il est mort dans la rue déserte Au cœur de la ville impassible j’ai vengé mes frères assassinés Au Fort de Romainville et au Mont Valérien, Dans les échos fugitifs et renaissants du monde, de la ville et des saisons. Et d’autres que moi veillent comme moi et tuent, Comme moi ils guettent les pas sonores dans les rues désertes, Comme moi ils écoutent les rumeurs et les fracas de la terre. À la Porte Dorée, au Point-du-Jour, Rue de Flandre et Poterne des Peupliers, À travers toute la France, dans les villes et les champs, Mes camarades guettent les pas dans la nuit Et bercent leur solitude aux rumeurs et fracas de la terre. Car la terre est un camp illuminé de milliers de feux. À la veille de la bataille on bivouaque par toute la terre Et peut-être aussi, camarades, écoutez-vous les voix, Les voix qui viennent d’ici quand la nuit tombe, Qui déchirent des lèvres avides de baisers Et qui volent longuement à travers les étendues Comme des oiseaux migrateurs qu’aveugle la lumière des phares Et qui se brisent contre les fenêtres du feu. Que ma voix vous parvienne donc Chaude et joyeuse et résolue, Sans crainte et sans remords Que ma voix vous parvienne avec celle de mes camarades, Voix de l’embuscade et de l’avant-garde française. Écoutez-nous à votre tour, marins, pilotes, soldats, Nous vous donnons le bonjour, Nous ne vous parlons pas de nos souffrances mais de notre espoir, Au seuil du prochain matin nous vous donnons le bonjour, À vous qui êtes proches et, aussi, à vous Qui recevrez notre vœu du matin Au moment où le crépuscule en bottes de paille entrera dans vos maisons. Et bonjour quand même et bonjour pour demain ! Bonjour de bon cœur et de tout notre sang ! Bonjour, bonjour, le soleil va se lever sur Paris, Même si les nuages le cachent il sera là, Bonjour, bonjour, de tout cœur bonjour !

    en cours de vérification

    Robert Desnos

    Robert Desnos

    @robertDesnos

    Voici venir le mois d'Avril Voici venir le mois d'avril, Ne te découvre pas d'un fil. Écoute chanter le coucou ! Voici venir le mois de juin, C'est du bon temps pour les Bédouins, J'écoute chanter le coucou. Voici venir la Saint-Martin, Adieu misère, adieu chagrin, Je n'écoute plus le coucou.

    en cours de vérification

  • 1