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Rutebeuf

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Rutebeuf [ʁytbœf] (ancien français Rustebeuf), né en 1245 et mort en 1285, est un poète français du Moyen Âge.

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Poésies

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    Rutebeuf

    @rutebeuf

    La complainte Que sont mes amis devenus ; Que j'avais de si près tenus… Et tant aimés. Ils ont été trop clairsemés, Je crois le vent les a ôtés. L'amour est morte. Ce sont amis que vent me porte Et il ventait devant ma porte ; Les emporta. Avec le temps qu'arbre défeuille Quand il ne reste en branche feuille Qui n'aille à terre… Avec pauvreté qui m'atterre Qui de partout me fait la guerre Au temps d'hiver. Ne convient pas que vous raconte Comment je me suis mis à honte, En quelle manière. Que sont mes amis devenus ; Que j'avais de si près tenus… Et tant aimés. Ils ont été trop clairsemés, Je crois le vent les a ôtés. L'amour est morte. Le mal ne sait pas seul venir. Tout ce qui m'était à venir… M'est advenu.

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    Rutebeuf

    @rutebeuf

    La grièche d’hiver Quand vient le temps qu’arbre défeuille quand il ne reste en branche feuille qui n’aille à terre, par la pauvreté qui m’atterre, qui de toutes parts me fait guerre, près de l’hiver, combien se sont changés mes vers, mon dit commence trop divers de triste histoire. Peu de raison, peu de mémoire m’a donné Dieu, le roi de gloire, et peu de rentes, et froid au cul quand bise vente : le vent me vient, le vent m’évente et trop souvent je sens venir et revenir le vent. La grièche m’a promis autant qu’elle me livre : elle me paie bien et bien me sert, contre le sou me rend la livre de grand misère. La pauvreté m’est revenue, toujours m’en est la porte ouverte, toujours j’y suis et jamais je ne m’en échappe. Par pluie mouillé, par chaud suant : Ah le riche homme ! Je ne dors que le premier somme. De mon avoir, ne sais la somme car je n’ai rien. Dieu m’a fait le temps bien propice : noires mouches en été me piquent, en hiver blanches. Je suis comme l’osier sauvage ou comme l’oiseau sur la branche ; l’été je chante, l’hiver je pleure et me lamente et me défeuille ainsi que l’arbre au premier gel. En moi n’ai ni venin ni fiel : ne me reste rien sous le ciel, tout passe et va. Les enjeux que j’ai engagés m’ont ravi tout ce que j’avais et fourvoyé et entraîné hors de ma voie. J’ai engagé des enjeux fous, je m’en souviens. Or, bien le vois, tout va, tout vient: tout venir, tout aller convient hors les bienfaits. Les dés que les détiers ont faits m’ont dépouillé de mes habits ; les dés m’occient, les dés me guettent et m’épient, les dés m’assaillent et me défient, cela m’accable. Je n’en puis rien si je m’effraie : ne vois venir avril et mai, voici la glace. Or j’ai pris le mauvais chemin; les trompeurs de basse origine m’ont mis sans robe. Le monde est tout rempli de ruse, et qui ruse le plus s’en vante ; moi qu’ai-je fait qui de pauvreté sens le faix ? Grièche ne me laisse en paix, me trouble tant, et tant m’assaille et me guerroie ; jamais ne guérirai ce mal par tel chemin. J’ai trop été en mauvais lieux ; les dés m’ont pris et enfermé : je les tiens quittes! Fol est qui leur conseil habite ; de sa dette point ne s’acquitte mais bien s’encombre, de jour en jour accroît le nombre. En été il ne cherche l’ombre ni chambre fraîche car ses membres sont souvent nus : il oublie du voisin la peine mais geint la sienne. La grièche l’a attaqué, l’a dépouillé en peu de temps et nul ne l’aime.

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    Rutebeuf

    @rutebeuf

    Le mariage de Rutebeuf Même le sot me traite de sot. Maintenant, n'ayant plus de trame, je n'ai plus qu'à filer, et j'ai fort à faire. Dieu n'a pas créé d'âme si insensible qui, à considérer mon martyre, n'oublie que je lui ai causé du tort et du tourment, et n'accepte de dire sans arrière-pensée : « J'oublie tout. » Car envoyer un homme en Egypte est un châtiment moins rude que celui que je subis. Rien que d'y penser, je ne puis m'empêcher de trembler. On dit qu'un fou qui ne commet pas de folies perd son temps : me suis-je marié sans raison ? En tout cas, je n'ai plus ni masure ni maison, mais voilà encore mieux : pour combler de joie les gens qui me haïssent à mort, j'ai épousé une femme que je suis seul capable d'aimer et d'apprécier, et qui était pauvre et misérable quand je l'ai épousée. Quel beau mariage, car je suis maintenant aussi pauvre et misérable qu'elle ! Elle n'est même pas avenante ni belle, elle a cinquante ans sur les épaules, elle est maigre et sèche : je n'ai pas peur qu'elle me trompe Depuis que Marie dans la crèche mit Dieu au monde, on ne vit un tel ménage.

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