Publié par les éditions Semiotext(e) en 1998 sous le titre Airless Spaces, Zones mortes est le premier roman de Shulamith Firestone. Elle écrit ces courtes nouvelles alors qu'elle s'écarte progressivement d'une carrière d'activiste féministe et se trouve dans un état de plus en plus proche de l'asphyxie. Ces histoires sont celles de personnes en proie à la pauvreté presque institutionnelle de New York, mises en danger par des allers et retours entre hôpital psychiatrique et quotidien sclérosé. Sur la quatrième de couverture de l'édition originale, on lit les mots de la poète Eileen Myles : « Le vingtième siècle, qui m'est le plus familier, n'a pas fini d'exploser en particules de plus en plus minces. La fable radicale que nous conte de l'intérieur Shulamith Firestone s'infiltre en nous comme une fine pluie abrasive. Elle nous annonce une disparition orchestrée par l'institutionnalisation de ce siècle, qui nous dépouille de tout notre être jusqu'à ce qu'il ne reste plus personne pour fermer la porte. » L'édition en français proposée ici, dans une traduction d'Émilie Notéris, est accompagnée d'un texte de Chris Kraus, autrice et première éditrice du livre.

Zones mortes

L'enfance n'est pas une catégorie naturelle, mais une invention récente. Les caractéristiques qu'on lui attribue (innocence, vulnérabilité, dépendance. etc.) sont le produit d'une construction sociale. Les attentions spéciales, la " protection ", le respect dont les enfants sont l'objet, ainsi que les institutions créées pour eux (l'école en particulier) servent avant tout à les tenir sous tutelle, à les priver de tout pouvoir sur leur vie, à les enfermer dans leur rôle, à les... infantiliser. En réexhumant ce texte qui, pour la première fois sans doute, étendait aux enfants l'analyse des mécanismes de domination, nous espérons bien contribuer à donner des outils de lutte à tous ceux, toutes celles - et particulièrement aux mineur-es qui jugent que la " condition de l'enfance " est inacceptable.

Pour L'Abolition De L'Enfance

L'enfance est une invention récente. Les caractéristiques qu'on lui attribue (innocence, vulnérabilité, dépendance, etc.) sont le produit d'une construction sociale. Les attentions spéciales, la protection, le respect dont les enfants sont l'objet, ainsi que les institutions créées pour eux (l'école en particulier) servent avant tout à les tenir sous tutelle, à les priver de tout pouvoir sur leur vie, à les enfermer dans leur rôle, à les... infantiliser. En réexhumant ce texte qui, pour la première fois sans doute, étendait aux enfants l'analyse des mécanismes de domination, nous espérons bien contribuer à donner des outils de lutte à tous ceux, toutes celles -et particulièrement aux mineur-es- qui jugent que la condition de l'enfance est inaceptable.

Pour l’abolition de l'enfance

Ce n'est qu'après avoir intégré le côté obscur de la lune dans notre vision du monde que nous pouvons commencer à parler sérieusement de la culture universelle.

Le «naturel» n'est pas nécessairement une valeur «humaine». L'humanité a commencé à transcender la nature: nous ne pouvons plus justifier le maintien d'un système de classe sexuelle discriminatoire pour des raisons d'origine dans la nature. En effet, pour des raisons pragmatiques à elle seule, il commence à sembler en se débarrasser.

Mais en psychanalyse, il n'y a pas de pensées sans importance; Il n'y a que des pensées qui prétendent être sans importance pour ne pas être informés.

Le féminisme, lorsqu'il atteindra vraiment ses objectifs, se brisera les structures les plus élémentaires de notre société.

La division Yin et Yang imprègnent toute culture, histoire, économie, nature elle-même; Les versions occidentales modernes de la discrimination sexuelle ne sont que la couche la plus récente.

Le mythe du bonheur de l'enfance s'épanouit si sauvagement non pas parce qu'il satisfait les besoins des enfants mais parce qu'il satisfait les besoins des adultes. Dans une culture de personnes aliénées, la conviction que tout le monde a au moins une bonne période de vie sans soins et que des cordes décèdent durement. Et évidemment, vous ne pouvez pas vous y attendre dans votre vieillesse. Il faut donc que vous l'avez déjà eu.

Une femme juste et généreuse est (au mieux) respectée, mais rarement aimée.

Si les femmes ne sont différenciées que par des attributs physiques superficiels, les hommes semblent plus individuels et irremplaçables qu'ils ne le sont vraiment.

Tous les hommes sont égoïstes, brutaux et inconsidérés - et j'aimerais pouvoir en trouver un.

Le romantisme est un outil culturel du pouvoir masculin pour empêcher les femmes de connaître leurs conditions.

Les femmes émancipées ont découvert que l'honnêteté, la générosité et la camaraderie des hommes étaient un mensonge.

Le piège classique pour tout révolutionnaire est toujours: «Quelle est votre alternative?» Mais même si vous pouviez fournir à l'interrogateur un plan, cela ne signifie pas qu'il l'utiliserait: dans la plupart des cas, il n'est pas sincère à vouloir savoir. En fait, c'est une offensive courante, une technique pour refléter la colère révolutionnaire et la retourner contre elle-même. De plus, les opprimés n'ont pas de travail pour convaincre tout le monde. Tout ce qu'ils ont besoin, c'est que le système actuel les détruit.

Ainsi, toute son identité est suspendue dans l'équilibre de sa vie amoureuse. Elle est autorisée à s'aimer que si un homme la trouve digne d'amour.

Les hommes pensent, écrivent et créent, parce que les femmes versaient leur énergie à ces hommes; Les femmes ne créent pas de culture parce qu'elles sont occupées par l'amour.

La puissance, quelle que soit la façon dont elle a évolué, quelles que soient ses origines, ne seront pas abandonnées sans lutte.

La séparation du sexe de l'émotion est aux fondements mêmes de la culture et de la civilisation occidentales.

Tout comme l'objectif final de la révolution socialiste n'était pas seulement l'élimination du privilège de la classe économique, mais la distinction de la classe économique elle-même, donc l'objectif final de la révolution féministe doit être, ... non seulement l'élimination du privilège masculin, mais de la distinction sexuelle elle-même; Les différences génitales entre les êtres humains n'auraient plus d'importance culturellement.

La culture (masculine) était (et est) parasitaire, se nourrissant de la force émotionnelle des femmes sans réciprocité.

Les féministes doivent remettre en question, non seulement toute la culture occidentale, mais l'organisation de la culture elle-même, et en outre, même l'organisation même de la nature. Beaucoup de femmes abandonnent le désespoir: si c'est à quel point cela va profondément, ils ne veulent pas savoir.

Nous devons garder à l'esprit que les révolutions n'importe où sont toujours heureuses d'utiliser toute aide qu'elles peuvent obtenir, même des femmes. Mais à moins que les femmes n'utilisent également la révolution pour faire avancer leurs propres intérêts ainsi que ceux des autres, à moins qu'ils ne soient régulièrement clairement que toute aide donnée devrait être retournée, à la fois maintenant et après la révolution, elles seront épuisées encore et encore .

...il ira dans sa tombe en se sentant trompé, sans se rendre compte qu'il n'y a pas beaucoup de différence entre une femme et l'autre, que c'est l'amour qui fait la différence.

Le bar est le royaume masculin. Pendant des siècles, c'était le bastion du privilège masculin, le lieu de rassemblement pour les hommes loin de leurs femmes, un endroit où les hommes pouvaient se livrer librement à la session de taureau.

Les femmes étaient la classe d'esclaves qui maintenait l'espèce afin de libérer l'autre moitié pour les affaires du monde.

Le «naturel» n'est pas nécessairement une valeur «humaine».

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