Sophie Calle aime raconter des histoires : vraies, collectées sous forme d'enquêtes, dérobées lors de filatures. Elle invente des protocoles et se soumet à des rituels pour invoquer le hasard. Faisant dialoguer la prose avec la photographie et la performance, la "faiseuse d'histoires" n'a pas peur de nous inviter dans son intimité. Avec un certain goût pour le danger, elle révèle ce que l'ordinaire a d'extraordinaire.

Sophie Calle

Entre 1978 et 1981, Sophie Calle explore clandestinement l'hôtel du Palais d'Orsay, alors désaffecté. Elle choisit la chambre 501 comme point d'ancrage et, sans méthode préétablie, photographie les lieux abandonnés depuis cinq ans. Au fil de ses incursions, elle collecte des objets : numéros de chambres, fiches des clients, messages adressés à un certain "Oddo"... 40 ans plus tard, la chambre 501 a disparu : un ascenseur a pris sa place. Sur l'invitation de Donatien Grau, conservateur au Musée d'Orsay, Sophie Calle retourne explorer les lieux pendant le temps suspendu du confinement. Elle traque ici les fantômes du Palais d'Orsay avec l'archéologue Jean-Paul Demoule, qui livre ici deux interprétations de cette archive, l'une scientifique et l'autre, imaginaire.

L'ascenseur occupe la 501

Publié pour la première fois en 1994 et régulièrement réédité et enrichi depuis, Des histoires vraies revient cette année pour la septième fois augmenté de six récits inédits. Sophie Calle continue à nous raconterses histoires, dans un langage précis et sobre, avec le souci du motjuste. Tantôt légères et drôles, tantôt sérieuses, dramatiques oucruelles, ces histoires vraies, toutes accompagnées d'une image, livrentdans un work in progress les fragments d'une vie.

Des histoires vraies : 63 short stories

L'artiste présente un choix d'annonces matrimoniales publiées dans divers supports de presse ("Le chasseur français", "Le Nouvel Observateur") entre 1895 et 2019. Classés par décennies, ces messages montrent l'évolution des critères de sélection, offrant un panorama sociologique des relations homme-femme. Image de la solitude affective, ils dressent un catalogue amoureux.

Sans lui

"Depuis des mois, je suivais des inconnus dans la rue. Pour le plaisir de les suivre et non parce qu'ils m'intéressaient. Je les photographiais à leur insu, notais leurs déplacements, puis finalement les perdais de vue et les oubliais.

Doubles-Jeux Tome 4

Les Panoplies (livre III) s'ouvre plus largement sur cette anthropologie de la sphère privée spécifique des  oeuvres de Sophie Calle et qui fait de l'artiste (avec Messager) l'annonciatrice des interrogations récentes sur l'intime.

Les panoplies ; livre III

Sophie Calle raconte Monique à travers des extraits de carnets intimes et de photographies issues d'albums de famille et présente son installation créée au Palais de Tokyo en hommage à sa mère décédée en 2007. Mais ce livre est avant tout un véritable objet conçu avec l'artiste. Le texte de la couverture est brodé pour en faire un objet précieux et l'ensemble des textes liés à l'installation sont gaufrés afin de retrouver la matière de certaines oeuvres de Sophie Calle. Il s'agit d'un ouvrage très personnel et émouvant et en même temps d'une réflexion sur la mort qui touche chacun d'entre nous.

Rachel Monique

J'ai proposé à Maud Kristen, voyante, de prédire mon futur, afin d'aller à sa rencontre, de le prendre de vitesse.

Où et quand ? - Lourdes

J'ai voyagé pendant sept ans et quand je suis rentré chez moi, j'étais complètement perdu. Je ne savais pas quoi faire de ma vie, alors j'ai décidé de laisser les gens décider pour moi. Pendant un mois, j'ai suivi des étrangers dans la rue. Pour le plaisir de suivre, non pas parce que la fête m'a intéressé. Je les ai photographiés à leur insu, j'ai pris note de leurs mouvements et j'ai finalement perdu de vue. Fin janvier 1980, j'ai choisi un homme et je l'ai suivi à Venise. C'est comme ça que j'ai commencé. C'est tout.

Je pense que je n'ai jamais quitté ma maison pour prendre un avion sans écrire ma volonté. Il doit y avoir une trentaine de testaments dans mes tiroirs, partout dans la cuisine. Partout, j'ai des testaments parce que j'écris des testaments plus facilement que j'écris des lettres d'amour.

A mon âge, je me connais. Si je fais un projet, c'est une façon de m'aider. Je ne le fais pas pour des raisons thérapeutiques, mais je sais que la thérapie peut être un profit secondaire.

Pour «l'hôtel», j'ai passé un an pour trouver l'hôtel, j'ai passé trois mois à traverser le texte et à l'écrire, j'ai passé trois mois à traverser les photos et j'ai passé une journée à décider que ce serait cette taille et ce cadre. . C'est la dernière pensée du processus.

Je me fiche de la vérité; Je me soucie de l'art et du style et de l'écriture et d'occupation du mur. Pour moi, mon style d'écriture est très lié au fait qu'il s'agit d'une œuvre d'art sur le mur. J'ai dû trouver un moyen d'écrire dans des phrases concises et efficaces que les gens debout ou entre dans une pièce pouvaient lire.

Ma mère était une mère très absente. Elle sortait, elle buvait beaucoup, elle aimait s'amuser. C'est bon pour moi. Je n'ai aucune amertume à ce sujet. Quand j'avais 3 ans, elle est allée en Amérique pendant des mois. Je n'ai jamais eu de problème avec ça. J'ai même aimé ça.

Je ne suis pas allé au pôle Nord pour faire quelque chose pour ma mère. J'ai été invité au pôle Nord et j'ai réalisé qu'il était impossible d'y aller sans penser à elle.

J'ai rencontré un photographe qui a accepté de me donner quelques leçons; En échange, j'ai dû poser nue pour lui.

Je suis allé à Istanbul. J'ai parlé à des aveugles, dont la plupart avaient soudainement perdu la vue. Je leur ai demandé de décrire la dernière chose qu'ils ont vue.

En avril 1981, à ma demande, ma mère est allée chez une agence de détective. Elle les a embauchés pour me suivre, signaler mes activités quotidiennes et fournir des preuves photographiques de mon existence.

Les objets rencontrent toujours votre obsession. Une fois que vous avez une obsession, vous montez dessus à chaque coin.

L'art est une façon de prendre de la distance. Les aspects pathologiques ou thérapeutiques existent, mais seulement comme catalyseurs.

Je sais comment je vis ma vie. J'ai un petit cerveau d'aimant qui attire le genre de choses qui m'obsomment.

Ses oeuvres

Ses derniers livres