Tahar Bekri
@taharBekri
De guerre en guerre La mer ne sait d’où lui vient toute cette eau Au large des déserts assoiffés de tant de fleuves Une aile toute seule ne peut suffire à la mouette Pour apaiser les brûlures de la vague et du sable Toutes ces feuilles qui tombent sous la tyrannie De l’hiver n’empêchent l’oiseau de se poser Sur les branches libre et indomptable Son chant nourri des neiges et du soleil Qu’a-t-elle donc la terre pour gémir ainsi Sous les décombres la palme percée par le tonnerre De tant de nuits déchirées par les éclairs Les primevères rasées par les bottes d’enfer Je vous reconstruis saisons des veines Des arbres, du sang de la lumière Par-delà les frontières par-delà les murs Si vous tremblez vous remuez ma poussière Comment peut-on laisser l’enfant se nourrir De galettes d’argile parmi les larmes du crocodile Visages d’ombre chiffres sans nombre Tours d’orgueil hippopotames lourds dans la boue J’ai de toi île la colère de l’orange verte Toutes ces failles dans la fêlure du vent Comme une fissure béante dans la césure À moi bourgeons contre tous ces cimetières.