Quelques années après la Seconde Guerre mondiale, la juge Teoh Yun Ling rend visite à l'ancien jardinier de l'empereur du Japon dans les montagnes de Malaisie. Elle vient honorer la promesse faite à sa soeur morte dans les camps japonais : créer un jardin à sa mémoire, le Jardin des brumes du soir. Tandis que l'insurrection communiste fait rage dans le pays, des liens se nouent entre ces deux êtres, le maître et l'élève, que la vie aurait dû irrémédiablement séparer. Roman de l'affrontement entre la barbarie et la civilisation, Le Jardin des brumes du soir est une véritable quête identitaire et poétique qui résiste au chaos de la guerre.

Le Jardin des Brumes du Soir

Je suis devenu une étoile qui s'effondre, tirant tout autour, même la lumière, dans un vide en constante expansion. Une fois que je perdrai toute capacité à communiquer avec le monde en dehors de moi-même, il ne reste plus ce dont je me souviens. Mes souvenirs seront comme un banc de sable, coupés du rivage par la marée entrante. Avec le temps, ils deviendront submergés, inaccessibles envers moi. La perspective m'a terrifié. Pour qu'est-ce qu'une personne sans souvenirs? Un fantôme, piégé entre les mondes, sans identité, sans avenir, pas de passé.

Mourir alors que je me souviens encore de qui je suis, qui j'étais.

Le temps est en train de perdre ma mémoire. Le temps, et cette maladie, cette intrus dans mon cerveau.

Un arbre à pluie penché vers une fenêtre d'un côté du bungalow, écoutant les conversations qui avaient eu lieu à l'intérieur au fil des ans.

Acceptez qu'il y a des choses dans ce monde que nous ne pourrons jamais expliquer et la vie sera compréhensible. C'est l'ironie de la vie. C'est aussi sa beauté.

Avoir des souvenirs, heureux ou douloureux, est une bénédiction, car cela montre que nous avons vécu nos vies sans réserve.

Pour qu'est-ce qu'une personne sans souvenirs? Un fantôme, piégé entre les mondes, sans identité, sans avenir, pas de passé.

Des moments dans le temps où le monde change à faire ressortir le meilleur et le pire des gens.

La mémoire est comme des patchs de soleil dans une vallée couverte, se déplaçant avec le mouvement des nuages. De temps en temps, la lumière tombera sur un moment particulier, en l'éclairant un instant avant que le vent scelle l'écart, et le monde est à nouveau dans l'ombre.

Les souvenirs que j'avais enfermés ont commencé à se libérer, comme des éclats de glace fracturant une étagère arctique. Dans le sommeil, ces floes cassées dérivent vers la lumière du matin du souvenir.

L'encre plus pâle durera au-delà des souvenirs de l'homme

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