Introduction à l'oeuvre sur le kavi

Les Essais esthétiques de Humboldt sont à plusieurs titres un texte-frontière : marquant un certain détachement vis-à-vis de Schiller et, conjointement un approfondissement de l'amitié avec Goethe, ces essais s'avèrent décisifs dans la formation de la pensée humboldtienne. Outre que l'auteur, dans ses analyses, dépasse parfois la philosophie kantienne sur laquelle il avait rêvé de fonder une théorie des genres, sa réflexion esthétique l'amène à s'intéresser aux problèmes du langage. Parallèlement à l'édition allemande, Humboldt en publie, sous la forme d'un article à Madame de Staël, une courte version adaptée explicitement au public français, article qui témoigne de la vigueur, mais aussi des limites, des échanges intellectuels entre la France et l'Allemagne, à l'aube du xixe siècle.

Essais esthétiques sur "Hermann et Dorothée" de Goethe. suivis d'un Article adressé à Madame de Staël

Philosophe et linguiste imprégné de l’esprit des Lumières, Wilhelm von Humboldt (1767-1835), fondateur de l’Université de Berlin, a séjourné à Paris, avec deux interruptions, de 1797 à 1801 et tenu, pour la période qui s’étend du 24 décembre 1797 au 22 août 1799, un précieux journal où il a consigné régulièrement ses observations sur la société du Directoire. Il a rencontré toutes les personnalités de l’époque, hommes politiques, savants, artistes, écrivains, et laissé sur elles des témoignages de première main. Introduit auprès des Idéologues, il s’est efforcé en vain de les rallier à la philosophie de Kant. Familier des séances de l’Institut, mais aussi des théâtres et des salons où il rencontre Mme de Staël et Benjamin Constant, il a brossé un large tableau de la société française entre deux coups d’État, celui du 18 Fructidor an V qui balaie jacobins et royaliste et celui du 18 Brumaire an VIII où Bonaparte liquide le Directoire et met fin à l’ère révolutionnaire.

Journal parisien, 1797-1799

Autour de la tâche du traducteur

A quoi l'humanité peut-elle prétendre, quelle existence est véritablement digne de l'homme et comment il peut s'en approcher : voilà les questions qui parcourent les trois écrits très denses de Wilhelm von Humboldt. (1767-1835) traduits ici pour la première fois. Que ces questions soient largement inactuelles n'échappera à personne ; mais plus d'un, exaspéré par la domination de la technique et de l'économie, et par son interminable cortège idéologique - du dernier cri moderniste de la pensée à l'injonction de jouir à tout instant pourra les considérer pour cette raison même avec intérêt. Et en effet, Humboldt s'y essaie à l'une des approches les plus serrées de ce projet commun due désignaient aux efforts enthousiastes de ses contemporains les mots " idée de l'humanité ", avant qu'il ne s'étiole et ne sombre dans l'oubli. Pourtant ce projet et l'approche de Humboldt, axée (de manière certes problématique) sur le concept d'individu, renferment des ferments de critique sociale qui semblaient attendre notre temps pour prendre tout leur sens et trouver, peut-être, l'énergie de lever.

De l'esprit de l'humanité - Et autres essais sur le déploiement de soi

Jamais réédité en France depuis sa traduction de l'allemand en 1867, l'Essai sur les limites de l'action de l'Etat compte au nombre des très grands classiques de la philosophie politique. Rédigé par Wilhelm von Humboldt en 1791/92, ce texte ne fut publié, à titre posthume, qu'en 1850. Immédiatement alors salué comme pièce maîtresse de la philosophie libérale, l'Essai développe en effet une implacable argumentation contre toute extension de l'intervention de l'Etat au-delà de la garantie de la sûreté à tous - même et surtout si cette intervention est motivée par le soin du "bien positif" des citoyens, que Humboldt juge liberticide. L'exceptionnelle richesse de l'Essai provient assurément de cette affirmation d'une dimension existentielle et spirituelle de la liberté, elle-même facteur du perfectionnement harmonieux de l'humanité...

Essai sur les limites de l'action de l'Etat

Essais esthetiques sur "hermann et dorothee" de goethe

G. de Humboldt, surtout connu pour ses travaux de linguiste, a également fait oeuvre fondatrice dans le champ de la science historique, en un texte programmatique, La tâche de l'historien. La force et la singularité de l'analyse qu'il développe apparaissent quand on confronte, à la version achevée de 1821, deux fragments sur l'Histoire mondiale, où la pensée de Humboldt se cherche encore. La tâche de l'historien est le premier travail théorique conséquent pour arracher la connaissance historique à la philosophie de l'histoire. Cherchant à surmonter les antinomie propres à toute recherche historique (objectivité/subjectivité; science/art ; déterminisme/liberté), Humboldt élabore une théorie des Idées, originale et complexe, qui a marquée toute l'historiographie allemande du XIXe siècle. L'Introduction montre comment la réflexion de Humboldt, enracinée dans le criticisme ; prolonge la révolution copernicienne en jetant les bases d'une conception critique de l'histoire, à égale distance du rationalisme absolu et du positivisme. Les Notes guident la lecture de textes ardus et souvent elliptiques en relevant les parallèles et les renvois, et soulignent quelques difficultés d'interprétation.

La tâche de l'historien

Plus un homme agit seul, plus il se développe. Dans les grandes associations, il est trop enclin à devenir simplement un instrument.

La langue utilise infinie des médias finis.

S'il était possible de faire un calcul précis des maux que la réglementation de la police occasionnez et de ceux qu'ils empêchent, le nombre de la première dépasserait, dans tous les cas, celle de la seconde.

L'État doit éviter toute sollicitude pour le bien-être positif de ses citoyens, et ne pas aller plus loin que nécessaire à sa sécurité mutuelle et à sa protection contre les ennemis étrangers. Il devrait imposer des restrictions à la liberté à aucune autre fin.

Samskrit est le zénith inégalé dans tout le développement des langues encore connu de nous.

Les résultats ne sont rien; Les énergies qui les produisent et qui en découlent à nouveau sont tout.

Lorsque nous ne sommes pas trop inquiets du bonheur et du malheur, mais que nous nous consacrons à la performance stricte et sans assure du devoir, alors le bonheur vient de lui-même - non, jaillit même du milieu d'une vie de troubles et d'angois et de privations.

Parmi les hommes qui sont vraiment libres, chaque forme d'industrie s'améliore plus rapidement - tous les arts prospèrent plus gracieusement - toutes les sciences étendent leur portée.

La mer a été appelée trompeuse et perfide, mais il ne réside dans ce trait que le caractère d'une grande puissance naturelle qui, pour parler selon nos propres sentiments, renouvelle sa force et, sans référence à la joie ou à la douleur, suit les lois éternelles qui sont imposés par une puissance supérieure.

C'est la tempérance continue qui soutient le corps pendant la plus longue période, et qui le préserve le plus sans maladie.

S'il n'était pas quelque peu fantaisiste de supposer que chaque excellence humaine est présentée, pour ainsi dire, dans un type d'être, nous pourrions croire que tout le trésor de la moralité et de l'ordre est consacré dans le caractère féminin.

Le gouvernement, la religion, la propriété, les livres, ne sont que l'échafaudage pour construire des hommes. La Terre résiste à son maître sans fruit comme l'homme fini.

La fantaisie nous apporte autant d'espoirs vains que les craintes de ralenti.

La façon dont une personne maîtrise son sort est plus importante que le sort.

Même le sommeil est caractéristique. Quelle est la beauté des enfants dans leur charmante innocence! Comment comme les caractéristiques de floraison! Et à quel point le sommeil des coupables est douloureux et anxieux!

La plus belle, peut-être la seule vraie chanson philosophique existant dans n'importe quelle langue connue ... Peut-être la chose la plus profonde et la plus élevée que le monde doit montrer.

Un homme doit chercher son bonheur et sa paix intérieure à des objets qui ne peuvent pas lui être retirés.

Le gouvernement est le meilleur, ce qui se rend inutile.

Si l'esprit aime la solitude, il a ainsi acquis un personnage plus élevé, et il devient encore plus noble lorsque le goût est livré.

Les femmes sont à cet égard plus chanceuses que les hommes, que la plupart de leurs emplois sont d'une telle nature qu'ils peuvent en même temps penser à des choses très différentes.

C'est une caractéristique de la vieillesse de trouver les progrès du temps accélérés. Moins on accomplit dans un temps donné, plus le plus court apparaît rétrospectivement.

Tout traduire me semble simplement être une tentative d'accomplir une tâche impossible.

Le travail est autant une nécessité pour l'homme que manger et dormir. Même ceux qui ne font rien qui peuvent s'appeler le travail imaginent toujours qu'ils font quelque chose. Le monde n'a pas un homme qui est un régal à ses propres yeux.

Dans le monde moral, il n'y a rien d'impossible si nous pouvons y apporter une volonté approfondie. L'homme peut tout faire avec lui-même, mais il ne doit pas tenter d'en faire trop avec les autres.

Absolument rien n'est aussi important pour la culture d'une nation que sa langue.

Toutes les situations dans lesquelles les interrelations entre les extrêmes sont impliquées sont les plus intéressantes et les plus instructives.

L'enquête sur les objectifs et les limites appropriés de l'agence d'État doit être de la plus haute importance non, qu'il est peut-être plus important que toute autre question politique.

L'homme est naturellement plus disposé à bienfaisance que les actions égoïstes. Nous apprenons même de l'histoire des sauvages. Les vertus domestiques ont quelque chose en eux si accueillant et génial, et les vertus publiques du citoyen quelque chose de si grand et inspirant, que même celui qui n'est à peine pas corrompu, est rarement capable de résister à leur charme.

Le prix du bonheur et de la jouissance apparents est la négligence des énergies actives spontanées des membres du théâtre.

L'État n'est pas en soi une fin, mais n'est qu'un moyen vers le développement humain.

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