Prix Nobel de physique pour " l'invention du neutrino " et l'un des pères de la physique contemporaine avec Niels Bohr et Werner Heisenberg, Wolfgang Pauli ne s'est jamais contenté de son activité scientifique : il voulait comprendre comment toute connaissance était possible, il recherchait avec une remarquable opiniâtreté comment penser l'unité de la matière et de l'esprit.
Dans cette quête passionnée d'un arrière-fond unifié aux mondes de la matière et de l'âme, il collabora avec le grand psychologue que fut Carl Gustav Jung et échangea avec lui lettres et idées pendant un quart de siècle.
C'est ainsi que Pauli rencontra l'alchimie dont les images le hantaient et qu'il partit à la découverte des grandes philosophies néo-platoniciennes, qui lui fournirent le thème de l'" unus mundus ", monde supra-sensible, monde de l'âme réalisée où la matière est encore spirituelle, et l'esprit déjà matérialisé.
D'où sa thèse que les grandes inventions, les conceptions scientifiques s'enracinent dans un terreau que gouvernent les archétypes, formes vides de l'inconscient et équivalents en psychologie des idées de Platon.
Dans un texte qui avait d'abord été publié avec l'étude de Jung sur la synchronicité, il applique ici les notions qui fondent l'astronomie moderne de Kepler : proche parent de Koyré ou d'un certain Bachelard, il renouvelle ainsi l'histoire des sciences et se montre le précurseur de la transdisciplinarité contemporaine.

Le Cas Kepler Precede De Les Conceptions Philosophiques De Wolfgang Pauli

Correspondance 1932-58

Wolfgang Pauli, né à Vienne en 1900 et mort à Zurich à l'âge de cinquante-huit ans, est l'un des physiciens majeurs de notre siècle. Père, dès 1925, de ce que l'on appelle le " principe d'exclusion ", inventeur, en 1931, de cette particule fantastique - puisque ne possédant en principe ni charge ni masse - qu'est le neutrino, Pauli, qui reçut en 1946 le prix Nobel de physique, est aussi l'un des fondateurs de la physique quantique qui a véritablement révolutionné notre vision du monde.
Mais Wolfgang Pauli ne s'est pas contenté d'être un physicien et un théoricien hors-pair. Devant l'ébranlement sans précédent que provoquait la physique moderne - relativité générale et physique quantique mêlées -, il a été l'un de ceux, aux côtés de Niels Bohr, Werner Karl Heisenberg ou Erwin Schrödinger, à penser cette révolution pour en évaluer les conséquences et en tirer les principes d'une véritable philosophie moderne.
Dans la lignée de La Partie et le tout, où Heisenberg rapporte les discussions incessantes qu'il avait avec Bohr et Pauli dans la plus grande liberté d'esprit, Physique moderne et philosophie nous introduit à certains des points cruciaux de la nouvelle physique. Dans une	extraordinaire audace de pensée, cet ouvrage jette aussi les ponts vers des disciplines apparemment totalement étrangères, comme les antiques philosophies mystiques, la science de l'inconscient ou
l'histoire de la philosophie couvrant ainsi d'immenses territoires de réflexion au sujet desquels nous n'avons pas fini de nous interroger.

Physique moderne et philosophie

Après avoir lu un article d'un jeune scientifique théoricien, Pauli, secouant tristement la tête, a commenté : Ce n'est même pas faux.

Dieu a fait le volume; La surface a été inventée par le diable.

Si les idées spéculatives ne peuvent pas être testées, ce n'est pas la science; Ils n'augmentent même pas le niveau de mal.

Eh bien, notre ami Dirac, lui aussi, a une religion, et son principe directeur est "Dieu n'existe pas et Dirac est son prophète".

Aristote était de loin un penseur moins capable que Platon ... il a été complètement submergé par Platon.

Pendant un certain temps, je me suis fixé la règle si un théoricien dit «universel», cela signifie simplement un non-sens pur.

J'avoue, très différent de vous, je trouve parfois une inspiration scientifique dans le mysticisme ... mais cela est contrebalancé par un sens immédiat pour les mathématiques.

Einstein a un sentiment pour l'ordre central des choses. Il peut le détecter dans la simplicité des lois naturelles. Nous pouvons considérer qu'il ressentait cette simplicité très fortement et directement lors de sa découverte de la théorie de la relativité. Certes, c'est loin du contenu de la religion. Je ne crois pas qu'Einstein est lié à une tradition religieuse, et je pense plutôt que l'idée d'un Dieu personnel lui est entièrement étrangère.

Comment éviter le découragement si l'on pense à l'effet anormal de Zeeman?

J'ai fait une chose terrible, j'ai postulé une particule qui ne peut pas être détectée.

Ce qui compte vraiment pour moi, c'est ... le rôle le plus actif de l'observateur dans la physique quantique ... Selon la physique quantique, l'observateur a en effet une nouvelle relation avec les événements physiques autour de lui par rapport à l'observateur classique, qui n'est qu'un simple spectateur.

Ce n'est pas vrai. Ce n'est même pas mal.

C'est toujours l'ancien qui émane le nouveau.

Cette théorie est sans valeur. Ce n'est même pas mal!

Je refuse de croire que Dieu est un gaucher faible.

Vous savez, ce que Einstein vient de dire n'est pas si stupide.

Pour nous ... le seul point de vue acceptable semble être celui qui reconnaît les deux côtés de la réalité - le quantitatif et le qualitatif, le physique et le psychique - comme compatible les uns avec les autres, et peuvent les embrasser simultanément ... serait le plus satisfaisant de tous si la physique et la psyché (c'est-à-dire la matière et l'esprit) pouvaient être considérées comme des aspects complémentaires de la même réalité.

Il ne peut jamais y avoir deux ou plusieurs électrons équivalents dans un atome, pour lequel dans un champ fort, les valeurs de tous les nombres quantiques n, k1, k2 et m sont les mêmes. Si un électron est présent, pour lequel ces nombres quantiques (dans un champ externe) ont des valeurs définies, alors cet état est «occupé».

L'homme moderne, à la recherche d'une position moyenne dans l'évaluation de l'impression et de la pensée sensorielles, peut, après Platon, interpréter le processus de compréhension de la nature comme une correspondance, c'est-à-dire une participation aux images préexistantes de la psyché humaine avec des objets externes et leur comportement. L'homme moderne, bien sûr, contrairement à Platon, regarde les images originales préexistantes également non invariables, mais par rapport au développement d'un point de vue conscient, de sorte que le mot "dialectique" que Platon aime utiliser peut être appliqué au processus de développement des connaissances humaines.

Bien que je n'aie aucune objection à accepter l'existence de contenus psychiques relativement constants qui survivent à l'ego personnel, il faut toujours garder à l'esprit que nous n'avons aucun moyen de savoir à quoi ressemblent réellement ces contenus « en tant que tels ». Tout ce que nous pouvons observer, c'est leur effet sur d'autres personnes vivantes, dont le niveau spirituel et l'inconscient personnel influencent de manière cruciale la manière dont ces contenus se manifestent réellement.

Une synthèse embrassant à la fois la compréhension rationnelle et l'expérience mystique de l'unité est le mythe, parlé ou non, ou notre époque actuelle.

Le mieux que la plupart d'entre nous puissent espérer réaliser en physique est simplement de mal comprendre à un niveau plus profond.

Notre ami Dirac a une croyance; Et le principe principal de cette croyance est: il n'y a pas de Dieu, et Dirac est son prophète.

Lorsque l'on analyse l'étape pré-conscient vers les concepts, on trouve toujours des idées qui constituent des «images symboliques». La première étape vers la pensée est une vision peinte de ces images intérieures dont l'origine ne peut être réduite que uniquement à la perception sensuelle mais qui est produite par un «instinct à imaginer» et qui sont réduites par différents individus indépendamment, c'est-à-dire collectivement. .. Mais l'image archaïque est également la prédisposition nécessaire et la source d'une attitude scientifique. À une reconnaissance totale appartiennent également, dont les images ont développé les concepts rationnels.

Le profane signifie toujours, quand il dit "réalité" qu'il parle de quelque chose de toute évidence connu; Alors que pour moi, il semble que la tâche la plus importante et extrêmement difficile de notre temps est de travailler sur la construction d'une nouvelle idée de réalité.

Un collègue qui m'a rencontré en train de flâner dans les belles rues de Copenhague m'a dit amicalement : "Vous avez l'air très malheureux", ce à quoi j'ai répondu férocement : "Comment peut-on avoir l'air heureux quand on pense à l'anomalie de l'effet Zeeman ?

Il semble significatif que, selon la physique quantique, l'indestructibilité de l'énergie d'une part qui exprime son existence intemporelle et l'apparition de l'énergie dans l'espace et le temps d'autre part correspondent à deux aspects contradictoires (complémentaires) de la réalité. En fait, les deux sont toujours présents, mais dans des cas individuels, l'un ou l'autre peut être plus prononcé.

Si je comprends bien Dirac, sa signification est la suivante: il n'y a pas de Dieu, et Dirac est son prophète.

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