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Consolation

6 poésies en cours de vérification
Consolation

Poésies de la collection consolation

    Alphonse de Lamartine

    Alphonse de Lamartine

    @alphonseDeLamartine

    Consolation Quand le Dieu qui me frappe, attendri par mes larmes, De mon coeur oppressé soulève un peu sa main, Et, donnant quelque trêve à mes longues alarmes, Laisse tarir mes yeux et respirer mon sein ; Soudain, comme le flot refoulé du rivage Aux bords qui l’ont brisé revient en gémissant, Ou comme le roseau, vain jouet de l’orage, Qui plie et rebondit sous la main du passant, Mon coeur revient à Dieu, plus docile et plus tendre, Et de ses châtiments perdant le souvenir, Comme un enfant soumis n’ose lui faire entendre Qu’un murmure amoureux pour se plaindre et bénir ! Que le deuil de mon âme était lugubre et sombre ! Que de nuits sans pavots, que de jours sans soleil ! Que de fois j’ai compté les pas du temps dans l’ombre, Quand les heures passaient sans mener le sommeil! Mais loin de moi ces temps! que l’oubli les dévore ! Ce qui n’est plus pour l’homme a-t-il jamais été ? Quelques jours sont perdus; mais le bonheur encore, Peut fleurir sous mes yeux comme une fleur d’été ! Tous les jours sont à toi! que t’importe leur nombre ? Tu dis : le temps se hâte, ou revient sur ses pas; Eh ! n’es-tu pas celui qui fit reculer l’ombre Sur le cadran rempli d’un roi que tu sauvas ? Si tu voulais! ainsi le torrent de ma vie, À sa source aujourd’hui remontant sans efforts, Nourrirait de nouveau ma jeunesse tarie, Et de ses flots vermeils féconderait ses bords; Ces cheveux dont la neige, hélas ! argente à peine Un front où la douleur a gravé le passé, S’ombrageraient encor de leur touffe d’ébène, Aussi pur que la vague où le cygne a passé! L’amour ranimerait l’éclat de ces prunelles, Et ce foyer du coeur, dans les yeux répété, Lancerait de nouveau ces chastes étincelles Qui d’un désir craintif font rougir la beauté ! Dieu ! laissez-moi cueillir cette palme féconde, Et dans mon sein ravi l’emporter pour toujours, Ainsi que le torrent emporte dans son onde Les roses de Saron qui parfument son cours ! Quand pourrai-je la voir sur l’enfant qui repose S’incliner doucement dans le calme des nuits ? Quand verrai-je ses fils de leurs lèvres de rose Se suspendre à son sein comme l’abeille aux lis ! A l’ombre du figuier, près du courant de l’onde, Loin de l’oeil de l’envie et des pas du pervers, Je bâtirai pour eux un nid parmi le monde, Comme sur un écueil l’hirondelle des mers ! Là, sans les abreuver à ces sources amères Où l’humaine sagesse a mêlé son poison, De ma bouche fidèle aux leçons de mes pères, Pour unique sagesse ils apprendront ton nom ! Là je leur laisserai, pour unique héritage, Tout ce qu’à ses petits laisse l’oiseau du ciel, L’eau pure du torrent, un nid sous le feuillage, Les fruits tombés de l’arbre, et ma place au soleil! Alors, le front chargé de guirlandes fanées, Tel qu’un vieux olivier parmi ses rejetons, Je verrai de mes fils les brillantes années Cacher mon tronc flétri sous leurs jeunes festons ! Alors j’entonnerai l’hymne de ma vieillesse, Et, convive enivré des vins de ta bonté, Je passerai la coupe aux mains de la jeunesse, Et je m’endormirai dans ma félicité !

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    François de Malherbe

    François de Malherbe

    @francoisDeMalherbe

    Consolation à caritée Stances Ainsi quand Mausole fut mort, Artémise accusa le sort, De pleurs se noya le visage, Et dit aux astres innocents Tout ce que fait dire la rage Quand elle est maîtresse des sens. Ainsi fut sourde au réconfort, Quand elle eut trouvé dans le port La perte qu'elle avait songée, Celle de qui les passions Firent voir à la mer Égée Le premier nid des Alcyons. Vous n'êtes seule en ce tourment Qui témoignez du sentiment, Ô trop fidèle Caritée ! En toutes âmes l'amitié Des mêmes ennuis agitée Fait les mêmes traits de pitié. De combien de jeunes maris, En la querelle de Paris, Tomba la vie entre les armes, Qui fussent retournés un jour, Si la mort se payait de larmes, À Mycènes faire l'amour ! Mais le destin, qui fait nos lois Est jaloux qu'on passe deux fois Au deçà du rivage blême ; Et les dieux ont gardé ce don, Si rare que Jupiter même Ne le sut faire à Sarpédon. Pourquoi donc, si peu sagement Démentant votre jugement, Passez-vous en cette amertume Le meilleur de votre saison, Aimant mieux plaindre par coutume Que vous consoler par raison ? Nature fait bien quelque effort Qu'on ne peut condamner qu'à tort ; Mais que direz-vous pour défendre Ce prodige de cruauté, Par qui vous semblez entreprendre De ruiner votre beauté ? Que vous ont fait ces beaux cheveux, Dignes objets de tant de vœux, Pour endurer votre colère, Et devenus vos ennemis Recevoir l'injuste salaire D'un crime qu'ils n'ont point commis ? Quelles aimables qualités En celui que vous regrettez Ont pu mériter qu'à vos roses Vous ôtiez leur vive couleur, Et livriez de si belles choses À la merci de la douleur ? Remettez-vous l'âme en repos, Changez ces funestes propos ; Et, par la fin de vos tempêtes, Obligeant tous les beaux esprits, Conservez au siècle où vous êtes Ce que vous lui donnez de prix. Amour, autrefois en vos yeux Plein d'appas si délicieux, Devient mélancolique et sombre, Quand il voit qu'un si long ennui Vous fait consumer pour un ombre Ce que vous n'avez que pour lui. S'il vous ressouvient du pouvoir Que ses traits vous ont fait avoir Quand vos lumières étaient calmes, Permettez-lui de vous guérir, Et ne différez point les palmes Qu'il brûle de vous acquérir. Le temps d'un insensible cours Nous porte à la fin de nos jours ; C'est à notre sage conduite, Sans murmurer de ce défaut, De nous consoler de sa fuite En le ménageant comme il faut.

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    François de Malherbe

    François de Malherbe

    @francoisDeMalherbe

    Consolation à M. Du Périer Stances sur la mort de sa fille Ta douleur, Du Perrier, sera donc éternelle ? Et les tristes discours Que te met en l'esprit l'amitié paternelle L'augmenteront toujours ? Le malheur de ta fille au tombeau descendue Par un commun trépas, Est-ce quelque dédale où ta raison perdue Ne se retrouve pas ? Je sais de quels appas son enfance était pleine, Et n'ai pas entrepris, Injurieux ami, de soulager ta peine Avecque son mépris. Mais elle était du monde, où les plus belles choses Ont le pire destin ; Et rose elle a vécu ce que vivent les roses, L'espace d'un matin. Puis quand ainsi serait que, selon ta prière, Elle aurait obtenu D'avoir en cheveux blancs terminé sa carrière, Qu'en fût-il avenu ? Penses-tu que plus vieille en la maison céleste Elle eût eu plus d'accueil, Ou qu'elle eût moins senti la poussière funeste Et les vers du cercueil ? Non, non, mon Du Perrier ; aussitôt que la Parque Ôte l'âme du corps, L'âge s'évanouit au-deçà de la barque, Et ne suit point les morts. Tithon n'a plus les ans qui le firent cigale ; Et Pluton aujourd'hui, Sans égard du passé, les mérites égale D'Archemore et de lui. Ne te lasse donc plus d'inutiles complaintes : Mais, sage à l'avenir, Aime une ombre comme ombre, et des cendres éteintes Eteins le souvenir. C'est bien, je le confesse, une juste coutume Que le cœur affligé, Par le canal des yeux vidant son amertume, Cherche d'être allégé. Même quand il advient que la tombe sépare Ce que nature a joint, Celui qui ne s'émeut a l'âme d'un barbare, Ou n'en a du tout point. Mais d'être inconsolable et dedans sa mémoire Enfermer un ennui, N'est-ce pas se haïr pour acquérir la gloire De bien aimer autrui ? Priam, qui vit ses fils abattus par Achille, Dénué de support Et hors de tout espoir du salut de sa ville, Reçut du réconfort. François, quand la Castille, inégale à ses armes, Lui vola son Dauphin, Sembla d'un si grand coup devoir jeter des larmes Qui n'eussent point de fin. Il les sécha pourtant, et, comme un autre Alcide, Contre fortune instruit, Fit qu'à ses ennemis d'un acte si perfide La honte fut le fruit. Leur camp, qui la Durance avait presque tarie De bataillons épais, Entendant sa constance, eut peur de sa furie, Et demanda la paix. De moi déjà deux fois d'une pareille foudre Je me suis vu perclus ; Et deux fois la raison m'a si bien fait résoudre, Qu'il ne m'en souvient plus. Non qu'il ne me soit grief que la terre possède Ce qui me fut si cher ; Mais en un accident qui n'a point de remède Il n'en faut point chercher. La Mort a des rigueurs à nulle autre pareilles : On a beau la prier ; La cruelle qu'elle est se bouche les oreilles, Et nous laisse crier. Le pauvre en sa cabane, où le chaume le couvre, Est sujet à ses lois ; Et la garde qui veille aux barrières du Louvre N'en défend point nos rois. De murmurer contre elle et perdre patience Il est mal à propos ; Vouloir ce que Dieu veut est la seule science Qui nous met en repos.

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    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    Au livre des consolations Quand je touche rêveuse à ces feuilles sonores D'où montent les parfums des divines amphores, Prise par tout mon corps d'un long tressaillement, Je m'incline, et j'écoute avec saisissement. Ô fièvre poétique ! ô sainte maladie ! Ô jeunesse éternelle ! ô vaste mélodie ! Voix limpide et profonde ! Invisible instrument ! Nid d'abeille enfermé dans un livre charmant ! Trésor tombé des mains du meilleur de mes frères ! Doux Memnon ! Chaste ami de mes tendres misères, Chantez, nourrissez-moi d'impérissable miel ; Car je suis indigente à me nourrir moi-même ! Source fraîche, ouvrez-vous à ma douleur suprême Et m'aidez, par ce monde, à retrouver mon ciel !

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Consolation Une enfant de seize ans, belle, et qui, toute franche, Ouvrant ses yeux, ouvrait son cœur, S'est inclinée un jour comme une fleur se penche, Agonisante deux fois blanche Par l'innocence et la langueur. Ne parlez plus du monde à sa mère atterrée : Ce qui n'est pas noir lui déplaît ; Ah ! l'immense douleur que son amour lui crée N'est-elle pas aussi sacrée Qu'un seuil de tombe où l'on se tait ? Vouloir la détourner de son culte à la morte, C'est toujours l'en entretenir, Et la vertu des mots ne peut être assez forte Pour que leur souffle vide emporte Le plomb fixe du souvenir. Mais surtout cachez-lui l'âge de votre fille, Ses premiers hivers triomphants Au bal, où chaque mère a sa perle qui brille, Printemps des nuits où la famille Fête la beauté des enfants. Ne soyez, en lavant sa blessure cruelle, Ni le flatteur des longs regrets, Ni le froid raisonneur dont l'amitié querelle, Ni l'avocat de Dieu contre elle Qui saigne encor de ses décrets. Mais soyez un écho dans une solitude, Toujours présent, toujours voilé, Faites de sa souffrance une invisible étude, Et si le jour lui semble rude Montrez-lui le soir étoile. La nature à son tour par d'invisibles charmes Forcera la peine au sommeil ; Un jour on offre aux morts des fleurs au lieu de larmes. Que de désespoirs tu désarmes, Silencieux et fort soleil ! Vous ne distrairez pas les malheureuses mères, Tant qu'elles pleurent leurs enfants ; Les discours ni le bruit ne les soulagent guères : Recueillez leurs larmes amères, Aidez leurs soupirs étouffants : Il faut que la douleur par les sanglots brisée Se divise un peu chaque jour, Et dans les libres pleurs, dissolvante rosée, Sur le tombeau qui l'a causée S'épuise par un lent retour. Alors le désespoir devient tristesse et plie, Le cœur moins serré s'ouvre un peu ; Ce nœud qui l'étreignait doucement se délie, Et l'âme retombe affaiblie, Mais plus sage et sereine en Dieu. La douleur se repose, et d'étape en étape S'éloigne, et, prête à s'envoler, Hésite au bord du cœur, lève l'aile et s'échappe ; Le cœur s'indigne... Dieu qui frappe Use du droit de consoler.

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    Théophile Gautier

    Théophile Gautier

    @theophileGautier

    Consolation Ne sois pas étonné si la foule, ô poète, Dédaigne de gravir ton oeuvre jusqu'au faîte ; La foule est comme l'eau qui fuit les hauts sommets, Où le niveau n'est pas, elle ne vient jamais. Donc, sans prendre à lui plaire une peine perdue, Ne fais pas d'escalier à ta pensée ardue : Une rampe aux boiteux ne rend pas le pied sûr. Que le pic solitaire escalade l'azur, L'aigle saura l'atteindre avec un seul coup d'aile, Et posera son pied sur la neige éternelle, La neige immaculée, au pur reflet d'argent, Pour que Dieu, dans son oeuvre allant et voyageant, Comprenne que toujours on fréquente les cimes Et qu'on monte au sommet des poèmes sublimes.

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