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Terre

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Terre

Poésies de la collection terre

    Albert Samain

    Albert Samain

    @albertSamain

    Le laboureur Mars préside aux travaux de la jeune saison ; À peine l'aube errante au bord de l'horizon Teinte de pâle argent la mare solitaire, Le laboureur, fidèle ouvrier de la terre, Penché sur la charrue, ouvre d'un soc profond Le sein toujours blessé, le sein toujours fécond. Sous l'inflexible joug qu'un cuir noue à leurs cornes, Les bœufs à l'œil sanglant vont, stupides et mornes, Balançant leurs fronts lourds sur un rythme pareil. Le soc coupe la glèbe et reluit au soleil, Et dans le sol antique ouvert jusqu'aux entrailles Creuse le lit profond des futures semailles... Le champ finit ici près du fossé bourbeux ; Le laboureur s'arrête, et dételant ses bœufs, Un instant immobile et reprenant haleine, Respire le vent fort qui souffle sur la plaine ; Puis, sans hâte, touchant ses bœufs de l'aiguillon, Il repart, jusqu'au soir, pour un autre sillon.

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    Antoine-Vincent Arnault

    Antoine-Vincent Arnault

    @antoineVincentArnault

    Au maître d'un jardin De ce chaume heureux possesseur, De bon cœur, hélas ! que j'envie Tes travaux, ta philosophie, Ta solitude et ton bonheur ! Pour prix des soins que tu leur donnes, Tes arbustes reconnaissants Et des printemps et des automnes Te prodiguent les doux présents. Ô trop heureux qui peut connaître La jouissance de cueillir Le fruit que ses soins font mûrir, La fleur que ses soins ont fait naître ! Toujours la terre envers nos bras S'est acquittée avec usure. Qui veut s'éloigner des ingrats Se rapproche de la nature. Ne craindre et ne désirer rien, Etre aimé de l'objet qu'on aime, C'est bien là le bonheur suprême ; C'est le sort des dieux, c'est le tien. Écrit en 1792.

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    Arsène Houssaye

    Arsène Houssaye

    @arseneHoussaye

    De la terre au ciel Un rayon de soleil se brise Sur la branche et sur les buissons. Je m'assieds à l'ombre, où la brise M'apporte parfums et chansons : Parfum de la fraise rougie Qui tremble sur le vert sentier ; Chanson — palpitante élégie — De l'oiseau sur le chêne altier ; Parfum de la rose sauvage, Doux trésor du pâtre amoureux ; Chanson égayant le rivage, Qui parle à tous les cœurs heureux : Parfum de la source qui coule Dans un lit de fleurs ombragé ; Chanson du ramier qui roucoule, Et me chante l'amour que j'ai ; Parfum de l'herbe qui s'emperle À la brume des soirs d'été ; Chanson éclatante du merle, Qui bat de l'aile en sa gaieté ; Parfum de toute la nature, Fleur, arôme, ambroisie et miel, Chanson de toute créature, Qui parle de la terre au ciel.

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    Langston Hughes

    Langston Hughes

    @langstonHughes

    Notre terre Il nous faudrait une terre de soleil De soleil resplendissant, Et une terre d’eaux parfumées Où le crépuscule Est un léger foulard D’indienne rose et or, Et non cette terre où la vie est toute froide. Il nous faudrait une terre pleine d’arbres, De grands arbres touffus Aux branches lourdes de perroquets jacassants Et vifs comme le jour, Et non cette terre où les oiseaux sont gris. Ah, il nous faudrait une terre de joie, D’amour et de joie, de chansons et de vins Et non cette terre où la joie est péché. O ma douce amie, fuyons! Fuyons, ma bien-aimée!

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    Paul Éluard

    Paul Éluard

    @paulEluard

    La terre est bleue La terre est bleue comme une orange Jamais une erreur les mots ne mentent pas Ils ne vous donnent plus à chanter Au tour des baisers de s’entendre Les fous et les amours Elle sa bouche d’alliance Tous les secrets tous les sourires Et quels vêtements d’indulgence À la croire toute nue. Les guêpes fleurissent vert L’aube se passe autour du cou Un collier de fenêtres Des ailes couvrent les feuilles Tu as toutes les joies solaires Tout le soleil sur la terre Sur les chemins de ta beauté.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    L'idéal La lune est grande, le ciel clair Et plein d'astres, la terre est blême, Et l'âme du monde est dans l'air. Je rêve à l'étoile suprême, À celle qu'on n'aperçoit pas, Mais dont la lumière voyage Et doit venir jusqu'ici-bas Enchanter les yeux d'un autre âge. Quand luira cette étoile, un jour, La plus belle et la plus lointaine, Dites-lui qu'elle eut mon amour, Ô derniers de la race humaine !

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    La terre et l'enfant Enfant sur la terre on se traîne, Les yeux et l'âme émerveillés, Mais, plus tard, on regarde à peine Cette terre qu'on foule aux pieds. Je sens déjà que je l'oublie, Et, parfois, songeur au front las, Je m'en repens et me rallie Aux enfants qui vivent plus bas. Détachés du sein de la mère, De leurs petits pieds incertains Ils vont reconnaître la terre Et pressent tout de leurs deux mains ; Ils ont de graves tête-à-tête Avec le chien de la maison ; Ils voient courir la moindre bête Dans les profondeurs du gazon ; Ils écoutent l'herbe qui pousse, Eux seuls respirent son parfum ; Ils contemplent les brins de mousse Et les grains de sable un par un ; Par tous les calices baisée, Leur bouche est au niveau des fleurs, Et c'est souvent de la rosée Qu'on essuie en séchant leurs pleurs. J'ai vu la terre aussi me tendre Ses bras, ses lèvres, autrefois ! Depuis que je la veux comprendre, Plus jamais je ne l'aperçois. Elle a pour moi plus de mystère, Désormais, que de nouveauté ; J'y sens mon cœur plus solitaire, Quand j'y rencontre la beauté ; Et, quand je daigne par caprice Avec les enfants me baisser, J'importune cette nourrice Qui ne veut plus me caresser.

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    R

    Roger Dorsinville

    @rogerDorsinville

    Pour célébrer la terre Pour célébrer la terre hors de la nuit Vaste et fraîche Mille rayons clairs debout Derrière des mornes Jusqu’à d’autres rayons clairs Derrière d’autres mornes. Mille rayons clairs Des mornes à mornes Dentelés Dans les rayons clairs Pour une tente de clarté Au-dessus des creux profonds Arrachés à la nuit Au-dessus des creux profonds Hors de la nuit Au-dessus des cieux Entre les mornes Crêtés de rayons clairs Hors du creux profond de la nuit Hors du creux noir et mouillé de la nuit. Dans un creux profond de mornes Dans un creux couvert de clarté Couvert de clarté Des tentes de la clarté Un arbre seul Pour célébrer la terre Un arbre seul Dur et droit Que cachait la nuit Solidité dressée Dans la clarté tremblante à son sommet Dans la clarté seul et droit Couronné de clarté Vivant dans la clarté Vivant de clarté Pour célébrer la terre Éveillée réveillée Et l’espérance muette des bêtes à l’abreuvoir Et l’espérance engourdie dans les cases Et l’espérance des premiers pas Dans la vie des sentiers Morts dans la nuit Nus dans la nuit Vides dans la nuit Silencieux dans la nuit Et sans but Sentiers dans la nuit Comme des sillages perdus Pour célébrer la terre dans la clarté Et la clarté des sentiers Hors de la nuit.

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    Théodore Agrippa d'Aubigné

    Théodore Agrippa d'Aubigné

    @theodoreAgrippaDaubigne

    Déjà la terre avait avorté la verdure Desja la terre avait avorté la verdure Par les sillons courbez, lors qu'un fascheux hyver Dissipe les beautez, et à son arriver S'accorde en s'opposant au vouloir de nature, Car le froid enuieux que le bled vert endure, Et le neige qui veut en son sein le couver, S'oppose à son plaisir affin de le sauver, Et pour en le sauvant luy donner nourriture. Les espoirs de l'amour sont les bleds verdissantz, Le desdain, les courroux sont frimatz blanchissantz : Comme du temps fascheux s'esclost un plus beau jour, Soubz l'ombre du refus la grâce se réserve, La beauté du printemps soubz le froid se conserve, L'ire des amoureux est reprise d'amour.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Une terre au flanc maigre Une terre au flanc maigre, âpre, avare, inclément, Où les vivants pensifs travaillent tristement, Et qui donne à regret à cette race humaine Un peu de pain pour tant de labeur et de peine ; Des hommes durs, éclos sur ces sillons ingrats ; Des cités d'où s'en vont, en se tordant les bras, La charité, la paix, la foi, sœurs vénérables ; L'orgueil chez les puissants et chez les misérables ; La haine au cœur de tous; la mort, spectre sans yeux, Frappant sur les meilleurs des coups mystérieux ; Sur tous les hauts sommets, des brumes répandues ; Deux vierges, la justice et la pudeur, vendues ; Toutes les passions engendrant tous les maux ; Des forêts abritant des loups sous leurs rameaux ; Là le désert torride, ici les froids polaires ; Des océans émus de subites colères, Pleins de mâts frissonnants qui sombrent dans la nuit ; Des continents couverts de fumée et de bruit, Où deux torches aux mains rugit la guerre infâme. Où toujours quelque part fume une ville en flamme, Où se heurtent sanglants les peuples furieux ; — Et que tout cela fasse un astre dans les cieux ! Octobre 1840.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Ô terre, dans ta course immense Ô terre, dans ta course immense et magnifique, L'Amérique, et l'Europe, et l'Asie, et l'Afrique Se présentent aux feux du Soleil tour à tour ; Telles, l'une après l'autre, à l'heure où naît le jour, Quatre filles, l'amour d'une maison prospère, Viennent offrir leur front au baiser de leur père.

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