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Belles Femmes

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Belles Femmes

Poésies de la collection belles femmes

    A

    Abdelkader Guerine

    @abdelkaderGuerine

    Mélopée La chanson de tes mots comme des lettres épelées Dans le vent des soupires de mon cœur esseulé Voyageant sur les cordes d'un violon aéré De chagrin sur les routes de mes rêves avérés, Emportant le sourire dans les airs qui étalent Le parfum sur des fleurs étêtées de pétales. Tes murmures comme des chœurs qui racontent l'épopée D'une ruée mélodieuse d'une pléiade mélopée, Avançant au recul vers l'abysse du néant Dans un ciel sur une île qui oublie l'océan, Survolant les étoiles qui se comptent sur les doigts D'une caresse sur des plaies épargnées de la joie. La complainte de tes dires comme l'éclat du tonnerre Qui prononce dans la nuit toute la rage de l'hiver, Accueillant sur des flammes la cantate d'un solfège Qui se fond sous les braises dans les cendres de la neige, Embrassant en secret dans une valse élancée Le cadavre de ton ombre dans une tombe de pensée.

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    A

    Aristide Bruant

    @aristideBruant

    Au bois d’Boulogne Quand on cherche un’ femme à Paris, Maint’nant, même en y mettant l’prix, On n’rencontre plus qu’des débris Ou d’la charogne ; Mais pour trouver c’qu’on a besoin, Il existe encore un bon coin, C’est au bout d’Paris... pas bien loin : Au Bois d’Boulogne. C’est un bois qu’est vraiment rupin : Quand on veut faire un bon chopin, On s’y fait traîner en sapin Et sans vergogne, On choisit tout au long du bois, Car y a que d’la grenouill’ de choix ! Et y a même des gonzess’s de rois !! Au Bois d’Boulogne. Y’en a des tas, y en a d’partout : De la Bourgogne et du Poitou, De Nanterre et de Montretout, Et d’la Gascogne ; De Pantin, de Montmorency, De là, d’où, d’ailleurs ou d’ici, Et tout ça vient faire son persil Au Bois d’Boulogne. Ça poudroi’, ça brille et ça r’luit, Ça fait du train, ça fait du bruit, Ça roul’, ça passe et ça s’enfuit ! Ça cri’, ça grogne ! Et tout ça va se r’miser, l’soir À l’écurie ou dans l’boudoir... Puis la nuit tapiss’ tout en noir Au Bois d’Boulogne. Alors c’est l’heur’ du rendez-vous Des purotins et des filous, Et des escarp’ et des marlous Qu’ont pas d’besogne, Et qui s’en vont, toujours par trois, Derrièr’ les vieux salauds d’bourgeois, Leur fair’ le coup du pèr’ François Au Bois d’Boulogne.

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    A

    Aristide Bruant

    @aristideBruant

    Rose blanche Alle avait, sous sa toque d’ martre, Sur la butt’ Montmartre, Un p’tit air innocent ; On l’app’lait Rose, alle était belle, A sentait bon la fleur nouvelle, Ru’ Saint-Vincent. All’ n’avait pas connu son père, A n’avait pas d’mère, Et depuis mil neuf cent, A d’meurait chez sa vieille aïeule Où qu’a s’él’vait, comm’ ça, tout’ seule, Ru’ Saint-Vincent. A travaillait, déjà, pour vivre, Et les soirs de givre, Sous l’ froid noir et glaçant, Son p’tit fichu sur les épaules, A rentrait, par la ru’ des Saules, Ru’ Saint-Vincent. A voyait, dans les nuits d’ gelée, La nappe étoilée, Et la lune, en croissant, Qui brillait, blanche et fatidique, Sur la p’tit’ croix d’ la basilique, Ru’ Saint-Vincent. L’été, par les chauds crépuscules, A rencontré Jules Qu’était si caressant Qu’a restait, la soirée entière, Avec lui, près du vieux cimetière, Ru’ Saint-Vincent. Mais le p’tit Jul’ était d’ la tierce Qui soutient la gerce, Aussi, l’adolescent Voyant qu’a n’ marchait pas au pante, D’un coup d’ surin lui troua l’ ventre, Ru’ Saint-Vincent. Quand ils l’ont couché’ sous la planche, Alle était tout’ blanche Mêm’ qu’en l’ensev’lissant, Les croqu’-morts disaient qu’la pauv’ gosse Était claqué’ l’ jour de sa noce, Ru’ Saint-Vincent.

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    Benjamin Peret

    Benjamin Peret

    @benjaminPeret

    Clin d'Oeil Des vols de perroquets traversent ma tête quand je te vois de profil et le ciel de graisse se strie d’éclairs bleus qui tracent ton nom dans tous les sens Rosa coiffée d’une tribu nègre égarée sur un escalier où les seins aigus des femmes regardent par les yeux des hommes Aujourd’hui je regarde par tes cheveux Rosa d’opale du matin et je m’éveille par tes yeux Rosa d’armure et je pense par tes seins d’explosion Rosa d’étang verdi par les grenouilles et je dors dans ton nombril de mer Caspienne Rosa d’églantine pendant la grève générale et je m’égare entre tes épaules de voie lactée fécondée par des comètes Rosa de jasmin dans la nuit de lessive Rosa de maison hantée Rosa de forêt noire inondée de timbres poste bleus et verts Rosa de cerf-volant au-dessus d’un terrain vague où se battent des enfants Rosa de fumée de cigare Rosa d’écume de mer faite cristal Rosa

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    Charles Cros

    Charles Cros

    @charlesCros

    Malgré tout Je sens la bonne odeur des vaches dans le pré ; Bétail, moissons, vraiment la richesse étincelle Dans la plaine sans fin, sans fin, où de son aile La pie a des tracés noirs sur le ciel doré. Et puis, voici venir, belle toute à mon gré, La fille qui ne sait rien de ce qu'on veut d'elle Mais qui est la plus belle en la saison nouvelle Sonnet. Je sens la bonne odeur des vaches dans le pré ; Bétail, moissons, vraiment la richesse étincelle Dans la plaine sans fin, sans fin, où de son aile La pie a des tracés noirs sur le ciel doré. Et puis, voici venir, belle toute à mon gré, La fille qui ne sait rien de ce qu'on veut d'elle Mais qui est la plus belle en la saison nouvelle Et dont le regard clair est le plus adoré. Malgré tous les travaux, odeurs vagues, serviles, Loin de la mer, et loin des champs, et loin des villes Je veux l'avoir, je veux, parmi ses cheveux lourds, Oublier le regard absurde, absurde, infâme, Enfin, enfin je veux me noyer dans toi, femme, Et mourir criminel pour toujours, pour toujours !

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    C

    Charles d'Orléans

    @charlesDorleans

    Dieu, qu'il la fait bon regarder Dieu, qu'il la fait bon regarder, La gracieuse, bonne et belle ! Pour les grans biens qui sont en elle, Chacun est prest de la louer. Qui se pourroit d'elle lasser ? Toujours sa beauté renouvelle, Dieu, qu'il la fait bon regarder, La gracieuse, bonne et belle ! Par deça ne dela la mer Ne sçay dame ne damoiselle Qui soit en tous biens parfais telle ; Dieu, qu'il la fait bon regarder, La gracieuse, bonne et belle ! Pour les grans biens qui sont en elle, Chacun est prest de la louer. Qui se pourroit d'elle lasser ? Toujours sa beauté renouvelle, Dieu, qu'il la fait bon regarder, La gracieuse, bonne et belle ! Par deça ne dela la mer Ne sçay dame ne damoiselle Qui soit en tous biens parfais telle ; C'est un songe que d'y penser. Dieu, qu'il la fait bon regarder !

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    François de Malherbe

    François de Malherbe

    @francoisDeMalherbe

    Qu'autres que vous soient désirées Qu'autres que vous soient désirées, Qu'autres que vous soient adorées, Cela se peut facilement : Mais qu'il soit des beautés pareilles À vous, merveille des merveilles, Cela ne se peut nullement. Que chacun sous votre puissance Captive son obéissance, Cela se peut facilement : Mais qu'il soit une amour si forte Que celle-là que je vous porte, Cela ne se peut nullement. Que le fâcheux nom de cruelles Semble doux à beaucoup de belles, Cela se peut facilement : Mais qu'en leur âme trouve place Rien de si froid que votre glace, Cela ne se peut nullement. Qu'autres que moi soient misérables Par vos rigueurs inexorables, Cela se peut facilement : Mais que de si vives atteintes Parte la cause de leurs plaintes, Cela ne se peut nullement. Qu'on serve bien lorsque l'on pense En recevoir la récompense, Cela se peut facilement : Mais qu'une autre foi que la mienne N'espère rien et se maintienne, Cela ne se peut nullement. Qu'à la fin la raison essaie Quelque guérison à ma plaie, Cela se peut facilement : Mais que d'un si digne servage La remontrance me dégage, Cela ne se peut nullement. Qu'en ma seule mort soient finies Mes peines et vos tyrannies, Cela se peut facilement : Mais que jamais par le martyre De vous servir je me retire, Cela ne se peut nullement.

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    Henri-Frédéric Amiel

    Henri-Frédéric Amiel

    @henriFredericAmiel

    La belle fille Ô belle sérieuse, Dans l'œil ou dans le front, Ni la brune oublieuse, Ni la blonde rieuse N'ont ton charme profond. Comme la brune folle, Tu souris au plaisir ; Mais, moins qu'elle frivole, Plus haut, plus loin, s'envole Ton immense désir. Comme la vierge blonde, Tu demandes l'amour ; Mais ton regard le sonde, Il abandonne au monde Les idoles d'un jour. Ici, de toute joie On n'a que la moitié ; Le cœur léger s'y noie ; Cette chétive proie, Tu la prends en pitié. Tu sens que la lumière Est plus que les couleurs ; Qu'elles sont sa poussière, De toi vivant, ô mère, Et mourant, si tu meurs ; Que du lion la pose Dit tout, tandis qu'un bond N'exprime qu'une chose ; Tu sens que, s'il repose, Le sublime est sans fond. Et tu restes sereine ; C'est pourquoi tu me plais ; Et ton beau front de reine Se couronne, ô sirène, D'une aurore de paix. J'aime ta beauté grave ; Magique est le couchant, D'or, de pourpre ou de lave ; Mais pur, simple et suave, N'est-il pas plus touchant ? Océan, quand tu grondes, Je t'admire, Océan, Mais, tranquilles, tes ondes Ont, deux fois plus profondes, Plus de grandeur, géant ! Ni la brune oublieuse, Dans l'œil ou dans le front, Ni la blonde rieuse, Ô belle sérieuse, N'ont ton charme profond. En toute créature Dans l'art, temple de feu, Dans l'homme et la nature, Ton œil, ô vierge pure, Cherche le doigt de Dieu. Tu sais vivre en toi-même, Et, quand meurent tous bruits, Ton âme, instant suprême, Entend la voix qu'elle aime Dans le calme des nuits. Le jour est pour la vie ; Tu sais vivre en aimant ; Ton âme est poursuivie De l'immortelle envie Du complet dévouement. Bien souvent ton cœur saigne, Non que Dieu l'ait puni, Non que, timide, il craigne, Ou que, lâche, il se plaigne, Mais il veut l'infini. Sainte, aimante, héroïque, L'œil limpide et loyal, Ton profil est antique, Ta voix une musique, Ton rêve, l'idéal. Je trouve Hébé jolie Et charmante Cérès ; Mais une autre harmonie, Ô Vénus-Uranie, Resplendit sur tes traits. Laure est belle, ô Pétrarque, L'œil enchanté, je suis Angélique en sa barque ; Mais la divine marque Est sur toi, Béatrix ! Ô belle sérieuse, Dans tout ce qu'elles font, Ni la brune oublieuse, Ni la blonde rieuse, N'ont ton charme profond. L'une éveille ma lyre, L'autre sait me charmer ; Mais pour toi je respire, Fille au divin sourire, Et toi, je veux t'aimer.

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    H

    Honoré Harmand

    @honoreHarmand

    Trop belle Elle avait des yeux d'un bleu pur De la couleur d'un ciel d'azur Une taille fine, élégante Elle avait un costume noir Un regard plein de désespoir Une mine pâle et souffrante Elle avait un pied si mutin Qu'il eût tenu dans une main Une marche lente et lascive Un corps fait pour la volupté Et plus d'un coeur était troublé Devant son ombre fugitive Elle avait dans un magasin L'emploi modeste de trottin Mais elle aimait trop la toilette Autour d'elle dans l'atelier On craignait de la voir tourner Comme une vulgaire grisette Un soir son coeur grisé d'amour Du bien et du mal tour à tour Envisagea toutes les phases Mais le Dieu malin à l'excès A ses yeux jaloux de succès Fît briller ses folles extases Elle écouta des séducteurs Les mots doux, troublants et menteurs Et son âme se livra toute Elle abandonna le foyer Où sa mère sût la choyer Et partit sur la grande route Au bras d'un jeune homme élégant Le trottin passe maintenant Ses yeux bleus ne sont plus moroses Elle fréquente les cafés Où les ravissantes beautés Se fanent ainsi que les roses Quand elle passe près de moi Mon coeur tremble comme en émoi Et ma pauvre raison chancelle Mais je ne saurais la blâmer Je n'ai le droit que d'accuser Le destin qui la fît trop belle. 8 mai 1907

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    Jean Lorrain

    Jean Lorrain

    @jeanLorrain

    Amour Pur Elle est rousse, un peu maigre : un glauque caftan vert Aux grands plis moirés d’ombre, ainsi qu’une eau dormante De sa cheville grêle à sa nuque charmante, Suaire étroit, l’étreint, à l’aisselle entr’ouvert. Dans la fraîche harmonie adoucie et calmante Des peupliers feuillus, dressés sur un ciel clair, Pieds nus dans l’herbe haute, elle pose en plein air Devant l’heureux rapin, qui la croit son amante. L’homme est joyeux, ravi : l’ombre d’un vieux bouleau La baigne en avivant le rose de sa peau : Elle songe à Montmartre où, sous le froid qui tue, Chétive, en waterproof, en souliers prenant l’eau, Elle faisait le quart, adorée et battue Par la Terreur d’Ivry, Rouquin dit Bonneteau.

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    Jean Lorrain

    Jean Lorrain

    @jeanLorrain

    Coquines Avec des gestes de coquines Les petites femmes des bars Versent aux snobs des boulevards Des poisons verts dans des chopines. En jerseys collants, en basquines, Deux grands yeux fous, comme hagards, Sous des frisons d’or clair épars, Ce sont les sveltes arlequines Des longs Pierrots en habit noir, Qu’avec des gestes de coquines Ces chattes blanches et taquines Attirent près de leur comptoir. Leurs mains perversement câlines En servant ont d’heureux hasards Et leurs bouches rouges de fards Ont des paroles si félines, Qu’on est fou de ces libertines Qui, raillant dans le chaud boudoir L’entreteneur en habit noir, Une fois seules, les coquines, S’entre-baisent en colombines, Les seins nus devant leur miroir.

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    J

    Joseph Autran

    @josephAutran

    A une jeune passagère Quoi! Vous à pareille heure ici, belle inconnue! Étrangère, et pour moi cependant déjà sœur! Vous, si jeune et si frêle, êtes aussi venue Admirer l'ouragan dans toute sa noirceur! Quoi! Pour l'étudier, cette mer en colère Dont les flots mugissants bondissent par troupeaux, Vous avez, sous le pont, laissé votre vieux père Et le hamac flottant qui donne le repos! Ce qu'il vous faut, enfant, ce ne sont point, sans doute, Ces vents fougueux, ce ciel de ténèbres tendu, Ces flots où le navire en vain cherche-sa route, Comme dans une steppe un aveugle perdu. Non! Ce qu'il vous faudrait à vous, ô jeune fille, Ce serait un doux soir de Naples, où nous allons, Une nuit de printemps, quand tout l'azur scintille, Quand le rossignol chante à l'écho des vallons; Ce serait la villa des collines heureuses, Où, penchée au balcon de parfums inondé, Vous pourriez aspirer les brisés langoureuses, Et voir luire un ciel bleu, d'étoiles tout brodé. Et pourtant vous venez, sur le pont du- navire, Contempler cette mer qui se creuse en tombeaux, Interroger la voix du flot qui se déchire, Et des vents engouffrés aux voiles en lambeaux! Dites ! Qui vous a fait, à vous pareille aux anges, Cet attrait du péril, ce besoin de terreurs? D'où te viennent, enfant, ces caprices étranges? D'où te vient cette soif des suprêmes horreurs? L'aube au front souriant n'aime pas le nuage, La colombe n'a pas les instincts de l'aiglon: Qui donc a mis en toi, sous ce tendre visage, L'amour du fauve éclair et de l'âpre aquilon? Ah ! Je le sens: il est, à l'époque où nous sommes, Un terrible démon qui court de toute part, Oui souffle dans le cœur des enfants et des hommes, De la vierge naïve et du morne vieillard. Travaillés nuit et jour d'une sombre folie, Nous sommes tous enfants d'un siècle infortuné; Et toute jeune fille est la sœur d'Amélie, Ainsi que tout jeune homme est frère de René. Et nous aspirons tous, pauvre foule inquiète, Vers quelque Dieu caché que rien ne dévoila; Et nous le poursuivons jusque dans la tempête, Et nous disons partout: — Il est peut-être là!

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    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    Aveu d'une femme Savez-vous pourquoi, madame, Je refusais de vous voir ? J'aime ! Et je sens qu'une femme Des femmes craint le pouvoir. Le vôtre est tout dans vos charmes, Qu'il faut, par force, adorer. L'inquiétude a des larmes : Je ne voulais pas pleurer. Quelque part que je me trouve, Mon seul ami va venir ; Je vis de ce qu'il éprouve, J'en fais tout mon avenir. Se souvient-on d'humbles flammes Quand on voit vos yeux brûler ? Ils font trembler bien des âmes : Je ne voulais pas trembler. Dans cette foule asservie, Dont vous respirez l'encens, Où j'aurais senti ma vie S'en aller à vos accents, Celui qui me rend peureuse, Moins tendre, sans repentir, M'eût dit : « N'es-tu plus heureuse ? » Je ne voulais pas mentir. Dans l'éclat de vos conquêtes Si votre coeur s'est donné, Triste et fier au sein des fêtes, N'a-t-il jamais frissonné ? La plus tendre, ou la plus belle, Aiment-elles sans souffrir ? On meurt pour un infidèle : Je ne voulais pas mourir.

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    Pablo Neruda

    Pablo Neruda

    @pabloNeruda

    Tu es au crépuscule un nuage dans mon ciel Tu es au crépuscule un nuage dans mon ciel, ta forme, ta couleur sont comme je les veux. Tu es mienne, tu es mienne, ma femme à la lèvre douce et mon songe infini s’établit dans ta vie. La lampe de mon coeur met du rose à tes pieds et mon vin d’amertume est plus doux sur tes lèvres, moissonneuse de ma chanson crépusculaire, tellement mienne dans mes songes solitaires Tu es mienne, tu es mienne, et je le crie dans la brise du soir, et le deuil de ma voix s’en va avec le vent. Au profond de mes yeux tu chasses, ton butin stagne comme les eaux de ton regard de nuit. Tu es prise au filet de ma musique, amour, aux mailles de mon chant larges comme le ciel. Sur les bords de tes yeux de deuil mon âme est née. Et le pays du songe avec ces yeux commence.

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    Philippe Soupault

    Philippe Soupault

    @philippeSoupault

    Georgia Je ne dors pas Georgia Je lance des flèches dans la nuit Georgia j'attends Georgia Le feu est comme la neige Georgia La nuit est ma voisine Georgia J'écoute les bruits tous sans exception Georgia je vois la fumée qui monte et qui fuit Georgia je marche à pas de loup dans l'ombre Georgia je cours voici la rue les faubourgs Georgia Voici une ville qui est la même et que je ne connais pas Georgia je me hâte voici le vent Georgia et le froid et le silence et la peur Georgia je fuis Georgia je cours Georgia Les nuages sont bas il vont tomber Georgia j'étends les bras Georgia je ne ferme pas les yeux Georgia j'appelle Georgia je t'appelle Georgia Est-ce que tu viendras Georgia bientôt Georgia Georgia Georgia Georgia Georgia je ne dors pas Georgia je t'attends Georgia.

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    Prosper Mérimée

    Prosper Mérimée

    @prosperMerimee

    Carmen Allons, allons ! vous voyez bien que je suis bohémienne; voulez-vous que je vous dise la bajia? Avez-vous entendu parler de la Carmencita ? C'est moi. J'étais alors un tel mécréant, il y a de cela quinze ans, que je ne reculai pas d'horreur en me voyant à côté d'une sorcière. - Bon! me dis-je; la semaine passée, j'ai soupé avec un voleur de grands chemins, allons aujourd'hui prendre des glaces avec une servante du diable. En voyage il faut tout voir. J'avais encore un autre motif pour cultiver sa connaissance. Sortant du collège, je l'avouerai à ma honte, j'avais perdu quelque temps à étudier les sciences occultes et même plusieurs fois j'avais tenté de conjurer l'esprit de ténèbres. Guéri depuis longtemps de la passion de semblables recherches, je n'en conservais pas moins un certain attrait de curiosité pour toutes les superstitions, et me faisais une fête d'apprendre jusqu'où s'était élevé l'art de la magie parmi les Bohémiens. Tout en causant, nous étions entrés dans la neveria, et nous étions assis à une petite table éclairée par une bougie renfermée,dans un globe de verre. J'eus alors tout le loisir d'examiner ma gitana pendant que quelques honnêtes gens s'ébahissaient, en prenant leurs glaces, de me voir en si bonne compagnie. Je doute fort que mademoiselle Carmen fût de race pure, du moins elle était infiniment plus jolie que toutes les femmes de sa nation que j'aie jamais rencontrées. Pour qu'une femme soit belle, il faut, disent les Espagnols, qu'elle réunisse trente si, ou, si l'on veut, qu'on puisse la définir au moyen de dix adjectifs applicables chacun à trois parties de sa personne. Par exemple, elle doit avoir trois choses noires: les yeux, les paupières et les sourcils ; trois fines, les doigts, les lèvres, les cheveux, etc. Voyez Brantôme pour le reste. Ma bohémienne ne pouvait prétendre à tant de perfections. Sa peau, d'ailleurs parfaitement unie, approchait fort de la teinte du cuivre. Ses yeux étaient obliques, mais admirablement fendus; ses lèvres un peu fortes, mais bien dessinées et laissant voir des dents plus blanches que des amandes sans leur peau. Ses cheveux, peut-être un peu gros, étaient noirs, à reflets bleus comme l'aile d'un corbeau, longs et luisants. Pour ne pas vous fatiguer d'une description trop prolixe, je vous dirai en somme qu'à chaque défaut elle réunissait une qualité qui ressortait peut-être plus fortement par le contraste. C'était une beauté étrange et sauvage, une figure qui étonnait d'abord, mais qu'on ne pouvait oublier. Ses yeux surtout avaient une expression à la fois voluptueuse et farouche que je n'ai trouvée depuis à aucun regard humain. Œil de bohémien, œil de loup, c'est un dicton espagnol qui dénote une bonne observation. Si vous n'avez pas le temps d'aller au jardin des Plantes pour étudier le regard d'un loup, considérez votre chat quand il guette un moineau. On sent qu'il eût été ridicule de se faire tirer la bonne aventure dans un café. Aussi je priai la jolie sorcière de me permettre de l'accompagner à son domicile; elle y consentit sans difficulté, mais elle voulut connaître encore la marche du temps, et me pria de nouveau de faire sonner ma montre. - Est-elle vraiment d'or ? dit-elle en la considérant avec une excessive attention. Quand nous nous remîmes en marche, il était nuit close; la plupart des boutiques étaient fermées et les rues presque désertes. Nous passâmes le pont du Guadalquivir, et à l'extrémité du faubourg nous nous arrêtâmes devant une maison qui n'avait nullement l'apparence d'un palais. Un enfant nous ouvrit. La bohémienne lui dit quelques mots dans une langue à moi inconnue, que je sus depuis être la rommani ou chipe calli, l'idiome des gitanos. Aussitôt l'enfant disparut, nous laissant dans une chambre assez vaste, meublée d'une petite table, de deux tabourets et d'un coffre. Je ne dois point oublier une jarre d'eau, un tas d'oranges et une botte d'oignons. Dès que nous fûmes seuls, la bohémienne tira de son coffre des cartes qui paraissaient avoir beaucoup servi, un aimant, un caméléon desséché, et quelques autres objets nécessaires à son art. Puis elle me dit de faire la croix dans ma main gauche avec une pièce de monnaie, et les cérémonies magiques commencèrent. Il est inutile de vous rapporter ses prédictions, et, quant à sa manière d'opérer, il était évident qu'elle n'était pas sorcière à demi. Malheureusement nous fûmes bientôt dérangés. La porte s'ouvrit tout à coup avec violence, et un homme, enveloppé jusqu'aux yeux dans un manteau brun entra dans la chambre en apostrophant la bohémienne d'une façon peu gracieuse. Je n'entendais pas ce qu'il disait, mais le ton de sa voix indiquait qu'il était de fort mauvaise humeur à sa vue, la gitana ne montra ni surprise ni colère, mais elle accourut à sa rencontre, et, avec une volubilité extraordinaire, lui adressa quelques phrases dans la langue mystérieuse dont elle s'était déjà servie devant moi. Le mot de payllo, souvent répété, était le seul mot que je comprisse.

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    Sappho

    Sappho

    @sappho

    Jeunes filles Telle la pomme savoureuse, Rouge au bout même de la branche, Là-haut, sur la plus haute branche. Ah ! les cueilleurs l'ont oubliée. Non, ils ne l'ont pas oubliée, Ils n'ont pas pu y arriver. Monte la lune dans son plein, Les filles autour de l'autel... Ainsi jadis, d'un pied léger, Dansaient les filles de la Crète, Autour d'un autel bien-aimé. La musique animant la fête, Et du gazon elles foulaient Les fleurs à la douceur si fraîche. Les pois chiches dorés poussaient sur le rivage. Le sommeil aux yeux noirs est venu sur leurs yeux. Est devenu froid le coeur des colombes, Leurs ailes se sont repliées.

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    Théodore de Banville

    Théodore de Banville

    @theodoreDeBanville

    Carmen Dicere carmen. Horace. Camille, en dénouant sur votre col de lait Vos cheveux radieux plus beaux que ceux d’Hélène, Égrenez tour à tour, ainsi qu’un chapelet, Ces guirlandes de fleurs sur ces tapis de laine. Tandis que la bouilloire, éveillée à demi, Ronfle tout bas auprès du tison qui s’embrase, Et que le feu charmant, tout à l’heure endormi, Mélange l’améthyste avec la chrysoprase ; Tandis qu’en murmurant, ces vins, célestes pleurs, Tombent à flots pressés des cruches ruisselantes, Et que ces chandeliers, semblables à des fleurs, Mettent des rayons d’or dans les coupes sanglantes ; Que les Dieux de vieux Saxe et les Nymphes d’airain Semblent, en inclinant leur tête qui se penche, Parmi les plâtres grecs au visage serein, Se sourire de loin dans la lumière blanche ; Les bras et les pieds nus, laissez votre beau corps Dont le peignoir trahit la courbe aérienne, Sur ce lit de damas étaler ses accords, Ainsi qu’un dieu foulant la pourpre tyrienne. Que votre bouche en fleur se mette à l’unisson Du vin tiède et fumant, de la flamme azurée Et de l’eau qui s’épuise à chanter sa chanson, Et dites-nous des vers d’une voix mesurée. Car il faut assouplir nos rhythmes étrangers Aux cothurnes étroits de la Grèce natale, Pour attacher aux pas de l’Ode aux pieds légers Le nombre harmonieux d’une lyre idéale. Il faut à l’hexamètre, ainsi qu’aux purs arceaux Des églises du Nord et des palais arabes, Le calme, pour pouvoir dérouler les anneaux Saints et mystérieux de ses douze syllabes ! Janvier 1844.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Certes, elle n'était pas femme Certes, elle n'était pas femme et charmante en vain, Mais le terrestre en elle avait un air divin. Des flammes frissonnaient sur mes lèvres hardies; Elle acceptait l'amour et tous ses incendies, Rêvait au tutoiement, se risquait pas à pas, Ne se refusait point et ne se livrait pas; Sa tendre obéissance était haute et sereine; Elle savait se faire esclave et rester reine, Suprême grâce! et quoi de plus inattendu Que d'avoir tout donné sans avoir rien perdu! Elle était nue avec un abandon sublime Et, couchée en un lit, semblait sur une cime. À mesure qu'en elle entrait l'amour vainqueur, On eût dit que le ciel lui jaillissait du coeur; Elle vous caressait avec de la lumière; La nudité des pieds fait la marche plus fière Chez ces êtres pétris d'idéale beauté; Il lui venait dans l'ombre au front une clarté Pareille à la nocturne auréole des pôles; À travers les baisers, de ses blanches épaules On croyait voir sortir deux ailes lentement; Son regard était bleu, d'un bleu de firmament; Et c'était la grandeur de cette femme étrange Qu'en cessant d'être vierge elle devenait ange.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Les jolies femmes On leur fait des sonnets, passables quelquefois ; On baise cette main qu'elles daignent vous tendre ; On les suit à l'église, on les admire au bois ; On redevient Damis, on redevient Clitandre ; Le bal est leur triomphe, et l'on brigue leur choix ; On danse, on rit, on cause, et vous pouvez entendre, Tout en valsant, parmi les luths et les hautbois, Ces belles gazouiller de leur voix la plus tendre : — La force est tout ; la guerre est sainte ; l'échafaud Est bon ; il ne faut pas trop de lumière ; il faut Bâmetir plus de prisons et bâmetir moins d'écoles ; Si Paris bouge, il faut des canons plein les forts. — Et ces colombes-là vous disent des paroles À faire remuer d'horreur les os des morts.

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