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Triste

28 poésies en cours de vérification
Triste

Poésies de la collection triste

    Albert Samain

    Albert Samain

    @albertSamain

    Larmes Larmes aux fleurs suspendues, Larmes de sources perdues Aux mousses des rochers creux ; Larmes d'automne épandues, Larmes de cors entendues Dans les grands bois douloureux ; Larmes des cloches latines, Carmélites, Feuillantines... Voix des beffrois en ferveur ; Larmes, chansons argentines Dans les vasques florentines Au fond du jardin rêveur ; Larmes des nuits étoilées, Larmes de flûtes voilées Au bleu du pare endormi ; Larmes aux longs cils perlées, Larmes d'amante coulées Jusqu'à l'âme de l'ami ; Gouttes d'extase, éplorement délicieux, Tombez des nuits ! Tombez des fleurs ! Tombez des yeux ! Et toi, mon cœur, sois le doux fleuve harmonieux, Qui, riche du trésor tari des urnes vides, Roule un grand rêve triste aux mers des soirs languides.

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    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    Le mie prigioni On dit : " Triste comme la porte D'une prison. " Et je crois, le diable m'emporte ! Qu'on a raison. D'abord, pour ce qui me regarde, Mon sentiment Est qu'il vaut mieux monter sa garde, Décidément. Je suis, depuis une semaine, Dans un cachot, Et je m'aperçois avec peine Qu'il fait très chaud. Je vais bouder à la fenêtre, Tout en fumant ; Le soleil commence à paraître Tout doucement. C'est une belle perspective, De grand matin, Que des gens qui font la lessive Dans le lointain. Pour se distraire, si l'on bâille, On aperçoit D'abord une longue muraille, Puis un long toit. Ceux à qui ce séjour tranquille Est inconnu Ignorent l'effet d'une tuile Sur un mur nu. Je n'aurais jamais cru moi-même, Sans l'avoir vu, Ce que ce spectacle suprême A d'imprévu. Pourtant les rayons de l'automne Jettent encor Sur ce toit plat et monotone Un réseau d'or. Et ces cachots n'ont rien de triste, Il s'en faut bien : Peintre ou poète, chaque artiste Y met du sien. De dessins, de caricatures Ils sont couverts. Çà et là quelques écritures Semblent des vers. Chacun tire une rêverie De son bonnet : Celui-ci, la Vierge Marie, L'autre, un sonnet. Là, c'est Madeleine en peinture, Pieds nus, qui lit ; Vénus rit sous la couverture, Au pied du lit. Plus loin, c'est la Foi, l'Espérance, La Charité, Grands croquis faits à toute outrance, Non sans beauté. Une Andalouse assez gaillarde, Au cou mignon, Est dans un coin qui vous regarde D'un air grognon. Celui qui fit, je le présume, Ce médaillon, Avait un gentil brin de plume A son crayon. Le Christ regarde Louis-Philippe D'un air surpris ; Un bonhomme fume sa pipe Sur le lambris. Ensuite vient un paysage Très compliqué Où l'on voit qu'un monsieur très sage S'est appliqué. Dirai-je quelles odalisques Les peintres font, A leurs très grands périls et risques, Jusqu'au plafond ? Toutes ces lettres effacées Parlent pourtant ; Elles ont vécu, ces pensées, Fût-ce un instant. Que de gens, captifs pour une heure, Tristes ou non, Ont à cette pauvre demeure Laissé leur nom ! Sur ce vieux lit où je rimaille Ces vers perdus, Sur ce traversin où je bâille A bras tendus, Combien d'autres ont mis leur tête, Combien ont mis Un pauvre corps, un coeur honnête Et sans amis ! Qu'est-ce donc ? en rêvant à vide Contre un barreau, Je sens quelque chose d'humide Sur le carreau. Que veut donc dire cette larme Qui tombe ainsi, Et coule de mes yeux, sans charme Et sans souci ? Est-ce que j'aime ma maîtresse ? Non, par ma foi ! Son veuvage ne l'intéresse Pas plus que moi. Est-ce que je vais faire un drame ? Par tous les dieux ! Chanson pour chanson, une femme Vaut encor mieux. Sentirais-je quelque ingénue Velléité D'aimer cette belle inconnue, La Liberté ? On dit, lorsque ce grand fantôme Est verrouillé, Qu'il a l'air triste comme un tome Dépareillé. Est-ce que j'aurais quelque dette ? Mais, Dieu merci ! Je suis en lieu sûr : on n'arrête Personne ici. Cependant cette larme coule, Et je la vois Qui brille en tremblant et qui roule Entre mes doigts. Elle a raison, elle veut dire : Pauvre petit, A ton insu ton coeur respire Et t'avertit Que le peu de sang qui l'anime Est ton seul bien, Que tout le reste est pour la rime Et ne dit rien. Mais nul être n'est solitaire, Même en pensant, Et Dieu n'a pas fait pour te plaire Ce peu de sang. Lorsque tu railles ta misère D'un air moqueur, Tes amis, ta soeur et ta mère Sont dans ton coeur. Cette pâle et faible étincelle Qui vit en toi, Elle marche, elle est immortelle, Et suit sa loi. Pour la transmettre, il faut soi-même La recevoir, Et l'on songe à tout ce qu'on aime Sans le savoir.

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    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    Quand on perd par triste occurrence Quand on perd, par triste occurrence, Son espérance Et sa gaieté, Le remède au mélancolique, C'est la musique Et la beauté ! Plus oblige et peut davantage Un beau visage Qu'un homme armé, Et rien n'est meilleur que d'entendre Air doux et tendre Jadis aimé !

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    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    Rappelle toi Rappelle-toi, quand l’Aurore craintive Ouvre au Soleil son palais enchanté ; Rappelle-toi, lorsque la nuit pensive Passe en rêvant sous son voile argenté ; A l’appel du plaisir lorsque ton sein palpite, Aux doux songes du soir lorsque l’ombre t’invite, Ecoute au fond des bois Murmurer une voix : Rappelle-toi. Rappelle-toi, lorsque les destinées M’auront de toi pour jamais séparé, Quand le chagrin, l’exil et les années Auront flétri ce coeur désespéré ; Songe à mon triste amour, songe à l’adieu suprême ! L’absence ni le temps ne sont rien quand on aime. Tant que mon coeur battra, Toujours il te dira Rappelle-toi. Rappelle-toi, quand sous la froide terre Mon coeur brisé pour toujours dormira ; Rappelle-toi, quand la fleur solitaire Sur mon tombeau doucement s’ouvrira. Je ne te verrai plus ; mais mon âme immortelle Reviendra près de toi comme une soeur fidèle. Ecoute, dans la nuit, Une voix qui gémit : Rappelle-toi.

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    A

    Aristide Bruant

    @aristideBruant

    Fantaisie triste I’ bruinait… L’temps était gris, On n’voyait pus l’ciel… L’atmosphère, Semblant suer au d’ssus d’Paris, Tombait en bué’ su’ la terre. I’ soufflait quéqu’chose… on n’sait d’où, C’était ni du vent ni d’la bise, Ça glissait entre l’col et l’cou Et ça glaçait sous not’ chemise. Nous marchions d’vant nous, dans l’brouillard, On distinguait des gens maussades, Nous, nous suivions un corbillard Emportant l’un d’nos camarades. Bon Dieu ! qu’ça faisait froid dans l’dos ! Et pis c’est qu’on n’allait pas vite ; La moell’ se figeait dans les os, Ça puait l’rhume et la bronchite. Dans l’air y avait pas un moineau, Pas un pinson, pas un’ colombe, Le long des pierr’ i’ coulait d’l’eau, Et ces pierr’s-là… c’était sa tombe. Et je m’disais, pensant à lui Qu’j’avais vu rire au mois d’septembre Bon Dieu ! qu’il aura froid c’tte nuit ! C’est triste d’mourir en décembre. J’ai toujours aimé l’bourguignon, I’ m’sourit chaqu’ fois qu’i’ s’allume ; J’voudrais pas avoir le guignon D’m’en aller par un jour de brume.

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    Arthur Rimbaud

    Arthur Rimbaud

    @arthurRimbaud

    Le coeur supplicié Mon triste cœur bave à la poupe … Mon cœur est plein de caporal! Ils y lancent des jets de soupe, Mon triste cœur bave à la poupe… Sous les quolibets de la troupe Qui lance un rire général, Mon triste cœur bave à la poupe, Mon cœur est plein de caporal! Ithyphalliques et pioupiesques Leurs insultes l’ont dépravé; À la vesprée, ils font des fresques Ithyphalliques et pioupiesques; Ô flots abracadabrantesques, Prenez mon cœur, qu’il soit sauvé! Ithyphalliques et pioupiesques, Leurs insultes l’ont dépravé. Quand ils auront tari leurs chiques, Comment agir, ô cœur volé? Ce seront des refrains bachiques Quand ils auront tari leurs chiques! J’aurai des sursauts stomachiques Si mon cœur triste est ravalé! Quand ils auront tari leurs chiques, Comment agir, ô cœur volé?

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    A

    Auguste Angellier

    @augusteAngellier

    L'acceptation Je te vis dans un rêve après un triste adieu : Tu marchais dans les plis pesants et magnifiques D'une robe en velours d'un plus céleste bleu Que celui des glaciers ou des flots atlantiques. Quand vers l'orient clair jaillit un premier feu ; Une gorgone d'or aux cruels yeux tragiques L'agrafait à ton cou, mais un doux désaveu Descendait de tes yeux azurés et pudiques ; Derrière toi luisait une mer de lapis Dont les flots étages montaient comme un parvis Vers un grand ciel limpide aux bleuâtres splendeurs ; Tu tenais dans tes mains de frais myosotis, Sans me dire un seul mot tu me tendis ces fleurs, Et j'y plongeai mon front pour y cacher mes pleurs.

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    B

    Bertrand Laverdure

    @bertrandLaverdure

    Les peines d’amour... Les peines d’amour sont des mines à ciel ouvert. Je me réveille à quatre heures quarante du matin pour écrire ça. Je me réveille devant mon assiette, je me réveille en marchant, je me réveille dans l’autobus. Mes phrases fonctionnent encore, même si elles sonnent dix-huit cent soixante quelque. Il y a des moteurs de raison qui s’échappent même si je ne veux rien savoir. Personne ne peut m’aider. On a déplacé des maisons sur de gros camions lourds, creusé de longues bandes de terrain fertile, exposé à la roche sale un kilomètre carré de peur/dépendance. Tout le monde voit les plâtres amanchés n’importe comment sur les mots qui sortent de ma bouche. Quand je pense à toi, je te revois à côté de ce vieux hangar à bateau délabré, dangereux, dans lequel tu jouais toute petite, sur les berges de Pincourt. Cabane à spéculations amoureuses, entrepôt ridicule pour regarder la nouvelle 30 briller. Faire n’importe quoi avec toi comme regarder la nouvelle 30 briller à côté d’un hangar sale. Faire n’importe quoi avec toi la nuit et appeler les loups pour qu’ils viennent calmer ma viande confuse.

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    B

    Birago Diop

    @biragoDiop

    Abandon Dans le bois obscurci Les trompes hurlent hululent sans merci Sur les tam-tams maudits. Nuit noire, nuit noire! Le lait s’est aigri Dans les calebasses La bouillie a durci Dans les vases Dans les cases La peur passe, la peur repasse, Nuit noire, nuit noire! Les torches qu’on allume Jettent dans l’air Des lueurs sans volume, Sans éclat, sans éclair, Les torches fument, Nuit noire, nuit noire! Des souffles surpris Rôdent et gémissent Murmurant des mots désappris, Des mots qui frémissent, Nuit noire, nuit noire! Du corps refroidi des poulets Ni du chaud cadavre qui bouge Nulle goutte n’a plus coulé Ni du sang noir, ni du sang rouge, Nuit noire, nuit noire! Les trompes hurlent, hululent sans merci Sur les tam-tams maudits, Nuit noire, nuit noire! Peureux le ruisseau orphelin Pleure et réclame Le peuple de ses bords éteints Errant sans fin, errant en vain Nuit noire, nuit noire! Et dans la savane sans âme Désertée par le souffle des anciens Les trompes hurlent, hululent sans merci Sur les tam-tams maudits Nuit noire, nuit noire! Les arbres inquiets De la sève qui se fige Dans leurs feuilles et dans leur tige Ne peuvent plus prier Les aïeux qui hantaient leur pied Nuit noire, nuit noire! Dans les cases où la peur repasse Dans l’air où la torche s’éteint Sur le fleuve orphelin, Dans la forêt sans âme et lasse Sur les arbres inquiets et déteints Dans les bois obscurcis Les trompes hurlent, hululent sans merci Sur les tam-tams maudits Nuit noire, nuite noire!

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Madrigal triste I Que m'importe que tu sois sage ? Sois belle ! et sois triste ! Les pleurs Ajoutent un charme au visage, Comme le fleuve au paysage ; L'orage rajeunit les fleurs. Je t'aime surtout quand la joie S'enfuit de ton front terrassé ; Quand ton coeur dans l'horreur se noie ; Quand sur ton présent se déploie Le nuage affreux du passé. Je t'aime quand ton grand oeil verse Une eau chaude comme le sang ; Quand, malgré ma main qui te berce, Ton angoisse, trop lourde, perce Comme un râle d'agonisant. J'aspire, volupté divine ! Hymne profond, délicieux ! Tous les sanglots de ta poitrine, Et crois que ton coeur s'illumine Des perles que versent tes yeux ! II Je sais que ton coeur, qui regorge De vieux amours déracinés, Flamboie encor comme une forge, Et que tu couves sous ta gorge Un peu de l'orgueil des damnés ; Mais tant, ma chère, que tes rêves N'auront pas reflété l'Enfer, Et qu'en un cauchemar sans trêves, Songeant de poisons et de glaives, Eprise de poudre et de fer, N'ouvrant à chacun qu'avec crainte, Déchiffrant le malheur partout, Te convulsant quand l'heure tinte, Tu n'auras pas senti l'étreinte De l'irrésistible Dégoût, Tu ne pourras, esclave reine Qui ne m'aimes qu'avec effroi, Dans l'horreur de la nuit malsaine, Me dire, l'âme de cris pleine : " Je suis ton égale, Ô mon Roi ! "

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    C

    Cécile Sauvage

    @cecileSauvage

    J'ai perdu mon jeune bien-aimé Il est né, j'ai perdu mon jeune bien-aimé, Je le tenais si bien dans mon âme enfermé, Il habitait mon sein, il buvait mes tendresses, Je le laissais jouer et tirailler mes tresses. À qui vais-je parler dans mon cœur à présent? Il écoutait mes pleurs tomber en s'écrasant, Il était le printemps qui voit notre délire Gambader sur son herbe et qui ne peut en rire. Il me donnait la main pour sauter les ruisseaux, Nous avions des bonheurs et des peines d'oiseaux; Son sommeil s'étendait comme un aveu candide. Mon œil grave flottait sur son âme limpide, Je couvais dans son cœur les œufs de la bonté, J'effeuillais sur son front des roses de clarté. Le silence des fleurs reposait sur sa bouche, Son doux flanc se gonflait de mon orgueil farouche; Son souffle était le mien, il voyait par mes yeux. Son petit crâne avait la courbure des cieux. Je le tenais des dieux que j'ai conçus moi-même; C'était le jardin clos où la vérité sème, C'était le petit livre où des contes naïfs Me reposaient de l'ombre et des rayons pensifs. Ses doigts tendres savaient caresser ma misère. Devant ce front de lait, devant cette âme claire Mon cœur n'éprouvait point de honte d'être nu, Mon être était l'instinct dans son geste ingénu, J'étais bonne d'avril nouveau comme la terre, Je donnais mes ruisseaux, mes feuilles, ma lumière; La mort cachait ses os sous les duvets herbeux, Nous étions le mystère et la vie à nous deux. Notre âme, au ras du sol mollement étendue, Était un blé qui berce une vague pelue. Maintenant il est né. Je suis seule, je sens S'épouvanter en moi le vide de mon sang; Mon flair furète dans son ombre Avec le grognement des femelles. Je sombre D'un bonheur plus puissant que l'appel d'un printemps Qui ferait refleurir tous les mondes des temps. Ah! que je suis petite et l'âme retombée, Comme lorsque la graine ayant pris sa volée La capsule rejoint ses tissus aplanis. Ô cœur abandonné dans le vent, pauvre nid!

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Désir dans le spleen Tout vit, tout aime ! et moi, triste et seul, je me dresse Ainsi qu'un arbre mort sur le ciel du printemps. Je ne peux plus aimer, moi qui n'ai que trente ans, Et je viens de quitter sans regrets ma maîtresse. Je suis comme un malade aux pensers assoupis Et qui, plein de l'ennui de sa chambre banale, N'a pour distraction stupide et machinale, Que de compter des yeux les fleurs de son tapis. Je voudrais quelquefois que ma fin fût prochaine, Et tous ces souvenirs, jadis délicieux, Je les repousse, ainsi qu'on détourne les yeux Du portrait d'un aïeul dont le regard vous gêne. Même du vieil amour qui m'a tant fait pleurer Plus de trace en ce cœur, blasé de toute chose, Pas plus que n'a laissé de trace sur la rose L'ombre du papillon qui vient de l'effleurer. Ô figure voilée et vague en mes pensées, Rencontre de demain que je ne connais pas, Courtisane accoudée aux débris d'un repas Ou jeune fille blanche aux paupières baissées, Oh ! parais ! si tu peux encore électriser Ce misérable cœur sans désir et sans flamme, Me rendre l'infini dans un regard de femme Et toute la nature en fleur dans un baiser, Viens ! Comme les marins d'un navire en détresse Jettent, pour vivre une heure un trésor à la mer, Viens ! je te promets tout, âme et cœur, sang et chair, Tout, pour un seul instant de croyance ou d'ivresse !

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Tristement Obsédé par ces mots, le veuvage et l'automne, Mon rêve n'en veut pas d'autres pour exprimer Cette mélancolie immense et monotone Qui m'ôte tout espoir et tout désir d'aimer. Il évoque sans cesse une très-longue allée De platanes géants dépouillés à demi, Dans laquelle une femme en grand deuil et voilée S'avance lentement sur le gazon blêmi. Ses longs vêtements noirs lui faisant un sillage Traînent en bruissant dans le feuillage mort ; Elle suit du regard la fuite d'un nuage Sous le vent déjà froid et qui chasse du nord. Elle songe à l'absent qui lui disait : Je t'aime ! Et, sous le grand ciel bas qui n'a plus un rayon, S'aperçoit qu'avec la dernière chrysanthème Hier a disparu le dernier papillon. Elle chemine ainsi dans l'herbe qui se fane, Bien lasse de vouloir, bien lasse de subir, Et toujours sur ses pas les feuilles de platane Tombent avec un bruit triste comme un soupir. – En vain, pour dissiper ces images moroses, J'invoque ma jeunesse et ce splendide été. Je doute du soleil, je ne crois plus aux roses, Et je vais le front bas, comme un homme hanté. Et j'ai le cœur si plein d'automne et de veuvage Que je rêve toujours, sous ce ciel pur et clair, D'une figure en deuil dans un froid paysage Et des feuilles tombant au premier vent d'hiver.

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    G

    Gaston Couté

    @gastonCoute

    La cigarette Aujourd’hui le temps est épouvantable : Il pleut et mon coeur s’embête à pleurer. J’ai pris, d’un paquet traînant sur ma table, Une cigarette au fin bout doré ; Et j’ai cru te voir en toilette claire Avec tous tes ors passés à tes doigts, Traînant par la vie, élégante et fière Sous les yeux charmés du monde et de moi. Ah ! la bonne cigarette Que j’ai fumée… Pourtant mon coeur la regrette, O bien-aimée ! Ah ! la bonne cigarette Que j’ai fumée… Pourtant mon coeur la regrette, O bien-aimée ! J’ai pris une braise au milieu des cendres Et je me suis mis alors à fumer En m’entortillant dans les bleus méandres De ma cigarette au goût parfumé ; Et j’ai cru sentir passer sur mes lèvres Un baiser pareil aux baisers brûlants De ta bouche en feu, par les nuits de fièvres Où je m’entortille entre tes bras blancs. J’ai jeté ce soir parmi la chaussée Cigarette morte au feu du tantôt ; Un petit voyou qui l’a ramassée Part en resuçant son maigre mégot ; Et, devant cela, maintenant je pense Que ton corps n’est pas à moi tout entier, Que ta chair connaît d’autres jouissances Et que je te prends comme un mégottier.

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    Georges Perros

    Georges Perros

    @georgesPerros

    Gaietés lyriques Si vous cherchez bien Vous verrez Des visages L’enfer s’y promène Si vous cherchez mal Vous saurez Où surnagent Nos âmes sereines Le caméléon de l’amour Y change ses couleurs fauves La tristesse de vivre ici Ferme l’oeil bête des alcôves Nous n’irons plus au bois L’été Ressemble trop au carnaval Danse de mort Squelettes vains Nous n’irons plus ; le mal lointain S’est à nouveau pris dans nos pièges La vie est un bouchon de liège Elle flotte au gré des humeurs Mais n’entend plus l’humble rumeur De l’éternel qui passe vite A travers nos coeurs désertés.

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    Jim Morrison

    Jim Morrison

    @jimMorrison

    Douce nuit En période de printemps, Le commencements des douces nuits, Ou cette fille fuit, Submergée de sang, Avec la peur, de retrouver ses soeurs, Morte par ce père si violent, Des nuits de coups et de sang, Qui sont mortes avec les leurs. Elle court, prête attention à chaque bruit, Car ce pédophile leur ayant fait mal toutes ces nuits, Et un danger, que Personne n'a encore trouvé. Cet homme se suicida avec 2g d'héro dans le sang, Car dans la nuit de tous les temps, Dieu prépare sa colère, Et explose à ne pas plaire.

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    Louise Colet

    Louise Colet

    @louiseColet

    Le malheur Le malheur m'a jeté son souffle desséchant : De mes doux sentiments la source s'est tarie, Et mon âme incomprise avant l'heure flétrie, En perdant tout espoir perd tout penser touchant, Mes yeux n'ont plus de pleurs, ma voix n'a plus de chant, Mon cœur désenchanté n'a plus de rêverie ; Pour tout ce que j'aimais avec idolâtrie, Il ne me reste plus d'amour ni de penchant. Une aride douleur ronge et brûle mon âme, Il n'est rien que j'envie et rien que je réclame, Mon avenir est mort, le vide est dans mon coeur. J'offre un corps sans pensée à l'œil qui me contemple ; Tel sans divinité reste quelque vieux temple, Telle après le banquet la coupe est sans liqueur.

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    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    Rêve intermittent d'une nuit triste Ô champs paternels hérissés de charmilles Où glissent le soir des flots de jeunes filles ! Ô frais pâturage où de limpides eaux Font bondir la chèvre et chanter les roseaux ! Ô terre natale ! à votre nom que j'aime, Mon âme s'en va toute hors d'elle-même ; Mon âme se prend à chanter sans effort ; À pleurer aussi, tant mon amour est fort ! J'ai vécu d'aimer, j'ai donc vécu de larmes ; Et voilà pourquoi mes pleurs eurent leurs charmes ; Voilà, mon pays, n'en ayant pu mourir, Pourquoi j'aime encore au risque de souffrir ; Voilà, mon berceau, ma colline enchantée Dont j'ai tant foulé la robe veloutée, Pourquoi je m'envole à vos bleus horizons, Rasant les flots d'or des pliantes moissons. La vache mugit sur votre pente douce, Tant elle a d'herbage et d'odorante mousse, Et comme au repos appelant le passant, Le suit d'un regard humide et caressant. Jamais les bergers pour leurs brebis errantes N'ont trouvé tant d'eau qu'à vos sources courantes. J'y rampai débile en mes plus jeunes mois, Et je devins rose au souffle de vos bois. Les bruns laboureurs m'asseyaient dans la plaine Où les blés nouveaux nourrissaient mon haleine. Albertine aussi, sœur des blancs papillons, Poursuivait les fleurs dans les mêmes sillons ; Car la liberté toute riante et mûre Est là, comme aux cieux, sans glaive, sans armure, Sans peur, sans audace et sans austérité, Disant : « Aimez-moi, je suis la liberté ! « Je suis le pardon qui dissout la colère, Et je donne à l'homme une voix juste et claire. « Je suis le grand souffle exhalé sur la croix Où j'ai dit : « Mon père ! on m'immole, et je crois ! » « Le bourreau m'étreint : je l'aime ! et l'aime encore, Car il est mon frère, ô père que j'adore ! « Mon frère aveuglé qui s'est jeté sur moi, Et que mon amour ramènera vers toi ! » Ô patrie absente ! ô fécondes campagnes, Où vinrent s'asseoir les ferventes Espagnes ! Antiques noyers, vrais maîtres de ces lieux, Qui versez tant d'ombre où dorment nos aïeux ! Échos tout vibrants de la voix de mon père Qui chantaient pour tous : « Espère ! espère ! espère ! » Ce chant apporté par des soldats pieux Ardents à planter tant de croix sous nos cieux, Tant de hauts clochers remplis d'airain sonore Dont les carillons les rappellent encore : Je vous enverrai ma vive et blonde enfant Qui rit quand elle a ses longs cheveux au vent. Parmi les enfants nés à votre mamelle, Vous n'en avez pas qui soit si charmant qu'elle ! Un vieillard a dit en regardant ses yeux : « Il faut que sa mère ait vu ce rêve aux cieux ! » En la soulevant par ses blanches aisselles J'ai cru bien souvent que j'y sentais des ailes ! Ce fruit de mon âme, à cultiver si doux, S'il faut le céder, ce ne sera qu'à vous ! Du lait qui vous vient d'une source divine Gonflez le cœur pur de cette frêle ondine. Le lait jaillissant d'un sol vierge et fleuri Lui paiera le mien qui fut triste et tari. Pour voiler son front qu'une flamme environne Ouvrez vos bluets en signe de couronne : Des pieds si petits n'écrasent pas les fleurs, Et son innocence a toutes leurs couleurs. Un soir, près de l'eau, des femmes l'ont bénie, Et mon cœur profond soupira d'harmonie. Dans ce cœur penché vers son jeune avenir Votre nom tinta, prophète souvenir, Et j'ai répondu de ma voix toute pleine Au souffle embaumé de votre errante haleine. Vers vos nids chanteurs laissez-la donc aller : L'enfant sait déjà qu'ils naissent pour voler. Déjà son esprit, prenant goût au silence, Monte où sans appui l'alouette s'élance, Et s'isole et nage au fond du lac d'azur Et puis redescend le gosier plein d'air pur. Que de l'oiseau gris l'hymne haute et pieuse Rende à tout jamais son âme harmonieuse ; Que vos ruisseaux clairs, dont les bruits m'ont parlé, Humectent sa voix d'un long rythme perlé ! Avant de gagner sa couche de fougère, Laissez-la courir, curieuse et légère, Au bois où la lune épanche ses lueurs Dans l'arbre qui tremble inondé de ses pleurs, Afin qu'en dormant sous vos images vertes Ses grâces d'enfant en soient toutes couvertes. Des rideaux mouvants la chaste profondeur Maintiendra l'air pur alentour de son cœur, Et, s'il n'est plus là, pour jouer avec elle, De jeune Albertine à sa trace fidèle, Vis-à-vis les fleurs qu'un rien fait tressaillir Elle ira danser, sans jamais les cueillir, Croyant que les fleurs ont aussi leurs familles Et savent pleurer comme les jeunes filles. Sans piquer son front, vos abeilles là-bas L'instruiront, rêveuse, à mesurer ses pas ; Car l'insecte armé d'une sourde cymbale Donne à la pensée une césure égale. Ainsi s'en ira, calme et libre et content, Ce filet d'eau vive au bonheur qui l'attend ; Et d'un chêne creux la Madone oubliée La regardera dans l'herbe agenouillée. Quand je la berçais, doux poids de mes genoux, Mon chant, mes baisers, tout lui parlait de vous ; Ô champs paternels, hérissés de charmilles Où glissent le soir des flots de jeunes filles. Que ma fille monte à vos flancs ronds et verts, Et soyez béni, doux point de l'Univers !

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    M

    Maurice Rollinat

    @mauriceRollinat

    Les vieux chevaux Je suis plein de respect pour la bête de somme, Et, pour moi, l’âne maigre et les chevaux poussifs Marchant devant le maître affreux qui les assomme, Sont de grands parias, résignés et pensifs. Aux champs, dans leur jeunesse, aussi dodus qu’ingambes, Ils avaient du foin vert, ils avaient du répit. Ils traînent maintenant leur vieux corps décrépit, Le séton au poitrail, et l’écorchure aux jambes. Ils déferrent leur corne à force de tirer, Pleins d’ulcères hideux que viennent lacérer Les lanières du fouet et les mouches féroces. Et l’homme, ce tyran qu’irrite la douceur, Les flagelle à deux mains, en hurlant: « Boitez, rosses, « Mais vous me servirez jusqu’à l’équarrisseur ! »

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    Pablo Neruda

    Pablo Neruda

    @pabloNeruda

    Je peux écrire les vers les plus tristes cette nuit Je peux écrire les vers les plus tristes cette nuit. Écrire, par exemple: « La nuit est étoilée et les astres d’azur tremblent dans le lointain. » Le vent de la nuit tourne dans le ciel et chante. Je puis écrire les vers les plus tristes cette nuit. Je l’aimais, et parfois elle aussi elle m’aima. Les nuits comme cette nuit, je l’avais entre mes bras. Je l’embrassai tant de fois sous le ciel, ciel infini. Elle m’aima, et parfois moi aussi je l’ai aimée. Comment n’aimerait-on pas ses grands yeux fixes. Je peux écrire les vers les plus tristes cette nuit. Penser que je ne l’ai pas. Regretter l’avoir perdue. Entendre la nuit immense, et plus immense sans elle. Et le vers tombe dans l’âme comme la rosée dans l’herbe. Qu’importe que mon amour n’ait pas pu la retenir. La nuit est pleine d’étoiles, elle n’est pas avec moi. Voilà tout. Au loin on chante. C’est au loin. Et mon âme est mécontente parce que je l’ai perdue. Comme pour la rapprocher, c’est mon regard qui la cherche. Et mon coeur aussi la cherche, elle n’est pas avec moi. Et c’est bien la même nuit qui blanchit les mêmes arbres. Mais nous autres, ceux d’alors, nous ne sommes plus les mêmes. je ne l’aime plus, c’est vrai. Pourtant, combien je l’aimais. Ma voix appelait le vent pour aller à son oreille. A un autre. A un autre elle sera. Ainsi qu’avant mes baisers. Avec sa voix, son corps clair. Avec ses yeux infinis. je ne l’aime plus, c’est vrai, pourtant, peut-être je l’aime. Il est si bref l’amour et l’oubli est si long. C’était en des nuits pareilles, je l’avais entre mes bras et mon âme est mécontente parce que je l’ai perdue. Même si cette douleur est la dernière par elle et même si ce poème est les derniers vers pour elle.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Il pleure dans mon coeur Il pleure dans mon cœur Comme il pleut sur la ville ; Quelle est cette langueur Qui pénètre mon cœur ? Ô bruit doux de la pluie Par terre et sur les toits ! Pour un cœur qui s'ennuie, Ô le chant de la pluie ! Il pleure sans raison Dans ce cœur qui s'écœure. Quoi ! nulle trahison ?... Ce deuil est sans raison. C'est bien la pire peine De ne savoir pourquoi Sans amour et sans haine Mon cœur a tant de peine !

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Pourquoi triste, ô mon âme Pourquoi triste, ô mon âme Triste jusqu'à la mort, Quand l'effort te réclame, Quand le suprême effort Est là qui te réclame ? Ah, tes mains que tu tords Au lieu d'être à la tâche, Tes lèvres que tu mords Et leur silence lâche, Et tes yeux qui sont morts ! N'as-tu pas l'espérance De la fidélité, Et, pour plus d'assurance Dans la sécurité, N'as-tu pas la souffrance ? Mais chasse le sommeil Et ce rêve qui pleure. Grand jour et plein soleil ! Vois, il est plus que l'heure : Le ciel bruit vermeil, Et la lumière crue Découpant d'un trait noir Toute chose apparue Te montre le Devoir Et sa forme bourrue. Marche à lui vivement, Tu verras disparaître Tout aspect inclément De sa manière d'être, Avec l'éloignement. C'est le dépositaire Qui te garde un trésor D'amour et de mystère, Plus précieux que l'or, Plus sûr que rien sur terre, Les biens qu'on ne voit pas, Toute joie inouïe, Votre paix, saints combats, L'extase épanouie Et l'oubli d'ici-bas, Et l'oubli d'ici-bas !

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Écoutez la chanson bien douce Écoutez la chanson bien douce Qui ne pleure que pour vous plaire, Elle est discrète, elle est légère : Un frisson d'eau sur de la mousse ! La voix vous fut connue (et chère ?) Mais à présent elle est voilée Comme une veuve désolée, Pourtant comme elle encore fière, Et dans les longs plis de son voile, Qui palpite aux brises d'automne. Cache et montre au cœur qui s'étonne La vérité comme une étoile. Elle dit, la voix reconnue, Que la bonté c'est notre vie, Que de la haine et de l'envie Rien ne reste, la mort venue. Elle parle aussi de la gloire D'être simple sans plus attendre, Et de noces d'or et du tendre Bonheur d'une paix sans victoire. Accueillez la voix qui persiste Dans son naïf épithalame. Allez, rien n'est meilleur à l'âme Que de faire une âme moins triste ! Elle est en peine et de passage, L'âme qui souffre sans colère, Et comme sa morale est claire !... Écoutez la chanson bien sage.

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    Pierre Reverdy

    Pierre Reverdy

    @pierreReverdy

    La neige tombe La neige tombe Et le ciel gris Sur ma tête où le toit est pris La nuit. Ou ira l’ombre qui me suit A qui est-elle ? Une étoile où une hirondelle Au coin de la fenêtre La lune Et une femme brune. C’est là Quelqu’un passe et ne me voit pas. Je regarde tourner la grille Et le feu presque éteint qui brille Pour moi seul. Mais là où je m’en vais il fait un froid mortel.

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    S

    Sophie d'Arbouville

    @sophieDarbouville

    L'étoile qui file Petite étoile, au sein des vastes cieux, Toi que suivaient et mon cœur et mes yeux, Toi dont j'aimais la lumière timide, Où t'en vas-tu dans ta course rapide ? Ah ! j'espérais que, dans ce ciel d'azur, Du moins pour toi le repos était sûr. Pourquoi t'enfuir, mon étoile chérie ? Pourquoi quitter le ciel de ma patrie ? Mon cœur connut le bonheur et l'amour : Amour, bonheur, tout n'a duré qu'un jour. Près d'un ami, je cherchai l'espérance... Et mon ami m'oublia dans l'absence ! Le cœur brisé, j'aimais encor les fleurs, Quand je les vis se faner sous mes pleurs ; Au ciel alors, pour n'être plus trahie, J'avais aimé.... l'étoile qui m'oublie ! Adieux à toi, belle étoile du soir ! Adieux à toi, toi, mon dernier espoir !... Errante au ciel comme moi sur la terre, En d'autres lieux va briller ta lumière. Rien n'est constant pour moi que la douleur, Rien ici-bas n'a voulu de mon cœur ; Autour de moi, tout est sombre et se voile, Et tout me fuit... même au ciel, une étoile !

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    Tristan Tzara

    Tristan Tzara

    @tristanTzara

    La face intérieure Alors le feu partit entre les hommes Espagne mère de tous ceux que la terre n’a cessé de mordre depuis que dans la mort ils ont cherché la cruauté de vivre la force du soleil aux poutres des vieux pains II n’y a pas de sourire qui n’ait fondu en sang les cloches se sont tues les yeux écarquillés ce sont des poupées d’horreur qui mettent les enfants au lit l’homme s’est dépouillé de la misère des mots les champs montrent leurs crocs les maisons éteintes celles restées debout dans les linceuls sèchent au soleil disparaissez images de pitié sous les dents dénudées les botes font sonner la monnaie des traîtres… J’aurais eu la clarté pour moi Sur les routes de Joigny au soleil enlacé que suis-je à l’abri d’une apparence en marche onze ans de mort ont passé sur moi et la bruyère n’a pas attendu le prix de sa fougue n’a pas attendu la récompense de son calme pour signifier à la vie les pompes du renouvellement tandis que rêche écorce montagne de rafales j’ai dépassé en course l’immortalité de l’illusion…

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    L'ombre Il lui disait : – Vos chants sont tristes. Qu'avez-vous ? Ange inquiet, quels pleurs mouillent vos yeux si doux ? Pourquoi, pauvre âme tendre, inclinée et fidèle, Comme un jonc que le vent a ployé d'un coup d'aile, Pencher votre beau front assombri par instants ? Il faut vous réjouir, car voici le printemps, Avril, saison dorée, où, parmi les zéphires, Les parfums, les chansons, les baisers, les sourires, Et les charmants propos qu'on dit à demi-voix, L'amour revient aux cœurs comme la feuille aux bois ! – Elle lui répondit de sa voix grave et douce : – Ami, vous êtes fort. Sûr du Dieu qui vous pousse, L'œil fixé sur un but, vous marchez droit et fier, Sans la peur de demain, sans le souci d'hier, Et rien ne peut troubler, pour votre âme ravie, La belle vision qui vous cache la vie. Mais moi je pleure ! – Morne, attachée à vos pas, Atteinte à tous ces coups que vous ne sentez pas, Cœur fait, moins l'espérance, à l'image du vôtre, Je souffre dans ce monde et vous chantez dans l'autre. Tout m'attriste, avenir que je vois à faux jour, Aigreur de la raison qui querelle l'amour, Et l'âcre jalousie alors qu'une autre femme Veut tirer de vos yeux un regard de votre âme, Et le sort qui nous frappe et qui n'est jamais las. Plus le soleil reluit, plus je suis ombre, hélas ! Vous allez, moi je suis ; vous marchez, moi je tremble, Et tandis que, formant mille projets ensemble, Vous semblez ignorer, passant robuste et doux, Tous les angles que fait le monde autour de nous, Je me traîne après vous, pauvre femme blessée. D'un corps resté debout l'ombre est parfois brisée. – Le 5 mars 1839.

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    Evariste de Parny

    Evariste de Parny

    @evaristeDeParny

    Les adieux Séjour triste, asile champêtre, Qu'un charme embellit à mes yeux, Je vous fuis, pour jamais peut-être ! Recevez mes derniers adieux. En vous quittant, mon cœur soupire. Ah ! plus de chansons, plus d'amours. Eléonore !... Oui, pour toujours Près de toi je suspends ma lyre.

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