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Pauvre

11 poésies en cours de vérification
Pauvre

Poésies de la collection pauvre

    Antoine-Vincent Arnault

    Antoine-Vincent Arnault

    @antoineVincentArnault

    Le riche et le pauvre Penses-y deux fois, je t'en prie ; À jeun, mal chaussé, mal vêtu, Pauvre diable ! comment peux-tu Sur un billet de loterie Mettre ainsi ton dernier écu ? C'est par trop manquer de prudence ; Dans l'eau c'est jeter ton argent ; C'est vouloir... — Non dit l'indigent ; C'est acheter de l'espérance.

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    Arthur Rimbaud

    Arthur Rimbaud

    @arthurRimbaud

    Les pauvres à l’église Parqués entre des bancs de chêne, aux coins d’église Qu’attiédit puamment leur souffle, tous leurs yeux Vers le chœur ruisselant d’orrie et la maîtrise Aux vingt gueules gueulant les cantiques pieux ; Comme un parfum de pain humant l’odeur de cire, Heureux, humiliés comme des chiens battus, Les Pauvres au bon Dieu, le patron et le sire, Tendent leurs oremus risibles et têtus. Aux femmes, c’est bien bon de faire des bancs lisses, Après les six jours noirs où Dieu les fait souffrir ! Elles bercent, tordus dans d’étranges pelisses, Des espèces d’enfants qui pleurent à mourir : Leurs seins crasseux dehors, ces mangeuses de soupe, Une prière aux yeux et ne priant jamais, Regardent parader mauvaisement un groupe De gamines avec leurs chapeaux déformés. Dehors, le froid, la faim, l’homme en ribote : C’est bon. Encore une heure ; après, les maux sans noms ! — Cependant, alentour, geint, nasille, chuchote Une collection de vieilles à fanons ; Ces effarés y sont et ces épileptiques Dont on se détournait hier aux carrefours ; Et, fringalant du nez dans des missels antiques Ces aveugles qu’un chien introduit dans les cours. Et tous, bavant la foi mendiante et stupide, Récitent la complainte infinie à Jésus Qui rêve en haut, jauni par le vitrail livide, Loin des maigres mauvais et des méchants pansus, Loin des senteurs de viande et d’étoffes moisies, Farce prostrée et sombre aux gestes repoussants ; — Et l’oraison fleurit d’expressions choisies, Et les mysticités prennent des tons pressants, Quand, des nefs où périt le soleil, plis de soie Banals, sourires verts, les Dames des quartiers Distingués, — ô Jésus ! — les malades du foie Font baiser leurs longs doigts jaunes aux bénitiers. 1871

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    La mort des pauvres C’est la Mort qui console, hélas ! et qui fait vivre ; C’est le but de la vie, et c’est le seul espoir Qui, comme un élixir, nous monte et nous enivre, Et nous donne le cœur de marcher jusqu’au soir ; À travers la tempête, et la neige, et le givre, C’est la clarté vibrante à notre horizon noir ; C’est l’auberge fameuse inscrite sur le livre, Où l’on pourra manger, et dormir, et s’asseoir ; C’est un Ange qui tient dans ses doigts magnétiques Le sommeil et le don des rêves extatiques, Et qui refait le lit des gens pauvres et nus ; C’est la gloire des Dieux, c’est le grenier mystique, C’est la bourse du pauvre et sa patrie antique, C’est le portique ouvert sur les Cieux inconnus !

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Le joujou du pauvre Je veux donner l'idée d'un divertissement innocent. Il y a si peu d'amusements qui ne soient pas coupables ! Quand vous sortirez le matin avec l'intention décidée de flâner sur les grandes routes, remplissez vos poches de petites inventions à un sol, — telles que le polichinelle plat mû par un seul fil, les forgerons qui battent l'enclume, le cavalier et son cheval dont la queue est un sifflet, — et le long des cabarets, au pied des arbres, faites-en hommage aux enfants inconnus et pauvres que vous rencontrerez. Vous verrez leurs yeux s'agrandir démesurément. D'abord ils n'oseront pas prendre ; ils douteront de leur bonheur. Puis leurs mains agripperont vivement le cadeau, et ils s'enfuiront comme font les chats qui vont manger loin de vous le morceau que vous leur avez donné, ayant appris à se défier de l'homme. Sur une route, derrière la grille d'un vaste jardin, au bout duquel apparaissait la blancheur d'un joli château frappé par le soleil, se tenait un enfant beau et frais, habillé de ces vêtements de campagne si pleins de coquetterie. Le luxe, l'insouciance et le spectacle habituel de la richesse, rendent ces enfants-là si jolis, qu'on les croirait faits d'une autre pâte que les enfants de la médiocrité ou de la pauvreté. À côté de lui, gisait sur l'herbe un joujou splendide, aussi frais que son maître, verni, doré, vêtu d'une robe pourpre, et couvert de plumets et de verroteries. Mais l'enfant ne s'occupait pas de son joujou préféré, et voici ce qu'il regardait : De l'autre côté de la grille, sur la route, entre les chardons et les orties, il y avait un autre enfant, sale, chétif, fuligineux, un de ces marmots-parias dont un œil impartial découvrirait la beauté, si, comme l'œil du connaisseur devine une peinture idéale sous un vernis de carrossier, il le nettoyait de la répugnante patine de la misère. À travers ces barreaux symboliques séparant deux mondes, la grande route et le château, l'enfant pauvre montrait à l'enfant riche son propre joujou, que celui-ci examinait avidement comme un objet rare et inconnu. Or, ce joujou, que le petit souillon agaçait, agitait et secouait dans une boîte grillée, c'était un rat vivant ! Les parents, par économie sans doute, avaient tiré le joujou de la vie elle-même. Et les deux enfants se riaient l'un à l'autre fraternellement, avec des dents d'une égale blancheur.

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    Charles Cros

    Charles Cros

    @charlesCros

    Maussaderie À Albert Tinchant. À notre époque froide, on ne fait plus l'amour. Loin des bois endormeurs et loin des femmes nues Les pauvres vont, cherchant ces sommes inconnues Que cachent les banquiers, inquiets nuit et jour. C'était bien bon l'odeur des pains sortant du four, C'était bien beau, dans l'ouest, l'éclat doré des nues, Quand les brumes d'automne étaient déjà venues, Alors qu'on ramenait les boeufs las du labour ! Les aspirations n'étaient pas étouffées, Et dans la ville heureuse on voyait des trophées, On entendait sonner la victoire au tambour. On rêvait d'or, d'azur, de fêtes à la cour, Et du prince Charmant, filleul des belles fées. À notre époque froide, on ne fait plus l'amour !

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    C

    Claude Mermet

    @claudeMermet

    Le riche Le pauvre est en plus haut servage ; Car devenir riche il ne peut ; Mais le riche a cet avantage, De devenir pauvre s'il veut.

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    C

    Claude Mermet

    @claudeMermet

    Un enfant de bonne maison Quand quelque riche fait folie, Le monde dit cela n'est rien ; Mais quand quelque pauvre s'oublie, Croyez qu'on le redresse bien.

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    Germain Nouveau

    Germain Nouveau

    @germainNouveau

    Pauvreté Qui donc fera fleurir toute la pauvreté ? Quand Jésus a quitté le ciel, il l'a quitté Pour une étable ; il est charpentier, il travaille ; Né sur l'or, mais sur l'or mystique de la paille, Entre l'âne et bœuf, l'ignorance et l'erreur, Lui qui pouvait choisir un berceau d'empereur, Qu'aurait ému le pied rieur des chambrières, Préfère une humble crèche où l'ange est en prières ! Certes l'argent est bon, l'or est délicieux, Mais l'un ouvre l'enfer, l'autre ferme les cieux ; L'un sait glacer le cœur, l'autre étouffer les âmes ; L'or met sa clarté louche où l'amour met ses flammes, L'or est un soleil froid ; le soleil chauffe et luit, Car il est fils du ciel ; l'or est fils de la nuit : À pleins bords pour le crime, et rare pour l'aumône, Il coule, et la famille, où sonne son flot jaune, S'écroule au bruit joyeux des pièces de vingt francs ! Et plus ils sont dorés, moins les baisers sont francs. L'or est un mal où l'homme, hélas! cherche un remède. Sitôt qu'il crie et souffre, il l'appelle à son aide, Pour vêtir sa misère et combler avec lui Son cœur vide, et le gouffre amer de son ennui. Grâce à l'argent, le mal trône et rit sur la terre. À son contact banal, quelle âme ne s'altère ? Jésus était-il riche, et Pierre l'était-il ? Une humble barque, ouvrant sa voile de coutil, C'est peu — même en comptant le souffle de la brise, — Cette voile a grandi ; voyez-là, c'est l'Eglise ! Travaillez, c'est la règle, enrichissez-vous, mais Restez pauvres d'esprit. Laissant les fiers sommets, Les lys, pour s'élancer, ont mieux aimé les plaines, Et quant aux dons du ciel : « Aux pauvres les mains pleines. » Dieu ne visite pas le riche orgueilleux, non ! Pauvre, Jésus le lut, ne voulant d'autre nom. Mais Jésus l'est toujours, mais son cri monte encore. Tout pauvre que la lièvre et que la soif dévore, C'est Jésus. Tout petit qui va pieds nus, c'est Lui. Notre ennemi sans pain, est-ce encor Jésus ? Oui. Etre pauvre, avant tout, c'est aimer la sagesse, Et l'on peut l'être même aux bras de la richesse ; Être riche, avant tout, c'est n'aimer que l'argent, Et l'on peut l'être, même en étant indigent ! Être riche d'esprit, désirer, c'est la gêne, C'est river à son pied une bien lourde chaîne ; Être pauvre d'esprit, c'est être libre, Eh bien ! Aimez ha liberté, n'appartenez à rien, Pas même au lit qui s'ouvre à votre échine lasse, Pas même à votre habit : il est au temps qui passe. Toute la pauvreté, disais-je en commençant, La mauvaise richesse, elle est dans notre sang : Elle est dans nos pourpoints, elle est dans notre code Et fait l'opinion, comme elle fait la mode. Ô pauvreté, la France entende votre voix ! France riche d'esprit, beaucoup trop riche en lois ! L'esprit de pauvreté, voilà l'esprit pratique Qui doit ensoleiller la sombre politique ; Le roi. ton noble époux, César, un sombre amant, Sont loin de ta pensée, ô France, en ce moment ! Le front coiffé des plis d'une laine écarlate, La liberté te rit, la liberté te flatte : C'est un ange éclatant qui semble un lutteur noir, Radieux comme l'aube et beau comme le soir, Car il porte, pareil aux séraphins de l'ombre, Un masque étincelant sur son visage sombre. Tu n'as pas peur ? C'est bien. Tu veux le suivre ? Allons. Mais ne va pas saisir les ciseaux des félons, Et du fier inconnu dont tu fus curieuse Sinistrement rogner l'aile mystérieuse. Ne lui mets pas de loi perfide autour du cou. S'il n'est pas une brute, arrière le licou ! Qu'il puisse au grand soleil marcher nu dans l'arène, Et tordre toute chose en sa main souveraine, Et retremper toute âme en sa cuve qui bout. Alors nous pourrons voir qui restera debout, La sagesse divine ou la sagesse humaine, Si c'est le nom obscur que cet ange ramène, Ou le nom lumineux dans chaque étoile écrit, Et si c'est Robespierre ou si c'est Jésus-Christ !

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    M

    Maurice Rollinat

    @mauriceRollinat

    Économie de pauvre « Ça vous surprend que j'fume, et que j'prise, et que j'chique ? Vous vous dit' que pour moi qu'a besoin d'épargner C'est un' trop gross' dépense et qu'ça doit me ruiner ? Mais, j'fais du mêm' tabac trois usag' tabagiques, Mon bout d'carotte, es' pas ? j'ai fini de l' mâcher, I n'a plus d'jus : je l'fais sécher. Alors, j'n'ai plus q'ma pipe à prendre, Et son fourneau lui sert d'étui. Puis, je l'fum' tout lentement, et, quand il est ben cuit, J'le fourr' dans ma queue d'rat, et j'en prise la cendre. Ma chiq' ? C'est provision d'tabac pour mon brûl'gueule Et pour mon nez qu'est pas étroit. Ça fait donc q'la dépens' d'un' seule Me procur' le plaisir des trois ! »

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    Stéphane Mallarmé

    Stéphane Mallarmé

    @stephaneMallarme

    Haine du pauvre Ta guenille nocturne étalant par ses trous Les rousseurs de tes poils et de ta peau, je l'aime Vieux spectre, et c'est pourquoi je te jette vingt sous. Ton front servile et bas n'a pas la fierté blême : Tu comprends que le pauvre est le frère du chien Et ne vas pas drapant ta lésine en poème. Comme un chacal sortant de sa pierre, ô chrétien Tu rampes à plat ventre après qui te bafoue. Vieux, combien par grimace ? et par larme, combien ? Mets à nu ta vieillesse et que la gueuse joue, Lèche, et de mes vingt sous chatouille la vertu. À bas !… — les deux genoux !… — la barbe dans la boue ! Que veut cette médaille idiote, ris-tu ? L'argent brille, le cuivre un jour se vert-de-grise, Et je suis peu dévot et je suis fort têtu, Choisis. — Jetée ? alors, voici ma pièce prise. Serre-la dans tes doigts et pense que tu l'as Parce que j'en tiens trop, ou par simple méprise. — C'est le prix, si tu n'as pas peur, d'un coutelas.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Pour les pauvres Dans vos fêtes d'hiver, riches, heureux du monde, Quand le bal tournoyant de ses feux vous inonde, Quand partout à l'entour de vos pas vous voyez Briller et rayonner cristaux, miroirs, balustres, Candélabres ardents, cercle étoilé des lustres, Et la danse, et la joie au front des conviés ; Tandis qu'un timbre d'or sonnant dans vos demeures Vous change en joyeux chant la voix grave des heures, Oh ! songez-vous parfois que, de faim dévoré Peut-être un indigent dans les carrefours sombres S'arrête, et voit danser vos lumineuses ombres Aux vitres du salon doré ? Songez-vous qu'il est là sous le givre et la neige, Ce père sans travail que la famine assiège ? Et qu'il se dit tout bas : « Pour un seul, que de biens ! À son large festin que d'amis se récrient ! Ce riche est bien heureux, ses enfants lui sourient. Rien que dans leurs jouets, que de pain pour les miens ! » Et puis à votre fête il compare en son âme Son foyer où jamais ne rayonne une flamme, Ses enfants affamés, et leur mère en lambeau, Et sur un peu de paille, étendue et muette, L'aïeule, que l'hiver, hélas ! a déjà faite Assez froide pour le tombeau. Car Dieu mit ses degrés aux fortunes humaines, Les uns vont tout courbés sous le fardeau des peines ; Au banquet du bonheur bien peu sont conviés ; Tous n'y sont point assis également à l'aise, Une loi, qui d'en bas semble injuste et mauvaise, Dit aux uns : Jouissez ! aux autres : ENVIEZ ! Cette pensée est sombre, amère, inexorable, Et fermente en silence, au coeur du misérable. Riches, heureux du jour, qu'endort la volupté, Que ce ne soit pas lui qui des mains vous arrache, Tous ces biens superflus où son regard s'attache ; Oh ! que ce soit la charité ! L'ardente charité, que le pauvre idolâtre ! Mère de ceux pour qui la fortune est marâtre, Qui relève et soutient ceux qu'on foule en passant, Qui, lorsqu'il le faudra, se sacrifiant toute, Comme le Dieu martyr dont elle suit la route, Dira : Buvez, mangez ! c'est ma chair et mon sang ! Que ce soit elle, oh ! oui, riches, que ce soit elle Qui, bijoux, diamants, rubans, hochets, dentelle, Perles, saphirs, joyaux toujours faux, toujours vains, Pour nourrir l'indigent et pour sauver vos âmes, Des bras de vos enfants et du sein de vos femmes Arrache tout à pleines mains ! Donnez, riches ! L'aumône est soeur de la prière, Hélas ! quand un vieillard, sur votre seuil de pierre, Tout roidi par l'hiver, en vain tombe à genoux ; Quand les petits enfants, les mains de froid rougies, Ramassent sous vos pieds les miettes des orgies, La face du Seigneur se détourne de vous. Donnez ! afin que Dieu, qui dote les familles, Donne à vos fils la force, et la grâce à vos filles ; Afin que votre vigne ait toujours un doux fruit ; Afin qu'un blé plus mûr fasse plier vos granges ; Afin d'être meilleurs ; afin de voir les anges Passer dans vos rêves la nuit. Donnez, il vient un jour où la terre nous laisse. Vos aumônes là-haut vous font une richesse, Donnez, afin qu'on dise : Il a pitié de nous ! Afin que l'indigent que glacent les tempêtes, Que le pauvre qui souffre à côté de vos fêtes, Au seuil de vos palais fixe un oeil moins jaloux. Donnez ! pour être aimés du Dieu qui se fit homme, Pour que le méchant même en s'inclinant vous nomme, Pour que votre foyer soit calme et fraternel ; Donnez ! afin qu'un jour, à votre heure dernière, Contre tous vos péchés vous ayez la prière D'un mendiant puissant au ciel. Janvier 1830.

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