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Calme

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Calme

Poésies de la collection calme

    Charles-Augustin Sainte-Beuve

    Charles-Augustin Sainte-Beuve

    @charlesAugustinSainteBeuve

    Le calme Ma muse dort comme une marmotte de mon pays... Comme il vous plaira , ma verve ; ce qu'il y a de sûr, C'est que je ne ferai rien sans vous. Jean-François Ducis. Souvent un grand désir de choses inconnues, D'enlever mon essor aussi haut que les nues, De ressaisir dans l'air des sons évanouis, D'entendre, de chanter mille chants inouïs, Me prend à mon réveil ; et voilà ma pensée Qui, soudain rejetant l'étude commencée, Et du grave travail, la veille interrompu, Détournant le regard comme un enfant repu, Caresse avec transport sa belle fantaisie Et veut partir, voguer en pleine poésie. À l'instant le navire appareille : et d'abord Les câbles sont tirés, les ancres sont à bord, La poulie a crié ; la voile suspendue Ne demande qu'un souffle à la brise attendue, Et sur le pont tremblant tous mes jeunes nochers S'interrogent déjà vers l'horizon penchés. Adieu, rivage, adieu ! — Mais la mer est dormante, Plus dormante qu'un lac ; mieux vaudrait la tourmente ! Mais d'en haut, ce jour-là, nul souffle ne répond ; La voile pend au mât et traîne sur le pont. Debout, croisant les bras, le pilote, à la proue, Contemple cette eau verte où pas un flot ne joue, Et que rasent parfois de leur vol lourd et lent Le cormoran plaintif et le gris goéland. Tout le jour il regarde, inquiet du voyage, S'il verra dans le ciel remuer un nuage, Ou frissonner au vent son beau pavillon d'or ; Et quand tombe la nuit, morne, il regarde encor La quille où s'épaissit une verdâtre écume, Et la pointe du mât qui se perd dans la brume.

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    Charles-Augustin Sainte-Beuve

    Charles-Augustin Sainte-Beuve

    @charlesAugustinSainteBeuve

    Le silence Je ne suis pas de ceux pour qui les causeries, Au coin du feu, l'hiver, ont de grandes douceurs ; Car j'ai pour tous voisins d'intrépides chasseurs Rêvant de chiens dressés, de meutes aguerries, Et des fermiers causant jachères et prairies, Et le juge de paix avec ses vieilles sœurs, Deux revêches beautés parlant de ravisseurs , Portraits comme on en voit sur les tapisseries. Oh ! combien je préfère à ce caquet si vain, Tout le soir, du silence, — un silence sans fin ; Être assis sans penser, sans désir, sans mémoire ; Et, seul, sur mes chenets, m'éclairant aux tisons, Écouter le vent battre, et gémir les cloisons, Et le fagot flamber, et chanter ma bouilloire !

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