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Noël

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Noël

Poésies de la collection noël

    Aimé Césaire

    Aimé Césaire

    @aimeCesaire

    Dit d'errance Tout ce qui jamais fut déchiré en moi s'est déchiré tout ce qui jamais fut mutilé en moi s'est mutilé au milieu de l'assiette de son souffle dénudé le fruit coupé de la lune toujours en allée vers le contour à inventer de l'autre moitié Et pourtant que te reste-t-il du temps ancien à peine peut-être certain sens dans la pluie de la nuit de chauvir ou trembler et quand d'aucuns chantent Noël revenu de songer aux astres égarés voici le jour le plus court de l'année ordre assigné tout est du tout déchu les paroles les visages les songes l'air lui-même s'est envenimé quand une main vers moi s'avance j'en ramène à peine l'idée j'ai bien en tête la saison si lacrimeuse le jour avait un goût d'enfance de chose profonde de muqueuse vers le soleil mal tourné fer contre fer une gare vide où pour prendre rien s'enrouait à vide à toujours geindre le même bras Ciel éclaté courbe écorchée de dos d'esclaves fustigés peine trésorière des alizés grimoire fermé mots oubliés j'interroge mon passé muet Ile de sang de sargasses île morsure de rémora île arrière-rire des cétacés île fin mot de bulle montée île grand cœur déversé haute la plus lointaine la mieux cachée ivre lasse pêcheuse exténuée ivre belle main oiselée île maljointe île disjointe toute île appelle toute île est veuve Bénin Bénin ô pierre d'aigris Ifé qui fut Ouphas une embouchure de Zambèze vers une Ophir sans Albuquerque tendrons-nous toujours les bras ? jadis ô déchiré Elle pièce par morceau rassembla son dépecé et les quatorze morceaux s'assirent triomphants dans les rayons du soir. J'ai inventé un culte secret mon soleil est celui que toujours on attend le plus beau des soleils est le soleil nocturne Corps féminin île retournée corps féminin bien nolisé corps féminin écume-né corps féminin île retrouvée et qui jamais assez ne s'emporte qu'au ciel il n'emporte ô nuit renonculée un secret de polypier corps féminin marche de palmier par le soleil d'un nid coiffé où le phénix meurt et renaît nous sommes âmes de bon parage corps nocturnes vifs de lignage arbres fidèles vin jaillissant moi sibylle flébilant. Eaux figées de mes enfances où les avirons à peine s'enfoncèrent millions d'oiseaux de mes enfances où fut jamais l'île parfumée de grands soleils illuminée la saison l'aire tant délicieuse l'année pavée de pierres précieuses ? Aux crises des zones écartelé en plein cri mélange ténébreux j'ai vu un oiseau mâle sombrer la pierre dans son front s'est fichée je regarde le plus bas de l'année Corps souillé d'ordure savamment mué espace vent de foi mentie espace faux orgueil planétaire lent rustique prince diamantaire serais-je jouet de nigromance ? Or mieux qu'Antilia ni que Brazil pierre milliaire dans la distance épée d'une flamme qui me bourrelle j'abats les arbres du Paradis

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    A

    Amable Tastu

    @amableTastu

    La veille de Noël Entre mes doigts guide ce lin docile, Pour mon enfant tourne, léger fuseau; Seul tu soutiens sa vie encore débile, Tourne sans bruit auprès de son berceau. Les entends-tu, chaste Reine des anges ; Ces tintements de l'airain solennel? Le peuple en foute entourant ton autel, Avec amour répète tes louanges. Pour mon enfant tourne, léger fuseau, Tourne sans bruit auprès de son berceau. Si je ne puis unir aux saints mystères Des vœux offerts sous les sacrés parvis, Si le devoir me retient près d'un fils, Prête l'oreille à mes chants solitaires. Pour mon enfant tourne, léger fuseau, Tourne sans bruit auprès de son berceau. Porte des cieux, Vase élu, Vierge sainte, Toi qui du monde enfantas le Sauveur, Pardonne, hélas ! trahissant ma ferveur, L'hymne pieux devient un chant de plainte. Pour mon enfant tourne, léger fuseau, Tourne sans bruit auprès de son berceau. Le monde entier m'oublie et me délaisse ; Je n'ai connu que d'éternels soucis: Vierge sacrée, au moins donne à mon fils Tout le bonheur qu'espérait ma jeunesse! Pour mon enfant tourne, léger fuseau, Tourne sans bruit auprès de son berceau. Paisible, il dort du sommeil de son âge, Sans pressentir mes douloureux tourments. Reine du ciel, accorde-lui longtemps Ce doux repos, qui n'est plus mon partage! Pour mon enfant tourne, léger fuseau, Tourne sans bruit auprès de son berceau. Tendre arbrisseau menacé par l'orage, Privé d'un père, où sera ton appui? A ta faiblesse il ne reste aujourd'hui Que mon amour, mes soins et mon courage. Pour mon enfant tourne, léger fuseau, Tourne sans bruit auprès de son berceau. Mère du Dieu que le chrétien révère, Ma faible voix s'anime en t'implorant; Ton divin fils est né pauvre et souffrant: Ah! prends pitié des larmes d'une mère! Pour mon enfant tourne, léger fuseau, Tourne sans bruit auprès de son berceau. Des pas nombreux font retentir la ville; Ce bruit confus, s'éloignant par degrés, M'apprend la fin des cantiques sacrés. J'écoute encore... déjà tout est tranquille. Pour mon enfant tourne, léger fuseau, Tourne sans bruit auprès de son berceau. Tout dort, hélas ! je travaille et je veille; La paix des nuits ne ferme plus mes yeux. Permets du moins, appui des malheureux, Que ma douleur jusqu'au matin sommeille! Pour mon enfant tourne, léger fuseau, Tourne sans bruit auprès de son berceau. Mais non, rejette, ô divine Espérance! Ces lâches vœux, vains murmures du cœur ; Je veux bénir cette longue souffrance, Gage certain d'un immortel bonheur. Entre mes doigts guide ce lin docile, Pour mon enfant tourne, léger fuseau; Seul tu soutiens sa vie encore débile; Tourne sans bruit auprès de son berceau.

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    A

    Amable Tastu

    @amableTastu

    Le dernier jour de l'année Déjà la rapide journée Fait place aux heures du sommeil, Et du dernier fils de Vannée S'est enfui le dernier soleil. Près du foyer, seule, inactive, Livrée aux souvenirs puissants, Ma pensée erre, fugitive, Des jours passés aux jours présents. Ma vue, au hasard arrêtée, Longtemps de la flamme agitée Suit les caprices éclatants, Ou s'attache à l'acier mobile Qui compte sur l'émail fragile Les pas silencieux du temps. Un pas encore, encore une heure, Et l'année aura sans retour Atteint sa dernière demeure; L'aiguille aura fini son tour. Pourquoi, de mon regard avide, La poursuivre ainsi tristement, Quand je ne puis d'un seul moment Retarder sa marche rapide? Du temps qui vient de s'écouler, Si quelques jours pouvaient renaître, II n'en est pas un seul, peut-être, Que ma voix daignât rappeler! Mais des ans la fuite m'étonne; Leurs adieux oppressent mon cœur; Je dis : C'est encore une fleur Que l'âge enlève à ma couronne, Et livre au torrent destructeur; C'est une ombre ajoutée à l'ombre Qui déjà s'étend sur mes jours ; Un printemps retranché du nombre De ceux dont je verrai le cours! Écoutons!... Le timbre sonore Lentement frémit douze fois; Il se tait... Je l'écoute encore, Et l'année expire à sa voix. C'en est fait ; en vain je l'appelle, Adieu!... Salut, sa sœur nouvelle, Salut ! Quels dons chargent ta main? Quel bien nous apporte ton aile? Quels beaux jours dorment dans ton sein? Que dis-je ! à mon âme tremblante Ne révèle point tes secrets : D'espoir, de jeunesse, d'attraits, Aujourd'hui tu parais brillante; Et ta course insensible et lente Peut-être amène les regrets! Ainsi chaque soleil se lève Témoin de nos vœux insensés; Ainsi toujours son cours s'achève, En entraînant comme un vain rêve, Nos vœux déçus et dispersés. Mais l'espérance fantastique, Répandant sa clarté magique Dans la nuit du sombre avenir, Nous guide d'année en année, Jusqu'à l'aurore fortunée Du jour qui ne doit pas finir.

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    Armand Silvestre

    Armand Silvestre

    @armandSilvestre

    Noël d’amour Noël ! — En voyant, dans ses langes L’enfant radieux que tu fus, On m’a raconté que les anges Ont cru voir renaître Jésus. De l’azur déchirant les toiles, Ils volèrent du fond des cieux, A leur front portant des étoiles, Des fleurs dans leurs bras gracieux.

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    Clement Clarke Moore

    Clement Clarke Moore

    @clementClarkeMoore

    Joyeux Noël à tous C'était la nuit de Noël, un peu avant minuit, À l'heure où tout est calme, même les souris. On avait pendu nos bas devant la cheminée, Pour que le Père Noël les trouve dès son arrivée. Blottis bien au chaud dans leurs petits lits, Les enfants sages s'étaient déjà endormis. Maman et moi, dans nos chemises de nuit, Venions à peine de souffler la bougie, Quand au dehors, un bruit de clochettes, Me fit sortir d'un coup de sous ma couette.

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    Clement Clarke Moore

    Clement Clarke Moore

    @clementClarkeMoore

    La nuit avant Noël C’était la nuit de Noël, un peu avant minuit, À l’heure où tout est calme, même les souris. On avait pendu nos bas devant la cheminée, Pour que le Père Noël les trouve dès son arrivée. Blottis bien au chaud dans leurs petits lits, Les enfants sages s’étaient déjà endormis. Maman et moi, dans nos chemises de nuit, Venions à peine de souffler la bougie, Quand au dehors, un bruit de clochettes, Me fit sortir d’un coup de sous ma couette. Filant comme une flèche vers la fenêtre, Je scrutais tout là-haut le ciel étoilé. Au-dessus de la neige, la lune étincelante, Illuminait la nuit comme si c’était le jour. Je n’en crus pas mes yeux quand apparut au loin, Un traîneau et huit rennes pas plus gros que le poing, Dirigés par un petit personnage enjoué : C’était le Père Noël je le savais. Ses coursiers volaient comme s’ils avaient des ailes. Et lui chantait, afin de les encourager : « Allez Tornade !, Allez Danseur ! Allez Furie et Fringuant ! En avant Comète et Cupidon ! Allez Eclair et Tonnerre ! Tout droit vers ce porche, Tout droit vers ce mur ! Au galop au galop mes amis ! Au triple galop ! » Pareils aux feuilles mortes, emportées par le vent, Qui montent vers le ciel pour franchir les obstacles, Les coursiers s’envolèrent, jusqu’au-dessus de ma tête, Avec le traîneau, les jouets et même le Père Noël. Peu après j’entendis résonner sur le toit Le piétinement fougueux de leurs petits sabots. Une fois la fenêtre refermée, je me retournais, Juste quand le Père Noël sortait de la cheminée. Son habit de fourrure, ses bottes et son bonnet, Étaient un peu salis par la cendre et la suie. Jeté sur son épaule, un sac plein de jouets, Lui donnait l’air d’un bien curieux marchand. Il avait des joues roses, des fossettes charmantes, Un nez comme une cerise et des yeux pétillants, Une petite bouche qui souriait tout le temps, Et une très grande barbe d’un blanc vraiment immaculé. De sa pipe allumée coincée entre ses dents, Montaient en tourbillons des volutes de fumée. Il avait le visage épanoui, et son ventre tout rond Sautait quand il riait, comme un petit ballon. Il était si dodu, si joufflu, cet espiègle lutin, Que je me mis malgré moi à rire derrière ma main. Mais d’un clin d’œil et d’un signe de la tête, Il me fit comprendre que je ne risquais rien. Puis sans dire un mot, car il était pressé, Se hâta de remplir les bas, jusqu’au dernier, Et me salua d’un doigt posé sur l’aile du nez, Avant de disparaître dans la cheminée. Je l’entendis ensuite siffler son bel équipage. Ensemble ils s’envolèrent comme une plume au vent. Avant de disparaître le Père Noël cria : « Joyeux Noël à tous et à tous une bonne nuit »

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    Clément Marot

    Clément Marot

    @clementMarot

    Du jour de Noël Or est Noël venu son petit trac, Sus donc aux champs, bergères de respec : Prenons chacun panetière et bissac, Flûte, flageol, cornemuse et rebec. Ores n'est pas temps de clore le bec, Chantons, sautons, et dansons rie à rie : Puis allons voir l'enfant au pauvre nie, Tant exalté d'Hélie, aussi d'Enoc, Et adoré de maint grand roi et duc. S'on nous dit nac, il faudra dire noc : Chantons Noël, tant au soir qu'au déjuc. Colin, Georget, et toi Margot du Clac, Ecoute un peu, et ne dors plus illec. N'a pas longtemps, sommeillant près d'un lac, Me fut avis qu'en ce grand chemin sec Un jeune enfant se combattait avec Un grand serpent, et dangereux aspic : Mais l'enfantcau, en moins de dire pic, D'une grand croix lui donna si grand choc Qu'il l'abattit, et lui cassa le suc. Garde n'avait de dire en ce défroc : Chantons Noël tant au soir qu'au déjuc. Quand je l'ouïs frapper et tic et tac, Et lui donner si merveilleux échec, L'ange me dit, d'un joyeux estomac: "Chante Noël, en français ou en grec, Et de chagrin ne donne plus un zec, Car le serpent a été pris au bric. " Lors m'éveillai, et comme fantastic Tous mes troupeaux je laissai près un roc. Si m'en allai plus fier qu'un archiduc En Bethléem. Robin, Gautier et Roch, Chantons Noël tant au soir qu'au déjuc. ENVOI Prince dévot, souverain catholiq , Sa maison n'est de pierre ne de bric. Car tous les vents y soufflent à grand floc : Et qu'ainsi soit, demandez à saint Luc. Sus donc avant, pendons souci au croc, Chantons Noël tant au soir qu'au déjuc.

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    Edmond Rostand

    Edmond Rostand

    @edmondRostand

    Ballade de la nouvelle année O bon jour de l'an de demain matin, Pour chacun de nous qui vivons sans trêve Apporte la fleur, l'objet, le pantin Qui fait oublier l'existence brève : Ève pour Adam, la pomme pour Ève, La noix de coco pour le sapajou, La rime au rimeur dont le vers s'achève… Il faut à chacun donner son joujou. Donne un papillon aux touffes de thym Et des goélands au cap de la Hève ; Le touriste anglais au Napolitain ; Au duc de Nemours Madame de Clève ; Au vieillard un songe, au jeune homme un rêve ; Donne un livre au sage, un tambour au fou, Un élève au maître, un maître à l'élève… Il faut à chacun donner son joujou. Dans l'obscur gâteau qu'on nomme scrutin Fais l'ambitieux découvrir la fève ; Donne un beau suiveur au petit trottin ; A ce vieux monsieur dont l'espoir endève Donne l'habit vert orné de son glaive ; La carte au joueur et l'or au grigou ; A moi, jeune auteur, le rideau qu'on lève… Il faut à chacun donner son joujou.

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    Edmond Rostand

    Edmond Rostand

    @edmondRostand

    Les rois mages Ils perdirent l'étoile, un soir; pourquoi perd-on L'étoile? Pour l'avoir parfois trop regardée, Les deux rois blancs, étant des savants de Chaldée, Tracèrent sur le sol des cercles au bâton. Ils firent des calculs, grattèrent leur menton, Mais l'étoile avait fui, comme fuit une idée. Et ces hommes dont l'âme eût soif d'être guidée Pleurèrent, en dressant des tentes de coton. Mais le pauvre Roi noir, méprisé des deux autres, Se dit "Pensons aux soifs qui ne sont pas les nôtres, Il faut donner quand même à boire aux animaux." Et, tandis qu'il tenait son seau d'eau par son anse, Dans l'humble rond de ciel où buvaient les chameaux Il vit l'étoile d'or, qui dansait en silence.

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    L’aumône de Noël La messe nocturne est dite. Que d’étoiles dans le ciel ! Comme il gèle ! Rentrons vite. La rude nuit de Noël ! Chacun du froid se protège En fermant porte et rideaux. Sous leurs capuchons de neige Les maisons font le gros dos. On se couche avec angoisse Dans les lits mal bassinés. Les vitraux de la paroisse Ne sont pas illuminés. Tout dort. Qu’il est solitaire, Le hameau silencieux ! Les astres, avec mystère, Ont l’air de cligner des yeux. Mais, chut ! L’ange va descendre Des profondeurs du ciel noir. Tous les enfants dans la cendre Ont mis leurs souliers, ce soir. Comme les autres années, Il vient, lumineux et doux, Jeter par les cheminées Cadeaux, bonbons et joujoux.

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    L’étoile des bergers Quand dans la froide nuit, au ciel Dont les champs infinis s’azurent, Passa l’étoile de Noël, De pauvres bergers l’aperçurent. Laissant là chèvres et moutons, Prenant crosses et sacs de toile, Ils dirent aussitôt: Partons! Et suivirent l’errante étoile. Les autres, amis du repos, Les prudents et les économes, Rirent, en gardant leurs troupeaux, De la démence de ces hommes. Quand ils revinrent, étonnés, Contant, comme un fait véritable Que l’astre les avait menés Voir un enfant dans une étable, Des voleurs avaient, à ces fous, Pendant leur absence funeste, Pris bien des brebis, et les loups Dévoraient déjà tout le reste ; Et l’on se moqua beaucoup d’eux : « Garder son bien, voilà l’utile! Pourquoi donc courir, hasardeux, Après une étoile qui file?» Mais souffrir et n’avoir plus rien Contentait ces humbles apôtres; Le peu qui leur restait de bien, Ce fut pour le donner aux autres. Fidèles au divin signal Qu’ils avaient suivi sans rien dire, Ils rendaient le bien pour le mal Et pour outrage un sourire. La nuit, près du fleuve, en secret, Ils chantaient en chœur, sous les saules, Et quand un agneau s’égarait, Ils le portaient sur leurs épaules; Bons, ils pardonnaient au méchant Et par un merveilleux mystère, Ils absolvaient, en les touchant, Tous les pécheurs de cette terre. Et les autres bergers, pleins d’or, Dont l’avarice méprisable Creusait, pour y mettre un trésor, Des trous dans la chaleur du sable, Avaient des haines d’envieux Pour ces pauvres de sainte mine Qui gardaient au fond de leurs yeux Un peu de l’étoile divine.

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    François Villon

    François Villon

    @francoisVillon

    Ballade des proverbes Tant gratte chèvre que mal gît, Tant va le pot à l'eau qu'il brise, Tant chauffe-on le fer qu'il rougit, Tant le maille-on qu'il se débrise, Tant vaut l'homme comme on le prise, Tant s'élogne-il qu'il n'en souvient, Tant mauvais est qu'on le déprise, Tant crie-t'on Noël qu'il vient. Tant parle-on qu'on se contredit, Tant vaut bon bruit que grâce acquise, Tant promet-on qu'on s'en dédit, Tant prie-on que chose est acquise, Tant plus est chère et plus est quise, Tant la quiert-on qu'on y parvient, Tant plus commune et moins requise, Tant crie-t'on Noël qu'il vient.

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    G. K. Chesterton

    G. K. Chesterton

    @gKChesterton

    Le Christ-Enfant Le Christ-enfant s'étendent sur le sein de Mary Ses cheveux étaient comme un tenir le premier rôle. (La poupe et l'adresse d'O sont les rois, Mais ici les coeurs vrais sont.) Le Christ-enfant s'étendent sur le coeur de Mary, Ses cheveux étaient comme un feu. (O las, las est le monde, Mais ici le désir du monde.) Le Christ-enfant s'est tenu sur le genou de Mary, Ses cheveux étaient comme une couronne, Et toutes fleurs ont regardé vers le haut lui, Et tout tient le premier rôle regardé vers le bas.

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    G

    Gabriel Vicaire

    @gabrielVicaire

    Noël breton I Un bruit s’est répandu dans la Basse-Bretagne. On dit que l’Enfant-Dieu vient de naître, et soudain Tout s’émeut de la mer à la noire montagne: L’un a quitté sa barque et l’autre son jardin. Que de gens! Pour mieux voir l’aurore qui se lève, ll en vient de la lande, il en vient de partout, Et l’on dirait que tous, après un mauvais rêve, En plein ciel étoilé s’éveillent tout à coup. Le penn-bas à la main pour soutenir sa marche, Un pêcheur au cheveux de neige est en avant. Jeunes gens, hommes faits suivent le patriarche Et reprennent en choeur son cantique fervent. Bas rouges, robe noire et châle des dimanches, Les femmes bravement leur emboîtent le pas; Et c’est au loin comme une mer de coiffes blanches. Un flot qui toujours roule et qui n’est jamais las. Fillettes au regard étonné, bonnes vieilles, Il en est de tout âge et de toute couleur. C’est le bourdonnement d’une ruche d’abeilles Sous un soleil d’été, dans le courtil en fleur. Et derrière, mon Dieu, que d’êtres en guenilles Au visage dolent et pourtant guilleret! Des boiteux dans l’azur agitent leurs béquilles, Des ivrognes font halte au premier cabaret. II O chrétiens qui rêvez, en plein péché peut-être, Aux périssables biens qu’on acquiert en passant, Voyez donc quel palais a choisi, pour y naître, L’unique, le grand Roi, le Seigneur tout-puissant. Regardez, bonnes gens. Ce n’est qu’une humble crèche Où la mère et l’enfant sont blottis dans le foin. Un boeuf est là, soufflant de son haleine fraîche, Un petit âne roux fait hi-han dans un coin. Pauvre hutte branlante et que rien ne protège, Sait-elle seulement qui lui vient aujourd’hui? Par l’étroite lucarne, où frissonne la neige, Le vent du Nord tempête et hurle, il est chez lui. Mais toute jeune est l’accouchée et toute blonde. Son visage de fleur sourit divinement. Le poupon qu’elle allaite est le Maître du monde, Elle le berce, heureuse, avec un tremblement. Et la mer au dehors, la grande mer s’arrête. Recueillie et craintive, elle a l’air d’écouter, Au fond du ciel éclate un cantique de fête; Tous les anges de Dieu se sont mis à chanter. III Nos gens sont arrivés bien las. Que leur importe? Voici l’heure adorable et le divin moment. «Laissez, mes bons amis, vos penn-bas à la porte, Dit Joseph, vous aurez bientôt contentement.» Et la Vierge a souri, plus belle que l’aurore, L’entant s’est éveillé, tendant ses petits bras. Ah! bien abandonné qui souffrirait encore! Plus d’un tremble la fièvre et ne s’en doute pas. Mais quel grand souffle emplit la chétive demeure? Le biniou prélude. O Dieu, la douce voix? C’est, sous le triste ciel, la Bretagne qui pleure, La Bretagne qui pleure et qui chante à la fois. Nos commères pourtant ont le coeur bien à l’aise; Laquelle ne voudrait toucher le nouveau-né? Elles ouvrent des yeux grands comme une fournaise, Se disent l’une à l’autre: «Oh! oh! oh! ma iné.» Elles sont à genoux. Leurs larmes fendent l’âme. Toute mouillée encor, s’envole une chanson. Faut-il pas attendrir la bonne chère dame Et faire rire un peu le joli nourrisson? Déjà, grâce aux pêcheurs, frétillent sur la paille De beaux poissons d’argent avec des reflets bleus. Que ce homard a l’air terrible, et quelle taille! Le turbot sans pareil, le bar miraculeux? Et voici qu’un lait pur écume dans les jattes. On allume le feu: c’est pour la soupe aux choux. Il suffit d’un instant pour griller les patates. Vive les crêpes d’or avec le cidre doux! La longue Zéphyrine apporte un pot de beurre, Et choit tout de son long, si grand est son émoi; En fait de goutte, Aimée eût toujours la meilleure, Francine offre son coeur et c’est assez, ma foi. Mais le plus beau de tout, c’est le petit navire Que bien dévotement présentent les gamins; L’Enfant-Dieu s’émerveille à ce bateau qui vire, Il rit, en regardant sa mère, et bat des mains. Seul, monsieur du Jacquot, seigneur plein de prudence, Reste majestueux. Qui pourrait le troubler? Cependant il salue, et, par condescendance, Il a caressé l’âne avant de s’en aller.

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    G

    Gaston Couté

    @gastonCoute

    Les oies inquiètes Les oies qui traînent dans le bourg Ainsi que des commères grasses Colportant les potins du jour, En troupeaux inquiets s’amassent. Un gros jars qui marche devant Allonge le cou dans la brume Et frissonne au souffle du vent De Noël qui gonfle ses plumes… Noël ! Noël ! Est-ce au ciel Neige folle Qui dégringole, Ou fin duvet d’oie Qui vole. Leur petit œil rond hébété A beau s’ouvrir sans trop comprendre Sur la très blanche immensité D’où le bon Noël va descendre, A la tournure du ciel froid, Aux allures des gens qui causent, Les oies sentent, pleines d’effroi, Qu’il doit se passer quelque chose. Les flocons pâles de Noël – Papillons de l’Hiver qui trône – Comme des présages cruels S’agitent devant leur bec jaune, Et, sous leur plume, un frisson court Qui, jusque dans leur chair se coule. L’heure n’est guère aux calembours, Mais les oies ont la chair de poule.

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    Guillaume Apollinaire

    Guillaume Apollinaire

    @guillaumeApollinaire

    Les sapins Les sapins en bonnets pointus De longues robes revêtus Comme des astrologues Saluent leurs frères abattus Les bateaux qui sur le Rhin voguent Dans les sept arts endoctrinés Par les vieux sapins leurs aînés Qui sont de grands poètes Ils se savent prédestinés À briller plus que des planètes À briller doucement changés En étoiles et enneigés Aux Noëls bienheureuses Fêtes des sapins ensongés Aux longues branches langoureuses Les sapins beaux musiciens Chantent des noëls anciens Au vent des soirs d’automne Ou bien graves magiciens Incantent le ciel quand il tonne Des rangées de blancs chérubins Remplacent l’hiver les sapins Et balancent leurs ailes L’été ce sont de grands rabbins Ou bien de vieilles demoiselles Sapins médecins divaguants Ils vont offrant leurs bons onguents Quand la montagne accouche De temps en temps sous l’ouragan Un vieux sapin geint et se couche

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    Gustave Nadaud

    Gustave Nadaud

    @gustaveNadaud

    La bûche de Noël Noël ! la bûche est allumée ! Et je suis seul, chez moi, la nuit. Causons avec le feu, sans bruit, Porte fermée. Il peut trouver longs mes discours ; Moi, j'estime les siens trop courts. Noël ! la bûche est allumée ! Noël ! la bûche est allumée ! Ô bûche de Noël, es-tu Le rameau d'un cèdre abattu Dans l'Idumée ? Mais non ; je sais bien qu'autrefois Tu fus un chêne dans les bois. Noël ! la bûche est allumée ! Noël ! la bûche est allumée ! Parle-moi de nos jours heureux : Tu descends des coteaux ombreux, Tout embaumée, Apportant dans notre cité Les parfums du dernier été. Noël ! la bûche est allumée ! Noël ! la bûche est allumée ! As-tu vu des amants s'asseoir En attendant l'heure du soir Accoutumée ? Chut ! on entend un bruit de pas... Non : c'est un cerf qui fuit là-bas. Noël ! la bûche est allumée ! Noël ! la bûche est allumée ! Viendrais-tu pas de la forêt Où, sans se perdre, s'égarait Ma bien-aimée ? Les vieux chênes reverdiront, La mousse au pied, la feuille au front. Noël ! la bûche est allumée ! Noël ! la bûche est allumée ! Mais toi, tes destins vont finir : Allez, bonheur et souvenir, Cendre et fumée. Adieu, ma bûche de Noël : Tout rentre en terre ou monte au ciel. Noël ! la bûche est consumée !

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    Guy de Maupassant

    Guy de Maupassant

    @guyDeMaupassant

    Nuit de neige La grande plaine est blanche, immobile et sans voix. Pas un bruit, pas un son ; toute vie est éteinte. Mais on entend parfois, comme une morne plainte, Quelque chien sans abri qui hurle au coin d’un bois. Plus de chansons dans l’air, sous nos pieds plus de chaumes. L’hiver s’est abattu sur toute floraison ; Des arbres dépouillés dressent à l’horizon Leurs squelettes blanchis ainsi que des fantômes. La lune est large et pâle et semble se hâter. On dirait qu’elle a froid dans le grand ciel austère. De son morne regard elle parcourt la terre, Et, voyant tout désert, s’empresse à nous quitter. Et froids tombent sur nous les rayons qu’elle darde, Fantastiques lueurs qu’elle s’en va semant ; Et la neige s’éclaire au loin, sinistrement, Aux étranges reflets de la clarté blafarde. Oh ! la terrible nuit pour les petits oiseaux ! Un vent glacé frissonne et court par les allées ; Eux, n’ayant plus l’asile ombragé des berceaux, Ne peuvent pas dormir sur leurs pattes gelées. Dans les grands arbres nus que couvre le verglas Ils sont là, tout tremblants, sans rien qui les protège ; De leur oeil inquiet ils regardent la neige, Attendant jusqu’au jour la nuit qui ne vient pas.

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    H

    Henri Pichette

    @henriPichette

    Ode à la neige Par un jour de grisaille aux vapeurs violâtres ou quelquefois même (j’ai vu) par un ciel terre de Sienne elle papillonne blanc, plus blanc que les piérides blanches qui volettent en avril comme fiévreusement, à moins que ce ne soit frileusement autour de roses couleur d’âtre météore qui touche ma manche de ratine, y posant des cristaux à six branches sous mes yeux d’étincelles pluie de plumes de mouettes muettes recouvrant la plaine déshéritée emmantelant la forêt squelettique épaisse, assoupissante et ensevelissante blanche telle une belle absence de parole blanche autant qu’absolue dans un silence d’œil qui rêve l’éternité blanche neige neigée tellement soleillée que d’un blanc aveuglant et brûlante ! moelle de diamant neiges du Harfang aux iris jaunes d’or et ventre blanc pur de la Panthère des neiges de quel oiseau fléché fuyant à travers ciel ce pointillé de sang sur la neige vierge ? regardez, par delà cette grille givrée d’innocentes hermines dorment tout de leur long sur les bras des croix alors qu’à l’intérieur l’enfant le front appuyé à la vitre pour jouer fait de la buée, dehors chaque flocon éclate une petite larme qui roule en bas du carreau où le mastic est vieux comme la maison Et tout là-bas (à l’heure de mon cœur qui bat tout bas) quelqu’un contemple la rencontre de la neige floconneuse, innombrable avec la mer formidable, comme de plomb, glauque 1955

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    Henri-Frédéric Amiel

    Henri-Frédéric Amiel

    @henriFredericAmiel

    Un Noël d'Allemagne Enfants et fleurs, vous, grâce de la vie, Calices purs d'innocence et d'amour, Voici Noël ! Noël tous nous convie, Mais vous surtout êtes rois en ce jour. Au ciel, enfants, dérobez son sourire, Fleurs, à la terre empruntez vos couleurs ; Notre allégresse auprès de vous s'inspire, Enfants et fleurs ! Enfants et fleurs, ô suave rosée, D'un Dieu clément envoi mystérieux, Vous ignorez pour toute âme embrasée Quelle fraîcheur vous distillez des cieux ! Un vent plus doux vient caresser la lyre, Du cœur blessé vous calmez les douleurs ; Tout reverdit à votre aimable empire, Enfants et fleurs !

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    Henri-Frédéric Amiel

    Henri-Frédéric Amiel

    @henriFredericAmiel

    Nativité Plus brillant que la promesse, Est-ce vous, mon bel Agneau, Que des deux mains je caresse Sous cet auvent de roseaux? Est-ce vous le roi du monde? Je n’ai rien pour vous vêtir, Que la douceur qui m’inonde, En vous regardant dormir. Quand je vous sens solitaire, Et si nu sur cette terre, Fragile, craintif et froid, Ma pauvreté me fait honte : Mais pour vous garder, je compte Plutôt sur Dieu que sur moi.

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    H

    Henry Wadsworth Longfellow

    @henryWadsworthLongfellow

    Les trois Rois Trois rois sont venus équitation de lointain, Melchior et Gaspar et Baltasar ; Trois hommes sages hors de l'est étaient eux, Et ils ont voyagé par nuit et ils ont dormi par jour, Pour leur guide était un beau, merveilleux tient le premier rôle. Le tenir le premier rôle était si beau, grand et clair, Que tout autre tient le premier rôle du ciel Est devenue une brume blanche dans l'atmosphère, Et par ceci ils ont su que venir était près Du prince prévu dans la prophétie. Trois cercueils ils ont concerné le leur seller-cintre, Trois cercueils d'or avec des clefs d'or ; Leurs robes longues étaient de soie cramoisie avec des rangées Des cloches et les grenades et les furbelows, Leurs turbans aiment les amande-arbres de floraison. Et ainsi les trois rois sont montés dans l'ouest, Par le crépuscule de la nuit, de la colline finie et du vallon, Et parfois ils ont incliné la tête avec la barbe sur le sein, Et parfois parlé, comme ils ont fait une pause pour se reposer, Avec le peuple ils se sont bien réunis à un certain bord de la route. « De l'enfant qui naît, » a dit Baltasar, Les « bonnes gens, je vous prie, nous dis les nouvelles ; Pour nous dans l'est avons vu le sien tenir le premier rôle, Et sont montés rapidement, et sont montés loin, Pour trouver et adorer le roi des juifs. « Et les personnes répondues, « vous demandez en vain ; Nous savons sans roi mais Herod le grand ! « Ils ont pensé que les hommes sages étaient des hommes aliénés, Comme ils ont stimulé leurs chevaux à travers la plaine, Comme des cavaliers dans la rapidité, qui ne peut pas attendre. Et quand ils sont venus à Jérusalem, Herod le grand, qui avait entendu cette chose, Envoyé pour les hommes sages et interrogé leur ; Et dit, « aller vers le bas à Bethlehem, Et m'apporter les tidings de ce nouveau roi. « Ainsi ils sont montés loin ; et le tenir le premier rôle se tenait toujours, Le seul dans le gris du matin ; Oui, il s'est arrêté --il se tenait toujours de sa propre volonté libre, Bethlehem fini droit sur la colline, La ville de David, où le Christ est né. Et les trois rois sont montés par la porte et la garde, Par la rue silencieuse, jusqu'à ce que leurs chevaux aient tourné Et henni comme ils sont entrés dans le grand auberge-yard ; Mais les fenêtres étaient fermées, et les portes ont été barrées, Et seulement une lumière dans le stable brûlé. Et bercé là dans le foin parfumé, Dans le ciel rendu doux par le souffle du kine, Le petit enfant dans la configuration de mangeoire, L'enfant, celui serait roi pendant un jour D'un humain de royaume pas, mais deviner. Sa mère Mary de Nazareth Observation reposée près de son endroit du repos, Observant même l'écoulement de son souffle, Pour la joie de la vie et la terreur de la mort Ont été mélangés ensemble dans son sein. Ils ont étendu leurs offres à ses pieds : L'or était leur hommage à un roi, L'encens, avec son bonbon à odeur, Était pour le prêtre, le Paraclete, La myrrhe pour le corps enterrant. Et la mère s'est demandée et a cintré sa tête, Et reposé aussi toujours comme statue de pierre, Son coeur a été préoccupé pourtant soulagé, Se rappelant ce que l'ange avait indiqué D'un règne sans fin et du trône de David. Alors les rois sont montés hors de la porte de ville, Avec un cliquetis des hoofs dans la rangée fière ; Mais ils sont allés pas de nouveau à Herod le grand, Pour eux ont su sa méchanceté et ont craint sa haine, Et retourné à leurs maisons par une autre manière.

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    H

    Honoré Harmand

    @honoreHarmand

    La bûche de Noël Il me faut, pour fêter Noël Mettre pour vous mon grain de sel. Laissant le bon pain dans la huche Je vais vous servir une bûche. Je commencerai par Papa Qui jamais, lui, ne se frappa. Pourvu qu'il ait cidre qui mousse Et vas-y comme je te pousse. Un guignon de pain bien beurré, Son estomac rempli, bourré De son bonheur voilà la cause ; Il voit ainsi la vie en rose. Ne doit-il pas son teint rosé A son café bien arrosé. Maman, sous un dehors sévère Est, quand même une bonne mère. Son coeur est plein de sentiment En dépit de fichus moments. Lorsqu'elle crie on sait d'avance Qu'elle signale sa présence Et l'on serait fort étonné Qu'elle y pense, le dos tourné. Mon cher et tendre époux Etienne S'en moque pourvu qu'il parvienne A ramasser beaucoup d'argent. Comme lui sont des tas de gens. C'est un défaut très raisonnable Que le travail soit profitable. Comme c'est sa fête aujourd'hui Je suis bien d'accord avec lui. Mais parlons un peu de Gisèle, Servante jeune, mais fidèle Qu'il faut remuer bien souvent, Girouette tournant à tout vent. Ayant un bon coup de fourchette Toujours riante à son assiette. Si l'appétit vient en mangeant Le sien, je vous le dis, est grand. Jean, le commis est un vrai drôle Cherchant à comprendre son rôle Pour devenir bon pâtissier ; Il prend à coeur ce bon métier ; Mais il ignore la combine Pour une crème mousseline. A Gisèle il fait les yeux doux. Ce que je pense est entre nous. Cette amitié, je le présage, Finira par un mariage. Voilà que j'allais oublier René, notre cher brigadier Se promenant dans la journée La nuit il brûle la fournée Il s'ensuit l'inconvénient Qu'il bouscule tous les clients Qui trouvent le pain un peu moche ; Mais nul de nous n'est sans reproche. Et comme il est un bon garçon Pardonnons-lui sa malfaçon. Pour ma part je suis très modeste Mon caractère vous l'atteste. On ne peut dire que du bien De moi qui ne dit jamais rien. Certes j'ai mon caractère Mais, de beaucoup, je le préfère A ceux renfermés et sournois Ne pensez-vous pas comme moi ?

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    Jacques Prévert

    Jacques Prévert

    @jacquesPrevert

    Le bonhomme de neige Dans la nuit de l'hiver galope un grand homme blanc c'est un bonhomme de neige avec une pipe en bois un grand bonhomme de neige poursuivi par le froid il arrive au village voyant de la lumière le voilà rassuré. Dans une petite maison il entre sans frapper et pour se réchauffer s'assoit sur le poêle rouge, et d'un coup disparait ne laissant que sa pipe au milieu d'une flaque d'eau ne laissant que sa pipe et puis son vieux chapeau.

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    J

    Jean Aicard

    @jeanAicard

    La Noël L'hiver resserre autour du foyer la famille. Voici Noël. Voici la bûche qui pétille ; Le « carignié », vieux tronc énorme d'olivier Conservé pour ce jour, flambe au fond du foyer. Ce soir, le « gros souper » sera bon, quoique maigre. On ne servira pas l'anchois rouge au vinaigre, Non, mais on mangera ce soir avec gaîté La morue au vin cuit et le nougat lacté, Oranges, raisins secs, marrons et figues sèches. Dans un coin les enfants se construisent des crèches, Théâtres où l'on met des pierres pour décor Et de la mousse prise aux vieux murs, puis encore Des arbres faits d'un brin de sauge, et sur ces cimes, Le long des fins sentiers côtoyant ces abîmes, Des pâtres et des rois se hâtent vers le lieu Où vagit, entre l'âne et le bœuf, l'enfant-Dieu. Lorsque naquit en lui la Parole nouvelle, Le blé vert égayait la terre maternelle. Or, dès la Sainte-Barbe, on fait (semé dans l'eau) Lever pour la Noël un peu de blé nouveau : Sur des plats blancs on voit, humble, verdir cette herbe, Gage mystérieux de la future gerbe, Qui dit : « Aimez. Croyez. Noël ! Voici Noël ! « Je suis le pain de vie et l'espoir éternel. »

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    Jean Daniel

    Jean Daniel

    @jeanDaniel

    Noël Gentils pasteurs, qui veillez en la prée, Abandonnez tout amour terrien, Jésus est né et vous craignez de rien, Chantez Noël de jour et de vesprée. Noël ! Laissez agneaux repaître en la contrée, Gloire est aux cieux pour l'amour de ce bien Qui porte paix, amour et entretien ; Allez le voir, c'est bonne rencontrée. Noël !

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    J

    Jean-Jacques Ampère

    @jeanJacquesAmpere

    La cloche de Noël L'air est froid; dans les cieux la lune brille et fuit; La cloche de Noël résonne dans la nuit. Irai-je dans le temple où s'assemblent mes frères? Irai-je vers le Dieu qui consolait mes pères? Non, le temple est ouvert aux enfants de la foi, Et le Dieu qui console est étranger pour moi. Non, je ne prierai point; que me fait la prière? Moi, j'écoute le vent siffler dans la bruyère. L'air est froid ; dans les cieux la lune brille et fuit; La cloche de Noël résonne dans la nuit. Voici la nuit du Christ, la nuit miraculeuse: A cette heure, du ciel la voix mystérieuse Plane sur le berceau des enfants nouveau-nés; Mais cette voix n'est pas pour les infortunés; S'ils regardent le ciel il devient noir et sombre, Et des bruits effrayants les menacent dans l'ombre. L'air est froid; dans les cieux la lune brille et fuit; La cloche de Noël résonne dans la nuit. Ne priez point pour moi dans le temple rustique, Ne priez point pour moi dans la chapelle antique, Ô vous tous qui priez, ne priez point pour moi. Seulement, si, le coeur saisi d'un vague effroi, Vous arrêtez vos pas auprès du cimetière, Pleurez, pleurez les morts et leur froide poussière. L'air est froid; dans les cieux la lune brille et fuit; La cloche de Noël résonne dans la nuit.

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    J

    Jehan Rictus

    @jehanRictus

    La charlotte prie Notre-Dame durant la nuit du réveillon Seigneur Jésus, je pense à vous ! Ça m’ prend comm’ ça, gn’y a pas d’offense ! J’ suis mort’ de foid, j’ me quiens pus d’bout, ce soir encor... j’ai pas eu d’ chance Ce soir, pardi ! c’est Réveillon : On n’ voit passer qu’ des rigoleurs ; j’ gueul’rais « au feu » ou « au voleur », qu’ personne il y f’rait attention. Et vous aussi, Vierge Marie, Sainte-Vierge, Mère de Dieu, qui pourriez croir’ que j’ vous oublie, ayez pitié du haut des cieux. J’ suis là, Saint’-Vierge, à mon coin d’ rue où d’pis l’apéro, j’ bats la semelle ; j’ suis qu’eune ordur’, qu’eun’ fill’ perdue, c’est la Charlotte qu’on m’appelle. Sûr qu’avant d’ vous causer preumière, eun’ femm’ qu’ est pus bas que l’ ruisseau devrait conobrer ses prières, mais y m’en r’vient qu’ des p’tits morceaux. Vierge Marie... pleine de grâce... j’ suis fauchée à mort, vous savez ; mes pognets, c’est pus qu’eun’ crevasse et me v’là ce soir su’ l’ pavé. Si j’entrais m’ chauffer à l’église, on m’ foutrait dehors, c’est couru ; ça s’ voit trop que j’ suis fill’ soumise... (oh ! mand’ pardon, j’ viens d’ dir’ « foutu. ») T’nez, z’yeutez, c’est la Saint-Poivrot ; tout flamb’, tout chahut’, tout reluit... les restaurants et les bistrots y z’ont la permission d’ la nuit. Tout chacun n’ pens’ qu’à croustiller. Y a plein d’ mond’ dans les rôtiss’ries, les épic’mards, les charcut’ries, et ça sent bon l’ boudin grillé. Ça m’ fait gazouiller les boïaux ! Brrr ! à présent Jésus est né. Dans les temps, quand c’est arrivé, s’ y g’lait comme y gèle c’te nuit, su’ la paill’de vot’ écurie v’s z’avez rien dû avoir frio, Jésus et vous, Vierge Marie. Bing !... on m’ bouscule avec des litres, des pains d’ quatr’ livr’s, des assiett’s d’huîtres, Non, r’gardez-moi tous ces salauds ! (Oh ! esscusez, Vierge Marie, j’ crois qu’ j’ai cor dit un vilain mot !) N’est-c’ pas que vous êt’s pas fâchée qu’eun’ fill’ d’amour plein’ de péchés vous caus’ ce soir à sa magnère pour vous esspliquer ses misères ? Dit’s-moi que vous êt’s pas fâchée ! C’est vrai que j’ai quitté d’ chez nous, mais c’était qu’ la dèche et les coups, la doche à crans, l’ dâb toujours saoul, les frangin’s déjà affranchies.... (C’était h’un vrai enfer, Saint’-Vierge ; soit dit sans ête eune effrontée, vous-même y seriez pas restée.) C’est vrai que j’ai plaqué l’ turbin. Mais l’ouvrièr’ gagn’ pas son pain ; quoi qu’a fasse, elle est mal payée, a n’ fait mêm’ pas pour son loyer ; à la fin, quoi, ça décourage, on n’a pus de cœur à l’ouvrage, ni le caractère ouvrier. J’ dois dire encor, Vierge Marie ! que j’ai aimé sans permission mon p’tit... « mon béguin... » un voyou, qu’ est en c’ moment en Algérie, rapport à ses condamnations. (Mais quand on a trinqué tout gosse, on a toujours besoin d’ caresses, on se meurt d’amour tout’ sa vie : on s’arr’fait pas que voulez-vous !) Pourtant j’y suis encore fidèle, malgré les aut’s qui m’ cour’nt après. Y a l’ grand Jul’s qui veut pas m’ laisser, faudrait qu’avec lui j’ me marie, histoir’ comme on dit, d’ l’engraisser. Ben, jusqu’à présent, y a rien d’ fait ; j’ai pas voulu, Vierge Marie ! Enfin, je suis déringolée, souvent on m’a mise à l’hosto, et j’ m’ai tant battue et soûlée, que j’en suis plein’ de coups d’ couteau. Bref, je suis pus qu’eun’ salop’rie, un vrai fumier Vierge Marie ! (Seul’ment, quoi qu’on fasse ou qu’on dise pour essayer d’ se bien conduire, y a quèqu’ chos’ qu’ est pus fort que vous.) Eh ! ben, c’est pas des boniments, j’ vous l’ jure, c’est vrai, Vierge Marie ! Malgré comm’ ça qu’ j’aye fait la vie, j’ai pensé à vous ben souvent. Et ce soir encor ça m’ rappelle un temps, qui jamais n’arr’viendra, ousque j’allais à vot’ chapelle les mois que c’était votre fête. J’arr’vois vot’ bell’ rob’ bleue, vot’ voile, (mêm’ qu’il était piqué d’étoiles), vot’ bell’ couronn’ d’or su’ la tête et votre trésor su’ les bras. Pour sûr que vous étiez jolie comme eun’ reine, comme un miroir, et c’est vrai que j’ vous r’vois ce soir avec mes z’yeux de gosseline ; c’est comm’ si que j’y étais... parole. Seul’ment, c’est pus comme à l’école ; ces pauv’s callots, ce soir, Madame, y sont rougis et pleins de larmes. Aussi, si vous vouliez, Saint’-Vierge, fair’ ce soir quelque chos’ pour moi, en vous rapp’lant de ce temps-là, ousque j’étais pas eune impie ; vous n’avez qu’à l’ver un p’tit doigt et n’ pas vous occuper du reste.... J’ vous d’mand’ pas des chos’s... pas honnêtes ! Fait’s seul’ment que j’ trouve et ramasse un port’-monnaie avec galette perdu par un d’ ces muf’s qui passent (à moi putôt qu’au balayeur !) Un port’-lazagn’, Vierge Marie ! gn’y aurait-y d’dans qu’un larantqué, ça m’aid’rait pour m’aller planquer ça m’ permettrait d’attendre à d’main et d’ m’enfoncer dix ronds d’ boudin ! Ou alorss, si vous pouez pas ou voulez pas, Vierge Marie... vous allez m’ trouver ben hardie, mais... fait’s-moi de suit’ sauter l’ pas ! Et pis... emm’nez-moi avec vous, prenez-moi dans le Paradis ousqu’y fait chaud, ousqu’y fait doux, où pus jamais je f’rai la vie, (sauf mon p’tit, dont j’ suis pas guérie, vous pensez qu’ je n’arr’grett’rai rien d’ Saint-Lago, d’ la Tour, des méd’cins, des barbots et des argousins !) Ah ! emm’nez-moi, dit’s, emm’nez-moi avant que la nuit soye passée et que j’ soye encor ramassée ; Saint’-Vierge, emm’nez-moi, j’ vous en prie ? Je n’en peux pus de grelotter... t’nez... allumez mes mains gercées et mes p’tits souliers découverts ; j’ n’ai toujours qu’ mon costume d’été qu’ j’ai fait teindre en noir pour l’hiver. Voui, emm’nez-moi, dit’s, emm’nez-moi. Et comme y doit gn’y avoir du ch’min si des fois vous vous sentiez lasse Vierge Marie, pleine de grâce, de porter à bras not’ Seigneur, (un enfant, c’est lourd à la fin), Vous me l’ repass’rez un moment, et moi, je l’ port’rai à mon tour, (sans le laisser tomber par terre), comm’ je faisais chez mes parents La p’tit’ moman dans les faubourgs quand j’ trimballais mes petits frères.

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    J

    Johnny Marks

    @johnnyMarks

    Le petit renne au nez eouge Quand la neige recouvre la verte Finlande Et que les rennes traversent la lande Le vent dans la nuit Au troupeau parle encore de lui Ah comme il était mignon Le p'tit renne au nez rouge Rouge comme un lumignon Son p'tit nez faisait rire Chacun s'en moquait beaucoup On allait jusqu'à dire Qu'il aimait boire un p'tit coup Une fée qui l'entendit Pleurer dans le noir Pour le consoler lui dit : "Viens au paradis ce soir" Comme un ange Nez Rouge Tu conduiras dans le ciel Avec ton p'tit nez rouge Le chariot du Père Noël Quand ses frères le virent d'allure aussi leste Suivre très digne les routes célestes Devant ses ébats Plus d'un renne resta baba On l'appelait Nez Rouge Ah comme il était mignon Le p'tit renne au nez rouge Rouge comme un lumignon Maintenant qu'il entraîne Son char à travers les cieux C'est lui le roi des rennes Et son nez fait des envieux Vous fillettes et garçons Pour la grande nuit Si vous savez vos leçons Dès que sonnera minuit petit point qui bouge Ainsi qu'une étoile au ciel C'est le nez de Nez Rouge Annonçant le Père Noël

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    Jules Laforgue

    Jules Laforgue

    @julesLaforgue

    L'hiver qui vient Blocus sentimental ! Messageries du Levant !… Oh, tombée de la pluie ! Oh ! tombée de la nuit, Oh ! le vent !… La Toussaint, la Noël et la Nouvelle Année, Oh, dans les bruines, toutes mes cheminées !… D’usines…. On ne peut plus s’asseoir, tous les bancs sont mouillés ; Crois-moi, c’est bien fini jusqu’à l’année prochaine, Tant les bancs sont mouillés, tant les bois sont rouillés, Et tant les cors ont fait ton ton, ont fait ton taine !… Ah, nuées accourues des côtes de la Manche, Vous nous avez gâté notre dernier dimanche. Il bruine ; Dans la forêt mouillée, les toiles d’araignées Ploient sous les gouttes d’eau, et c’est leur ruine. Soleils plénipotentiaires des travaux en blonds Pactoles Des spectacles agricoles, Où êtes-vous ensevelis ? Ce soir un soleil fichu gît au haut du coteau Gît sur le flanc, dans les genêts, sur son manteau, Un soleil blanc comme un crachat d’estaminet Sur une litière de jaunes genêts De jaunes genêts d’automne. Et les cors lui sonnent ! Qu’il revienne…. Qu’il revienne à lui ! Taïaut ! Taïaut ! et hallali ! Ô triste antienne, as-tu fini !… Et font les fous !… Et il gît là, comme une glande arrachée dans un cou, Et il frissonne, sans personne !… Allons, allons, et hallali ! C’est l’Hiver bien connu qui s’amène ; Oh ! les tournants des grandes routes, Et sans petit Chaperon Rouge qui chemine !… Oh ! leurs ornières des chars de l’autre mois, Montant en don quichottesques rails Vers les patrouilles des nuées en déroute Que le vent malmène vers les transatlantiques bercails !… Accélérons, accélérons, c’est la saison bien connue, cette fois. Et le vent, cette nuit, il en a fait de belles ! Ô dégâts, ô nids, ô modestes jardinets ! Mon coeur et mon sommeil : ô échos des cognées !… Tous ces rameaux avaient encor leurs feuilles vertes, Les sous-bois ne sont plus qu’un fumier de feuilles mortes ; Feuilles, folioles, qu’un bon vent vous emporte Vers les étangs par ribambelles, Ou pour le feu du garde-chasse, Ou les sommiers des ambulances Pour les soldats loin de la France. C’est la saison, c’est la saison, la rouille envahit les masses, La rouille ronge en leurs spleens kilométriques Les fils télégraphiques des grandes routes où nul ne passe. Les cors, les cors, les cors – mélancoliques !… Mélancoliques !… S’en vont, changeant de ton, Changeant de ton et de musique, Ton ton, ton taine, ton ton !… Les cors, les cors, les cors !… S’en sont allés au vent du Nord. Je ne puis quitter ce ton : que d’échos !… C’est la saison, c’est la saison, adieu vendanges !… Voici venir les pluies d’une patience d’ange, Adieu vendanges, et adieu tous les paniers, Tous les paniers Watteau des bourrées sous les marronniers, C’est la toux dans les dortoirs du lycée qui rentre, C’est la tisane sans le foyer, La phtisie pulmonaire attristant le quartier, Et toute la misère des grands centres. Mais, lainages, caoutchoucs, pharmacie, rêve, Rideaux écartés du haut des balcons des grèves Devant l’océan de toitures des faubourgs, Lampes, estampes, thé, petits-fours, Serez-vous pas mes seules amours !… (Oh ! et puis, est-ce que tu connais, outre les pianos, Le sobre et vespéral mystère hebdomadaire Des statistiques sanitaires Dans les journaux ?) Non, non ! C’est la saison et la planète falote ! Que l’autan, que l’autan Effiloche les savates que le Temps se tricote ! C’est la saison, oh déchirements ! c’est la saison ! Tous les ans, tous les ans, J’essaierai en choeur d’en donner la note.

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