O forme que les mains ne sauraient retenir ! Ô forme que les mains ne sauraient retenir !
Comme au ciel l’élusif arc-en-ciel s’évapore,
Ton sourire, en fuyant, laisse plus vide encore
Le cœur endolori d’un trop doux souvenir.
Ton caprice lassé, comment le rajeunir,
Afin qu’il refleurisse aux fraîcheurs d’une aurore ?
Quels mots te murmurer, quelles fleurs faire éclore
Pour enchanter l’ennui de l’éternel loisir ?
De quels baisers charmer la langueur de ton âme,
Afin qu’exaspéré d’extase, pleure et pâme
Ton être suppliant, avide et contenté ?
De quels rythmes d’amour, de quel fervent poème
Honorer dignement Celle dont la beauté
Porte au front le Désir ainsi qu’un diadème ?
il y a 11 mois
R
Rhita Benjelloun
@rhitaBenjelloun
Aux premières loges Spectatrice, j’observe la scène de la vie
Où des personnages surgissent,
Dans les moments de joie ou de dépit
Où le rêve devient illusion et meurt avec mépris
Où le mensonge devient vrai et la vérité au fond du puits
Mais qui suis-je dans ce monde plein d’acteurs ?
Où chacun monte sur l’estrade,
Joue son rôle comme ses prédécesseurs
Qui suis-je quand moi-même j’ai un rôle dans cette scène ?
J’observe, je souffre
Mais j’applaudis tous ces mensonges réels
Que serait le monde s’il n’était pas une fiction
Si ces scènes étaient bien réelles et faites avec passion
Je jure devant Dieu que j’assisterais tous les jours
Je serais l’héroïne de la gaieté
De la confiance et de l’amour
J’applaudirais jusqu’à ne plus en pouvoir
Et j’appellerais les âmes chagrinées pour venir la voir
Mais hélas la scène de la vie demeure la même
Et je demeure aux premières loges
Avec ou sans mes applaudissements le rideau s’ouvre et se ferme
il y a 11 mois
S
Sabine Sicaud
@sabineSicaud
Il est parti sur son cheval, dans l’herbe Il est parti sur son cheval, dans l’herbe.
Le vent du Nord le cingle,
mais il feint de promener son cheval.
On dit : « Comme il oublie déjà.
la terre lui paraît toujours belle. »
Mais son cheval croit porter un fantôme
et tourne la tête pour le regarder.
Il a sifflé son chien comme auparavant.
Il touche au passage les feuilles nouvelles.
Celui qui reste qu’exigez-vous de lui ?
Ils disent, ils crient : « Ce n’est pas possible. »
Et l’aube renaît. Son cheval sans maître
est déjà vendu.
Les choses aimées le seront par d’autres
ou s’habitueront à ne l’être plus.
La vie continue.
il y a 11 mois
S
Sabine Sicaud
@sabineSicaud
La vieille femme de la lune On a beaucoup parlé dans la chambre, ce soir.
Couché, bordé, la lune entrant par la fenêtre,
On évoque à travers un somnolent bien-être,
La vieille qui, là-haut, porte son fagot noir.
Qu’elle doit être lasse et qu’on voudrait connaître
Le crime pour lequel nous pouvons tous la voir
Au long des claires nuits cheminer sans espoir !
Pauvre vieille si vieille, est-ce un vol de bois mort
Qui courbe son vieux dos sur la planète ronde ?
Elle a très froid, qui sait, quand le vent souffle fort.
Va-t-elle donc marcher jusqu’à la fin du monde ?
Et pourquoi dans le ciel la traîner jusqu’au jour !
On dort… Nous fermerons les yeux à double tour…
Lune, laisse-la donc s’asseoir une seconde.
il y a 11 mois
S
Sandrine Davin
@sandrineDavin
A l’ombre du cerisier La terre pleure
Le souvenir de tes pas
Que tes semelles ont
Trop souvent foulé.
Le cerisier
Ne fleurit pas,
Il n’est plus là
Depuis tant d’années.
…
Le chapeau de paille
Accroché dans la grange
Se repose à jamais.
il y a 11 mois
S
Sandrine Davin
@sandrineDavin
De l’enfant que j’étais, au vieillard devenu… Il était beau le temps
Où mes pommettes roses
S’érigeaient au vent.
Les genoux écorchés
Par les ronces
Au bord des sentiers oubliés,
Je m’en souviens encore.
…
Les feuilles mortes
Se sont envolées,
Ont tout emporté
Avec elles,
Souvenirs et passé.
…
De l’enfant que j’étais
Il ne me reste plus que
Des rides,
Des sourires,
Des cheveux blancs.
Au vieillard devenu,
J’ai oublié le temps…
il y a 11 mois
S
Sandrine Davin
@sandrineDavin
Jardin de grand-père C’était il y a longtemps –
Ta main
Dans la mienne
L’horizon
A perte de vue
Le grillage
De rouille
Et les herbes mortes
Ta main
Ridée
Qui crevasse la terre
La mienne
Si rose
Effleurant les ronces
Tes yeux
Dans les miens
Le bleu du ciel
En morsure de lèvres
Et quelques grains de terre
Entre nos doigts
C’était il y a longtemps
Et aujourd’hui encore
Ces quelques grains de terre
Rident ma chair
il y a 11 mois
S
Sandrine Davin
@sandrineDavin
J’ai longtemps marché Au bord du précipice
Mon foulard s’est envolé
Et des souvenirs en pagaille
Dans ma tête sursautaient.
J’ai longtemps marché…
Le ciel sur moi est tombé
Je ne l’ai pas entendu
Et la lumière s’est éteinte
Les projecteurs se sont tus.
J’ai longtemps marché…
Des flashbacks enchaînés
Sur le fil de la vie
Des cailloux dans les poches
Égratignaient mes envies.
J’ai longtemps marché…
Dans mes paumes de main
J’ai caché la voie lactée
En un claquement de doigts
Les étoiles se sont marrées.
J’ai longtemps marché…
Au bord du précipice
Mon regard s’est fixé
Un pas en avant
Trois pas en arrière
Il n’est pas trop tard
Pour bien faire
Non, il n’est pas trop tard…
J’ai longtemps marché,
J’ai longtemps marché,
J’ai longtemps marché…
il y a 11 mois
S
Sandrine Davin
@sandrineDavin
Prisonnière A genoux
Dans sa cellule de 8 m²
Elle attend.
Une poignée de secondes
Entre les doigts
Elle attend.
Les lèvres
Cousues de silence
Et la chair
Rongée par l’hier
Elle attend.
Derrière le verrou
Le froid inonde
Son corps
Son être
– Tic-Tac –
A genoux
Seule son ombre
Résiste
A la grâce de Dieu.
il y a 11 mois
S
Sandrine Davin
@sandrineDavin
Regard d’EHPAD Assise derrière la fenêtre
Elle attend.
Un moineau picore
Les dernières miettes
De son déjeuner.
Elle lui sourit.
Les jours ne comptent plus.
Les nuits ne sont plus nuits.
Le silence hurle
A ses oreilles sourdes.
Elle attend.
D’en bas de la fenêtre
Je te vois.
Tu es toujours aussi belle
Grand-mère.
Ton sourire ricoche à mes pupilles
Et j’envoie valser
Ma main jusqu’à toi.
Le désir de te serrer dans mes bras,
De caresser ton visage.
Un rêve, une illusion.
Bientôt, je te le promets …
il y a 11 mois
S
Susy Desrosiers
@susyDesrosiers
Interminable Une fenêtre, une ouverture
le vent, complainte
la noirceur
un matou, une chatte
des litanies
les chaleurs
un clair de lune
des murs, des ombres
des squelettes
des craquements, des pas
des silhouettes
des voix
des caverneuses, des éthériques
la frousse
mon imagination
mes soupirs
ma tête foraine
un manège
la roue, la grande
des tours
le premier, le deuxième
mes chimères, une montagne
obsessions
mes soupirs
des mots
des justes, des disloqués
des lettres détachées
des vers, des strophes
inspiration
des mantras
des prières
des heures, des blanches
insomnie
mes soupirs
deux heures, trois heures
quatre heures, l’aurore
accalmie
le réveille-matin
il y a 11 mois
S
Sybille Rembard
@sybilleRembard
Acteur du temps Ecoulement progressif
Méandre alternatif
Usure
Hier, aujourd’hui, nos demains
Quand je ne serai plus là.
Je t’ai idolâtré
Tu m’as trahie
Lâche
Rivée sur moi-même, j’ai senti ton souffle
De plus en plus renversant
Mourir dans tes bras
Survivre
il y a 11 mois
S
Sybille Rembard
@sybilleRembard
Elasticité temporelle Voix inchangées
c’était hier
le jour avant celui qui le précède
pourtant
l’eau a coulé sous les ponts
c’est comme ça que l’on dit ?
elles se sont parlé
comme si le temps s’était figé
jadis
elle a toujours cette boucle d’oreille
en argent
donnée par une main d’adolescente
elle l’a conservée dans un écrin
brindille d’un parcours de vie
couleur de sa jeunesse
étourdie
de plaisirs partagés
de dialogues révélateurs
de conquêtes
le temps est élastique
il passe et il revient
immuable
à la pureté des gens qui l’ont nourri
il y a 11 mois
S
Sybille Rembard
@sybilleRembard
En attendant Au bord de l’étang de l’incertitude
en espérant que le rêve éclose
la respiration berce l’attente
manège d’un mouvement perpétuel
barbare
bal musette rythmé par l’instant présent
seule réalité permettant de poursuivre
jusqu’aux demains ivres d’illusions
jusqu’au crépuscule de l’impatience
réitérant le carrousel sempiternel
mouvement en devenir
mécanique logique d’un arrêt inexistant
horloge de l’humanité.
il y a 11 mois
S
Sybille Rembard
@sybilleRembard
Solstice Hier
J’ai vu mon cœur dans un trou noir
J’ai souri
aux voix enflammées
aux bribes de paroles
ridées par les griffes du destin
J’ai rêvé perchée sur une étoile
J’ai vu les arbres engloutir les villes
J’ai regardé mes enfants faner
La vie me chante une berceuse
parfumée
Recroquevillée dans mon bouclier
je suis prête pour le jugement final
fusillée par une pluie de pétales
Il ne me reste que ton amour
tendre et sacré
prière féconde
Aujourd’hui
il y a 11 mois
Théodore Agrippa d'Aubigné
@theodoreAgrippaDaubigne
Inscription pour une fontaine Vois-tu, passant, couler cette onde
Et s’écouler incontinent ?
Ainsi fuit la gloire du monde,
Et rien que Dieu n’est permanent.
il y a 11 mois
Théodore Agrippa d'Aubigné
@theodoreAgrippaDaubigne
J’entreprens hardiment de te rendre eternelle J’entreprens hardiment de te rendre eternelle,
Targuant de mes escripts ton nom contre la Mort,
Mais en t’eternisant je ne travaille fort ;
Ta perfection n’est en aucun poinct mortelle,
Rien n’est mortel en toy, ta chasteté est telle
Que le temps envieux ne luy peut faire tort.
Tes dons, thresors du Ciel, ton nom exemptz du port
Et du fleuve d’oubly ont la vie immortelle.
Mesmes ce livre heureux vivra infiniment
Pour ce que l’infiny sera son argument.
Or je rend grâce aux Dieux de ce que j’ay servie
Toute perfection de grace et de beauté,
Mais je me plein’ à eux que ta sévérité,
Comme sont tes vertus, aussi est infinie.
il y a 11 mois
Théodore de Banville
@theodoreDeBanville
Bien souvent je revois… Bien souvent je revois sous mes paupières closes,
La nuit, mon vieux Moulins bâti de briques roses,
Les cours tout embaumés par la fleur du tilleul,
Ce vieux pont de granit bâti par mon aïeul,
Nos fontaines, les champs, les bois, les chères tombes,
Le ciel de mon enfance où volent des colombes,
Les larges tapis d’herbe où l’on m’a promené
Tout petit, la maison riante où je suis né
Et les chemins touffus, creusés comme des gorges,
Qui mènent si gaiement vers ma belle Font-Georges,
À qui mes souvenirs les plus doux sont liés.
Et son sorbier, son haut salon de peupliers,
Sa source au flot si froid par la mousse embellie
Où je m’en allais boire avec ma soeur Zélie,
Je les revois ; je vois les bons vieux vignerons
Et les abeilles d’or qui volaient sur nos fronts,
Le verger plein d’oiseaux, de chansons, de murmures,
Les pêchers de la vigne avec leurs pêches mûres,
Et j’entends près de nous monter sur le coteau
Les joyeux aboiements de mon chien Calisto !
il y a 11 mois
Théophile Gautier
@theophileGautier
La montre Deux fois je regarde ma montre,
Et deux fois à mes yeux distraits
L’aiguille au même endroit se montre ;
Il est une heure… une heure après.
La figure de la pendule
En rit dans le salon voisin,
Et le timbre d’argent module
Deux coups vibrant comme un tocsin.
Le cadran solaire me raille
En m’indiquant, de son long doigt,
Le chemin que sur la muraille
A fait son ombre qui s’accroît.
Le clocher avec ironie
Dit le vrai chiffre et le beffroi,
Reprenant la note finie,
A l’air de se moquer de moi.
Tiens ! la petite bête est morte.
Je n’ai pas mis hier encor,
Tant ma rêverie était forte,
Au trou de rubis la clef d’or !
Et je ne vois plus, dans sa boîte,
Le fin ressort du balancier
Aller, venir, à gauche, à droite,
Ainsi qu’un papillon d’acier.
C’est bien de moi ! Quand je chevauche
L’Hippogriffe, au pays du Bleu,
Mon corps sans âme se débauche,
Et s’en va comme il plaît à Dieu !
L’éternité poursuit son cercle
Autour de ce cadran muet,
Et le temps, l’oreille au couvercle,
Cherche ce coeur qui remuait ;
Ce coeur que l’enfant croit en vie,
Et dont chaque pulsation
Dans notre poitrine est suivie
D’une égale vibration,
Il ne bat plus, mais son grand frère
Toujours palpite à mon côté.
– Celui que rien ne peut distraire,
Quand je dormais, l’a remonté !
il y a 11 mois
Tristan Corbière
@tristanCorbiere
Heures Aumône au malandrin en chasse
Mauvais oeil à l’oeil assassin !
Fer contre fer au spadassin !
– Mon âme n’est pas en état de grâce ! –
Je suis le fou de Pampelune,
J’ai peur du rire de la Lune,
Cafarde, avec son crêpe noir…
Horreur ! tout est donc sous un éteignoir.
J’entends comme un bruit de crécelle…
C’est la male heure qui m’appelle.
Dans le creux des nuits tombe : un glas… deux glas
J’ai compté plus de quatorze heures…
L’heure est une larme – Tu pleures,
Mon coeur !… Chante encor, va – Ne compte pas.
il y a 11 mois
Tristan Corbière
@tristanCorbiere
La pipe au poète Je suis la Pipe d'un poète,
Sa nourrice, et : j'endors sa Bête.
Quand ses chimères éborgnées
Viennent se heurter à son front,
Je fume... Et lui, dans son plafond,
Ne peut plus voir les araignées.
... Je lui fais un ciel, des nuages,
La mer, le désert, des mirages ;
– Il laisse errer là son œil mort...
Et, quand lourde devient la nue,
Il croit voir une ombre connue,
– Et je sens mon tuyau qu'il mord...
– Un autre tourbillon délie
Son âme, son carcan, sa vie !
... Et je me sens m'éteindre. – Il dort –
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
– Dors encor : la Bête est calmée,
File ton rêve jusqu'au bout...
Mon Pauvre !... la fumée est tout.
– S'il est vrai que tout est fumée...
Paris. – Janvier.
il y a 11 mois
Voltaire
@voltaire
À une dame ou soit-disant telle Tu commences par me louer,
Tu veux finir par me connaître.
Tu me loueras bien moins ; mais il faut t’avouer
Ce que je suis, ce que je voudrais être.
J’aurai vu dans trois ans passer quarante hivers ;
Apollon présidait un jour qui m’a vu naître ;
Au sortir du berceau j’ai bégayé des vers ;
Bientôt ce dieu puissant m’ouvrit son sanctuaire ;
Mon cœur, vaincu par lui, se rangea sous sa loi.
D’autres ont fait des vers par le désir d’en faire ;
Je fus poète malgré moi.
Tous les goûts à la fois sont entrés dans mon âme ;
Tout art a mon hommage, et tout plaisir m’enflamme :
La peinture me charme ; on me voit quelquefois,
Au palais de Philippe, ou dans celui des rois,
Sous les efforts de l’art admirer la nature,
Du brillant Cagliari saisir l’esprit divin,
Et dévorer des yeux la touche noble et sûre
De Raphaël et du Poussin.
De ces appartements qu’anime la peinture
Sur les pas du plaisir je vole à l’opéra.
J’applaudis tout ce qui me touche,
La fertilité de Campra,
La gaîté de Mouret, les grâces de Destouches :
Pélissier par son art, le Maure par sa voix,
Tour à tour ont mes vœux et suspendent mon choix.
Quelquefois, embrassant la science hardie
Que la curiosité
Honora par vanité
Du nom de philosophie,
Je cours après Newton dans l’abyme des cieux ;
Je veux voir si des nuits la courrière inégale,
Par le pouvoir changeant d’une force centrale,
En gravitant vers nous s’approche de nos yeux,
Et pèse d’autant plus qu’elle est près de ces lieux
Dans les limites d’un ovale.
J’en entends raisonner les plus profonds esprits,
Maupertuis et Clairault, calculante cabale ;
Je les vois qui des cieux franchissent l’intervalle,
Et je vois trop souvent que j’ai très peu compris.
De ces obscurités je passe à la morale ;
Je lis au cœur de l’homme, et souvent j’en rougis ;
J’examine avec soin les informes écrits,
Les monuments épars, et le style énergique
De ce fameux Pascal, ce dévot satirique ;
Je vois ce rare esprit trop prompt à s’enflammer ;
Je combats ses rigueurs extrêmes :
Il enseigne aux humains à se haïr eux-mêmes ;
Je voudrais, malgré lui, leur apprendre à s’aimer.
Ainsi mes jours égaux, que les Muses remplissent,
Sans soins, sans passions, sans préjugés fâcheux,
Commencent avec joie, et vivement finissent
Par des soupers délicieux.
L’amour dans mes plaisirs ne mêle plus ses peines ;
La tardive raison vient de briser mes chaînes :
J’ai quitté prudemment ce dieu qui m’a quitté ;
J’ai passé l’heureux temps fait pour la volupté.
Est-il donc vrai, grands Dieux, il ne faut plus que j’aime ?
La foule des beaux arts, dont je veux tour à tour
Remplir le vide de moi-même,
N’est pas encore assez pour remplacer l’amour.
il y a 11 mois
W
Winston Perez
@winstonPerez
Avant Vieillir
Se lever un matin
Sans penser aux tristesses
qu’on aime presque bien,
Avant
Marcher
Et ne plus voir la mer
sans devenir les autres
car on ne rêve plus,
Avant
Sombrer
Dans le creu de l’oubli
aux milles éclaboussures
qu’on voit plus que soi-même,
Avant
Porter
Milles rocs luminescents
et invisibles aux Dieux
qui ne sont pas les mêmes,
Avant
Partir
Comme partent les fées
dans ces contes maudits
qui ne se lisent plus,
Avant
Avant,
Etait le vent
Etait la peine
Etait le temps
Et maintenant
Voilà
l’Après
il y a 11 mois
W
Winston Perez
@winstonPerez
Empoisonné J’ai vu la Croix par dessus la Lune
merveilleux soir de brume
j’avais vingt ans passés
Mille cornes plantées
Mille crevasses brunes
et faisceaux éclatants
Mille pas gravés sur terre
et parfums enivrants
J’ai vu l’homme, la princesse éphémère
et le Père flamboyant
J’étais plus que moi-même
plus grand que le grand
Mon corps lacéré ne me faisait plus mal
J’étais l’air et l’humide
Et il n’y avait plus d’organes
Il n’y avait plus d’ennui
J’ouvrais les portes de la perception divine
Ce soir par dessus la Lune
J’étais empoisonné
il y a 11 mois
W
Winston Perez
@winstonPerez
Fuite Et Je me suis enfui
Je suis devenu Sphinx
Et mille ans sont passés
au doux son de Syrinx
Et Je me suis enfui
J’ai accosté à Tyr
Et quand le soleil fût
je ressortis ma Lyre
Et je me suis enfui
Et coupait au silex
Je m’enivrai la nuit
des horizons convexes
Et je me suis enfui
Pour ne jamais revoir
l’Aube
il y a 11 mois
E
Emile Nelligan
@emileNelligan
Devant deux portraits de ma Mère Ma mère, que je l'aime en ce portrait ancien,
Peint aux jours glorieux qu'elle était jeune fille,
Le front couleur de lys et le regard qui brille
Comme un éblouissant miroir vénitien !
Ma mère que voici n'est plus du tout la même ;
Les rides ont creusé le beau marbre frontal ;
Elle a perdu l'éclat du temps sentimental
Où son hymen chanta comme un rose poème.
Aujourd'hui je compare, et j'en suis triste aussi,
Ce front nimbé de joie et ce front de souci,
Soleil d'or, brouillard dense au couchant des années.
Mais, mystère du coeur qui ne peut s'éclairer !
Comment puis-je sourire à ces lèvres fanées !
Au portrait qui sourit, comment puis-je pleurer !