splash screen icon Lenndi
splash screen name leendi

Lune

5 poésies en cours de vérification
Lune

Poésies de la collection lune

    F

    Francis Etienne Sicard

    @francisEtienneSicard

    Lune attique Plastrons d’astre et d’ivoire où se couche le temps, La lune et son linceul, effarouchant la nuit, D’une larme perlée, à la saveur de suie, Percent sommeils et cieux, à pas de revenants. A peine appareillé, son pur vaisseau d’argent Quitte temples et ports, puis lentement s’enfuit Vers ces sphères du soir où se glissent des pluies Dont les plumes d’onyx se tapissent de sang De vastes salles d’or qu’engouffrent les abysses Dégoulinent de feu, s’attachant au festin De rêves alléchés par un goût de réglisse. Les îles alentour s’éteignent une à une, Et la Grèce apaisée déclame son destin Sous le rayon brillant d’une mèche de lune.

    en cours de vérification

    I

    Iwan Gilkin

    @iwanGilkin

    Clair de Lune Les cygnes blancs du clair de lune, Avec leurs plumages fluides, Dans le brouillard blanc, sur l'eau brune, Glissent comme des nefs liquides. Les opales du clair de lune Irisent leurs neigeuses flammes Au fond de l'étang, sous l'eau brune, Dans les remous que font les rames. Les nénufars du clair de lune En leurs fières candeurs d'hosties Invitent l'âme, dans l'eau brune, Aux mortelles eucharisties. Et les enfants du clair de lune Assoupis dans leur lente yole Sous le brouillard blanc, dans l'eau brune, Meurent, comme un chant de viole.

    en cours de vérification

    Jean Lorrain

    Jean Lorrain

    @jeanLorrain

    Clair de Lune A l’heure, où les bois d’aubépines, De combe en combe au loin neigeant, Apparaîtront dans les ravines Comme un léger brouillard d’argent, Nous irons dans la forêt brune, Dans l’ombre, écouter les récits, Que fait aux bois le clair de lune, Ce bleuâtre amant des taillis: Contes païens, récits épiques, Dont les combats, tragique enfer, Surgissent parfois noirs de piques Au ciel brouillé des nuits d’hiver; Quand dans les brumes écroulées La bise à l’horizon frileux Entasse de pâles mêlées D’escadrons d’astres fabuleux… Mais ta marche hésite et tressaille En m’écoutant, va, ne crains rien. Le ciel d’Avril est sans bataille, Le bois moderne est bon chrétien. Un chasseur nimbé d’or l’habite; Les chênes en Mai sont bénis. Un souffle innocent y palpite, Le souffle adorable des nids. La chasse errante sous la lune De Diane et du roi païen S’est perdue au loin sur la dune Aux sons du cor de saint Julien. Heureux si dans cette déroute, Qui fait hélas ! le bois désert, Il nous reste au bord de la route Le grand cerf blanc de saint Hubert; Pourtant je me suis laissé dire Que les nains rieurs des talus Étaient fils du vieux dieu Satyre Et des faunes aux reins velus. On veut aussi que la ruine, Pour garder un ancien trésor, Ait dans la mousse et la bruine Des gnomes verts couronnés d’or… Rêve ou non ! libre à toi d’y croire. Le bois nocturne a ses rayons Mêlés de légende et d’histoire Et des fables pour papillons. Qui sait ? Dans l’herbe lumineuse Tramant des encensoirs d’argent, Verrons-nous passer sous l’yeuse Le cortège de la Saint-Jean? Avec ses basses, ses violes Fredonnant dans l’air tiède et pur, Et ses diacres en étoles, Tachant d’or clair le bois obscur; Ses vierges d’iris bleus coiffées, Portant des rameaux de buis vert, Dont Shakespeare eût fait des fées, Platon des nymphes à l’oeil clair. Écartant sur leurs pas les branches, Nous verrons leurs manteaux de lin Et l’ourlet de leurs robes blanches Se perdre au tournant du chemin, Et, dans la clairière irisée, Le long des verts taillis mouillés, Nous reviendrons dans la rosée, De notre rêve émerveillés!

    en cours de vérification

    P

    Pierre-François Baour-Lormian

    @pierreFrancoisBaourLormian

    Invocation à la lune Ainsi qu'une jeune beauté Silencieuse et solitaire, Des flancs du nuage argenté La lune sort avec mystère. Fille aimable du ciel, à pas lents et sans bruit, Tu glisses dans les airs où brille ta couronne, Et ton passage s'environne Du cortège pompeux des soleils de la nuit. Que fais-tu loin de nous, quand l'aube blanchissante Efface à nos yeux attristés Ton sourire charmant et tes molles clartés ? Vas-tu, comme Ossian, plaintive, gémissante, Dans l'asile de la douleur Ensevelir ta beauté languissante ? Fille aimable du ciel, connais-tu le malheur ? Maintenant revêtu de toute sa lumière, Ton char voluptueux roule au-dessus des monts : Prolonge, s'il se peut, le cours de ta carrière, Et verse sur les mers tes paisibles rayons.

    en cours de vérification

    Sylvia Plath

    Sylvia Plath

    @sylviaPlath

    La lune et le cyprès Cette lumière est celle de l’esprit, froide et planétaire, Et bleue. Les arbres de l’esprit sont noirs. L’herbe murmure son humilité, dépose son fardeau de peine Sur mes pieds comme si j’étais Dieu. Une brume capiteuse s’est installée en ce lieu Qu’une rangée de pierres tombales sépare de ma maison. Je ne vois pas du tout où cela peut mener. La lune n’offre aucune issue, c’est un visage morne D’une blancheur d’os effroyable. Elle traîne derrière elle l’océan comme un crime obscur ; elle est calme, Trou béant de désespoir total. J’habite ici. Deux fois tous les dimanches les cloches ébranlent le ciel − Huit langues puissantes annoncent la Résurrection. À la fin, seul vibre le son grave de leur renommée. Le cyprès se dresse alors, gothique. Aux yeux levés sur lui, il désigne la lune. La lune est ma mère. Elle n’a pas la patience de Marie. Son vêtement bleu laisse échapper chauves-souris et hiboux. Je voudrais tellement pouvoir croire à la tendresse − Au visage de cette effigie, adouci par la lueur des cierges, Qui poserait sur moi son regard bienveillant. Je suis tombée de trop haut. Des nuages fleurissent, Mystiques et bleus, à la face des étoiles. Dans l’église les saints doivent être tout bleus, A frôler les blancs glacés de leurs pieds délicats, Et leurs mains et leur visage tout engourdis de sainteté. La lune ne voit rien de tout cela. Elle est chauve, elle est cruelle. Et le message du cyprès n’est que ténèbres – ténèbres et silence.

    en cours de vérification

  • 1