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Paresse

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Paresse

Poésies de la collection paresse

    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    Sur la paresse « Oui, j'écris rarement et me plais de le faire : Non pas que la paresse en moi soit ordinaire; Mais, sitôt que je prends la plume à ce dessein, Je crois prendre en galère une rame à la main. » Qui croyez-vous, mon cher, qui parle de la sorte? C'est Alfred, direz-vous, ou le diable m'emporte! Non, ami. Plût à Dieu que j'eusse dit si bien Et si net et si court pourquoi je ne dis rien! L'esprit mâle et hautain dont la sobre pensée Fut dans ces rudes vers librement cadencée (Ôtez votre chapeau), c'est Mathurin Régnier, De l'immortel Molière immortel devancier; Qui ploya notre langue, et dans sa cire molle Sut pétrir et dresser la romaine hyperbole 2, Premier maître jadis sous lequel j'écrivis, Alors que du voisin je prenais les avis, Et qui me fut montré, dans l'âge où tout s'ignore, Par de plus fiers que moi, qui l'imitent encore; Mais la cause était bonne, et, quel qu'en soit l'effet, Quiconque m'a fait voir cette route a bien fait. Or je me demandais hier dans la solitude; Ce cœur sans peur, sans gêne et sans inquiétude, Qui vécut et mourut dans un si brave ennui, S'il se taisait jadis, qu'eût-il fait aujourd'hui? Alors à mon esprit se présentaient en hâte Nos vices, nos travers, et toute cette pâte Dont il aurait su faire un plat de son métier À nous désopiler pendant un siècle entier : D'abord, le grand fléau qui nous rend tous malades, Le seigneur Journalisme et ses pantalonnades; Ce droit quotidien qu'un sot a de berner Trois ou quatre milliers de sots, à déjeuner; Le règne du papier, l'abus de l'écriture, Qui d'un plat feuilleton fait une dictature, Tonneau d'encre bourbeux par Fréron défoncé, Dont, jusque sur le trône, on est éclaboussé; En second heu, nos mœurs, qui se croient plus sévères, Parce que nous cachons et nous rinçons nos verres, Quand nous avons commis dans quelque coin honteux Ces éternels péchés dont pouffaient nos aïeux; Puis nos discours pompeux, nos fleurs de bavardage, L'esprit européen de nos coqs de village, Ce bel art si choisi d'offenser poliment, Et de se souffleter parlementairement; Puis, nos livres mort-nés, nos poussives chimères, Pâture des portiers; et ces pauvres commères, Qui, par besoin d'amants ou faute de maris. Font du moins leur besogne en pondant leurs écrits; Ensuite, un mal profond, la croyance envolée, La prière inquiète, errante et désolée, Et, pour qui joint les mains, pour qui lève les yeux, Une croix en poussière et le désert aux cieux; Ensuite, un mal honteux, le bruit de la monnaie, La jouissance brute, et qui croit être vraie, La mangeaille, le vin, l'égoïsme hébété, Qui se berce en ronflant dans sa brutalité; Puis un tyran moderne, une peste nouvelle, La médiocrité qui ne comprend rien qu'elle, Qui, pour chauffer la cuve où son fer fume et bout, Y jetterait le bronze où César est debout, Instinct de la basoche, odeur d'épicerie, Qui fait lever le cœur à la mère patrie, Capable, avec le temps, de la déshonorer, Si sa fière native en pouvait s'altérer; Ensuite, un tort léger, tant il est ridicule, Et qui ne vaut pas même un revers de férule, Les lamentations des chercheurs d'avenir, Ceux qui disent : Ma sœur, ne vois-tu rien venir? Puis, un mal dangereux qui touche à tous les crimes, La sourde ambition de ces tristes maximes Qui ne sont même pas de vieilles vérités, Et qu'on vient nous donner comme des nouveautés; Vieux galons de Rousseau, défroque de Voltaire, Carmagnole en haillons volée à Robespierre, Charmante garde-robe où sont emmaillotés Du peuple souverain les courtisans crottés; Puis enfin, tout au bas, la dernière de toutes, La fièvre de ces fous qui s'en vont par les routes Arracher la charrue aux mains du laboureur, DanS l'atelier désert corrompre le malheur, Au nom d'un Dieu de paix qui nous prescrit l'aumône Traîner au carrefour le pauvre qui frissonne, D'un fer rouillé de sang armer sa maigre main. Et se sauver dans l'ombre en poussant l'assassin. Qu'aurait dit à cela ce grand traîneur d'épée, Ce flâneur « qui prenait les vers à la pipée »? Si dans ce gouffre obscur son regard eût plongé, Sous quel étrange aspect l'eût-il envisagé ? Quelle affreuse tristesse ou quel rire homérique Eût ouvert ou serré ce cœur mélancolique? Se fût-il contenté de nous prendre en pitié, De consoler sa vie avec quelque amitié, Et de laisser la foule étourdir ses oreilles, Comme un berger qui dort au milieu des abeilles ? Ou bien, le cœur ému d'un mépris généreux, Aurait-il là-dessus versé, comme un vin vieux, Ses hardis hiatus, flot jailli du Parnasse, Où Despréaux mêla sa tisane à la glace? Certes, s'il eût parlé, ses robustes gros mots Auraient de pied en cap ébouriffé les sots : Qu'il se fût abattu sur une telle proie, L'ombre de Juvénal en eût frémi de joie, Et sur ce noir torrent qui mène tout à rien Quelques mots flotteraient, dits pour les gens de bien. Franchise du vieux temps, muse de la patrie, Où sont ta verte allure et ta sauvagerie? Comme ils tressailleraient, les paternels tombeaux, Si ta voix douce et rude en frappait les échos! Comme elles tomberaient, nos gloires mendiées, De patois étrangers nos muses barbouillées B, Devant toi qui puisas ton immortalité Dans ta beauté féconde et dans ta liberté! Avec quelle rougeur et quel piteux visage Notre bégueulerie entendrait ton langage, Toi qu'un juron gaulois n'a jamais fait bouder, Et qui, ne craignant rien, ne sais rien marchander. Quel régiment de fous, que de marionnettes, Quel troupeau de mulets dandinant leurs sonnettes, Quelle procession de pantins désolés, Passeraient devant nous, par ta voix appelés ! Et quel plaisir de voir, sans masque ni lisières, À travers le chaos de nos folles misères, Courir en souriant tes beaux vers ingénus, Tantôt légers, tantôt boiteux, toujours pieds nus! Gaieté, génie heureux, qui fus jadis le nôtre, Rire dont on riait d'un bout du monde à l'autre, Esprit de nos aïeux, qui te réjouissais Dans l'éternel bon sens, lequel est né français, Fleurs de notre pays, qu'êtes-vous devenues ? L'aigle s'est-il lassé de planer dans les nues, Et de tenir toujours son regard arrêté Sur l'astre tout-puissant d'où jaillit la clarté? Voilà donc, l'autre soir, quelle était ma pensée, Et plus je m'y tenais la cervelle enfoncée, Moins je m'imaginais que le vieux Mathurin Eût montré, de ce temps, ni gaieté ni chagrin. « Eh quoil me direz-vous, il nous eût laissés faire, Lui qu'un mauvais dîner pouvait mettre en colère! Lui qui s'effarouchait, grand enfant sans raison, D'une femme infidèle et d'une trahison! Lui qui se redressait, comme un serpent dans l'herbe, Pour une balourdise échappée à Malherbe, Et qui poussa l'oubli de tout respect humain Jusqu'à daigner rosser Berthelot de sa main 6 ! » Oui, mon cher, ce même homme, et par la raison même Que son cœur débordant poussait tout à l'extrême, Et qu'au moindre sujet qui venait l'animer, Sachant si bien haïr, il savait tant aimer, Il eût trouvé ce siècle indigne de satire, Trop vain pour en pleurer, trop triste pour en rire, Et, quel qu'en fût son rêve, il l'eût voulu garder. Il n'est que trop facile, à qui sait regarder, De comprendre pourquoi tout est malade en France; Le mal des gens d'esprit, c'est leur indifférence, Celui des gens de cœur, leur inutilité. Mais à quoi bon venir prêcher la vérité, Et devant les badauds étaler sa faconde, Pour répéter en vers ce que dit tout le monde? Sur notre état présent qui s'abuse aujourd'hui? Comme dit Figaro : « Qui trompe-t-on ici7 ? » D'ailleurs est-ce un plaisir d'exprimer sa pensée? L'hirondelle s'envole, un goujat l'a blessée; Elle tombe, palpite et meurt, et le passant Aperçoit par hasard son pied taché de sang. Hélas! pensée écrite, hirondelle envolée! Dieu sait par quel chemin elle s'en est allée! Et quelle main la tue au sortir de son nid! Non, j'en suis convaincu, Mathurin n'eût rien dit. Ce n'est pas, en parlant, qu'il en eût craint la suite; Sa tête allait bon train, son cœur encor plus vite, Et de lui dire non à ce qu'il avait vu Un journaliste même eût été mal venu. Il n'eût pas craint non plus que sa faveur trahie Eût fait au cardinal rayer son abbaye; Des compliments de cour et des canonicats, Si ce n'est pour l'argent, il n'en fit pas grand cas. Encor moins eût-il craint qu'on fût venu lui dire : Et vous, d'où venez-vous pour faire une satire? De quel droit parlez-vous, n'ayant jamais rien fait Que d'aller chez Margot, sortant du cabaret? Car il eût répondu : N'en soyez point en peine; Plus que votre bon sens ma déraison est saine; Chancelant que je suis de ce jus du caveau, Plus honnête est mon cœur, et plus franc mon cerveau Que vos grands airs chantés d'un ton de Jérémie. À la barbe du siècle il eût aimé sa mie, Et qui l'eût abordé n'aurait eu pour tout prix Que beaucoup de silence, et qu'un peu de mépris. Ami, vous qui voyez vivre, et qui savez comme, Vous dont l'habileté fut d'être un honnête homme, À vous s'en vont ces vers, au hasard ébauchés, Qui vaudraient encor moins s'ils étaient plus cherchés. Mais vous me reprochez sans cesse mon silence; C'est vrai : l'ennui m'a pris de penser en cadence, Et c'est pourquoi, lisant ces vers d'un fainéant, Qui n'a fait que trois pas, mais trois pas de géant, De vous les envoyer il m'a pris fantaisie, Afin que vous sachiez comment la poésie A vécu de tout temps, et que les paresseux Ont été quelquefois des gens aimés des dieux. Après cela, mon cher, je désire et j'espère (Pour finir à peu près par un vers de Molière *) Que vous vous guérirez du soin que vous prenez De me venir toujours jeter ma lyre au nez.

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    La chevelure Ô toison, moutonnant jusque sur l’encolure ! Ô boucles ! Ô parfum chargé de nonchaloir ! Extase ! Pour peupler ce soir l’alcôve obscure Des souvenirs dormant dans cette chevelure, Je la veux agiter dans l’air comme un mouchoir ! La langoureuse Asie et la brûlante Afrique, Tout un monde lointain, absent, presque défunt, Vit dans tes profondeurs, forêt aromatique ! Comme d’autres esprits voguent sur la musique, Le mien, ô mon amour ! nage sur ton parfum. J’irai là-bas où l’arbre et l’homme, pleins de sève, Se pâment longuement sous l’ardeur des climats ; Fortes tresses, soyez la houle qui m’enlève ! Tu contiens, mer d’ébène, un éblouissant rêve De voiles, de rameurs, de flammes et de mâts : Un port retentissant où mon âme peut boire A grands flots le parfum, le son et la couleur ; Où les vaisseaux, glissant dans l’or et dans la moire, Ouvrent leurs vastes bras pour embrasser la gloire D’un ciel pur où frémit l’éternelle chaleur. Je plongerai ma tête amoureuse d’ivresse Dans ce noir océan où l’autre est enfermé ; Et mon esprit subtil que le roulis caresse Saura vous retrouver, ô féconde paresse, Infinis bercements du loisir embaumé ! Cheveux bleus, pavillon de ténèbres tendues, Vous me rendez l’azur du ciel immense et rond ; Sur les bords duvetés de vos mèches tordues Je m’enivre ardemment des senteurs confondues De l’huile de coco, du musc et du goudron. Longtemps ! toujours ! ma main dans ta crinière lourde Sèmera le rubis, la perle et le saphir, Afin qu’à mon désir tu ne sois jamais sourde ! N’es-tu pas l’oasis où je rêve, et la gourde Où je hume à longs traits le vin du souvenir ?

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    La fin de la journée Sous une lumière blafarde Court, danse et se tord sans raison La Vie, impudente et criarde. Aussi, sitôt qu’à l’horizon La nuit voluptueuse monte, Apaisant tout, même la faim, Effaçant tout, même la honte, Le Poëte se dit : « Enfin ! Mon esprit, comme mes vertèbres, Invoque ardemment le repos ; Le cœur plein de songes funèbres, Je vais me coucher sur le dos Et me rouler dans vos rideaux, Ô rafraîchissantes ténèbres ! »

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    C

    Chloe Douglas

    @chloeDouglas

    La paresse inspirée Une jeune fille nonchalante rêve au bout d’un chemin. Son visage de soie caresse le vent. Sans raison, ni idée elle frôle l’impitoyable haie. Son doigt piqué d’un profond rouge, elle reste immobile sans alarme, ni amertume. Elle est hypnotisée par l’incroyable lumière, qui pénètre les érables avec toute sa vitalité. Comme une héroïne d’un conte lointain, elle commune avec la nature, elle chante sans fin. Capturée dans la chaleur rien ne va briser ce songe d’été. Et voilà qu’arrive un changement, un chevalier sur son étalon blanc emporte sa muse à l’idée suivante.

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    Clément Marot

    Clément Marot

    @clementMarot

    Aux damoiselles paresseuses d'écrire a leurs amis Bonjour : et puis, quelles nouvelles ? N'en saurait-on de vous avoir? S'en bref ne m'en faites savoir, J'en ferai de toute nouvelles. Puisque vous êtes si rebelles, Bon vêpre, bonne nuit, bonsoir, Bonjour ! Mais si vous cueillez des groselles, Envoyez-m'en ; car, pour tout voir, Je suis gros, mais c'est de vous voir Quelque matin, mes damoiselles : Bonjour !

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    E

    Esther Granek

    @estherGranek

    Mea-culpa Me maintenant comme à l’écart de par mes choix et ma manière, coupable, suis, d’être en lisière tout aussi bien qu’en un tiroir et d’y rester. Verdict austère que j’entendis plus qu’à mon gré mais ne puis que le ratifier. De m’y soustraire, il ne me sied. Bien trop j’ai négligé les fleurs et fort peu j’ai parlé des arbres. A tout artiste ils font honneur. Grandes lacunes en mon labeur ! Et qu’en est-il de mon crédit ? Des manquements je paie le prix ! car j’ai trop négligé les fleurs et fort peu j’ai parlé des arbres… Ah ! voyez-vous, que n’ai-je écrit pour m’éviter accueil de marbre et m’intégrer dans un circuit et avoir un pied dans la place (bien qu’ignorant ce qui s’y passe) ah ! voyez-vous, que n’ai-je écrit : « Les éléphants chantaient dans les arbres et les hirondelles étaient en fleurs ».

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    G

    Gaston Couté

    @gastonCoute

    L’école Les p’tiots matineux sont ’jà par les ch’mins Et, dans leu’ malett’ de grousse touél’ blue Qui danse et berlance en leu’ tapant l’cul, I’s portent des liv’s à coûté d’leu pain. L’matin est joli coumm’ trent’-six sourires, Le souleil est doux coumm’ les yeux des bêtes… La vie ouvre aux p’tiots son grand liv’ sans lett’es Oùsqu’on peut apprend’ sans la pein’ de lire : Ah ! les pauv’s ch’tiots liv’s que ceuss’ des malettes ! La mouésson est mûre et les blés sont blonds ; I’ s’ pench’nt vars la terr’ coumm’ les tâcherons . Qui les ont fait v’ni’ et les abattront : Ça sent la galette au fournil des riches Et, su’la rout’, pass’nt des tireux d’pieds d’biche. Les chiens d’ deux troupets qui vont aux pâtis, Les moutons itou et les mé’s barbis Fray’nt et s’ent’erlich’nt au long des brémailles Malgré qu’les bargers se soyin bouquis Un souér d’assemblé’, pour eune garçaille. Dans les ha’s d’aubier qu’en sont ros’s et blanches, Les moignieaux s’accoupl’nt, à tout bout de branches, Sans s’douter qu’les houmm’s se mari’nt d’vant l’maire, Et i’s s’égosill’nt à quérrier aux drôles L’Amour que l’on r’jitt’ des liv’s’de l’école Quasi coumme eun’ chous’ qui s’rait pas à faire. A l’oré’ du boués, i’ s’trouve eun’ grand crouéx, Mais les peupéiers sont pus grands dans l’boués. L’fosséyeux encave un mort sous eun’ pierre, On baptise au bourg : les cloches sont claires Et les vign’s pouss’ vart’s, sur l’ancien cim’tiére ! Ah ! Les pauv’s ch’tiots liv’s que ceuss’ des malettes ! Sont s’ment pas foutus d’vous entrer en tète Et, dans c’ti qu’est là, y a d’quoué s’empli l’coeur ! A s’en empli l’coeur, on d’vienrait des hoummes, Ou méchants ou bons – n’importe ben coumme! – Mais, vrais coumm’ la terre en friche ou en fleurs, L’souleil qui fait viv’e ou la foud’ qui tue. Et francs, aussi francs que la franch’ Nature, Les p’tiots ont marché d’leu’s p’tit’s patt’s, si ben Qu’au-d’ssus des lopins de seigle et d’luzarne, Gris’ coumme eun’ prison, haut’ coumme eun’ casarne L’Ecole est d’vant eux qui leu’ bouch’ le ch’min. L’mét’ d’école les fait mett’e en rangs d’ougnons Et vire à leu’têt’ coumme un général :  » En r’tenu’, là-bas !… c’ti qui pivott’ mal !… » Ça c’est pou’ l’cougner au méquier d’troufion. On rent’ dans la classe oùsqu’y a pus bon d’Guieu : On l’a remplacé par la République ! De d’ssus soun estrad’ le met’ leu-z-explique C’qu’on y a expliqué quand il ‘tait coumme eux. I’leu’ conte en bieau les tu’ri’s d’ l’Histouére, Et les p’tiots n’entend’nt que glouère et victouére : I’ dit que l’travail c’est la libarté, Que l’Peuple est souv’rain pisqu’i’ peut voter, Qu’les loués qu’instrument’nt nous bons députés Sont respectab’s et doiv’nt êt respectées, Qu’faut payer l’impôt…  » Môssieu, j’ai envie ! … – Non ! .., pasque ça vous arriv’ trop souvent ! » I veut démontrer par là aux enfants Qu’y a des régu’s pour tout, mêm’ pou’la vessie Et qu’i’ faut les suiv’déjà, dret l’école. I’pétrit à mêm’ les p’tits çarvell’s molles, I’rabat les fronts têtus d’eun’ calotte, I’ varse soun’ encr’ su’ les fraîch’s menottes Et, menteux, fouéreux, au sortu’ d’ses bancs Les p’tiots sont pus bons qu’â c’qu’i’ les attend: Ça f’ra des conscrits des jours de r’vision Traînant leu’ drapieau par tous les bordels, Des soldats à fout’e aux goul’s des canons Pour si peu qu’les grous ayin d’la querelle, Des bûcheux en grippe aux dents des machines, Des bons citoyens à jugeotte d’ouée : Pousseux d’bull’tins d’vote et cracheux d’impôts, Des cocus devant l’Eglise et la Loué Qui bav’ront aux lév’s des pauv’s gourgandines, Des hounnètes gens, des gens coumme i’faut Qui querv’ront, sarrant l’magot d’un bas d’laine, Sans vouer les étouel’s qui fleuriss’nt au ciel Et l’Avri’ en fleurs aux quat’ coins d’la plaine !… Li ! l’vieux met’ d’école, au fin bout d’ses jours Aura les ch’veux blancs d’un déclin d’âg’ pur ; I’ s’ra ensarré d’l’estime d’tout l’bourg Et touch’ra les rent’s du gouvernement… Le vieux maît’ d’écol’ ne sera pourtant Qu’un grand malfaiseux devant la Nature !..

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    G

    Grégory Rateau

    @gregoryRateau

    La sieste J’ouvre les yeux un peu troubles du songe La rumeur du jour pique à vif Kaléidoscope rétinien D’ombres roumaines striées de veines Passage du noir au rouge Puis les piaillements amis Le cahot des charrettes Et les bâtards qui leur courent après Des voix familières dans la cloison Nomment sans le brusquer le dormeur L’appel en doux murmures suivis d’éclats de rire Se lever avant que le lit ne me ramène définitivement A cette torpeur molletonnée de l’entre-soi Le soleil qui se pose sur un coin de fraîcheur Une invite, une promesse renouvelée Aucune urgence Le monde m’attend Me recoucher Le faire languir encore un peu

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    H

    Henri Michaux

    @henriMichaux

    La paresse L'âme adore nager. Pour nager on s'étend sur le ventre. L'âme se déboîte et s'en va. Elle s'en va en nageant. (Si votre âme s'en va quand vous êtes debout, ou assis, ou les genoux ployés, ou les coudes, pour chaque position corporelle différente l'âme partira avec une démarche et une forme différentes, c'est ce que j'établirai plus tard.) On parle souvent de voler. Ce n'est pas ça. C'est nager qu'elle fait. Et elle nage comme les serpents et les anguilles, jamais autrement. Quantité de personnes ont ainsi une âme qui adore nager. On les appelle vulgairement des paresseux. Quand l'âme quitte le corps par le ventre pour nager, il se produit une telle libération de je ne sais quoi, c'est un abandon, une jouissance, un relâchement si intime. L'âme s'en va nager dans la cage de l'escalier ou dans la rue suivant la timidité ou l'audace de l'homme, car toujours elle garde un fil d'elle à lui, et si ce fil se rompait (il est parfois très ténu, mais c'est une force effroyable qu'il faudrait pour rompre le fil), ce serait terrible pour eux (pour elle et pour lui). Quand donc elle se trouve occupée à nager au loin, par ce simple fil qui lie l'homme à l'âme s'écoulent des volumes et des volumes d'une sorte de matière spirituelle, comme de la boue, comme du mercure, ou comme un gaz — jouissance sans fin. C'est pourquoi le paresseux est indécrottable. Il ne changera jamais. C'est pourquoi aussi la paresse est la mère de tous les vices. Car qu'est-ce qui est plus égoïste que la paresse? Elle a des fondements que l'orgueil n'a pas. Mais les gens s'acharnent sur les paresseux. Tandis qu'ils sont couchés, on les frappe, on leur jette de l'eau fraîche sur la tête, ils doivent vivement ramener leur âme. Ils vous regardent alors avec ce regard de haine, que l'on connaît bien, et qui se voit surtout chez les enfants.

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    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    Épitaphe d'un paresseux Jean s'en alla comme il était venu, Mangea le fonds avec le revenu, Tint les trésors chose peu nécessaire. Quant à son temps, bien le sut dispenser : Deux parts en fit, dont il soulait passer L'une à dormir et l'autre à ne rien faire. (*) Le verbe souloir signifiait avoir l'habitude de, la coutume de.

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    J

    Jules Delavigne

    @julesDelavigne

    Mon ami Il attend sous la pluie Le droit de faire ce qu’il veut de sa vie Sa femme lui avait dit De rentrer Mais il attend La gare St Lazare Il la connait, et pas par hasard Les pigeons qui la fréquentent Tout comme lui, font grise mine Ils font ce qu’ils doivent faire De leurs jours Ils regardent, ils attendent Dans le bar du coin le serveur s’empresse Et avec un minimum de tendresse Il lui lance : « bonjour, comment ça va aujourd’hui ? » Le temps s’arrête un instant, il cherche sa réponse Et comme hier, il dit Que tout va bien

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    M

    Magdeleine Michel

    @magdeleineMichel

    Fatigue La fatigue, cette grande amie des orgies Pâles des jours moelleux, ratisse largement Les ors du temps paresseux; alors tu oublies L'instant qui ronge, souffle cruel et, vraiment, Telle une vague enfouie par delà l'écume, En douce certitude, elle engourdit les nœuds Et le ressort de l'envie cachée sous la brume De l'haleine exaltée aux parfums d'un vin vieux. Fatigue en coussins cousus de velours râpés, De contours cotonneux de ces moments happés Qui poussent, herbeux, verbeux ou dodelinant Du chef harassé ou pensif; il faut surseoir... Penser que le jour survient autant que le soir. La poussière de l'ennui s'effeuille en flânant.

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    M

    Marc-Antoine Girard de Saint-Amant

    @marcAntoineGirardDeSaintAmant

    Le paresseux Accablé de paresse et de mélancolie, Je rêve dans un lit où je suis fagoté, Comme un lièvre sans os qui dort dans un pâté, Ou comme un Don Quichotte en sa morne folie.

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Autre (Impression fausse) La cour se fleurit de souci Comme le front De tous ceux-ci Qui vont en rond En flageolant sur leur fémur Débilité Le long du mur Fou de clarté. Tournez, Samsons sans Dalila, Sans Philistin, Tournez bien la Meule au destin. Vaincu risible de la loi, Mouds tour à tour Ton coeur, ta foi Et ton amour ! Ils vont ! et leurs pauvres souliers Font un bruit sec, Humiliés, La pipe au bec. Pas un mot ou bien le cachot Pas un soupir, Il fait si chaud Qu’on croit mourir. J’en suis de ce cirque effaré, Soumis d’ailleurs Et préparé A tous malheurs. Et pourquoi si j’ai contristé Ton voeu têtu, Société, Me choierais-tu ? Allons, frères, bons vieux voleurs, Doux vagabonds, Filous en fleurs, Mes chers, mes bons, Fumons philosophiquement, Promenons-nous Paisiblement : Rien faire est doux.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    A cupidon Le jour pousse la nuit, Et la nuit sombre Pousse le jour qui luit D’une obscure ombre. L’Autonne suit l’Esté, Et l’aspre rage Des vents n’a point esté Apres l’orage. Mais la fièvre d’amours Qui me tourmente, Demeure en moy tousjours, Et ne s’alente. Ce n’estoit pas moy, Dieu, Qu’il falloit poindre, Ta fleche en autre lieu Se devoit joindre. Poursuy les paresseux Et les amuse, Mais non pas moy, ne ceux Qu’aime la Muse. Helas, delivre moy De ceste dure, Qui plus rit, quand d’esmoy Voit que j’endure. Redonne la clarté A mes tenebres, Remets en liberté Mes jours funebres. Amour sois le support De ma pensée, Et guide à meilleur port Ma nef cassée. Tant plus je suis criant Plus me reboute, Plus je la suis priant Et moins m’escoute. Ne ma palle couleur D’amour blesmie N’a esmeu à douleur Mon ennemie. Ne sonner à son huis De ma guiterre, Ny pour elle les nuis Dormir à terre. Plus cruel n’est l’effort De l’eau mutine Qu’elle, lors que plus fort Le vent s’obstine. Ell’ s’arme en sa beauté, Et si ne pense Voir de sa cruauté La récompense. Monstre toy le veinqueur, Et d’elle enflame Pour exemple le coeur De telle flame, Qui la soeur alluma Trop indiscrete, Et d’ardeur consuma La Royne en Crete.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Le temps perdu Si peu d’oeuvres pour tant de fatigue et d’ennui ! De stériles soucis notre journée est pleine : Leur meute sans pitié nous chasse à perdre haleine, Nous pousse, nous dévore, et l’heure utile a fui… « Demain ! J’irai demain voir ce pauvre chez lui, « Demain je reprendrai ce livre ouvert à peine, « Demain je te dirai, mon âme, où je te mène, « Demain je serai juste et fort… pas aujourd’hui. » Aujourd’hui, que de soins, de pas et de visites ! Oh ! L’implacable essaim des devoirs parasites Qui pullulent autour de nos tasses de thé ! Ainsi chôment le coeur, la pensée et le livre, Et, pendant qu’on se tue à différer de vivre, Le vrai devoir dans l’ombre attend la volonté.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    L’habitude L’habitude est une étrangère Qui supplante en nous la raison : C’est une ancienne ménagère Qui s’installe dans la maison. Elle est discrète, humble, fidèle, Familière avec tous les coins ; On ne s’occupe jamais d’elle, Car elle a d’invisibles soins : Elle conduit les pieds de l’homme, Sait le chemin qu’il eût choisi, Connaît son but sans qu’il le nomme, Et lui dit tout bas : « Par ici. » Travaillant pour nous en silence, D’un geste sûr, toujours pareil, Elle a l’oeil de la vigilance, Les lèvres douces du sommeil. Mais imprudent qui s’abandonne À son joug une fois porté ! Cette vieille au pas monotone Endort la jeune liberté ; Et tous ceux que sa force obscure A gagnés insensiblement Sont des hommes par la figure, Des choses par le mouvement.

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    S

    Sandrine Davin

    @sandrineDavin

    Gris, gris, gris… De ma fenêtre le ciel est gris Des gens se pressent je ne sais pourquoi La rue est remplie de débris Et les chats hurlent sur les toits. Je suis enfermée dans ma chambre La musique inonde les murs Est-ce le mois de mai ou décembre Je ne sais plus, je te le jure. De ma fenêtre le ciel est gris J’ai la tête farcie de pourquoi Mon intellectuel est tari Une cigarette me tend les bras. Plus rien ne compte, je divague Le soleil peut pointer son nez Je lui dirais peut-être une blague Ou l’inviterait à dîner. De ma fenêtre le ciel est gris Je vais refermer les volets Entends-tu la petite souris Te chantonner un petit couplet. La mélodie s’est égarée Quelque part au fond de la nuit Ma chambre je veux redécorer Pour emmenoter tout ce gris.

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    T

    Thomas Chaline

    @thomasChaline

    Colère d’un printemps Tu piques dans la caisse L’argent des contribuables Car ce n’est que la paresse Ta qualité honorable Tu joues à quitte ou double La lenteur de la justice Les électeurs t’adoubent Ta force est ton artifice Quand l’heure des comptes viendra Sous la colère d’un printemps Tu prieras encore tous les vents Pour t’échapper par là

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    Théophile Gautier

    Théophile Gautier

    @theophileGautier

    Far-niente Quand je n’ai rien à faire, et qu’à peine un nuage Dans les champs bleus du ciel, flocon de laine, nage, J’aime à m’écouter vivre, et, libre de soucis, Loin des chemins poudreux, à demeurer assis Sur un moelleux tapis de fougère et de mousse, Au bord des bois touffus où la chaleur s’émousse. Là, pour tuer le temps, j’observe la fourmi Qui, pensant au retour de l’hiver ennemi, Pour son grenier dérobe un grain d’orge à la gerbe, Le puceron qui grimpe et se pend au brin d’herbe, La chenille traînant ses anneaux veloutés, La limace baveuse aux sillons argentés, Et le frais papillon qui de fleurs en fleurs vole. Ensuite je regarde, amusement frivole, La lumière brisant dans chacun de mes cils, Palissade opposée à ses rayons subtils, Les sept couleurs du prisme, ou le duvet qui flotte En l’air, comme sur l’onde un vaisseau sans pilote ; Et lorsque je suis las je me laisse endormir, Au murmure de l’eau qu’un caillou fait gémir, Ou j’écoute chanter près de moi la fauvette, Et là-haut dans l’azur gazouiller l’alouette.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Sara la baigneuse Sara, belle d’indolence, Se balance Dans un hamac, au-dessus Du bassin d’une fontaine Toute pleine D’eau puisée à l’Ilyssus ; Et la frêle escarpolette Se reflète Dans le transparent miroir, Avec la baigneuse blanche Qui se penche, Qui se penche pour se voir. Chaque fois que la nacelle, Qui chancelle, Passe à fleur d’eau dans son vol, On voit sur l’eau qui s’agite Sortir vite Son beau pied et son beau col. Elle bat d’un pied timide L’onde humide Où tremble un mouvant tableau, Fait rougir son pied d’albâtre, Et, folâtre, Rit de la fraîcheur de l’eau. Reste ici caché : demeure ! Dans une heure, D’un oeil ardent tu verras Sortir du bain l’ingénue, Toute nue, Croisant ses mains sur ses bras. Car c’est un astre qui brille Qu’une fille Qui sort d’un bain au flot clair, Cherche s’il ne vient personne, Et frissonne, Toute mouillée au grand air. Elle est là, sous la feuillée, Eveillée Au moindre bruit de malheur ; Et rouge, pour une mouche Qui la touche, Comme une grenade en fleur. On voit tout ce que dérobe Voile ou robe ; Dans ses yeux d’azur en feu, Son regard que rien ne voile Est l’étoile Qui brille au fond d’un ciel bleu. L’eau sur son corps qu’elle essuie Roule en pluie, Comme sur un peuplier ; Comme si, gouttes à gouttes, Tombaient toutes Les perles de son collier. Mais Sara la nonchalante Est bien lente A finir ses doux ébats ; Toujours elle se balance En silence, Et va murmurant tout bas :  » Oh ! si j’étais capitane,  » Ou sultane,  » Je prendrais des bains ambrés,  » Dans un bain de marbre jaune,  » Prés d’un trône,  » Entre deux griffons dorés !  » J’aurais le hamac de soie  » Qui se ploie  » Sous le corps prêt à pâmer ;  » J’aurais la molle ottomane  » Dont émane  » Un parfum qui fait aimer.  » Je pourrais folâtrer nue,  » Sous la nue,  » Dans le ruisseau du jardin,  » Sans craindre de voir dans l’ombre  » Du bois sombre  » Deux yeux s’allumer soudain.  » Il faudrait risquer sa tète  » Inquiète,  » Et tout braver pour me voir,  » Le sabre nu de l’heiduque,  » Et l’eunuque  » Aux dents blanches, au front noir !  » Puis, je pourrais, sans qu’on presse  » Ma paresse,  » Laissez avec mes habits  » Traîner sur les larges dalles  » Mes sandales  » De drap brodé de rubis. «  Ainsi se parle en princesse, Et sans cesse Se balance avec amour, La jeune fille rieuse, Oublieuse Des promptes ailes du jour. L’eau, du pied de la baigneuse Peu soigneuse, Rejaillit sur le gazon, Sur sa chemise plissée, Balancée Aux branches d’un vert buisson. Et cependant des campagnes Ses compagnes Prennent toutes le chemin. Voici leur troupe frivole Qui s’envole En se tenant par la main. Chacune, en chantant comme elle, Passe, et mêle Ce reproche à sa chanson : – Oh ! la paresseuse fille Qui s’habille Si tard un jour de moisson !

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