splash screen icon Lenndi
splash screen name leendi

Prière

16 poésies en cours de vérification
Prière

Poésies de la collection prière

    Albert Samain

    Albert Samain

    @albertSamain

    La prière du convalescent Les jardins odorants balancent leurs panaches. L'eau miroite au soleil, et le ciel est heureux. Mon cœur, tu peux rentrer dans l'ombre où tu te caches ; Ton impuissance insulte au monde vigoureux. Dans un tressaillement qui fait craquer l'écorce, L'arbre, géant joyeux, tend ses cent bras musclés. La terre, ivre de sève, étouffe dans sa force, Et la feuille éperdue a des frissons ailés. Mon cœur, tu t'en vas seul dans le bonheur des choses ; Pourtant l'Espoir frémit dans l'azur du matin. C'est le temps du travail et des métamorphoses, Il faut à chaque jour un soir lourd de butin. L'amour passe au galop dans les forêts obscures, Triomphal et levant des bras tachés de sang. Le sang tombe étoilé des virginités mûres Et l'air tiède des soirs est comme un vin puissant. Tout se réveille, et vibre, et germe, et se déploie, Et porte dans le cœur un plein soleil d'orgueil, Le monde a les couleurs splendides de la joie ; Seul, je traîne un corps las courbé vers le cercueil. Seigneur, laissez tomber dans ma coupe tarie Une goutte, une large goutte du vin d'or ! Mon cœur est un enfant qui désespère et crie... Seigneur, faites qu'enfin sous ma bouche flétrie Du vieux sein nourricier le lait jaillisse encor ! Donnez-moi le vouloir, l'audace, l'énergie, Et le besoin viril de prendre et de dompter, Et que je sente enfin, dans mon âme élargie, La Force comme une rose rouge éclater !

    en cours de vérification

    Alphonse de Lamartine

    Alphonse de Lamartine

    @alphonseDeLamartine

    La prière Le roi brillant du jour, se couchant dans sa gloire, Descend avec lenteur de son char de victoire. Le nuage éclatant qui le cache à nos yeux Conserve en sillons d'or sa trace dans les cieux, Et d'un reflet de pourpre inonde l'étendue. Comme une lampe d'or, dans l'azur suspendue, La lune se balance aux bords de l'horizon ; Ses rayons affaiblis dorment sur le gazon, Et le voile des nuits sur les monts se déplie : C'est l'heure où la nature, un moment recueillie, Entre la nuit qui tombe et le jour qui s'enfuit, S'élève au Créateur du jour et de la nuit, Et semble offrir à Dieu, dans son brillant langage, De la création le magnifique hommage. Voilà le sacrifice immense, universel ! L'univers est le temple, et la terre est l'autel ; Les cieux en sont le dôme : et ces astres sans nombre, Ces feux demi-voilés, pâle ornement de l'ombre, Dans la voûte d'azur avec ordre semés, Sont les sacrés flambeaux pour ce temple allumés : Et ces nuages purs qu'un jour mourant colore, Et qu'un souffle léger, du couchant à l'aurore, Dans les plaines de l'air, repliant mollement, Roule en flocons de pourpre aux bords du firmament, Sont les flots de l'encens qui monte et s'évapore Jusqu'au trône du Dieu que la nature adore. Mais ce temple est sans voix. Où sont les saints concerts ? D'où s'élèvera l'hymne au roi de l'univers ? Tout se tait : mon coeur seul parle dans ce silence. La voix de l'univers, c'est mon intelligence. Sur les rayons du soir, sur les ailes du vent, Elle s'élève à Dieu comme un parfum vivant ; Et, donnant un langage à toute créature, Prête pour l'adorer mon âme à la nature. Seul, invoquant ici son regard paternel, Je remplis le désert du nom de I'Eternel ; Et celui qui, du sein de sa gloire infinie, Des sphères qu'il ordonne écoute l'harmonie, Ecoute aussi la voix de mon humble raison, Qui contemple sa gloire et murmure son nom. Salut, principe et fin de toi-même et du monde, Toi qui rends d'un regard l'immensité féconde ; Ame de l'univers, Dieu, père, créateur, Sous tous ces noms divers je crois en toi, Seigneur ; Et, sans avoir besoin d'entendre ta parole, Je lis au front des cieux mon glorieux symbole. L'étendue à mes yeux révèle ta grandeur, La terre ta bonté, les astres ta splendeur. Tu t'es produit toi-même en ton brillant ouvrage ; L'univers tout entier réfléchit ton image, Et mon âme à son tour réfléchit l'univers. Ma pensée, embrassant tes attributs divers, Partout autour de soi te découvre et t'adore, Se contemple soi-même et t'y découvre encore Ainsi l'astre du jour éclate dans les cieux, Se réfléchit dans l'onde et se peint à mes yeux. C'est peu de croire en toi, bonté, beauté suprême ; Je te cherche partout, j'aspire à toi, je t'aime ; Mon âme est un rayon de lumière et d'amour Qui, du foyer divin, détaché pour un jour, De désirs dévorants loin de toi consumée, Brûle de remonter à sa source enflammée. Je respire, je sens, je pense, j'aime en toi. Ce monde qui te cache est transparent pour moi ; C'est toi que je découvre au fond de la nature, C'est toi que je bénis dans toute créature. Pour m'approcher de toi, j'ai fui dans ces déserts ; Là, quand l'aube, agitant son voile dans les airs, Entr'ouvre l'horizon qu'un jour naissant colore, Et sème sur les monts les perles de l'aurore, Pour moi c'est ton regard qui, du divin séjour, S'entr'ouvre sur le monde et lui répand le jour : Quand l'astre à son midi, suspendant sa carrière, M'inonde de chaleur, de vie et de lumière, Dans ses puissants rayons, qui raniment mes sens, Seigneur, c'est ta vertu, ton souffle que je sens ; Et quand la nuit, guidant son cortège d'étoiles, Sur le monde endormi jette ses sombres voiles, Seul, au sein du désert et de l'obscurité, Méditant de la nuit la douce majesté, Enveloppé de calme, et d'ombre, et de silence, Mon âme, de plus près, adore ta présence ; D'un jour intérieur je me sens éclairer, Et j'entends une voix qui me dit d'espérer. Oui, j'espère, Seigneur, en ta magnificence : Partout à pleines mains prodiguant l'existence, Tu n'auras pas borné le nombre de mes jours A ces jours d'ici-bas, si troublés et si courts. Je te vois en tous lieux conserver et produire ; Celui qui peut créer dédaigne de détruire. Témoin de ta puissance et sûr de ta bonté J'attends le jour sans fin de l'immortalité. La mort m'entoure en vain de ses ombres funèbres, Ma raison voit le jour à travers ces ténèbres. C'est le dernier degré qui m'approche de toi, C'est le voile qui tombe entre ta face et moi. Hâte pour moi, Seigneur, ce moment que j'implore ; Ou, si, dans tes secrets tu le retiens encore, Entends du haut du ciel le cri de mes besoins ; L'atome et l'univers sont l'objet de tes soins, Des dons de ta bonté soutiens mon indigence, Nourris mon corps de pain, mon âme d'espérance ; Réchauffe d'un regard de tes yeux tout-puissants Mon esprit éclipsé par l'ombre de mes sens Et, comme le soleil aspire la rosée, Dans ton sein, à jamais, absorbe ma pensée.

    en cours de vérification

    Alphonse de Lamartine

    Alphonse de Lamartine

    @alphonseDeLamartine

    Prière de l'indigent Ô toi dont l'oreille s'incline Au nid du pauvre passereau, Au brin d'herbe de la colline Qui soupire après un peu d'eau ; Providence qui les console, Toi qui sais de quelle humble main S'échappe la secrète obole Dont le pauvre achète son pain ; Toi qui tiens dans ta main diverse L'abondance et la nudité, Afin que de leur doux commerce Naissent justice et charité ; Charge-toi seule, ô Providence, De connaître nos bienfaiteurs, Et de puiser leur récompense Dans les trésors de tes faveurs ! Notre cœur, qui pour eux t'implore, À l'ignorance est condamné ; Car toujours leur main gauche ignore Ce que leur main droite a donné.

    en cours de vérification

    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    La prière d'un païen Ah ! ne ralentis pas tes flammes ; Réchauffe mon coeur engourdi, Volupté, torture des âmes ! Diva ! supplicem exaudi ! Déesse dans l'air répandue, Flamme dans notre souterrain ! Exauce une âme morfondue, Qui te consacre un chant d'airain. Volupté, sois toujours ma reine ! Prends le masque d'une sirène Faite de chair et de velours, Ou verse-moi tes sommeils lourds Dans le vin informe et mystique, Volupté, fantôme élastique !

    en cours de vérification

    François de Malherbe

    François de Malherbe

    @francoisDeMalherbe

    Prière pour le roi Henri le Grand Pour le roi allant en Limousin. Ô Dieu, dont les bontés, de nos larmes touchées, Ont aux vaines fureurs les armes arrachées, Et rangé l'insolence aux pieds de la raison ; Puisqu'à rien d'imparfait ta louange n'aspire, Achève ton ouvrage au bien de cet empire, Et nous rends l'embonpoint comme la guérison ! Nous sommes sous un roi si vaillant et si sage, Et qui si dignement a fait l'apprentissage De toutes les vertus propres à commander, Qu'il semble que cet heur nous impose silence, Et qu'assurés par lui de toute violence Nous n'avons plus sujet de te rien demander. Certes quiconque a vu pleuvoir dessus nos têtes Les funestes éclats des plus grandes tempêtes Qu'excitèrent jamais deux contraires partis, Et n'en voit aujourd'hui nulle marque paraître, En ce miracle seul il peut assez connaître Quelle force a la main qui nous a garantis.

    en cours de vérification

    Gérard de Nerval

    Gérard de Nerval

    @gerardDeNerval

    Prière de Socrate Ô toi, dont le pouvoir remplit l'immensité, Suprême ordonnateur de ces célestes sphères, Dont j'ai voulu jadis, en ma témérité, Calculer les rapports et sonder les mystères ; Esprit consolateur, reçois du haut du ciel L'unique et pur hommage D'un des admirateurs de ton sublime ouvrage, Qui brûle de rentrer en ton sein paternel ! Un peuple entier, guidé par un infâme prêtre Accuse d'être athée, et rebelle à la foi, Le philosophe ardent, qui seul connaît ta loi, Et bientôt cesserait de l'être, S'il doutait un moment de toi. Oh ! comment, voyant l'ordre où marche toute chose, Pourrais-je, en admirant ces prodiges divers, Cet éternel flambeau, ces mondes et ces mers, En admettre l'effet, en rejeter la cause. Oui, grand Dieu, je te dois le bien que j'ai goûté, Et le bien que j'espère ; À m'appeler ton fils j'ai trop de volupté Pour renier mon père. Mais qu'es-tu cependant, être mystérieux ? Qui jamais osera pénétrer ton essence, Déchirer le rideau qui te cache à nos yeux, Et montrer au grand jour ta gloire et ta puissance ? Sans cesse dans le vague, on erre en te cherchant. Combien l'homme crédule a rabaissé ton être ! Trop bas pour te juger, il écoute le prêtre, Qui te fait, comme lui, vil, aveugle et méchant. Les imposteurs sacrés, qui vivent de ton culte, Te prodiguent sans cesse et l'outrage et l'insulte ; Ils font de ton empire un éternel enfer, Te peignent, gouvernant de tes mains souveraines Un stupide ramas de machines humaines, Avec une verge de fer. À te voir de plus près en vain il veut prétendre, Le sage déraisonne en croyant te comprendre, Et, d'après lui seul te créant, En vain sur une base, il t'élève, il te hausse ; Mais son être parfait n'est qu'un homme étonnant, Et son Jupiter un colosse. Brûlant de te connaître, ô divin créateur ! J'analysais souvent les cultes de la terre, Et je ne vis partout que mensonge et chimère : Alors, abandonnant et le monde et l'erreur, Et cherchant pour te voir une source plus pure, J'ai demandé ton nom à toute la nature, Et j'ai trouvé ton culte en consultant mon cœur. Ah ! ta bonté sans doute approuva mon hommage, Puisqu'en toi j'ai goûté le plaisir le plus pur, Qu'en toi, pour expirer, je puise du courage Dans l'espoir d'un bonheur futur ! Réveillé de la vie, en toi je vais renaître, À tous mes ennemis je pardonne leurs torts, Et puisque je me crois digne de te connaître, Je descends dans ton sein, sans trouble et sans remords.

    en cours de vérification

    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    La prière perdue Inexplicable cœur, énigme de toi-même, Tyran de ma raison, de la vertu que j'aime, Ennemi du repos, amant de la douleur, Que tu me fais de mal, inexplicable cœur ! Si l'horizon plus clair me permet de sourire, De mon sort désarmé tu trompes le dessein ; Dans ma sécurité tu ne vois qu'un délire ; D'une vague frayeur tu soulèves mon sein. Si de tes noirs soupçons l'amertume m'oppresse, Si je veux par la fuite apaiser ton effroi, Tu demandes du temps, quelques jours, rien ne presse ; J'hésite, tu gémis, je cède malgré moi. Que je crains, ô mon cœur, ce tyrannique empire ! Que d'ennuis, que de pleurs il m'a déjà coûté ! Rappelle-toi ce temps de liberté, Ce bien perdu dont ma fierté soupire. Tu me trahis toujours, et tu me fais pitié. Crois-moi, rends à l'amour un sentiment trop tendre ; Pour ton repos, si tu voulais m'entendre, Tu n'en aurais encor que trop de la moitié ! Non, dis-tu, non, jamais ! trop faible esclave, écoute, Écoute ! Et ma raison te pardonne et t'absout : Rends-lui du moins les pleurs ! Tu vas céder sans doute ? Hélas ! non ! toujours non ! Ô mon cœur ! prends donc tout.

    en cours de vérification

    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    Prière de femme Mon saint amour ! Mon cher devoir ! Si Dieu m'accordait de te voir, Ton logis fût-il pauvre et noir, Trop tendre pour être peureuse, Emportant ma chaîne amoureuse, Sais-tu bien qui serait heureuse ? C'est moi. Pardonnant aux méchants, Vois-tu ! Les mille oiseaux des champs N'auraient mes ailes ni mes chants ! Pour te rapprendre le bonheur, Sans guide, sans haine, sans peur, J'irais m'abattre sur ton coeur, Ou mourir de joie à ta porte. Ah ! Si vers toi Dieu me remporte, Vivre ou mourir pour toi, qu'importe ? Mais non ! Rendue à ton amour, Vois-tu ! Je ne perdrais le jour Qu'après l'étreinte du retour. C'est un rêve ! Il en faut ainsi Pour traverser un long souci. C'est mon coeur qui bat : le voici, Il monte à toi comme une flamme ! Partage ce rêve, ô mon âme ! C'est une prière de femme, C'est mon souffle en ce triste lieu, C'est le ciel depuis notre adieu : Prends ! Car c'est ma croyance en Dieu !

    en cours de vérification

    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    Prière pour lui Dieu ! créez à sa vie un objet plein de charmes, Une voix qui réponde aux secrets de sa voix ! Donnez-lui du bonheur, Dieu ! donnez-lui des larmes ; Du bonheur de le voir j'ai pleuré tant de fois ! J'ai pleuré : mais ma voix se tait devant la sienne ; Mais tout ce qu'il m'apprend, lui seul l'ignorera ; Il ne dira jamais : « Soyons heureux, sois mienne ! » L'aimera-t-elle assez, celle qui l'entendra ? Celle à qui sa présence ira porter la vie, Qui sentira son cœur l'atteindre et la chercher, Qui ne fuira jamais, bien qu'à jamais suivie, Et dont l'ombre à la sienne osera s'attacher ? Ils ne feront qu'un seul ! et ces ombres heureuses Dans les clartés du soir se confondront toujours ; Ils ne sentiront pas d'entraves douloureuses Désenchaîner leurs nuits, désenchanter leurs jours ! Qu'il la trouve demain ! Qu'il m'oublie et l'adore ! Demain : à mon courage il reste peu d'instants. Pour une autre aujourd'hui je peux prier encore ; Mais . . . Dieu ! vous savez tout : vous savez s'il est temps !

    en cours de vérification

    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Prière Me voici devant Vous, contrit comme il le faut. Je sais tout le malheur d’avoir perdu la voie Et je n’ai plus d’espoir, et je n’ai plus de joie Qu’en une en qui je crois chastement, et qui vaut A mes yeux mieux que tout, et l’espoir et la joie. Elle est bonne, elle me connaît depuis des ans. Nous eûmes des jours noirs, amers, jaloux, coupables, Mais nous allions sans trêve aux fins inéluctables, Balancés, ballottés, en proie à tous jusants Sur la mer où luisaient les astres favorables : Franchise, lassitude affreuse du péché Sans esprit de retour, et pardons l’un à l’autre… Or, ce commencement de paix n’est-il point vôtre, Jésus, qui vous plaisez au repentir caché ? Exaucez notre voeu qui n’est plus que le vôtre.

    en cours de vérification

    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    La prière Je voudrais bien prier, je suis plein de soupirs ! Ma cruelle raison veut que je les contienne. Ni les voeux suppliants d’une mère chrétienne, Ni l’exemple des saints, ni le sang des martyrs, Ni mon besoin d’aimer, ni mes grands repentirs, Ni mes pleurs, n’obtiendront que la foi me revienne. C’est une angoisse impie et sainte que la mienne : Mon doute insulte en moi le Dieu de mes désirs. Pourtant je veux prier, je suis trop solitaire ; Voici que j’ai posé mes deux genoux à terre : Je vous attends, Seigneur ; Seigneur, êtes-vous là ? J’ai beau joindre les mains, et, le front sur la Bible, Redire le Credo que ma bouche épela, Je ne sens rien du tout devant moi. C’est horrible.

    en cours de vérification

    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Prière Ah ! Si vous saviez comme on pleure De vivre seul et sans foyers, Quelquefois devant ma demeure Vous passeriez. Si vous saviez ce que fait naître Dans l'âme triste un pur regard, Vous regarderiez ma fenêtre Comme au hasard. Si vous saviez quel baume apporte Au cœur la présence d'un cœur, Vous vous assoiriez sous ma porte Comme une sœur. Si vous saviez que je vous aime, Surtout si vous saviez comment, Vous entreriez peut-être même Tout simplement.

    en cours de vérification

    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Prière au printemps Toi qui fleuris ce que tu touches, Qui, dans les bois, aux vieilles souches Rends la vigueur, Le sourire à toutes les bouches, La vie au cœur ; Qui changes la boue en prairies, Sèmes d'or et de pierreries Tous les haillons, Et jusqu'au seuil des boucheries Mets des rayons ! Ô printemps, alors que tout aime, Que s'embellit la tombe même, Verte au dehors, Fais naître un renouveau suprême Au cœur des morts ! Qu'ils ne soient pas les seuls au monde Pour qui tu restes inféconde, Saison d'amour ! Mais fais germer dans leur poussière L'espoir divin de la lumière Et du retour !

    en cours de vérification

    S

    Sophie d'Arbouville

    @sophieDarbouville

    L'enfant qui priait Eh quoi ! prier déjà.... tu bégayes encore ; De la vie, ici-bas, tu n'as vu que l'aurore ; Pour loi, le beau printemps n'est venu que deux fois ; À peine connaît-on le doux son de ta voix. Et cependant, docile aux leçons d'une mère, Tu bégayes déjà quelques mots de prière ! Oh ! laisse la prière au cœur des malheureux, Et toi, petit enfant, va reprendre tes jeux ! Pourvu qu'à ton réveil, s'échappant de sa cage, L'oiseau qui te connaît commence son ramage, Qu'il reste près de toi ; que d'un bouquet nouveau, Ta mère, en souriant, vienne orner ton berceau ; Pourvu que vers le soir, sa voix mélodieuse T'endorme doucement, ou que, silencieuse, Elle ébranle ta couche, et d'un léger effort, En longs balancements t'endorme mieux encor : C'est là tout le bonheur de ta paisible enfance. Et comment prierais-tu ? tu n'as pas d'espérance ! À ton âge charmant, l'existence est un jour, Où le rire et les pleurs s'effacent tour à tour. Plus tard, petit enfant, poursuivant ton voyage, Ton cœur s'agitera du trouble du jeune âge ; Tu sentiras alors les charmes enivrants De nos illusions, rêves purs et charmants. Un doux espoir, ainsi qu'une ombre fugitive, Apparaîtra soudain à ton âme naïve, Te faisant pressentir l'amour et le bonheur... Alors, il sera temps de prier le Seigneur ! À genoux devant lui, plein de foi, d'espérance, On dit tout sans parler ; — Dieu comprend le silence. Ô mon Dieu ! que l'on aime à vous prier longtemps, Lorsqu'on veut être heureux et que l'on a seize ans ! Car, hélas ! jeune enfant, pendant le long voyage, Nous n'avons pas toujours un beau ciel sans nuage ; Le limpide ruisseau qui s'en va murmurant, Se change bien souvent en horrible torrent, Et l'aquilon, soufflant sur la barque légère, Vient la briser, le soir, aux écueils de la terre. Va jouer, bel enfant !... il te faudra plus tard Souffrir ainsi que nous : ta vie aura sa part ! Tu verras fuir l'espoir qui venait de paraître ; Un jour, on t'aimera..., l'on t'oubliera peut-être !... Ah ! qu'ai-je dit, enfant ? —Suspends, suspends tes jeux Joins tes petites mains, et regarde les cieux.

    en cours de vérification

    Théodore Agrippa d'Aubigné

    Théodore Agrippa d'Aubigné

    @theodoreAgrippaDaubigne

    Prière de l'auteur Prisonnier de guerre et condamné à mort. Lors que ma douleur secrète, D'un cachot aveugle jette Maint soupir empoisonné, Tu m'entends bien sans parole. Ma plainte muette vole Dans ton sein déboutonné. Je veux que mon âme suive, Ou soit libre, ou soit captive, Tes plaisirs : rien ne me chaut ; Tout plaît, pourvu qu'il te plaise. Ô Dieu ! pour me donner l'aise, Donne-moi ce qu'il me faut. Ma chair qui tient ma pensée, Sous ses clefs est abaissée, Sous la clef d'un geôlier : Dont soit en quelque manière Cette prison prisonnière, Moins rude à son prisonnier. Que si mon âme captive Est moins allègre et moins vive, Lors que ses membres germains L'enveloppent de mes peines, De mes pieds ôte mes chaînes, Et les menottes des mains. Mais si mon âme, au contraire, Fait mieux ce qu'elle veut faire Quand son ennemi pervers Pourrit au fond de ses grottes, Charge mes mains de menottes, Et mes deux jambes de fers. Si le temps de ma milice, Si les ans de mon service Sont prolongez, c'est tant mieux : Cette guerre ne m'envie, Douce me sera la vie, Et le trépas ennuyeux. Mais, Ô mon Dieu, si tu trouves Qu'il est temps qu'on me relève, Je suis tout prêt de courir, De tout quitter pour te suivre. Le mourir me sera vivre, Vivre me sera mourir.

    en cours de vérification

    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    La prière pour tous I. Ma fille, va prier ! - Vois, la nuit est venue. Une planète d'or là-bas perce la nue ; La brume des coteaux fait trembler le contour ; À peine un char lointain glisse dans l'ombre... Écoute ! Tout rentre et se repose ; et l'arbre de la route Secoue au vent du soir la poussière du jour ! Le crépuscule, ouvrant la nuit qui les recèle, Fait jaillir chaque étoile en ardente étincelle ; L'occident amincit sa frange de carmin ; La nuit de l'eau dans l'ombre argente la surface ; Sillons, sentiers, buissons, tout se mêle et s'efface ; Le passant inquiet doute de son chemin. Le jour est pour le mal, la fatigue et la haine. Prions, voici la nuit ! la nuit grave et sereine ! Le vieux pâtre, le vent aux brèches de la tour, Les étangs, les troupeaux avec leur voix cassée, Tout souffre et tout se plaint. La nature lassée A besoin de sommeil, de prière et d'amour ! C'est l'heure où les enfants parlent avec les anges. Tandis que nous courons à nos plaisirs étranges, Tous les petits enfants, les yeux levés au ciel, Mains jointes et pieds nus, à genoux sur la pierre, Disant à la même heure une même prière, Demandent pour nous grâce au père universel ! Et puis ils dormiront. - Alors, épars dans l'ombre, Les rêves d'or, essaim tumultueux, sans nombre, Qui naît aux derniers bruits du jour à son déclin, Voyant de loin leur souffle et leurs boucles vermeilles, Comme volent aux fleurs de joyeuses abeilles, Viendront s'abattre en foule à leurs rideaux de lin ! Ô sommeil du berceau ! prière de l'enfance ! Voix qui toujours caresse et qui jamais n'offense ! Douce religion, qui s'égaye et qui rit ! Prélude du concert de la nuit solennelle ! Ainsi que l'oiseau met sa tête sous son aile, L'enfant dans la prière endort son jeune esprit ! Juin 1830.

    en cours de vérification

  • 1