La jongleuse Défaite de cette Vénus
Dont le marbre antique proteste,
Voici qu’un clair de lune atteste
Le triomphe de deux bras nus.
Nulle tige molle ne trace
Ces arcs de bracile beauté,
Nul lis n’a cette pureté,
Nul ivoire n’a cette grâce.
Jongleuse pensive, une enfant
D’un geste aux nobles alternances,
Lance des roses au silence
Harmonieux du firmament.
il y a 9 mois
Jean Lorrain
@jeanLorrain
Débutante « Ohé, ohé, ohé, chantent des voix lointaines,
« Ohé, ohé, ohé, répondent les bassons ; »
L’acte second commence et dans les bleus frissons
Des toiles, simulant un bois sacré d’Athènes,
Parmi le frais laurier-rose et les marjolaines
Titania la blonde et les folles chansons
Des gais lutins, rôdeurs familiers des buissons,
S’éveillent, emplissant l’air de leurs turlutaines.
Sous ses gazes d’argent Titania la fée
Songe à sa renommée, à l’aurore étouffée,
Si, sage et vierge encore, elle n’est pas ce soir,
D’abord au grand critique assis là pour la voir,
Ensuite au directeur, enfin, sanglant trophée,
À l’auteur … et le temps lui manque, ô désespoir !
il y a 9 mois
Langston Hughes
@langstonHughes
Le trompettiste Le Noir
Avec la trompette à ses lèvres,
Porte sous les yeux sa lassitude
En sombres croissants de lune
Là où couve la braise mémorable
Des vaisseaux négriers
Que rallume le claquement des fouets
Autour des cuisses.
Le Noir
Avec la trompette à ses lèvres,
Sa tête frémissante de cheveux
Maintenant matés
Et lisses comme cuir qu’on a tant verni
Qu’ils brillent
Comme jais…
Si le jais pouvait lui faire une couronne.
La musique
De la trompette à ses lèvres
Est miel
Coulé dans le feu.
Le rythme
De la trompette à ses lèvres
Est extase
Exhalé d’antique désir…
Désir
Qui aspire à la lune
Quand sa lumière n’est qu’un projecteur
Au fond de ses yeux,
Désir
Qui aspire à la mer
Quand la mer n’est qu’un verre au comptoir
A la taille du nigaud.
Le Noir
La trompette à ses lèvres,
Dans son veston
Parfaitement boutonné
Ne sait pas
Sur quel motif la musique enfonce
Son aiguille hypodermique
Et le pénètre jusqu’à l’âme…
Mais doucement
Quand le chant monte de sa gorge,
Sa douleur mûrit
Et se change en note d’or.