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Douleur

18 poésies en cours de vérification
Douleur

Poésies de la collection douleur

    A

    Antoine de Latour

    @antoineDeLatour

    Douleur Voici le temps passé de cette sombre lutte ; Vivant, mais épuisé, mais meurtri par la chute, A la taille de l'homme enfin redressons-nous ! Si l'avenir nous garde encore quelque disgrâce, Demeurons invincible à sa froide menace, Le regardant en face, Pour attendre ses coups. Tenons au fond du cœur toute douleur captive, Qu'elle y fasse sa plaie ardente, et toujours vive, Qu'elle saigne au-dedans mais ne se montre pas ; Si l'on nous cherche au front quelque ride profonde, Jetons un fier sourire au regard qui nous sonde, Et soyons pour le monde Un heureux d'ici-bas. Quand le chaume s'embrase on ne voit pas encore Le feu qui sourdement le broie et le dévore ; La surface au soleil étincelle et reluit ; Mais vienne l'ouragan, la flamme alors s'irrite, L'incendie apparaît, le toit se précipite, Et tout disparaît vite, Chaume, lumière et bruit. Ainsi de nous, mon âme ! ainsi de notre vie !... Chaume vivant, en proie au muet incendie, Quand tout n'est plus que cendre, arrive l'aquilon ! Qu'en nous voyant tomber sans plainte et sans murmure, Le vulgaire s'écrie : Où donc est la blessure ? Point de sang à l'armure ; Douleur, n'es-tu qu'un nom ?

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    Antoine-Vincent Arnault

    Antoine-Vincent Arnault

    @antoineVincentArnault

    À quelqu'un qui me réveillait Pourquoi me rendre à ma douleur ? Pourquoi rétablis-tu, barbare, Entre mon sort et le bonheur L'immensité qui les sépare ? En précipitant mon réveil, Sais-tu bien ce que tu m'enlèves ? Je retrouverai mon sommeil, Mais retrouverai-je mes rêves ? Je revoyais mon doux pays, Ces beaux lieux que la Seine arrose ! J'embrassais mes heureux amis, Et j'étais à côté de Rose ! Objets de mes vœux assidus, Vous qui m'aimez, toi que j'adore, Vous que j'avais déjà perdus, Fallait-il donc vous perdre encore ! Écrit en 1797.

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    A

    Auguste Angellier

    @augusteAngellier

    Ma douleur est au cœur de ma vie Ainsi que ma douleur est au cœur de ma vie, Ta douleur, bien-aimée, est au cœur de la mienne ; Et, comme mon chagrin saigne au fond de moi-même, Au fond de mon chagrin saigne encor ta pensée. Quand ma peine paraît de souffrir assouvie, Il naît en elle une autre angoisse plus lointaine, Dont elle n'est qu'un faible écho, qu'un pâle emblème, Comme elle est elle-même en ces vers retracée. Mais cette angoisse est trop profonde pour les mots, Elle gît au delà des plus profonds sanglots, Dans les gouffres obscurs de mon être abîmée, Et noyée en mon sang qui la roule en ses flots : Et la douleur de ma douleur, ô bien-aimée, Doit pour toujours en moi rester inexprimée.

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    A

    Auguste Angellier

    @augusteAngellier

    Ma douleur égoïste Faut-Il que ma douleur aussi soit égoïste ? Faut-il que par instants je tressaille surpris De trop souffrir pour moi ? — Dans quelle pose triste, Près de quelle fenêtre ouvrant sur des flots gris, Au fond desquels un peu de lumière résiste Au noir déchirement de ses derniers débris, Songes-tu, cependant que ton regard assiste À cette mort du jour dans les cieux défleuris ? Quel livre de chagrin et d'angoisse soufferte Tient sa page la plus désespérée ouverte Sous tes yeux pleins de pleurs, entre tes doigts tremblants ? Sous quels grands arbres nus traînes-tu tes pas lents ? Sur quel banc laisses-tu tomber ton corps inerte ? Dans quel miroir vois-tu tes premiers cheveux blancs ?

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Alchimie de la douleur L'un t'éclaire avec son ardeur, L'autre en toi met son deuil, Nature ! Ce qui dit à l'un : Sépulture ! Dit à l'autre : Vie et splendeur ! Hermès inconnu qui m'assistes Et qui toujours m'intimidas, Tu me rends l'égal de Midas, Le plus triste des alchimistes ; Par toi je change l'or en fer Et le paradis en enfer ; Dans le suaire des nuages Je découvre un cadavre cher, Et sur les célestes rivages Je bâtis de grands sarcophages.

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Recueillement Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille. Tu réclamais le Soir ; il descend ; le voici : Une atmosphère obscure enveloppe la ville, Aux uns portant la paix, aux autres le souci. Pendant que des mortels la multitude vile, Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci, Va cueillir des remords dans la fête servile, Ma douleur, donne-moi la main ; viens par ici, Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années, Sur les balcons du ciel, en robes surannées ; Surgir du fond des eaux le Regret souriant ; Le Soleil moribond s'endormir sous une arche, Et, comme un long linceul traînant à l'Orient, Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Douleur bercée Toi que j'ai vu pareil au chêne foudroyé, Je te retrouve époux, je te retrouve père ; Et sur ce front songeant à la mort qui libère, Jadis le pistolet pourtant s'est appuyé. Tu ne peux pas l'avoir tout à fait oublié. Tu savais comme on souffre et comme on désespère ; Tu portais dans ton sein l'infernale vipère D'un grand amour trahi, d'un grand espoir broyé. Sans y trouver l'oubli, tu cherchais les tumultes, L'orgie et ses chansons, la gloire et ses insultes, Et les longues clameurs de la mer et du vent. Qui donc à ta douleur imposa le silence ? – Ô solitaire, il a suffi de la cadence Que marque le berceau de mon petit enfant.

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    J

    Jean Aicard

    @jeanAicard

    Il était sans amour Il était sans amour ; il souffrait en son âme ; Il avait travaillé longtemps. C'était pitié ! Son front, sombre, penchait, jamais homme ni femme Ne l'ayant éclairé d'un rayon d'amitié. Tous, rapides, voyant cet air morne et farouche, Fuyaient. Nul ne savait que c'était un martyr, Et pourtant, ô douleur ! ce mot crispait sa bouche : « Puisque je ne vis plus, je voudrais bien mourir ! »

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    L

    Louise Ackermann

    @louiseAckermann

    Adieux a la Poésie Mes pleurs sont à moi, nul au monde Ne les a comptés ni reçus ; Pas un œil étranger qui sonde Les désespoirs que j'ai conçus. L'être qui souffre est un mystère Parmi ses frères ici-bas ; Il faut qu'il aille solitaire S'asseoir aux portes du trépas. J'irai seule et brisant ma lyre, Souffrant mes maux sans les chanter ; Car je sentirais à les dire Plus de douleur qu'à les porter. Paris, 1835.

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    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    Une âme Lasse de douleur, D'espoir obsédée, D'une fraîche idée, D'un amour en fleur, On dirait qu'une âme, M'embrassant toujours, De ciel et de flamme Me refait des jours ! Dans ton souvenir, Toi qui me recèles, As-tu pris des ailes Devant l'avenir ? Car je sens qu'une âme, M'embrassant toujours, De ciel et de flamme Me refait des jours ! N'es-tu pas dans l'air, Quand l'air me caresse : Ou quand il m'oppresse, Sous l'ardent éclair ? Car je sens qu'une âme, M'embrassant toujours, De ciel et de flamme Me refait des jours !

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    M

    Maurice Rollinat

    @mauriceRollinat

    Douleur muette Pas de larmes extérieures ! Sois le martyr mystérieux ; Cache ton âme aux curieux Chaque fois que tu les effleures. Au fond des musiques mineures Épanche ton rêve anxieux. Pas de larmes extérieures ! Sois le martyr mystérieux ; Tais-toi, jusqu'à ce que tu meures ! Le vrai spleen est silencieux Et la Conscience a des yeux Pour pleurer à toutes les heures ! Pas de larmes extérieures ! —

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    Images d'un sou De toutes les douleurs douces Je compose mes magies ! Paul, les paupières rougies, Erre seul aux Pamplemousses. La Folle-par-amour chante Une ariette touchante. C'est la mère qui s'alarme De sa fille fiancée. C'est l'épouse délaissée Qui prend un sévère charme A s'exagérer l'attente Et demeure palpitante. C'est l'amitié qu'on néglige Et qui se croit méconnue. C'est toute angoisse ingénue, C'est tout bonheur qui s'afflige : L'enfant qui s'éveille et pleure, Le prisonnier qui voit l'heure, Les sanglots des tourterelles, La plainte des jeunes filles. C'est l'appel des Inésilles - Que gardent dans des tourelles De bons vieux oncles avares - A tous sonneurs de guitares. Voici Damon qui soupire Sa tendresse à Geneviève De Brabant qui fait ce rêve D'exercer un chaste empire Dont elle-même se pâme Sur la veuve de Pyrame Tout exprès ressuscitée, Et la forêt des Ardennes Sent circuler dans ses veines La flamme persécutée De ces princesses errantes Sous les branches murmurantes, Et madame Malbrouck monte A sa tour pour mieux entendre La viole et la voix tendre De ce cher trompeur de Comte Ory qui revient d'Espagne Sans qu'un doublon l'accompagne. Mais il s'est couvert de gloire Aux gorges des Pyrénées Et combien d'infortunées Au teint de lys et d'ivoire Ne fit-il pas à tous risques Là-bas, parmi les Morisques !... Toute histoire qui se mouille De délicieuses larmes, Fût-ce à travers des chocs d'armes, Aussitôt chez moi s'embrouille, Se mêle à d'autres encore, Finalement s'évapore En capricieuses nues, Laissant à travers des filtres Subtils talismans et philtres Au fin fond de mes cornues Au feu de l'amour rougies. Accourez à mes magies ! C'est très beau. Venez, d'aucunes Et d'aucuns. Entrez, bagasse ! Cadet-Roussel est paillasse Et vous dira vos fortunes. C'est Crédit qui tient la caisse. Allons vite qu'on se presse !

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    L'agonie Vous qui m'aiderez dans mon agonie, Ne me dites rien ; Faites que j'entende un peu d'harmonie, Et je mourrai bien. La musique apaise, enchante et délie Des choses d'en bas : Bercez ma douleur ; je vous en supplie, Ne lui parlez pas. Je suis las des mots, je suis las d'entendre Ce qui peut mentir ; J'aime mieux les sons qu'au lieu de comprendre Je n'ai qu'à sentir ; Une mélodie où l'âme se plonge Et qui, sans effort, Me fera passer du délire au songe, Du songe à la mort. Vous qui m'aiderez dans mon agonie, Ne me dites rien. Pour allégement un peu d'harmonie Me fera grand bien. Vous irez chercher ma pauvre nourrice Qui mène un troupeau, Et vous lui direz que c'est mon caprice, Au bord du tombeau, D'entendre chanter tout bas, de sa bouche, Un air d'autrefois, Simple et monotone, un doux air qui touche Avec peu de voix. Vous la trouverez : les gens des chaumières Vivent très longtemps, Et je suis d'un monde où l'on ne vit guères Plusieurs fois vingt ans. Vous nous laisserez tous les deux ensemble : Nos cœurs s'uniront ; Elle chantera d'un accent qui tremble, La main sur mon front. Lors elle sera peut-être la seule Qui m'aime toujours, Et je m'en irai dans son chant d'aïeule Vers mes premiers jours, Pour ne pas sentir, à ma dernière heure, Que mon cœur se fend, Pour ne plus penser, pour que l'homme meure Comme est né l'enfant. Vous qui m'aiderez dans mon agonie, Ne me dites rien ; Faites que j'entende un peu d'harmonie, Et je mourrai bien.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Le premier deuil En ce temps-là, je me rappelle Que je ne pouvais concevoir Pourquoi, se pouvant faire belle, Ma mère était toujours en noir. Quand s'ouvrait le bahut plein d'ombre, J'éprouvais un vague souci De voir près d'une robe sombre Pendre un long voile sombre aussi. Le linge, radieux naguère, D'un feston noir était ourlé : Tout ce qu'alors portait ma mère, Sa tristesse l'avait scellé. Sourdement et sans qu'on y pense, Le noir descend des yeux au cœur ; Il me révélait quelque absence D'une interminable longueur. Quand je courais sur les pelouses Où les enfants mêlaient leurs jeux, J'admirais leurs joyeuses blouses, Dont j'enviais les carreaux bleus ; Car déjà la douleur sacrée M'avait posé son crêpe noir, Déjà je portais sa livrée : J'étais en deuil sans le savoir.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Les blessures Le soldat frappé tombe en poussant de grands cris ; On l'emporte ; le baume assainit la blessure, Elle se ferme un jour ; il marche, il se rassure, Et, par un beau soleil, il croit ses maux guéris. Mais, au premier retour d'un ciel humide et gris, De l'ancienne douleur il ressent la morsure ; Alors la guérison ne lui paraît pas sûre, Le souvenir du fer gît dans ses flancs meurtris. Ainsi, selon le temps qu'il fait dans ma pensée, À la place où mon âme autrefois fut blessée Il est un renouveau d'angoisses que je crains ; Une larme, un chant triste, un seul mot dans un livre, Nuage au ciel limpide où je me plais à vivre, Me fait sentir au cœur la dent des vieux chagrins.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Silence La pudeur n'a pas de clémence, Nul aveu ne reste impuni, Et c'est par le premier nenni Que l'ère des douleurs commence. De ta bouche où ton cœur s'élance Que l'aveu reste donc banni ! Le cœur peut offrir l'infini Dans la profondeur du silence. Baise sa main sans la presser Comme un lis facile à blesser, Qui tremble à la moindre secousse ; Et l'aimant sans nommer l'amour, Tais-lui que sa présence est douce, La tienne sera douce un jour.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Veni, vidi, vixi J'ai bien assez vécu, puisque dans mes douleurs Je marche, sans trouver de bras qui me secourent, Puisque je ris à peine aux enfants qui m'entourent, Puisque je ne suis plus réjoui par les fleurs ; Puisqu'au printemps, quand Dieu met la nature en fête, J'assiste, esprit sans joie, à ce splendide amour ; Puisque je suis à l'heure où l'homme fuit le jour, Hélas ! et sent de tout la tristesse secrète ; Puisque l'espoir serein dans mon âme est vaincu ; Puisqu'en cette saison des parfums et des roses, Ô ma fille ! j'aspire à l'ombre où tu reposes, Puisque mon coeur est mort, j'ai bien assez vécu. Je n'ai pas refusé ma tâche sur la terre. Mon sillon ? Le voilà. Ma gerbe ? La voici. J'ai vécu souriant, toujours plus adouci, Debout, mais incliné du côté du mystère. J'ai fait ce que j'ai pu ; j'ai servi, j'ai veillé, Et j'ai vu bien souvent qu'on riait de ma peine. Je me suis étonné d'être un objet de haine, Ayant beaucoup souffert et beaucoup travaillé. Dans ce bagne terrestre où ne s'ouvre aucune aile, Sans me plaindre, saignant, et tombant sur les mains, Morne, épuisé, raillé par les forçats humains, J'ai porté mon chaînon de la chaîne éternelle. Maintenant, mon regard ne s'ouvre qu'à demi ; Je ne me tourne plus même quand on me nomme ; Je suis plein de stupeur et d'ennui, comme un homme Qui se lève avant l'aube et qui n'a pas dormi. Je ne daigne plus même, en ma sombre paresse, Répondre à l'envieux dont la bouche me nuit. Ô Seigneur ! ouvrez-moi les portes de la nuit, Afin que je m'en aille et que je disparaisse !

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    À une jeune fille Pourquoi te plaindre, tendre fille ? Tes jours n’appartiennent-ils pas à la première jeunesse ? Daïno Lithuanien Vous qui ne savez pas combien l’enfance est belle, Enfant ! n’enviez point notre âge de douleurs, Où le cœur tour à tour est esclave et rebelle, Où le rire est souvent plus triste que vos pleurs. Votre âge insouciant est si doux qu’on l’oublie ! Il passe, comme un souffle au vaste champ des airs, Comme une voix joyeuse en fuyant affaiblie, Comme un alcyon sur les mers. Oh ! ne vous hâtez point de mûrir vos pensées ! Jouissez du matin, jouissez du printemps ; Vos heures sont des fleurs l’une à l’autre enlacées ; Ne les effeuillez pas plus vite que le temps. Laissez venir les ans ! le destin vous dévoue, Comme nous, aux regrets, à la fausse amitié, À ces maux sans espoir que l’orgueil désavoue, À ces plaisirs qui font pitié. Riez pourtant ! du sort ignorez la puissance Riez ! n’attristez pas votre front gracieux, Votre oeil d’azur, miroir de paix et d’innocence, Qui révèle votre âme et réfléchit les cieux ! Février 1825

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