Antoine de Latour
@antoineDeLatour
Douleur Voici le temps passé de cette sombre lutte ; Vivant, mais épuisé, mais meurtri par la chute, A la taille de l'homme enfin redressons-nous ! Si l'avenir nous garde encore quelque disgrâce, Demeurons invincible à sa froide menace, Le regardant en face, Pour attendre ses coups. Tenons au fond du cœur toute douleur captive, Qu'elle y fasse sa plaie ardente, et toujours vive, Qu'elle saigne au-dedans mais ne se montre pas ; Si l'on nous cherche au front quelque ride profonde, Jetons un fier sourire au regard qui nous sonde, Et soyons pour le monde Un heureux d'ici-bas. Quand le chaume s'embrase on ne voit pas encore Le feu qui sourdement le broie et le dévore ; La surface au soleil étincelle et reluit ; Mais vienne l'ouragan, la flamme alors s'irrite, L'incendie apparaît, le toit se précipite, Et tout disparaît vite, Chaume, lumière et bruit. Ainsi de nous, mon âme ! ainsi de notre vie !... Chaume vivant, en proie au muet incendie, Quand tout n'est plus que cendre, arrive l'aquilon ! Qu'en nous voyant tomber sans plainte et sans murmure, Le vulgaire s'écrie : Où donc est la blessure ? Point de sang à l'armure ; Douleur, n'es-tu qu'un nom ?