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Repos

9 poésies en cours de vérification
Repos

Poésies de la collection repos

    A

    André Lemoyne

    @andreLemoyne

    Dormeuse Le soleil du matin tombe en bruine d'or À travers les rideaux de blanche mousseline : C'est comme un fin brouillard de lumière en sourdine Éclairant l'oreiller d'une blonde qui dort. Les cheveux, déroulés comme un torrent de soie Riche de tous ses flots trop longtemps contenus, Débordent sur l'épaule et baisent les seins nus De la femme qui rêve... et sourit dans sa joie. Elle s'épanouit sous des regards aimés ; L'amoureux ébloui contemple sa dormeuse, Écoutant respirer la paisible charmeuse Qui, dans un songe bleu, sourit les yeux fermés. À travers les grands cils de ses paupières closes, Il voudrait voir un seul de ses rêves charmants ! Quelle image apparaît à ses beaux yeux dormants ? Cueille-t-elle des lis, des bluets ou des roses ? Le sein veiné d'azur s'agite... Elle a parlé (La parole n'est pas un murmure d'abeille) ; Un mot s'est échappé de sa bouche vermeille, Un nom d'homme inconnu, très-bien articulé ! Nom sonore et vibrant dont toutes les syllabes Comme un timbre d'or pur ont clairement tinté. — Ce n'est pas lui qui rêve... Il a trop écouté.— Il n'est pas endormi dans les contes arabes. Muet, anéanti, devant ce frais sommeil Qui laisse voir le fond d'une pensée intime, Sur la femme penché comme sur un abîme, Il retient son haleine, épiant le réveil. Mais toute à son bonheur la dormeuse paisible, Comme souriant d'aise à l'écho de sa voix, Répète le nom d'homme une seconde fois, Et voici l'amoureux qui jette un cri terrible. La blonde ouvre ses yeux divins : « Si tu savais... (Lui dit-elle tout bas en lui baisant l'oreille) — Dieu voit d'en haut la femme heureuse qui sommeille Par les sentiers fleuris du printemps je rêvais. — « Tu n'as pas vu de fleurs si richement écloses... Avril, mai, juin, juillet... N'as-tu pas deviné ? J'ai trouvé le beau nom de notre premier-né, Tout en cueillant des lis, des bluets et des roses ! »

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    A

    Antoine de Latour

    @antoineDeLatour

    Le repos est plus loin Quand mon doigt, au hasard, tournait la blanche page Du livre où votre cœur se recueille et s'endort, Et qui mêle sans cesse à son doux chant de mort Le souvenir plus doux de votre premier âge, Je ne sais quelle grave et consolante image De ce monde où notre âme attend un meilleur sort, A d'austères pensers m'attirait sans effort, Et détournait mes yeux de la terrestre plage. Mais quand vous avez dit avec tant de douleur : « — Celle qui nous fut chère, et qui fut notre sœur, Nous laissant tous en deuil, hier, s'en est allée ; » Le livre, tout-à-coup, s'est fermé sous ma main, Car votre voix, Madame, incertaine et voilée, Disait bien mieux que lui : — le repos est plus loin !

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    Charles-Augustin Sainte-Beuve

    Charles-Augustin Sainte-Beuve

    @charlesAugustinSainteBeuve

    Reposez-vous et remerciez Ayant monté longtemps d'un pas lourd et pesant Les rampes, au sommet désiré du voyage, Près du chemin gravi, bordé de fin herbage, Oh ! qui n'aime à tomber d'un cœur reconnaissant ? Qui ne s'y coucherait, délassé, se berçant Aux propos entre amis, ou seul, au cri sauvage Du faucon, près de là perdu dans le nuage, — Nuage du matin, et qui bientôt descend ? Mais, le corps étendu, n'oublions pas que l'âme, De même que l'oiseau monte sans agiter Son aile, ou qu'au torrent, sans fatiguer sa rame, Le poisson sait tout droit en flèche remonter, — L'âme (la foi l'aidant et les grâces propices) Peut monter son air pur, ses torrents, ses délices ! * Sommet situé en Écosse.

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    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    Dormeuse Si l'enfant sommeille, Il verra l'abeille, Quand elle aura fait son miel, Danser entre terre et ciel. Si l'enfant repose, Un ange tout rose, Que la nuit seule on peut voir, Viendra lui dire : « Bonsoir. » Si l'enfant est sage, Sur son doux visage La vierge se penchera, Et longtemps lui parlera. Si mon enfant m'aime, Dieu dira lui-même : J'aime cet enfant qui dort ; Qu'on lui porte un rêve d'or. Fermez ses paupières, Et sur ses prières, De mes jardins pleins de fleurs, Faites glisser les couleurs. Ourlez-lui des langes, Avec vos doigts d'anges, Et laissez sur son chevet Pleuvoir votre blanc duvet. Mettez-lui des ailes Comme aux tourterelle, Pour venir dans mon soleil Danser jusqu'à son réveil ! Qu'il fasse un voyage, Aux bras d'un nuage, Et laissez-le, s'il lui plaît, Boire à mes ruisseaux de lait ! Donnez-lui la chambre De perles et d'ambre. Et qu'il partage en dormant Nos gâteaux de diamant ! Brodez-lui des voiles, Avec mes étoiles, Pour qu'il navigue en bateau Sur mon lac d'azur et d'eau ! Que la lune éclaire L'eau pour lui plus claire, Et qu'il prenne au lac changeant Mes plus fins poissons d'argent ! Mais je veux qu'il dorme, Et qu'il se conforme Au silence des oiseaux, Dans leurs maisons de roseaux ! Car si l'enfant pleure, On entendra l'heure Tinter partout qu'un enfant A fait ce que Dieu défend ! L'écho de la rue, Au bruit accourue, Quand l'heure aura soupiré, Dira : « L'enfant a pleuré ! » Et sa tendre mère, Dans sa nuit amère, Pour son ingrat nourrisson Ne saura plus de chanson ! S'il brame, s'il crie, Par l'aube en furie Ce cher agneau révolté Sera peut-être emporté ! Un si petit être, Par le toit, peut-être, Tout en criant, s'en ira, Et jamais ne reviendra ! Qu'il rôde en ce monde, Sans qu'on lui réponde, Jamais l'enfant que je dis Ne verra mon paradis ! Oui ! mais s'il est sage, Sur son doux visage La vierge se penchera Et longtemps lui parlera !

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Quand les heures pour vous Quand les heures pour vous prolongeant la sieste, Toutes, d'un vol égal et d'un front différent, Sur vos yeux demi-clos qu'elles vont effleurant, Bercent de leurs pieds frais l'oisiveté céleste, Elles marchent pour nous, et leur bande au pied leste, Dans le premier repos, dès l'aube, nous surprend, Pousse du pied les vieux et les jeunes du geste, Sur les coureurs tombés passe comme un torrent ; Esclaves surmenés des heures trop rapides, Nous mourrons n'ayant fait que nous donner des rides, Car le beau sous nos fronts demeure inexprimé. Mais vous, votre art consiste à vous laisser éclore, Vous qui même en dormant accomplissez encore Votre beauté, chef-d'œuvre ignorant, mais aimé.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Repos Ni l'amour ni les dieux ! Ce double mal nous tue. Je ne poursuivrai plus la guêpe du baiser, Et, las d'approfondir, je veux me reposer De l'ingrate besogne où mon front s'évertue. Ni l'amour ni les dieux ! Qu'enfin je m'habitue À ne sentir jamais le désir m'embraser, Ni l'éternel secret des choses m'écraser ! Qu'enfin je sois heureux ! Que je vive en statue, Comme un Terme habitant sa gaine avec plaisir ! Il emprunte une vie auguste à la nature ; Une mousse lui fait sa verte chevelure ; Un liseron lui fait des lèvres sans soupir ; Une feuille est son cœur ; un lierre ami, ses hanches ; Et ses yeux souriants sont faits de deux pervenches.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Sieste Je passerai l'été dans l'herbe, sur le dos, La nuque dans les mains, les paupières mi-closes, Sans mêler un soupir à l'haleine des roses Ni troubler le sommeil léger des clairs échos. Sans peur je livrerai mon sang, ma chair, mes os, Mon être, au cours de l'heure et des métamorphoses, Calme et laissant la foule innombrable des causes Dans l'ordre universel assurer mon repos. Sous le pavillon d'or que le soleil déploie, Mes yeux boiront l'éther, dont l'immuable joie Filtrera dans mon âme au travers de mes cils, Et je dirai, songeant aux hommes : « Que font-ils ? » Et le ressouvenir des amours et des haines Me bercera, pareil au bruit des mers lointaines.

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    Stéphane Mallarmé

    Stéphane Mallarmé

    @stephaneMallarme

    Las de l'amer repos Las de l'amer repos où ma paresse offense Une gloire pour qui jadis j'ai fui l'enfance Adorable des bois de roses sous l'azur Naturel, et plus las sept fois du pacte dur De creuser par veillée une fosse nouvelle Dans le terrain avare et froid de ma cervelle, Fossoyeur sans pitié pour la stérilité, — Que dire à cette Aurore, ô Rêves, visité Par les roses, quand, peur de ses roses livides, Le vaste cimetière unira les trous vides ? — Je veux délaisser l'Art vorace d'un pays Cruel, et, souriant aux reproches vieillis Que me font mes amis, le passé, le génie, Et ma lampe qui sait pourtant mon agonie, Imiter le Chinois au cœur limpide et fin De qui l'extase pure est de peindre la fin Sur ses tasses de neige à la lune ravie D'une bizarre fleur qui parfume sa vie Transparente, la fleur qu'il a sentie, enfant, Au filigrane bleu de l'âme se greffant. Et, la mort telle avec le seul rêve du sage, Serein, je vais choisir un jeune paysage Que je peindrais encor sur les tasses, distrait. Une ligne d'azur mince et pâle serait Un lac, parmi le ciel de porcelaine nue, Un clair croissant perdu par une blanche nue Trempe sa corne calme en la glace des eaux, Non loin de trois grands cils d'émeraude, roseaux.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    La sieste Elle fait au milieu du jour son petit somme ; Car l'enfant a besoin du rêve plus que l'homme, Cette terre est si laide alors qu'on vient du ciel ! L'enfant cherche à revoir Chérubin, Ariel, Ses camarades, Puck, Titania, les fées, Et ses mains quand il dort sont par Dieu réchauffées. Oh ! comme nous serions surpris si nous voyions, Au fond de ce sommeil sacré, plein de rayons, Ces paradis ouverts dans l'ombre, et ces passages D'étoiles qui font signe aux enfants d'être sages, Ces apparitions, ces éblouissements ! Donc, à l'heure où les feux du soleil sont calmants, Quand toute la nature écoute et se recueille, Vers midi, quand les nids se taisent, quand la feuille La plus tremblante oublie un instant de frémir, Jeanne a cette habitude aimable de dormir ; Et la mère un moment respire et se repose, Car on se lasse, même à servir une rose. Ses beaux petits pieds nus dont le pas est peu sûr Dorment ; et son berceau, qu'entoure un vague azur Ainsi qu'une auréole entoure une immortelle, Semble un nuage fait avec de la dentelle ; On croit, en la voyant dans ce frais berceau-là, Voir une lueur rose au fond d'un falbala ; On la contemple, on rit, on sent fuir la tristesse, Et c'est un astre, ayant de plus la petitesse ; L'ombre, amoureuse d'elle, a l'air de l'adorer ; Le vent retient son souffle et n'ose respirer. Soudain, dans l'humble et chaste alcôve maternelle, Versant tout le matin qu'elle a dans sa prunelle, Elle ouvre la paupière, étend un bras charmant, Agite un pied, puis l'autre, et, si divinement Que des fronts dans l'azur se penchent pour l'entendre, Elle gazouille... - Alors, de sa voix la plus tendre, Couvrant des yeux l'enfant que Dieu fait rayonner, Cherchant le plus doux nom qu'elle puisse donner À sa joie, à son ange en fleur, à sa chimère : - Te voilà réveillée, horreur ! lui dit sa mère.

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