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Cœur

25 poésies en cours de vérification
Cœur

Poésies de la collection cœur

    Albert Samain

    Albert Samain

    @albertSamain

    Invitation Mon cœur est un beau lac solitaire qui tremble, Hanté d'oiseaux furtifs et de rameaux frôleurs, Où le vol argenté des sylphes bleus s'assemble En un soir diaphane où défaillent des fleurs. La lune y fait rêver ses pâleurs infinies ; L'aurore en son cristal baigne ses pieds rosés ; Et sur ses bords, en d'éternelles harmonies, Soupire l'orgue des grands joncs inapaisés. Un temple est au milieu, tout en colonnes blanches, Éclos dans les tiédeurs secrètes du jasmin ; Des ramiers bleu-de-ciel s'aiment parmi les branches... Laquelle se mettra la première en chemin ? Le lac est vert, le lac est bleu ; Voici tinter le couvre-feu. Sonnez l'heure aux ondins, petites campanules. Dame aux yeux verts, Dame aux yeux bleus, Dame d'automne au cœur frileux, De votre éventail onduleux Venez-vous-en bercer le vol des libellules Du crépuscule... Les gondoles sont là, fragiles et cambrées Sur l'eau dormeuse et sourde aux enlacis mourants, Les gondoles qui font, de roses encombrées, Pleurer leurs rames d'or sur les flots odorants. Les nefs d'amour, avec leurs velours de simarres, Captives en tourment, se meurent sur les eaux... Oh ! quels doigts fins viendront dénouer les amarres, Un soir, parmi la chevelure des roseaux ? Laquelle s'en viendra, quand sonneront les heures, Voguer, pâle de lune et perdue en un ciel ? Laquelle au doux sanglot des musiques mineures Taira dans un baiser le mot essentiel ? Laquelle — Cydalise on Linda — que t'en semble, Te laissera l'aimer, le front sur ses genoux ? Qu'importe... l'âme est triste et leurs baisers sont doux... Mon cœur est un beau lac solitaire qui tremble, Ô les Belles, embarquez-vous !

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    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    Chanson - J'ai dit à mon cœur J'ai dit à mon cœur, à mon faible cœur : N'est-ce point assez d'aimer sa maîtresse ? Et ne vois-tu pas que changer sans cesse, C'est perdre en désirs le temps du bonheur ? Il m'a répondu : Ce n'est point assez, Ce n'est point assez d'aimer sa maîtresse ; Et ne vois-tu pas que changer sans cesse Nous rend doux et chers les plaisirs passés ? J'ai dit à mon cœur, à mon faible cœur : N'est-ce point assez de tant de tristesse ? Et ne vois-tu pas que changer sans cesse, C'est à chaque pas trouver la douleur ? Il m'a répondu : Ce n'est point assez, Ce n'est point assez de tant de tristesse ; Et ne vois-tu pas que changer sans cesse Nous rend doux et chers les chagrins passés ?

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    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    Fut-il jamais douceur de coeur Rondeau. Fut-il jamais douceur de coeur pareille À voir Manon dans mes bras sommeiller ? Son front coquet parfume l'oreiller ; Dans son beau sein j'entends son coeur qui veille. Un songe passe, et s'en vient l'égayer. Ainsi s'endort une fleur d'églantier, Dans son calice enfermant une abeille. Moi, je la berce ; un plus charmant métier Fut-il jamais ? Mais le jour vient, et l'Aurore vermeille Effeuille au vent son bouquet printanier. Le peigne en main et la perle à l'oreille, À son miroir Manon court m'oublier. Hélas ! l'amour sans lendemain ni veille Fut-il jamais ?

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    A

    Antoine de Latour

    @antoineDeLatour

    Rencontre Dans ce monde parfois on trouve en son chemin Un être au front charmant dont la voix séduisante Fait naitre au cœur (hélas ! voilà le cœur humain !) Ce trouble précurseur qui se mêle à l'attente. On le laisse partir sans lui tendre la main, Mais, le songe envolé, la vie impatiente S'agite dans le vague, et jusqu'au lendemain, L'heure pèse sur l'âme et se traîne plus lente. Romans nés à demi, silencieux amours Dont les regrets sont doux, si leurs destins sont courts, Livres sans dénouement qu'entrouvre la pensée ! Ne les achevons pas, la suite a ses hasards ; Souvent l'œuvre est plus belle à peine commencée Que sur le piédestal qui la montre aux regards.

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    Arthur Rimbaud

    Arthur Rimbaud

    @arthurRimbaud

    Le coeur supplicié Mon triste cœur bave à la poupe … Mon cœur est plein de caporal! Ils y lancent des jets de soupe, Mon triste cœur bave à la poupe… Sous les quolibets de la troupe Qui lance un rire général, Mon triste cœur bave à la poupe, Mon cœur est plein de caporal! Ithyphalliques et pioupiesques Leurs insultes l’ont dépravé; À la vesprée, ils font des fresques Ithyphalliques et pioupiesques; Ô flots abracadabrantesques, Prenez mon cœur, qu’il soit sauvé! Ithyphalliques et pioupiesques, Leurs insultes l’ont dépravé. Quand ils auront tari leurs chiques, Comment agir, ô cœur volé? Ce seront des refrains bachiques Quand ils auront tari leurs chiques! J’aurai des sursauts stomachiques Si mon cœur triste est ravalé! Quand ils auront tari leurs chiques, Comment agir, ô cœur volé?

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    Arthur Rimbaud

    Arthur Rimbaud

    @arthurRimbaud

    Le cœur volé Mon triste coeur bave à la poupe, Mon coeur couvert de caporal : Ils y lancent des jets de soupe, Mon triste coeur bave à la poupe : Sous les quolibets de la troupe Qui pousse un rire général, Mon triste coeur bave à la poupe, Mon coeur couvert de caporal ! Ithyphalliques et pioupiesques Leurs quolibets l'ont dépravé ! Au gouvernail on voit des fresques Ithyphalliques et pioupiesques. Ô flots abracadabrantesques, Prenez mon coeur, qu'il soit lavé ! Ithyphalliques et pioupiesques Leurs quolibets l'ont dépravé ! Quand ils auront tari leurs chiques, Comment agir, ô coeur volé ? Ce seront des hoquets bachiques Quand ils auront tari leurs chiques : J'aurai des sursauts stomachiques, Moi, si mon coeur est ravalé : Quand ils auront tari leurs chiques Comment agir, ô coeur volé ?

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    A

    Auguste Angellier

    @augusteAngellier

    Parfois dans un vieux cœur Parfois dans un vieux cœur d'où le souvenir fuit, Plus pauvre, chaque jour, de toutes les pensées Qui s'éloignent de lui, par troupes empressées De l'abandonner seul au vide et à la nuit, S'entend encor, lointain et faible, un joyeux bruit ; Quelques émotions de ses amours passées Chantent soudain parmi ses chambres délaissées, Dans l'obscure stupeur qui se répand en lui ; Pareilles à l'horloge épuisée et qui sonne Faiblement les coups lents de ses dernières heures, Dans un manoir désert par l'exil ou la mort ; Sur les perrons disjoints croîtra la belladone, L'eau suintera verdâtre au bord des chantepleures, Le dernier son du Temps dans les couloirs s'endort.

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    A

    Auguste Angellier

    @augusteAngellier

    Un cœur Sitôt que j'eus le franc usage de mon cœur, Je le mis en des mains qui s'ouvraient pour le prendre ; C'étaient de douces mains, si belles de blancheur, Dont le toucher était délicieux et tendre. Heureux et frémissant de les sentir sur lui. Mon cœur, comme un oiseau, resta dans leur caresse ; Les vents n'ont parfumé, le clair soleil n'a lui Qu'à travers leur tiédeur de nid et leur mollesse. Mais, un jour, ces deux mains aux fins doigts cerclés d'or, Devinrent brusquement glaciales et roides, Et, le serrant toujours par un dernier effort, Se crispèrent sur lui dans des étreintes froides.

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    Charles Cros

    Charles Cros

    @charlesCros

    Pluriel féminin Je suis encombré des amours perdues, Je suis effaré des amours offertes. Vous voici pointer, jeunes feuilles vertes. Il faut vous payer, noces qui sont dues. La neige descend, plumes assidues. Hiver en retard, tu me déconcertes. Froideur des amis, tu m'étonnes, certes. Et mes routes sont désertes, ardues. Amours neuves, et vous amours passées, Vous vous emmêlez trop dans mes pensées En des discordances éoliennes. Printemps, viens donc vite et de tes poussées D'un balai d'églantines insensées Chasse de mon cœur les amours anciennes !

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    C

    Charles d'Orléans

    @charlesDorleans

    Mon coeur m'a fait commandement Mon coeur m'a fait commandement De venir vers vostre jeunesse, Belle que j'ayme loyaument (1), Comme doy faire ma princesse. Se vous demandés Pourquoi esse ? C'est pour savoir quant vous plaira Alegier sa dure destresse Ma Dame, le sauray je ja (2) ? Dictez le par vostre serment ! Je vous fais leale (3) promesse Nul ne le saura, seulement Fors que lui pour avoir leesse. Or lui moustrés qu'estes maistresse Et lui mandez qu'il guerira, Ou s'il doit morir de destresse ! Ma Dame, le sauray je ja ? Penser ne porroit nullement Que la douleur, qui tant le blesse, Ne vous desplaise aucunement. Or faictes dont tant qu'elle cesse Et le remectez en l'adresse D'espoir, dont il party pieça (4) ! Respondez sans que plus vous presse ! Ma Dame le sauray je ja ? 1. Loyaument : Loyalement. 2. Ja : Bientôt. 3. Leale : Loyale. 4. Pieça : Il y a longtemps.

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    C

    Charles d'Orléans

    @charlesDorleans

    Mon coeur, estouppe tes oreilles Mon coeur, estouppe tes oreilles, Pour le vent de Merencolie ; S'il y entre, ne doubte mye, Il est dangereux à merveilles ; Soit que tu dormes ou tu veilles, Fays ainsi que dy, je t'en prie. Mon cueur, estouppe tes oreilles, Pour le vent de Merencolie ; Il cause doleurs nompareilles, Dont s'engendre la maladie Qui n'est pas de legier guerie ; Croy moy, s'a raison te conseilles. Mon cueur, estouppe tes oreilles.

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    C

    Charles d'Orléans

    @charlesDorleans

    Que me conseillez-vous, mon coeur Que me conseillez-vous, mon coeur ? Irai-je par devers la belle Lui dire la peine mortelle Que souffrez pour elle en douleur ? Pour votre bien et son honneur, C'est droit que votre conseil celle. Que me conseillez-vous, mon coeur, Irai-je par devers la belle ? Si pleine la sais de douceur Que trouverai merci en elle, Tôt en aurez bonne nouvelle. J'y vais, n'est-ce pour le meilleur ? Que me conseillez-vous, mon coeur ?

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    Germain Nouveau

    Germain Nouveau

    @germainNouveau

    Le baiser (II) Comme une ville qui s'allume Et que le vent achève d'embraser, Tout mon cœur brûle et se consume, J'ai soif, oh ! j'ai soif d'un baiser. Baiser de la bouche et des lèvres Où notre amour vient se poser, Plein de délices et de fièvres, Ah ! j'ai soif, j'ai soif d'un baiser ! Baiser multiplié que l'homme Ne pourra jamais épuiser, Ô toi, que tout mon être nomme, J'ai soif, oui, j'ai soif d'un baiser. Fruit doux où la lèvre s'amuse, Beau fruit qui rit de s'écraser, Qu'il se donne ou qu'il se refuse, Je veux vivre pour ce baiser. Baiser d'amour qui règne et sonne Au cœur battant à se briser, Qu'il se refuse ou qu'il se donne, Je veux mourir de ce baiser.

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    Henri-Frédéric Amiel

    Henri-Frédéric Amiel

    @henriFredericAmiel

    Sans le savoir Sans le vouloir, sans le voir même, D'un cœur éveillant le poème, On peut, hélas ! faire souffrir, Faire vivre et faire mourir Ce cœur qui dans l'ombre nous aime. Tel, dans le sol que l'homme sème, Aux jours d'Avril, le rayon d'or Fait tressaillir, appel suprême, A son insu, le grain qui dort.

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    Joachim du Bellay

    Joachim du Bellay

    @joachimDuBellay

    Qui est ami du cœur est ami de la bourse Qui est ami du cœur est ami de la bourse, Ce dira quelque honnête et hardi demandeur, Qui de l'argent d'autrui libéral dépendeur Lui-même à l'hôpital s'en va toute la course. Mais songe là-dessus qu'il n'est si vive source Qu'on ne puisse épuiser, ni si riche prêteur Qui ne puisse à la fin devenir emprunteur, Ayant affaire à gens qui n'ont point de ressource. Gordes, si tu veux vivre heureusement romain, Sois large de faveur, mais garde que ta main Ne soit à tous venants trop largement ouverte. Par l'un on peut gagner même son ennemi, Par l'autre bien souvent on perd un bon ami, Et quand on perd l'argent, c'est une double perte.

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    L

    Louise Ackermann

    @louiseAckermann

    Un autre cœur Serait-ce un autre cœur que la Nature donne À ceux qu'elle préfère et destine à vieillir, Un cœur calme et glacé que toute ivresse étonne, Qui ne saurait aimer et ne veut pas souffrir ? Ah ! qu'il ressemble peu, dans son repos tranquille, À ce cœur d'autrefois qui s'agitait si fort ! Cœur enivré d'amour, impatient, mobile, Au-devant des douleurs courant avec transport. Il ne reste plus rien de cet ancien nous-mêmes ; Sans pitié ni remords le Temps nous l'a soustrait. L'astre des jours éteints, cachant ses rayons blêmes, Dans l'ombre qui l'attend se plonge et disparaît. À l'horizon changeant montent d'autres étoiles. Cependant, cher Passé, quelquefois un instant La main du Souvenir écarte tes longs voiles, Et nous pleurons encore en te reconnaissant.

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    Louise Colet

    Louise Colet

    @louiseColet

    Un cœur brisé « Ô souvenir de pleurs et de mélancolie ! Ceux que j'aurais aimés ne m'ont point accueillie, Ou bien, insoucieux, Ils vantaient ma beauté sans comprendre mon âme, Et ne soupçonnaient pas sous ces dehors de femme L'ange tombé des deux ! Comme un lac, dont la brise effleure la surface Sans agiter le fond, Ces êtres aux cœurs froids, où tout amour s'efface, Pour moi n'eurent jamais un sentiment profond. Innocence, candeur, tendresse virginale, Ils vous abandonnaient sans larmes, sans regret ; Et toujours triomphait dans leur âme vénale Un vulgaire intérêt. Ils passaient tous ainsi comme des ombres vaines : Le fantôme adoré, l'idéal que j'aimais, Celui qui de ma vie eut adouci les peines N'apparaissait jamais ! Jamais l'aveu chéri qui captive une femme, Qui mêle pour toujours son âme vierge à l'âme D'un jeune fiancé Ne porta dans mes sens une ivresse suprême ; Non, jamais par l'amour, jamais ce mot, je t'aime, Ne me fut prononcé ! Jamais, en s'élançant au seuil de ma demeure Un mortel adoré ne me dit : Voici l'heure Promise à ton ami ! Et triomphant malgré la pudeur qui résiste N'effleura d'un baiser mon front rêveur et triste ! Non, jamais dans ma main une main n'a frémi. Nul rayon de bonheur sur mes jours ne se lève ; L'amour que j'appelais ne m'a pas répondu ! Déjà mon front pâlit et mon printemps s'achève. Et pour moi l'avenir est à jamais perdu. L'homme peut à son gré recommencer sa vie, Par un jour radieux son aurore est suivie ; De jeunesse et de gloire il est beau tour-à-tour ; Il règne en cheveux blancs : mais nous, on nous dénie Les palmes des combats, les lauriers du génie ; Nous n'avons que l'amour. Et s'il ne sourit pas à nos fraîches années ; Si, jeunes, nous vivons, hélas ! abandonnées, N'espérons pas plus tard un fortuné destin : Des mères qu'on bénit, et des chastes épouses Contemplons le bonheur sans en être jalouses ; Le soir ne peut donner les roses du matin. » Elle parlait ainsi, la femme délaissée, Et dans son sein brûlant fermentait sa pensée ; Fuis, jetant un regard de merci vers les cieux, Pour ne plus les rouvrir elle ferma les yeux.

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    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    Qu'en avez-vous fait Vous aviez mon coeur, Moi, j'avais le vôtre : Un coeur pour un coeur ; Bonheur pour bonheur ! Le vôtre est rendu, Je n'en ai plus d'autre, Le vôtre est rendu, Le mien est perdu ! La feuille et la fleur Et le fruit lui-même, La feuille et la fleur, L'encens, la couleur : Qu'en avez-vous fait, Mon maître suprême ? Qu'en avez-vous fait, De ce doux bienfait ? Comme un pauvre enfant Quitté par sa mère, Comme un pauvre enfant Que rien ne défend, Vous me laissez là, Dans ma vie amère ; Vous me laissez là, Et Dieu voit cela ! Savez-vous qu'un jour L'homme est seul au monde ? Savez-vous qu'un jour Il revoit l'amour ? Vous appellerez, Sans qu'on vous réponde ; Vous appellerez, Et vous songerez !... Vous viendrez rêvant Sonner à ma porte ; Ami comme avant, Vous viendrez rêvant. Et l'on vous dira : « Personne !... elle est morte. » On vous le dira ; Mais qui vous plaindra ?

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Bonjour mon coeur Bonjour mon coeur, bonjour ma douce vie. Bonjour mon oeil, bonjour ma chère amie, Hé ! bonjour ma toute belle, Ma mignardise, bonjour, Mes délices, mon amour, Mon doux printemps, ma douce fleur nouvelle, Mon doux plaisir, ma douce colombelle, Mon passereau, ma gente tourterelle, Bonjour, ma douce rebelle. Hé ! faudra-t-il que quelqu'un me reproche Que j'aie vers toi le coeur plus dur que roche De t'avoir laissée, maîtresse, Pour aller suivre le Roi, Mendiant je ne sais quoi Que le vulgaire appelle une largesse ? Plutôt périsse honneur, court, et richesse, Que pour les biens jamais je te relaisse, Ma douce et belle déesse.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    L'étoile au cœur Par les nuits sublimes d'été, Sous leur dôme d'or et d'opale, Je demande à l'immensité Où sourit la forme idéale. Plein d'une angoisse de banni, À travers la flore innombrable Des campagnes de l'infini, Je poursuis ce lis adorable... S'il brille au firmament profond, Ce n'est pas pour moi qu'il y brille : J'ai beau chercher, tout se confond Dans l'océan clair qui fourmille. Ma vue implore de trop bas Sa splendeur en chemin perdue, Et j'abaisse enfin mes yeux las, Découragés par l'étendue. Appauvri de l'espoir ôté, Je m'en reviens plus solitaire, Et cependant cette beauté Que je crois si loin de la terre, Un laboureur insoucieux, Chaque soir à son foyer même, Pour l'admirer, l'a sous les yeux Dans la paysanne qu'il aime. Heureux qui, sans vaine langueur, Voyant les étoiles renaître, Ferme sur elles sa fenêtre : La plus belle luit dans son cœur.

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    Rémi Belleau

    Rémi Belleau

    @remiBelleau

    Douce et belle bouchelette Ainsi, ma douce guerrière Mon cœur, mon tout, ma lumière, Vivons ensemble, vivons Et suivons Les doux sentiers de la jeunesse : Aussi bien une vieillesse Nous menace sur le port, Qui, toute courbe et tremblante, Nous entraîne chancelante La maladie et la mort.

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    Théophile Gautier

    Théophile Gautier

    @theophileGautier

    Diamant du cœur Tout amoureux, de sa maîtresse, Sur son coeur ou dans son tiroir, Possède un gage qu'il caresse Aux jours de regret ou d'espoir. L'un d'une chevelure noire, Par un sourire encouragé, A pris une boucle que moire Un reflet bleu d'aile de geai. L'autre a, sur un cou blanc qui ploie, Coupé par derrière un flocon Retors et fin comme la soie Que l'on dévide du cocon. Un troisième, au fond d'une boîte, Reliquaire du souvenir, Cache un gant blanc, de forme étroite, Où nulle main ne peut tenir. Cet autre, pour s'en faire un charme, Dans un sachet, d'un chiffre orné, Coud des violettes de Parme, Frais cadeau qu'on reprend fané. Celui-ci baise la pantoufle Que Cendrillon perdit un soir ; Et celui-ci conserve un souffle Dans la barbe d'un masque noir. Moi, je n'ai ni boucle lustrée, Ni gant, ni bouquet, ni soulier, Mais je garde, empreinte adorée Une larme sur un papier : Pure rosée, unique goutte, D'un ciel d'azur tombée un jour, Joyau sans prix, perle dissoute Dans la coupe de mon amour ! Et, pour moi, cette obscure tache Reluit comme un écrin d'Ophyr, Et du vélin bleu se détache, Diamant éclos d'un saphir. Cette larme, qui fait ma joie, Roula, trésor inespéré, Sur un de mes vers qu'elle noie, D'un oeil qui n'a jamais pleuré !

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    Théophile Gautier

    Théophile Gautier

    @theophileGautier

    J'ai dans mon cœur J'ai dans mon coeur, dont tout voile s'écarte, Deux bancs d'ivoire, une table en cristal, Où sont assis, tenant chacun leur carte, Ton faux amour et mon amour loyal. J'ai dans mon coeur, dans mon coeur diaphane, Ton nom chéri qu'enferme un coffret d'or ; Prends-en la clef, car nulle main profane Ne doit l'ouvrir ni ne l'ouvrit encor. Fouille mon coeur, ce coeur que tu dédaignes Et qui pourtant n'est peuplé que de toi, Et tu verras, mon amour, que tu règnes Sur un pays dont nul homme n'est roi !

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    Théophile Gautier

    Théophile Gautier

    @theophileGautier

    Les accroche cœurs Ravivant les langueurs nacrées De tes yeux battus et vainqueurs, En mèches de parfum lustrées Se courbent deux accroche-coeurs. A voir s'arrondir sur tes joues Leurs orbes tournés par tes doigts, On dirait les petites roues Du char de Mab fait d'une noix ; Ou l'arc de l'Amour dont les pointes, Pour une flèche à décocher, En cercle d'or se sont rejointes A la tempe du jeune archer. Pourtant un scrupule me trouble, Je n'ai qu'un coeur, alors pourquoi, Coquette, un accroche-coeur double ? Qui donc y pends-tu près de moi ?

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Billet du matin Si les liens des coeurs ne sont pas des mensonges, Oh ! dites, vous devez avoir eu de doux songes, Je n'ai fait que rêver de vous toute la nuit. Et nous nous aimions tant ! vous me disiez : « Tout fuit, Tout s'éteint, tout s'en va ; ta seule image reste. » Nous devions être morts dans ce rêve céleste ; Il semblait que c'était déjà le paradis. Oh ! oui, nous étions morts, bien sûr ; je vous le dis. Nous avions tous les deux la forme de nos âmes. Tout ce que, l'un de l'autre, ici-bas nous aimâmes Composait notre corps de flamme et de rayons, Et, naturellement, nous nous reconnaissions. Il nous apparaissait des visages d'aurore Qui nous disaient : « C'est moi ! » la lumière sonore Chantait ; et nous étions des frissons et des voix. Vous me disiez : « Écoute ! » et je répondais : « Vois ! » Je disais : « Viens-nous-en dans les profondeurs sombres ; Vivons ; c'est autrefois que nous étions des ombres. » Et, mêlant nos appels et nos cris : « Viens ! oh ! viens ! Et moi, je me rappelle, et toi, tu te souviens. » Éblouis, nous chantions : « C'est nous-mêmes qui sommes Tout ce qui nous semblait, sur la terre des hommes, Bon, juste, grand, sublime, ineffable et charmant ; Nous sommes le regard et le rayonnement ; Le sourire de l'aube et l'odeur de la rose, C'est nous ; l'astre est le nid où notre aile se pose ; Nous avons l'infini pour sphère et pour milieu, L'éternité pour l'âge ; et, notre amour, c'est Dieu. » Paris, juin 18...

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