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Neige

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Neige

Poésies de la collection neige

    A

    Amable Tastu

    @amableTastu

    La neige Si peu nombreux encore, tes jours coulent bien sombres, Jeune année, et ton front est enveloppé d'ombres. De ces nuages noirs, qui déguisent les cieux, Descendant les frimas à flots silencieux. Comme le froid chagrin sur une âme oppressée, La neige sur le sol tombe lente et glacée. Dans mes yeux abattus je sens rouler des pleurs ! Hélas! mon cher pays, qu'as-tu fait de tes fleurs ? Quel sinistre pouvoir a flétri ta parure ? En vain mon cœur gémit et ma bouche murmure ; Demain, hélas! demain, de ses blancs tourbillons La neige aura comblé tes fertiles sillons ; Les oiseaux, que la bise atteint dans leurs retraites, Demain s'exileront de tes forêts muettes ; Demain ces flots nombreux qui, dans leur liberté. Te vont porter la vie et la fécondité, S'arrêteront captifs, et ce réseau de glace Comme un voile de mort couvrira ta surface ! Mais ce linceul pesant, sous sa morne pâleur, Double en la comprimant la féconde chaleur : Telle, dans nos hameaux la couveuse fidèle Cache un germe inconnu sous l'ombre de son aile, Et peut-être, trompée en son aveugle amour, S'étonnera des fruits qui vont éclore au jour. Déjà dans sa puissance où la terre se fie Fermente sourdement le principe de vie ; Déjà la sève errante en ses mille canaux Promet aux troncs vieillis des rejetons nouveaux, Et sur le froid sommeil de la nature entière Plane un songe d'espoir, de joie et de lumière. Pour hâter le moment d'un glorieux réveil, France, que te faut-il ? Un rayon du soleil ! Le soleil, il est là, brillant sous ce nuage, Comme la vérité, dont son astre est l'image : Comme elle aussi, couvert d'un voile passager, Qui l'obscurcit un jour, mais ne peut le changer. Ah ! si l'ombre est rapide et lui seul immuable, S'il faut subir du temps le cours inexorable, Si le plus long hiver est suivi d'un printemps, Il vient ! l'hiver s'enfuit ; le temps vole !... j'attends !

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    A

    André Lemoyne

    @andreLemoyne

    Matin d'hiver À Mademoiselle Marguerite Coutanseau La neige tombe en paix sur Paris qui sommeille, De sa robe d'hiver à minuit s'affublant. Quand la ville surprise au grand jour se réveille, Fins clochers, dômes ronds, palais vieux, tout est blanc. Moins rudes sont les froids, et la Seine charrie : D'énormes blocs de glace aux longs reflets vitreux Éclaboussent d'argent l'arche du pont Marie, Poursuivent leur voyage et se choquent entre eux. Les cloches qui tintaient à si grandes volées, Pour fêter dignement les jours carillonnés, N'ont plus qu'un timbre mat et des notes voilées, Comme si leurs battants étaient capitonnés. Les barques des chalands au long des quais rangées, De leur unique voile ont fermé l'éventail, Et toutes dans la glace, en bon ordre figées, Sont prises dans leur coque et jusqu'au gouvernail. Enrobant le Soleil sous deux ailes de flamme, Un goéland du Havre ou de Pont-Audemer Vient comme un Saint-Esprit planer sur Notre-Dame : On reconnaît de loin le grand oiseau de mer. Ce fut par de joyeux et clairs matins de neige, Où l'aurore allumait ses premiers feux pourprés, Qu'autrefois les Normands, blonds fils de la Norvège, Dressaient la haute échelle à Saint-Germain-des-Prés.

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    A

    Antoine de Latour

    @antoineDeLatour

    La neige J'aime la neige éblouissante Qui couronne les vieilles tours, Et sur les arbres qu'elle argente : Courbe la feuille jaunissante, Dernier souvenir des beaux jours. Ses blancs flocons avec mystère Reposent au toit des maisons, Et d'une tunique légère Voilent la face de la terre, Ainsi que de molles toisons. Écoutez ! tout semble immobile, La neige endort tous les échos ; Sans bruit passe la foule agile, Et sur l'enceinte de la ville Pèse un mystérieux repos. La ville est un camp qui sommeille Avec ses muets pavillons, Quand le vent n'apporte à l'oreille Que la voix du soldat qui veille, Dans l'absence des bataillons. C'est une flotte dont la grâce Fait rêver aux golfes des cieux, Une blanche flotte qui passe, Et qui semble au loin dans l'espace Suivre un astre silencieux. L'arbre balancé par l'orage Est un mât penché sur les mers, Chaque brise un chant de la plage, Chaque voix un cri du rivage Prolongé sur les flots amers. Et le soir quand la ville étale L'éclat de ses mille flambeaux, C'est une tente triomphale Qui, dans sa grâce orientale, Garde la couche d'un héros.

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    Arsène Houssaye

    Arsène Houssaye

    @arseneHoussaye

    Le premier givre L'hiver est sorti de sa tombe, Son linceul blanchit le vallon ; Le dernier feuillage qui tombe Est balayé par l'aquilon. Nichés dans le tronc d'un vieux saule, Les hiboux aiguisent leur bec ; Le bûcheron sur son épaule Emporte un fagot de bois sec. La linotte a fui l'aubépine, Le merle n'a plus un rameau ; Le moineau va crier famine Devant les vitres du hameau. Le givre que sème la bise Argente les bords du chemin ; À l'horizon la nue est grise : C'est de la neige pour demain. Une femme de triste mine S'agenouille seule au lavoir ; Un troupeau frileux s'achemine En ruminant vers l'abreuvoir. Dans cette agreste solitude, La mère, agitant son fuseau, Regarde avec inquiétude L'enfant qui dort dans le berceau. Par ses croassements funèbres Le corbeau vient semer l'effroi, Le temps passe dans les ténèbres, Le pauvre a faim, le pauvre a froid Et la bise, encor plus amère, Souffle la mort. — Faut-il mourir ? La nature, en son sein de mère, N'a plus de lait pour le nourrir.

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    M

    Maurice Rollinat

    @mauriceRollinat

    La tache blanche Dure au mordant soleil, longtemps épanouie Aux grands effluves lourds et tièdes du vent plat, La neige, ayant enfin fléchi, perdu l'éclat, Venait de consommer sa fonte sous la pluie. L'espace détendu ! le bruit désemmuré ! Et les cieux bleus, enfin ! pour mes regards moroses, Avides de revoir le vieil aspect des choses, Tout surgissait nouveau du sol désengouffré. Soudain, au creux d'un ravin noir, Un soupçon de neige fit voir Sa tache pâle, si peureuse Que je me figurai, songeur, Un dernier frisson de blancheur Au fond d'une âme ténébreuse !

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    La neige à travers la brume La neige à travers la brume Tombe et tapisse sans bruit Le chemin creux qui conduit A l'église où l'on allume Pour la messe de minuit. Londres sombre flambe et fume ; La chère qui s'y cuit Et la boisson qui s'ensuit ! C'est Christmas et sa coutume De minuit jusqu'à minuit. Sur la plume et le bitume, Paris bruit et jouit. Ripaille et Plaisant déduit Sur le bitume et la plume S'exaspèrent dès minuit. Le malade en l'amertume De l'hospice où le poursuit Un espoir toujours détruit S'épouvante et se consume Dans le noir d'un long minuit... La cloche au son clair d'enclume Dans la cour fine qui luit, Loin du péché qui nous nuit, Nous appelle en grand costume A la messe de minuit.

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