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Désir

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Désir

Poésies de la collection désir

    Alain Bosquet

    Alain Bosquet

    @alainBosquet

    L'indésirable On m'a chassé de ma planète ; un autre azur veut-il de moi ? On m'a chassé de mon royaume : est-il un autre sable, est-il un autre exil ? On m'a chassé de ma maison : ai-je le droit d'emporter mon vieux mur, d'emballer quelques briques ? On m'a chassé de mon arbre natal : perdus, mon ombre et mon écorce et mon corps de rechange. On m'a chassé de mon squelette : est-il des formes d'une autre pesanteur, d'une autre dépendance ? On m'a chassé de ma mémoire : aucun oiseau ne récite mes vers, aucun vent n'interprète ma musique allongée sur les douces collines. On m'a chassé de mon poème : un autre auteur, une autre langue, vers à vers, m'ont remplacé.

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    A

    Albert Mérat

    @albertMerat

    Le désir La bonté du soleil n’apaise pas nos yeux. Nous avons les prés clairs où l’eau met des buées, Les collines aux plis charmants continuées En des bandes couleur de perle au bord des cieux. Nos chênes sont si hauts, si vaillants & si vieux Qu’ils connaissent la foudre & parlent aux nuées. Les forêts de cent ans que l’on n’a pas tuées Sont les chœurs où l’accord des voix chante le mieux. D’où vient qu’ayant les soirs, l’odeur des matinées, Des peintures en leurs caprices terminées Par ce que l’harmonie a de tons fins & doux, Nous sentions nos désirs gonflés comme des voiles ? Pourquoi les horizons sont-ils jaloux de nous ? Pourquoi chercher au loin de nouvelles étoiles ?

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    Albert Samain

    Albert Samain

    @albertSamain

    Comme une grande fleur Comme une grande fleur trop lourde qui défaille, Parfois, toute en mes bras, tu renverses ta taille Et plonges dans mes yeux tes beaux yeux verts ardents, Avec un long sourire où miroitent tes dents… Je t’enlace ; j’ai comme un peu de l’âpre joie Du fauve frémissant et fier qui tient sa proie. Tu souris… je te tiens pâle et l’âme perdue De se sentir au bord du bonheur suspendue, Et toujours le désir pareil au coeur me mord De t’emporter ainsi, vivante, dans la mort. Incliné sur tes yeux où palpite une flamme Je descends, je descends, on dirait, dans ton âme… De ta robe entr’ouverte aux larges plis flottants, Où des éclairs de peau reluisent par instants, Un arôme charnel où le désir s’allume Monte à longs flots vers moi comme un parfum qui fume. Et, lentement, les yeux clos, pour mieux m’en griser, Je cueille sur tes dents la fleur de ton baiser !

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    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    A Julie On me demande, par les rues, Pourquoi je vais bayant aux grues, Fumant mon cigare au soleil, A quoi se passe ma jeunesse, Et depuis trois ans de paresse Ce qu’ont fait mes nuits sans sommeil. Donne-moi tes lèvres, Julie ; Les folles nuits qui t’ont pâlie Ont séché leur corail luisant. Parfume-les de ton haleine ; Donne-les-moi, mon Africaine, Tes belles lèvres de pur sang. Mon imprimeur crie à tue-tête Que sa machine est toujours prête, Et que la mienne n’en peut mais. D’honnêtes gens, qu’un club admire, N’ont pas dédaigné de prédire Que je n’en reviendrai jamais. Julie, as-tu du vin d’Espagne ? Hier, nous battions la campagne ; Va donc voir s’il en reste encor. Ta bouche est brûlante, Julie ; Inventons donc quelque folie Qui nous perde l’âme et le corps. On dit que ma gourme me rentre, Que je n’ai plus rien dans le ventre, Que je suis vide à faire peur ; Je crois, si j’en valais la peine, Qu’on m’enverrait à Sainte-Hélène, Avec un cancer dans le coeur. Allons, Julie, il faut t’attendre A me voir quelque jour en cendre, Comme Hercule sur son rocher. Puisque c’est par toi que j’expire, Ouvre ta robe, Déjanire, Que je monte sur mon bûcher.

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    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    A Laure Si tu ne m’aimais pas, dis-moi, fille insensée, Que balbutiais-tu dans ces fatales nuits ? Exerçais-tu ta langue à railler ta pensée ? Que voulaient donc ces pleurs, cette gorge oppressée, Ces sanglots et ces cris ? Ah ! si le plaisir seul t’arrachait ces tendresses, Si ce n’était que lui qu’en ce triste moment Sur mes lèvres en feu tu couvrais de caresses Comme un unique amant ; Si l’esprit et les sens, les baisers et les larmes, Se tiennent par la main de ta bouche à ton coeur, Et s’il te faut ainsi, pour y trouver des charmes, Sur l’autel du plaisir profaner le bonheur : Ah ! Laurette ! ah ! Laurette, idole de ma vie, Si le sombre démon de tes nuits d’insomnie Sans ce masque de feu ne saurait faire un pas, Pourquoi l’évoquais-tu, si tu ne m’aimais pas ?

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    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    A Madame G (1) Dans dix ans d’ici seulement, Vous serez un peu moins cruelle. C’est long, à parler franchement. L’amour viendra probablement Donner à l’horloge un coup d’aile. Votre beauté nous ensorcelle, Prenez-y garde cependant : On apprend plus d’une nouvelle En dix ans. Quand ce temps viendra, d’un amant Je serai le parfait modèle, Trop bête pour être inconstant, Et trop laid pour être infidèle. Mais vous serez encor trop belle

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    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    A Mademoiselle Oui, femmes, quoi qu’on puisse dire, Vous avez le fatal pouvoir De nous jeter par un sourire Dans l’ivresse ou le désespoir. Oui, deux mots, le silence même, Un regard distrait ou moqueur, Peuvent donner à qui vous aime Un coup de poignard dans le coeur. Oui, votre orgueil doit être immense, Car, grâce à notre lâcheté, Rien n’égale votre puissance, Sinon votre fragilité. Mais toute puissance sur terre Meurt quand l’abus en est trop grand, Et qui sait souffrir et se taire S’éloigne de vous en pleurant. Quel que soit le mal qu’il endure, Son triste rôle est le plus beau. J’aime encor mieux notre torture Que votre métier de bourreau.

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    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    A Mme N.Ménessier Madame, il est heureux, celui dont la pensée (Qu’elle fût de plaisir, de douleur ou d’amour) A pu servir de soeur à la vôtre un seul jour. Son âme dans votre âme un instant est passée ; Le rêve de son coeur un soir s’est arrêté, Ainsi qu’un pèlerin, sur le seuil enchanté Du merveilleux palais tout peuplé de féeries Où dans leurs voiles blancs dorment vos rêveries Qu’importe que bientôt, pour un autre oublié, De vos lèvres de pourpre il se soit envolé Comme l’oiseau léger s’envole après l’orage ? Lorsqu’il a repassé le seuil mystérieux, Vos lèvres l’ont doré, dans leur divin langage, D’un sourire mélodieux

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    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    Béatrix Donato Béatrix Donato fut le doux nom de celle Dont la forme terrestre eut ce divin contour. Dans sa blanche poitrine était un coeur fidèle, Et dans son corps sans tache un esprit sans détour. Le fils du Titien, pour la rendre immortelle, Fit ce portrait, témoin d'un mutuel amour ; Puis il cessa de peindre à compter de ce jour, Ne voulant de sa main illustrer d'autre qu'elle. Passant, qui que tu sois, si ton coeur sait aimer, Regarde ma maîtresse avant de me blâmer, Et dis si, par hasard, la tienne est aussi belle. Vois donc combien c'est peu que la gloire ici-bas, Puisque tout beau qu'il est, ce portrait ne vaut pas (Crois-m'en sur ma parole) un baiser du modèle.

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    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    Madrid Madrid, princesse des Espagnes, Il court par tes mille campagnes Bien des yeux bleus, bien des yeux noirs. La blanche ville aux sérénades, Il passe par tes promenades Bien des petits pieds tous les soirs. Madrid, quand tes taureaux bondissent, Bien des mains blanches applaudissent, Bien des écharpes sont en jeux. Par tes belles nuits étoilées, Bien des senoras long voilées Descendent tes escaliers bleus. Madrid, Madrid, moi, je me raille De tes dames à fine taille Qui chaussent l’escarpin étroit ; Car j’en sais une par le monde Que jamais ni brune ni blonde N’ont valu le bout de son doigt ! J’en sais une, et certes la duègne Qui la surveille et qui la peigne N’ouvre sa fenêtre qu’à moi ; Certes, qui veut qu’on le redresse, N’a qu’à l’approcher à la messe, Fût-ce l’archevêque ou le roi. Car c’est ma princesse andalouse ! Mon amoureuse ! ma jalouse ! Ma belle veuve au long réseau ! C’est un vrai démon ! c’est un ange ! Elle est jaune, comme une orange, Elle est vive comme un oiseau ! Oh ! quand sur ma bouche idolâtre Elle se pâme, la folâtre, Il faut voir, dans nos grands combats, Ce corps si souple et si fragile, Ainsi qu’une couleuvre agile, Fuir et glisser entre mes bras ! Or si d’aventure on s’enquête Qui m’a valu telle conquête, C’est l’allure de mon cheval, Un compliment sur sa mantille, Puis des bonbons à la vanille Par un beau soir de carnaval

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    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    Rappelle toi Rappelle-toi, quand l’Aurore craintive Ouvre au Soleil son palais enchanté ; Rappelle-toi, lorsque la nuit pensive Passe en rêvant sous son voile argenté ; A l’appel du plaisir lorsque ton sein palpite, Aux doux songes du soir lorsque l’ombre t’invite, Ecoute au fond des bois Murmurer une voix : Rappelle-toi. Rappelle-toi, lorsque les destinées M’auront de toi pour jamais séparé, Quand le chagrin, l’exil et les années Auront flétri ce coeur désespéré ; Songe à mon triste amour, songe à l’adieu suprême ! L’absence ni le temps ne sont rien quand on aime. Tant que mon coeur battra, Toujours il te dira Rappelle-toi. Rappelle-toi, quand sous la froide terre Mon coeur brisé pour toujours dormira ; Rappelle-toi, quand la fleur solitaire Sur mon tombeau doucement s’ouvrira. Je ne te verrai plus ; mais mon âme immortelle Reviendra près de toi comme une soeur fidèle. Ecoute, dans la nuit, Une voix qui gémit : Rappelle-toi.

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    A

    Alphonse Beauregard

    @alphonseBeauregard

    Desir simple Jeunes filles qui brodez En suivant des songeries, Seules sur vos galeries, Ou qui dehors regardez, Comme des oiseaux en cage, Si j'en avais le courage Vers l'une de vous j'irais - Dieu sait encore laquelle, La plus triste ou la plus belle - Et d'un ton simple dirais : - " Vous êtes celle, peut-être, Qui m'apparaît si souvent

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    Alphonse de Lamartine

    Alphonse de Lamartine

    @alphonseDeLamartine

    Désir Ah ! si j'avais des paroles, Des images, des symboles, Pour peindre ce que je sens ! Si ma langue, embarrassée Pour révéler ma pensée, Pouvait créer des accents ! Loi sainte et mystérieuse ! Une âme mélodieuse Anime tout l'univers ; Chaque être a son harmonie, Chaque étoile son génie, Chaque élément ses concerts. Ils n'ont qu'une voix, mais pure, Forte comme la nature, Sublime comme son Dieu ; Et, quoique toujours la même, Seigneur, cette voix suprême Se fait entendre en tout lieu. Quand les vents sifflent sur l'onde, Quand la mer gémit ou gronde, Quand la foudre retentit, Tout ignorants que nous sommes, Qui de nous, enfants des hommes, Demande ce qu'ils ont dit ? L'un a dit : « Magnificence ! » L'autre : « Immensité ! puissance ! » L'autre : « Terreur et courroux ! » L'un a fui devant sa face, L'autre a dit : « Son ombre passe : Cieux et terre, taisez-vous ! » Mais l'homme, ta créature, Lui qui comprend la nature, Pour parler n'a que des mots, Des mots sans vie et sans aile, De sa pensée immortelle Trop périssables échos ! Son âme est comme l'orage Qui gronde dans le nuage Et qui ne peut éclater, Comme la vague captive Qui bat et blanchit sa rive Et ne peut la surmonter. Elle s'use et se consume Comme un aiglon dont la plume N'aurait pas encor grandi, Dont l'œil aspire à sa sphère, Et qui rampe sur la terre Comme un reptile engourdi. Ah ! ce qu'aux anges j'envie N'est pas l'éternelle vie, Ni leur glorieux destin : C'est la lyre, c'est l'organe Par qui même un cœur profane Peut chanter l'hymne sans fin ! Quelque chose en moi soupire, Aussi doux que le zéphyr Que la nuit laisse exhaler, Aussi sublime que l'onde, Ou que la foudre qui gronde ; Et mon cœur ne peut parler ! Océan, qui sur tes rives Épands tes vagues plaintives, Rameaux murmurants des bois, Foudre dont la nue est pleine, Ruisseaux à la molle haleine, Ah ! si j'avais votre voix ! Si seulement, ô mon âme, Ce Dieu dont l'amour t'enflamme Comme le feu, l'aquilon, Au zèle ardent qui t'embrase Accordait, dans une extase, Un mot pour dire son nom ! Son nom, tel que la nature Sans parole le murmure, Tel que le savent les deux ; Ce nom que J'aurore voile, Et dont l'étoile à l'étoile Est l'écho mélodieux ; Les ouragans, le tonnerre, Les mers, les feux et la terre, Se tairaient pour l'écouter ; Les airs, ravis de l'entendre, S'arrêteraient pour l'apprendre, Les deux pour le répéter. Ce nom seul, redit sans cesse, Soulèverait ma tristesse Dans ce vallon de douleurs ; Et je dirais sans me plaindre : « Mon dernier jour peut s'éteindre, J'ai dit sa gloire, et je meurs ! »

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    Alphonse de Lamartine

    Alphonse de Lamartine

    @alphonseDeLamartine

    Le papillon Naître avec le printemps, mourir avec les roses, Sur l’aile du zéphyr nager dans un ciel pur, Balancé sur le sein des fleurs à peine écloses, S’enivrer de parfums, de lumière et d’azur, Secouant, jeune encor, la poudre de ses ailes, S’envoler comme un souffle aux voûtes éternelles, Voilà du papillon le destin enchanté! Il ressemble au désir, qui jamais ne se pose, Et sans se satisfaire, effleurant toute chose, Retourne enfin au ciel chercher la volupté!

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    Anatole France

    Anatole France

    @anatoleFrance

    Le désir Je sais la vanité de tout désir profane. A peine gardons-nous de tes amours défunts, Femme, ce que la fleur qui sur ton sein se fane Y laisse d'âme et de parfums. Ils n'ont, les plus beaux bras, que des chaînes d'argile, Indolentes autour du col le plus aimé ; Avant d'être rompu leur doux cercle fragile Ne s'était pas même fermé. Mélancolique nuit des chevelures sombres, A quoi bon s'attarder dans ton enivrement, Si, comme dans la mort, nul ne peut sous tes ombres Se plonger éternellement ? Narines qui gonflez vos ailes de colombe, Avec les longs dédains d'une belle fierté, Pour la dernière fois, à l'odeur de la tombe, Vous aurez déjà palpité. Lèvres, vivantes fleurs, nobles roses sanglantes, Vous épanouissant lorsque nous vous baisons, Quelques feux de cristal en quelques nuits brûlantes Sèchent vos brèves floraisons. Où tend le vain effort de deux bouches unies ? Le plus long des baisers trompe notre dessein ; Et comment appuyer nos langueurs infinies Sur la fragilité d'un sein ?

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    Andrée Chedid

    Andrée Chedid

    @andreeChedid

    L’espérance J’ai ancré l’espérance Aux racines de la vie * Face aux ténèbres J’ai dressé des clartés Planté des flambeaux A la lisière des nuits * Des clartés qui persistent Des flambeaux qui se glissent Entre ombres et barbaries * Des clartés qui renaissent Des flambeaux qui se dressent Sans jamais dépérir * J’enracine l’espérance Dans le terreau du cœur J’adopte toute l’espérance En son esprit frondeur. Andrée Chedid Poème publié dans l’anthologie Une salve d’avenir. L’espoir, anthologie poétique, parue chez Gallimard en Mars 2004

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    Anna de Noailles

    Anna de Noailles

    @annaDeNoailles

    L'inquiet désir Voici l'été encor, la chaleur, la clarté, La renaissance simple et paisible des plantes, Les matins vifs, les tièdes nuits, les journées lentes, La joie et le tourment dans l'âme rapportés. — Voici le temps de rêve et de douce folie Où le cœur, que l'odeur du jour vient enivrer, Se livre au tendre ennui de toujours espérer L'éclosion soudaine et bonne de la vie, Le cœur monte et s'ébat dans l'air mol et fleuri. — Mon cœur, qu'attendez-vous de la chaude journée, Est-ce le clair réveil de l'enfance étonnée Qui regarde, s'élance, ouvre les mains et rit ? Est-ce l'essor naïf et bondissant des rêves Qui se blessaient aux chocs de leur emportement, Est-ce le goût du temps passé, du temps clément, Où l'âme sans effort sentait monter sa sève ? — Ah ! mon cœur, vous n'aurez plus jamais d'autre bien Que d'espérer l'Amour et les jeux qui l'escortent, Et vous savez pourtant le mal que vous apporte Ce dieu tout irrité des combats dont il vient...

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    Anna de Noailles

    Anna de Noailles

    @annaDeNoailles

    Le baiser Couples fervents et doux, ô troupe printanière ! Aimez au gré des jours. — Tout, l'ombre, la chanson, le parfum, la lumière Noue et dénoue l'amour. Épuisez, cependant que vous êtes fidèles, La chaude déraison, Vous ne garderez pas vos amours éternelles Jusqu'à l'autre saison. Le vent qui vient mêler ou disjoindre les branches A de moins brusques bonds Que le désir qui fait que les êtres se penchent L'un vers l'autre et s'en vont. Les frôlements légers des eaux et de la terre, Les blés qui vont mûrir, La douleur et la mort sont moins involontaires Que le choix du désir. Joyeux ; dans les jardins où l'été vert s'étale Vous passez en riant, Mais les doigts enlacés, ainsi que des pétales, Iront se défeuillant. Les yeux dont les regards dansent comme une abeille Et tissent des rayons, Ne se transmettront plus, d'une ferveur pareille, Le miel et l'aiguillon, Les coeurs ne prendront plus, comme deux tourterelles, L'harmonieux essor, Vos âmes, âprement, vont s'apaiser entre elles, C'est l'amour et la mort...

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    Anna de Noailles

    Anna de Noailles

    @annaDeNoailles

    Le désir triomphal Le désir triomphal, en son commencement, Exige toutes les aisances ; Il ignore le temps, le sort, l'atermoiement ; Il exulte, il chante, il s'avance ! On serait stupéfait et transi de savoir, Aux instants où l'amour débute, Combien seront soudain précaires l'abreuvoir, Le dur pain et la pauvre hutte ! Le cœur éclaterait comme d'un son du cor S'il entrevoyait dans l'espace Tant de honte acceptée humblement, pour qu'un corps Ne nous prive pas de sa grâce...

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    Arthur Rimbaud

    Arthur Rimbaud

    @arthurRimbaud

    A la musique Place de la Gare, à Charleville. Sur la place taillée en mesquines pelouses, Square où tout est correct, les arbres et les fleurs, Tous les bourgeois poussifs qu’étranglent les chaleurs Portent, les jeudis soirs, leurs bêtises jalouses. – L’orchestre militaire, au milieu du jardin, Balance ses schakos dans la Valse des fifres : Autour, aux premiers rangs, parade le gandin ; Le notaire pend à ses breloques à chiffres. Des rentiers à lorgnons soulignent tous les couacs : Les gros bureaux bouffis traînant leurs grosses dames Auprès desquelles vont, officieux cornacs, Celles dont les volants ont des airs de réclames ; Sur les bancs verts, des clubs d’épiciers retraités Qui tisonnent le sable avec leur canne à pomme, Fort sérieusement discutent les traités, Puis prisent en argent, et reprennent :  » En somme !…  » Épatant sur son banc les rondeurs de ses reins, Un bourgeois à boutons clairs, bedaine flamande, Savoure son onnaing d’où le tabac par brins Déborde – vous savez, c’est de la contrebande ; – Le long des gazons verts ricanent les voyous ; Et, rendus amoureux par le chant des trombones, Très naïfs, et fumant des roses, les pioupious Caressent les bébés pour enjôler les bonnes… – Moi, je suis, débraillé comme un étudiant, Sous les marronniers verts les alertes fillettes : Elles le savent bien ; et tournent en riant, Vers moi, leurs yeux tout pleins de choses indiscrètes. Je ne dis pas un mot : je regarde toujours La chair de leurs cous blancs brodés de mèches folles : Je suis, sous le corsage et les frêles atours, Le dos divin après la courbe des épaules. J’ai bientôt déniché la bottine, le bas… – Je reconstruis les corps, brûlé de belles fièvres. Elles me trouvent drôle et se parlent tout bas… – Et je sens les baisers qui me viennent aux lèvres…

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    Arthur Rimbaud

    Arthur Rimbaud

    @arthurRimbaud

    Fêtes de la faim Ma faim, Anne, Anne, Fuis sur ton âne. Si j’ai du goût, ce n’est guère Que pour la terre et les pierres. Dinn ! dinn ! dinn ! dinn ! je pais l’air, Le roc, les Terres, le fer. Tournez, les faims ! paissez, faims, Le pré des sons ! Puis l’humble et vibrant venin Des liserons ; Les cailloux qu’un pauvre brise, Les vieilles pierres d’églises, Les galets, fils des déluges, Pains couchés aux vallées grises ! Mes faims, c’est les bouts d’air noir ; L’azur sonneur ; – C’est l’estomac qui me tire, C’est le malheur. Sur terre ont paru les feuilles : Je vais aux chairs de fruit blettes. Au sein du sillon je cueille La doucette et la violette. Ma faim, Anne, Anne ! Fuis sur ton âne. (Deuxième version) Ma faim, Anne, Anne, Fuis sur ton âne. Si j’ai du goût, ce n’est guère Que pour la terre et les pierres. Dinn! dinn! dinn! dinn ! Mangeons l’air, Le roc, les charbons, le fer. Mes faims, tournez. Paissez, faims, Le pré des sons ! Attirez le gai venin Des liserons ; Mangez Les cailloux qu’un pauvre brise, Les vieilles pierres d’église, Les galets, fils des déluges, Pains couchés aux vallées grises ! Mes faims, c’est les bouts d’air noir; L’azur sonneur; – C’est l’estomac qui me tire. C’est le malheur. Sur terre ont paru les feuilles ! Je vais aux chairs de fruit blettes. Au sein du sillon je cueille La doucette et la violette. Ma faim, Anne, Anne ! Fuis sur ton âne. Août 1872.

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    B

    Bertrand Naivin

    @bertrandNaivin

    Ce corps vieux pour ton âge Elle t’a laissée cette vie qui n’y a jamais cru à l’indolence nue sur la plage au beignet sans remords Toi tu n’as toujours vu que la chute le plaisir de trop là dans ces vagues qui s’avancent le risque de noyade Et sur ce corps vieux pour ton âge seuls tes deux seins osent encore prétendre à la caresse à la volupté de l’adolescence

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    B

    Blanchemain Dominique

    @blanchemainDominique

    Dans l'embrasement Les oiseaux jouissent du tourbillon Du renouveau saisonnier Embellie du printemps Libérant les désirs labiles Et les astres contemplent la mer Avant de sombrer dans l'horizon Brûlés par les plaisirs consommés Expiation dans la transe Dans le rapt de la chair Se projette l'abandon de soi On suffoque dans le cortège Devant les renoncements Et dans l'inanité des apparences Se confondent l'orgasme mensonger Et l'envoutement des augures Aucune bouche ne tempère La rage des espoirs fébriles Mars 2017

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    À une passante La rue assourdissante autour de moi hurlait. Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse, Une femme passa, d'une main fastueuse Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ; Agile et noble, avec sa jambe de statue. Moi, je buvais, crispé comme un extravagant, Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan, La douceur qui fascine et le plaisir qui tue. Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté Dont le regard m'a fait soudainement renaître, Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ? Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être ! Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais, Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Le désir de peindre Malheureux peut-être l'homme, mais heureux l'artiste que le désir déchire ! Je brûle de peindre celle qui m'est apparue si rarement et qui a fui si vite, comme une belle chose regrettable derrière le voyageur emporté dans la nuit. Comme il y a longtemps déjà qu'elle a disparu ! Elle est belle, et plus que belle ; elle est surprenante. En elle le noir abonde ; et tout ce qu'elle inspire est nocturne et profond. Ses yeux sont deux antres où scintille vaguement le mystère, et son regard illumine comme l'éclair : c'est une explosion dans les ténèbres. Je la comparerais à un soleil noir, si l'on pouvait concevoir un astre noir versant la lumière et le bonheur. Mais elle fait plus volontiers penser à la lune, qui sans doute l'a marquée de sa redoutable influence; non pas la lune blanche des idylles, qui ressemble à une froide mariée, mais la lune sinistre et enivrante, suspendue au fond d'une nuit orageuse et bousculée par les nuées qui courent; non pas la lune paisible et discrète visitant le sommeil des hommes purs, mais la lune arrachée du ciel, vaincue et révoltée, que les Sorcières thessa-liennes contraignent durement à danser sur l'herbe terrifiée ! Dans son petit front habitent la volonté tenace et l'amour de la proie. Cependant, au bas de ce visage inquiétant, où des narines mobiles aspirent l'inconnu et l'impossible, éclate, avec une grâce inexprimable, le rire d'une grande bouche, rouge et blanche, et délicieuse, qui fait rêver au miracle d'une superbe fleur éclose dans un terrain volcanique. Il y a des femmes qui inspirent l'envie de les vaincre et de jouir d'elles ; mais celle-ci donne le désir de mourir lentement sous son regard.

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Le fou et la vénus Quelle admirable journée ! Le vaste parc se pâme sous l’œil brûlant du soleil, comme la jeunesse sous la domination de l’Amour. L’extase universelle des choses ne s’exprime par aucun bruit ; les eaux elles-mêmes sont comme endormies. Bien différente des fêtes humaines, c’est ici une orgie silencieuse. On dirait qu’une lumière toujours croissante fait de plus en plus étinceler les objets ; que les fleurs excitées brûlent du désir de rivaliser avec l’azur du ciel par l’énergie de leurs couleurs, et que la chaleur, rendant visibles les parfums, les fait monter vers l’astre comme des fumées. Cependant, dans cette jouissance universelle, j’ai aperçu un être affligé. Aux pieds d’une colossale Vénus, un de ces fous artificiels, un de ces bouffons volontaires chargés de faire rire les rois quand le Remords ou l’Ennui les obsède, affublé d’un costume éclatant et ridicule, coiffé de cornes et de sonnettes, tout ramassé contre le piédestal, lève des yeux pleins de larmes vers l’immortelle Déesse. Et ses yeux disent : — « Je suis le dernier et le plus solitaire des humains, privé d’amour et d’amitié, et bien inférieur en cela au plus imparfait des animaux. Cependant je suis fait, moi aussi, pour comprendre et sentir l’immortelle Beauté ! Ah ! Déesse ! ayez pitié de ma tristesse et de mon délire ! » Mais l’implacable Vénus regarde au loin je ne sais quoi avec ses yeux de marbre.

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    Charles Baudelaire

    Charles Baudelaire

    @charlesBaudelaire

    Le parfum Lecteur, as-tu quelquefois respiré Avec ivresse et lente gourmandise Ce grain d’encens qui remplit une église, Ou d’un sachet le musc invétéré ? Charme profond, magique, dont nous grise Dans le présent le passé restauré ! Ainsi l’amant sur un corps adoré Du souvenir cueille la fleur exquise. De ses cheveux élastiques et lourds, Vivant sachet, encensoir de l’alcôve, Une senteur montait, sauvage et fauve, Et des habits, mousseline ou velours, Tout imprégnés de sa jeunesse pure, Se dégageait un parfum de fourrure.

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    C

    Charles d'Orléans

    @charlesDorleans

    Ma seule amour que tant désire Ma seule amour que tant désire, Mon réconfort, mon doux penser, Belle nonpareille, sans per, Il me déplaît de vous écrire. Car j'aimasse mieux à le dire De bouche, sans le vous mander, Ma seule amour que tant désire, Mon réconfort, mon doux penser ! Las ! or n'y puis-je contredire ; Mais Espoir me fait endurer, Qui m'a promis de retourner En liesse, mon grief martyre, Ma seule amour que tant désire !

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    C

    Charles de Sainte-Maure

    @charlesDeSainteMaure

    Désirs incertains La douleur me rend le teint blême Quand on me traite rudement ; Mon inquiétude est extrême Quand on me traite doucement ; Tantôt ami, tantôt amant, Je ne me connais pas moi-même, Et je ne sais pas seulement Si je souhaite que l'on m'aime. Souvent je suis las de souffrir, Et souvent je crains de guérir, Tant mon incertitude est grande. Faisant tous les jours mille vœux, Je ne sais ce que je demande : Amour, dis-moi ce que tu veux.

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    C

    Charles Marie René Leconte de Lisle

    @charlesMarieReneLeconteDeLisle

    Les oiseaux de proie Je m’étais assis sur la cime antique Et la vierge neige, en face des Dieux ; Je voyais monter dans l’air pacifique La procession des Morts glorieux. La Terre exhalait le divin cantique Que n’écoute plus le siècle oublieux, Et la chaîne d’or du Zeus homérique D’anneaux en anneaux l’unissait aux cieux. Mais, ô Passions, noirs oiseaux de proie, Vous avez troublé mon rêve et ma joie : Je tombe du ciel, et n’en puis mourir ! Vos ongles sanglants ont dans mes chairs vives Enfoncé l’angoisse avec le désir, Et vous m’avez dit : – Il faut que tu vives. –

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