splash screen icon Lenndi
splash screen name leendi

Justice

8 poésies en cours de vérification
Justice

Poésies de la collection justice

    A

    Aristide Bruant

    @aristideBruant

    Les loupiots C’est les petits des grandes villes, Les petits aux culs mal lavés, Contingents des guerres civiles Qui poussent entre les pavés. Sans gâteaux, sans joujoux, sans fringues, Et quelquefois sans pantalons, Ils vont dans les vieilles redingues Qui leur tombent sur les talons. Ils traînent, dans des philosophes, Leurs petits pieds endoloris, Serrés dans de vagues étoffes... Chaussettes russes de Paris ! Ils se réchauffent dans les bouges Noircis par des quinquets fumeux, Avec des bandits et des gouges Qui furent des loupiots comme eux. Ils naissent au fond des impasses, Et dorment dans les lits communs Où les daronnes font des passes Avec les autres et les uns... Mais ces chérubins faméliques, Qui vivent avec ces damnés Ont de longs regards angéliques, Dans leurs grandes châsses étonnées. Et, quand ils meurent dans ces fanges, Ils vont, tout droit, au paradis, Car ces petits-là sont les anges Des ruelles et des taudis. C’est les petits des grandes villes Les petits aux culs mal lavés, Contingents des guerres civiles Qui poussent entre les pavés.

    en cours de vérification

    Jean de La Fontaine

    Jean de La Fontaine

    @jeanDeLaFontaine

    L'âne et le petit chien Ne forçons point notre talent, Nous ne ferions rien avec grâce : Jamais un lourdaud, quoi qu'il fasse, Ne saurait passer pour galant. Peu de gens, que le Ciel chérit et gratifie, Ont le don d'agréer infus avec la vie. C'est un point qu'il leur faut laisser, Et ne pas ressembler à l'Ane de la Fable, Qui pour se rendre plus aimable Et plus cher à son maître, alla le caresser. "Comment ? disait-il en son âme, Ce Chien, parce qu'il est mignon, Vivra de pair à compagnon Avec Monsieur, avec Madame ; Et j'aurai des coups de bâton ? Que fait-il ? il donne la patte ; Puis aussitôt il est baisé : S'il en faut faire autant afin que l'on me flatte, Cela n'est pas bien malaisé. " Dans cette admirable pensée, Voyant son Maître en joie, il s'en vient lourdement, Lève une corne toute usée, La lui porte au menton fort amoureusement, Non sans accompagner, pour plus grand ornement, De son chant gracieux cette action hardie. "Oh ! oh ! quelle caresse ! et quelle mélodie ! Dit le Maître aussitôt. Holà, Martin bâton! " Martin bâton accourt ; l'Ane change de ton. Ainsi finit la comédie.

    en cours de vérification

    Jorge Luis Borges

    Jorge Luis Borges

    @jorgeLuisBorges

    Les justes Un homme qui cultive son jardin, comme le souhaitait Voltaire. Celui qui est reconnaissant à la musique d’exister. Celui qui découvre avec bonheur une étymologie. Deux employés qui dans un café du Sud jouent une modeste partie d’échecs. Le céramiste qui médite une couleur et une forme. Le typographe qui compose bien cette page, qui peut-être ne lui plaît pas. Une femme et un homme qui lisent les derniers tercets d’un certain chant. Celui qui caresse un animal endormi. Celui qui justifie ou cherche à justifier le mal qu’on lui a fait. Celui qui est reconnaissant à Stevenson d’exister. Celui qui préfère que les autres aient raison. Tous ceux-là, qui s’ignorent, sauvent le monde.

    en cours de vérification

    Langston Hughes

    Langston Hughes

    @langstonHughes

    Le ciel c'est Le Ciel C’est un pays Où il y a du bonheur Partout. Les animaux Et les oiseaux chantent. Et aussi Toutes les choses. Et à chaque caillou Qui dit : « Comment vas-tu ? » Un autre caillou répond « Très bien, et toi ? »

    en cours de vérification

    Langston Hughes

    Langston Hughes

    @langstonHughes

    Le vent Ô Vent, touche nos corps Nos corps séparés, individuels; Ô Vent, touche nos corps Mais souffle vite A travers les peaux jaunes, blanches, rouges De nos corps Au terrible grognement de hargne Pas le mien, Pas le tien, Pas le sien, Mais un unique grognement de toutes les âmes, Ô Vent, souffle vite! Avant que fuyant, Nous rentrions dans l’absence de vent… Avec nos corps… Dans l’absence de vent De notre maison à Taos.

    en cours de vérification

    Langston Hughes

    Langston Hughes

    @langstonHughes

    Moi, aussi, je chante l’Amérique Moi, aussi, je chante l’Amérique. Je suis le frère à la peau sombre. Ils m’envoient manger à la cuisine Quand vient du monde. Mais je ris, Et je mange bien, Et je prends des forces. Demain, Je serai à la table Quand viendra du monde. Personne, Alors, N’osera me dire « Va manger à la cuisine ». De plus, Ils verront comme je suis beau Et ils auront honte — Moi, aussi, je suis l’Amérique.

    en cours de vérification

    Langston Hughes

    Langston Hughes

    @langstonHughes

    Un aller simple J’ramasse ma vie Je l’emporte avec moi Et j’la dépose A Chicago, à Detroit A Buffalo, à Scranton. N’importe où Au Nord, à l’Est… Que ce ne soit pas Dixie. J’ramasse ma vie Et j’la mets dans le train Jusqu’à Los Angeles, Bakersfield, Seattle, Oakland, Salt Lake, N’importe où Au Nord, à l’Ouest… Que ce ne soit pas le Sud. J’en ai marre Des règlements pour Jim Crow, Des gens qui sont cruels Et qui ont peur. Des gens qui lynchent et qui courent, Des gens que j’effraie Et qui m’effraient.

    en cours de vérification

    Léopold Sédar Senghor

    Léopold Sédar Senghor

    @leopoldSedarSenghor

    Lettre à un prisonnier Ngom ! champion de Tyâné ! C’est moi qui te salue, moi ton voisin de village et de cœur. Je te lance mon salut blanc comme le cri blanc de l’aurore, par dessus les barbelés De la haine et de la sottise, et je nomme par ton nom et ton honneur. Mon salut au Tamsir Dargui Ndyâye qui se nourrit de parchemins Qui lui font la langue subtile et les doigts plus fins et plus longs A Samba Dyouma le poète, et sa voix est couleur de flamme, et son front porte les marques du destin A Nyaoutt Mbodye, à Koli Ngom ton frère de nom A tous ceux qui, à l’heure où les grands bras sont tristes comme des branches battues de soleil Le soir, se groupent frissonnants autour du plat de l’amitié. Je t’écris dans la solitude de ma résidence surveillée – et chère – de ma peau noire. Heureux amis, qui ignorez les murs de glace et les appartements trop clairs qui stérilisent Toute graine sur les masques d’ancêtres et les souvenirs mêmes de l’amour. Vous ignorez le bon pain blanc et le lait et le sel, et les mets substantiels qui ne nourrissent, qui divisent les civils Et la foule des boulevards, les somnambules qui ont renié leur identité d’homme Caméléons sourds de la métamorphose, et leur honte vous fixe dans votre cage de solitude. Vous ignorez les restaurants et les piscines, et la noblesse au sang noir interdite Et la Science et l’Humanité, dressant leurs cordons de police aux frontières de la négritude. Faut-il crier plus fort ? ou m’entendez-vous, dites ? Je ne reconnais plus les hommes blancs, mes frères Comme ce soir au cinéma, perdus qu’ils étaient au-delà du vide fait autour de ma peau. Je t’écris parce que mes livres sont blancs comme l’ennui, comme la misère et comme la mort. Faites-moi place autour du poêle, que je reprenne ma place encore tiède. Que nos mains se touchent en puisant dans le riz fumant de l’amitié Que les vieux mots sérères de bouches en bouche passent comme une pipe amicale. Que Dargui nous partage ses fruits succulents – foin de toute sécheresse parfumée ! Toi, sers-nous tes bons mots, énormes comme le nombril de l’Afrique prodigieuse. Quel chanteur ce soir convoquera tous les ancêtres autour de nous Autour de nous le troupeau pacifique des bêtes de la brousse ? Qui logera nos rêves sous les paupières des étoiles ? Ngom ! réponds-moi par le courrier de la lune nouvelle. Au détour du chemin, j’irai au devant de tes mots nus qui hésitent. C’est l’oiselet au sortir de sa cage Tes mots si naïvement assemblés ; et les doctes en rient, et ils ne restituent le surréel Et le lait m’en rejaillit au visage. J’attends ta lettre à l’heure ou le matin terrasse la mort. Je la recevrai pieusement comme l’ablution matinale, comme la rosée de l’aurore.

    en cours de vérification

  • 1