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Jeunes Filles

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Jeunes Filles

Poésies de la collection jeunes filles

    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    A Laure Si tu ne m’aimais pas, dis-moi, fille insensée, Que balbutiais-tu dans ces fatales nuits ? Exerçais-tu ta langue à railler ta pensée ? Que voulaient donc ces pleurs, cette gorge oppressée, Ces sanglots et ces cris ? Ah ! si le plaisir seul t’arrachait ces tendresses, Si ce n’était que lui qu’en ce triste moment Sur mes lèvres en feu tu couvrais de caresses Comme un unique amant ; Si l’esprit et les sens, les baisers et les larmes, Se tiennent par la main de ta bouche à ton coeur, Et s’il te faut ainsi, pour y trouver des charmes, Sur l’autel du plaisir profaner le bonheur : Ah ! Laurette ! ah ! Laurette, idole de ma vie, Si le sombre démon de tes nuits d’insomnie Sans ce masque de feu ne saurait faire un pas, Pourquoi l’évoquais-tu, si tu ne m’aimais pas ?

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    Alphonse de Lamartine

    Alphonse de Lamartine

    @alphonseDeLamartine

    À un enfant, fille du poète Céleste fille du poëte, La vie est un hymne à deux voix. Son front sur le tien se reflète, Sa lyre chante sous tes doigts. Sur tes yeux quand sa bouche pose Le baiser calme et sans frisson, Sur ta paupière blanche et rose Le doux baiser a plus de son. Dans ses bras quand il te soulève Pour te montrer au ciel jaloux, On croit voir son plus divin rêve Qu’il caresse sur ses genoux ! Quand son doigt te permet de lire Les vers qu’il vient de soupirer, On dirait l’âme de sa lyre Qui se penche pour l’inspirer. Il récite ; une larme brille Dans tes yeux attachés sur lui. Dans cette larme de sa fille Son cœur nage ; sa gloire a lui ! Du chant que ta bouche répète Son cœur ému jouit deux fois. Céleste fille du poëte, La vie est un hymne à deux voix.

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    Alphonse de Lamartine

    Alphonse de Lamartine

    @alphonseDeLamartine

    À une jeune fille Un baiser sur mon front ! un baiser, même en rêve ! Mais de mon front pensif le frais baiser s'enfuit ; Mais de mes jours taris l'été n'a plus de sève ; Mais l'Aurore jamais n'embrassera la Nuit. Elle rêvait sans doute aussi que son haleine Me rendait les climats de mes jeunes saisons, Que la neige fondait sur une tête humaine, Et que la fleur de l'âme avait deux floraisons. Elle rêvait sans doute aussi que sur ma joue Mes cheveux par le vent écartés de mes yeux, Pareils aux jais flottants que sa tête secoue, Noyaient ses doigts distraits dans leurs flocons soyeux. Elle rêvait sans doute aussi que l'innocence Gardait contre un désir ses roses et ses lis ; Que j'étais Jocelyn et qu'elle était Laurence, Que la vallée en fleurs nous cachait dans ses plis. Elle rêvait sans doute aussi que mon délire En vers mélodieux pleurait comme autrefois ; Que mon cœur sous sa main devenait une lyre Qui dans un seul soupir accentuait deux voix. Fatale vision ! Tout mon être frissonne ; On dirait que mon sang veut remonter son cours. Enfant, ne dites plus vos rêves à personne, Et ne rêvez jamais, ou bien rêvez toujours !

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    Charles Cros

    Charles Cros

    @charlesCros

    À une jeune fille Pourquoi, tout à coup, quand tu joues, Ces airs émus et soucieux ? Qui te met cette fièvre aux yeux, Ce rose marbré sur les joues ? Ta vie était, jusqu’au moment Où ces vagues langueurs t’ont prise, Un ruisseau que frôlait la brise, Un matinal gazouillement. * Comme ta beauté se révèle Au-dessus de toute beauté, Comme ton cœur semble emporté Vers une existence nouvelle, Comme en de mystiques ardeurs Tu laisses planer haut ton âme. Comme tu te sens naître femme À ces printanières odeurs, Peut-être que la destinée Te montre un glorieux chemin ; Peut-être ta nerveuse main Mènera la terre enchaînée. * À coup sûr, tu ne seras pas Épouse heureuse, douce mère ; Aucun attachement vulgaire Ne peut te retenir en bas. * As-tu des influx de victoire Dans tes beaux yeux clairs, pleins d’orgueil, Comme en son virginal coup d’œil Jeanne d’Arc, de haute mémoire ? Dois-tu fonder des ordres saints, Être martyre ou prophétesse ? Ou bien écouter l’âcre ivresse Du sang vif qui gonfle tes seins ? Dois-tu, reine, bâtir des villes Aux inoubliables splendeurs, Et pour ces vagues airs boudeurs Faire trembler les foules viles ? * Va donc ! tout ploiera sous tes pas, Que tu sois la vierge idéale Ou la courtisane fatale… Si la mort ne t’arrête pas.

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    C

    Charles Dovalle

    @charlesDovalle

    Jeune fille La jeune fille est blanche et rose, Son beau sein jamais ne repose ; Elle a sur son cou des cheveux Blonds et soyeux ; Des yeux bleus où l'amour pétille, Et de longs regards enflammés, Pour dire : « Aimez La jeune fille ! » Pendant les heures du sommeil La jeune fille fait des songes Tout pleins de séduisants mensonges ; Puis, au réveil, Elle sourit, comme pour dire Au doux soleil un doux bonjour, Et ce sourire, C'est de l'amour. L'amour sur sa bouche vermeille Parfois se berce ; mais tremblant, Et timide encore, il sommeille, Ou fait semblant ; Et souvent l'haleine enfantine De la jeune fille aux yeux bleus Souffle et badine Dans ses cheveux. La jeune fille, vive et folle, Oublieuse du temps qui fuit, Se désespère et se console En une nuit. On voit tour à tour sur sa joue La pâleur et le vermillon. — Tel vole et joue Un papillon. Elle donnerait ses parures, Ses tissus brodés, ses rubans, Ses colliers d'or et ses ceintures De diamants, Pour une robe de bergère, Pour voltiger en liberté, Blanche et légère, Un soir d'été. La jeune fille se couronne De fleurs qui vivent un matin ; La jeune fille s'abandonne A son destin : Un souvenir, une espérance, Des jeux passés, des jeux présents, L'insouciance, Et puis quinze ans !

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    D

    Doëtte Angliviel

    @doetteAngliviel

    Jeune fille Le jardin fait la confidence De vos quinze ans aux lis heureux, La ferveur même du silence Est un hommage à vos yeux bleus. Ni la Vénus de la terrasse, Ni la Nymphe des claires eaux, Ne peuvent à vos fraîches grâces Comparer leurs charmes rivaux. Le faune à la barbe de roses Nose risquer son rire amer, Quand votre main pure se pose Sur son socle de marbre vert. L'Amour dont nul sermon n'empêche Le geste par trop libertin, Sous vos regards cache la flèche Qu'il destinait au coeur mutin. La belle amante qui grapille Le rouge baiser savoureux Quand vous passez sous la charmille Rougit et détourne les yeux... Car, vous êtes la jeune fille.

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    G

    Gaston Miron

    @gastonMiron

    Jeune fille Jeune fille plus belle que toutes nos légendes de retour à la maison que permettaient les mères secrètes et enjouées parmi les êtres de l'été elle aimait bien celui qui cache son visage sur mon corps il ne reste que bruine d'amour au loin les songes se rassemblent à sa taille pour les bouquets d'eau de ses yeux trop beaux les yeux qu'elle a lui font trop mal à l'âme jeune fille plus perdue que toute la neige les ans s'encordent sur mes longueurs de solitude et toujours à l'orée de ta distance lointaine tes mille essaisms de sourires encore m'escortent j'en parle à cause d'un village de montagnes d'où s'envolent des rubans de route fragiles toi et moi nous y fumons plusieurs fois la vie avec les bonheurs qui d'habitude arrivent je parle de ces choses qui nous ont été volées mais les voudront la mort plus que l'ombre légère nous serons tous deux allongés comme un couple enfin heureux dans la mémoire de mes poèmes.

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    Gérard de Nerval

    Gérard de Nerval

    @gerardDeNerval

    Une allée du Luxembourg Elle a passé, la jeune fille Vive et preste comme un oiseau À la main une fleur qui brille, À la bouche un refrain nouveau. C'est peut-être la seule au monde Dont le cœur au mien répondrait, Qui venant dans ma nuit profonde D'un seul regard l'éclaircirait ! Mais non, – ma jeunesse est finie… Adieu, doux rayon qui m'as lui, – Parfum, jeune fille, harmonie… Le bonheur passait, – il a fui !

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    Henri-Frédéric Amiel

    Henri-Frédéric Amiel

    @henriFredericAmiel

    La belle fille Ô belle sérieuse, Dans l'œil ou dans le front, Ni la brune oublieuse, Ni la blonde rieuse N'ont ton charme profond. Comme la brune folle, Tu souris au plaisir ; Mais, moins qu'elle frivole, Plus haut, plus loin, s'envole Ton immense désir. Comme la vierge blonde, Tu demandes l'amour ; Mais ton regard le sonde, Il abandonne au monde Les idoles d'un jour. Ici, de toute joie On n'a que la moitié ; Le cœur léger s'y noie ; Cette chétive proie, Tu la prends en pitié. Tu sens que la lumière Est plus que les couleurs ; Qu'elles sont sa poussière, De toi vivant, ô mère, Et mourant, si tu meurs ; Que du lion la pose Dit tout, tandis qu'un bond N'exprime qu'une chose ; Tu sens que, s'il repose, Le sublime est sans fond. Et tu restes sereine ; C'est pourquoi tu me plais ; Et ton beau front de reine Se couronne, ô sirène, D'une aurore de paix. J'aime ta beauté grave ; Magique est le couchant, D'or, de pourpre ou de lave ; Mais pur, simple et suave, N'est-il pas plus touchant ? Océan, quand tu grondes, Je t'admire, Océan, Mais, tranquilles, tes ondes Ont, deux fois plus profondes, Plus de grandeur, géant ! Ni la brune oublieuse, Dans l'œil ou dans le front, Ni la blonde rieuse, Ô belle sérieuse, N'ont ton charme profond. En toute créature Dans l'art, temple de feu, Dans l'homme et la nature, Ton œil, ô vierge pure, Cherche le doigt de Dieu. Tu sais vivre en toi-même, Et, quand meurent tous bruits, Ton âme, instant suprême, Entend la voix qu'elle aime Dans le calme des nuits. Le jour est pour la vie ; Tu sais vivre en aimant ; Ton âme est poursuivie De l'immortelle envie Du complet dévouement. Bien souvent ton cœur saigne, Non que Dieu l'ait puni, Non que, timide, il craigne, Ou que, lâche, il se plaigne, Mais il veut l'infini. Sainte, aimante, héroïque, L'œil limpide et loyal, Ton profil est antique, Ta voix une musique, Ton rêve, l'idéal. Je trouve Hébé jolie Et charmante Cérès ; Mais une autre harmonie, Ô Vénus-Uranie, Resplendit sur tes traits. Laure est belle, ô Pétrarque, L'œil enchanté, je suis Angélique en sa barque ; Mais la divine marque Est sur toi, Béatrix ! Ô belle sérieuse, Dans tout ce qu'elles font, Ni la brune oublieuse, Ni la blonde rieuse, N'ont ton charme profond. L'une éveille ma lyre, L'autre sait me charmer ; Mais pour toi je respire, Fille au divin sourire, Et toi, je veux t'aimer.

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    Jean Lorrain

    Jean Lorrain

    @jeanLorrain

    A quoi rêvent les jeunes filles Elle a seize ans, l’aspect d’une rose mousseuse, Deux grands yeux bleus trop ronds sous de fins cheveux roux Le père est un savant, brave homme simple et doux, Mais la mère est coquette et la fille est poseuse. Les samedis du Cirque et les chapeaux Frileuse, Les private-meetings et les mails à prix doux, La pêche à quinze louis, la pêche à quinze sous L’affolent : dans la moelle elle est, hélas ! gommeuse. Elle a des vestons courts, un col droit qui l’étrangle, Une robe bridée au ventre et qui la sangle… Mais elle sait au Bois montrer le duc Mignon. Elle sait prononcer : « Ah ! » d’une voix exquise, Rêve d’être célèbre ainsi qu’une marquise Tarée, et met du crin dans l’or de son chignon.

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    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    L'oreiller d'une petite fille Aux petits des oiseaux il donne la pâture, Et sa bonté s'étend sur toute la nature. Athalie. Cher petit oreiller, doux et chaud sous ma tête, Plein de plume choisie, et blanc ! et fait pour moi ! Quand on a peur du vent, des loups, de la tempête, Cher petit oreiller, que je dors bien sur toi ! Beaucoup, beaucoup d'enfants pauvres et nus, sans mère, Sans maison, n'ont jamais d'oreiller pour dormir ; Ils ont toujours sommeil. Ô destinée amère ! Maman ! douce maman ! cela me fait gémir. Et quand j'ai prié Dieu pour tous ces petits anges Qui n'ont pas d'oreiller, moi, j'embrasse le mien. Seule, dans mon doux nid qu'à tes pieds tu m'arranges, Je te bénis, ma mère, et je touche le tien. Je ne m'éveillerai qu'à la lueur première De l'aube ; au rideau bleu c'est si gai de la voir ! Je vais dire tout bas ma plus tendre prière : Donne encore un baiser, douce maman ! Bonsoir ! PRIÈRE. Dieu des enfants ! le cœur d'une petite fille, Plein de prière (écoute !), est ici sous mes mains On me parle toujours d'orphelins sans famille : Dans l'avenir, mon Dieu, ne fais plus d'orphelins ! Laisse descendre au soir un ange qui pardonne, Pour répondre à des voix que l'on entend gémir. Mets, sous l'enfant perdu que la mère abandonne, Un petit oreiller qui le fera dormir !

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    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    La jeune fille et le ramier Les rumeurs du jardin disent qu'il va pleuvoir ; Tout tressaille, averti de la prochaine ondée : Et toi qui ne lis plus, sur ton livre accoudée, Plaints-tu l'absent aimé qui ne pourra te voir ? Là-bas, plaint son aile et mouillé sous l'ombrage, Banni de l'horizon qu'il n'atteint que des yeux, Appelant sa compagne et regardant les cieux, Un ramier, comme toi, soupire de l'orage. Laissez pleuvoir, ô cœurs solitaires et doux ! Sous l'orage qui passe il renaît tant de choses, Le soleil sans la pluie ouvrirait-il les roses ? Amants, vous attendez, de quoi vous plaignez-vous ?

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    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    Ma fille C'est beau la vie Belle par toi, De toi suivie, Toi devant moi ! C'est beau, ma fille, Ce coin d'azur, Qui rit et brille, Sous ton front pur ! C'est beau ton âge, D'ange et d'enfant, Voile ou nuage Qui te défend Des folles âmes Qui font souffrir ; Des tristes flammes Qui font mourir. Dieu fit tes charmes ; Dieu veut ton cœur ; Tes jours sans larmes, Tes nuits sans peur ; Mon jeune lierre, Monte après moi ! Dans ta prière Enferme-toi ; C'est beau, petite, L'humble chemin Où je ne quitte Jamais ta main : Car dans l'espace, Aux prosternés Une voix passe, Qui dit : « Venez ! » Tout mal sommeille Pour ta candeur ; Tu n'as d'oreille Que dans ton cœur : Quel temps ? quelle beure ? Tu n'en sais rien : Mais que je pleure, Tu l'entends bien !

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    À sa maîtresse La lune est coutumière De naître tous les mois : Mais quand notre lumière Est éteinte une fois, Sans nos yeux réveiller, Faut longtemps sommeiller. Tandis que vivons ores, Un baiser donnez-moi, Donnez-m'en mille encore, Amour n'a point de loi : A sa divinité Convient l'infinité. En vous baisant, Maîtresse, Vous m'avez entamé La langue chanteresse De votre nom aimé. Quoi ! est-ce là le prix Du travail qu'elle a pris ? Elle, par qui vous êtes Déesse entre les Dieux, Qui vos beautés parfaites Célébrait jusqu'aux Cieux, Ne faisant l'air, sinon Bruire de votre nom ? De votre belle face, Le beau logis d'Amour, Où Vénus et la Grâce Ont choisi leur séjour, Et de votre œil qui fait Le soleil moins parfait ; De votre sein d'ivoire Par deux ondes secous (1) Elle chantait la gloire, Ne chantant rien que vous : Maintenant en saignant, De vous se va plaignant. Las ! de petite chose Je me plains sans raison, Non de la plaie enclose Au cœur sans guérison, Que l'Archerocux M'y tira de vos yeux. 1. Secous : Secoué.

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    À une fille Ma petite Nymphe Macée, Plus blanche qu'ivoire taillé, Plus blanche que neige amassée. Plus blanche que le lait caillé, Ton beau teint ressemble les lis Avecque les roses cueillis. Découvre-moi ton beau chef-d'œuvre, Tes cheveux où le Ciel, donneur Des grâces, richement découvre Tous ses biens pour leur faire honneur ; Découvre ton beau front aussi, Heureux objet de mon souci. Comme une Diane tu marches, Ton front est beau, tes yeux sont beaux, Qui flambent sous deux noires arches, Comme deux célestes flambeaux, D'où le brandon fut allumé, Qui tout le cœur m'a consumé. Ce fut ton œil, douce mignonne, Que d'un fol regard écarté Les miens encore emprisonne, Peu soucieux de liberté, Tous deux au retour du Printemps, Et sur l'Avril de nos beaux ans. Te voyant jeune, simple et belle, Tu me suces l'âme et le sang ; Montre-moi ta rose nouvelle, Je dis ton sein d'ivoire blanc, Et tes deux rondelets tétons, Que s'enflent comme deux boutons. Las ! puisque ta beauté première Ne me daigne faire merci, Et me privant de ta lumière, Prend son plaisir de mon souci, Au moins regarde sur mon front Les maux que tes beaux yeux me font.

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    P

    Pierre-Jean de Béranger

    @pierreJeanDeBeranger

    Bon vin et fillette L'amour, l'amitié, le vin, Vont égayer ce festin ; Nargue de toute étiquette ! Turlurette, turlurette, Bon vin et fillette ! L'amour nous fait la leçon ; Partout, ce dieu sans façon, Prend la nappe pour serviette. Turlurette, turlurette, Bon vin et fillette ! Que dans l'or mangent les grands, Il ne faut à deux amants Qu'un seul verre, qu'une assiette. Turlurette, turlurette, Bon vin et fillette ! Sur un trône est-on heureux ? On ne peut s'y placer deux ; Mais vive table et couchette ! Turlurette, turlurette, Bon vin et fillette ! Si pauvreté qui nous suit A des trous à son habit, De fleurs ornons sa toilette. Turlurette, turlurette, Bon vin et fillette ! Mais que dis-je ? Ah ! dans ce cas, Mettons plutôt habit bas : Lise en paraîtra mieux faite, Turlurette, turlurette, Bon vin et fillette !

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Conseil Jeune fille, crois-moi, s'il en est temps encore, Choisis un fiancé joyeux, à l'œil vivant, Au pas ferme, à la voix sonore, Qui n'aille pas rêvant. Sois généreuse, épargne aux cœurs de se méprendre. Au tien même, imprudente, épargne des regrets, N'en captive pas un trop tendre, Tu t'en repentirais. La nature t'a faite indocile et rieuse, Crains une âme où la tienne apprendrait le souci, La tendresse est trop sérieuse, Trop exigeante aussi. Un compagnon rêveur attristerait ta vie, Tu sentirais toujours son ombre à ton côté Maudire la rumeur d'envie Où marche ta beauté. Si, mauvais oiseleur, de ses caresses frêles Il abaissait sur toi le délicat réseau, Comme d'un seul petit coup d'ailes S'affranchirait l'oiseau ! Et tu ne peux savoir tout le bonheur que broie D'un caprice enfantin le vol brusque et distrait, Quand il arrache au cœur la proie Que la lèvre effleurait ; Quand l'extase, pareille à ces bulles ténues Qu'un souffle patient et peureux allégea, S'évanouit si près des nues Qui s'y miraient déjà. Sois généreuse, épargne à des songeurs crédules Ta grâce, et de tes yeux les appels décevants : Ils chercheraient des crépuscules Dans ces soleils levants ; Il leur faut une amie à s'attendrir facile, Souple à leurs vains soupirs comme aux vents le roseau, Dont le cœur leur soit un asile Et les bras un berceau, Douce, infiniment douce, indulgente aux chimères, Inépuisable en soins calmants ou réchauffants, Soins muets comme en ont les mères, Car ce sont des enfants. Il leur faut pour témoin dans les heures d'étude, Une âme qu'autour d'eux ils sentent se poser, Il leur faut une solitude Où voltige un baiser Jeune fille, crois-m'en, cherche qui te ressemble, Ils sont graves ceux-là, ne choisis aucun d'eux ; Vous seriez malheureux ensemble Bien qu'innocents tous deux.

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    S

    Sophie d'Arbouville

    @sophieDarbouville

    Amour de jeune fille Ma mère, quel beau jour ! tout brille, tout rayonne. Dans les airs, l'oiseau chante et l'insecte bourdonne ; Les ruisseaux argentés roulent sur les cailloux, Les fleurs donnent au ciel leur parfum le plus doux. Le lis s'est entr'ouvert ; la goutte de rosée, Sur les feuilles des bois par la nuit déposée, S'enfuyant à l'aspect du soleil et du jour, Chancelle et tombe enfin comme des pleurs d'amour. Les fils blancs et légers de la vierge Marie, Comme un voile d'argent, volent sur la prairie : Frêle tissu, pour qui mon souffle est l'aquilon, Et que brise en passant l'aile d'un papillon. Sous le poids de ses fruits le grenadier se penche, Dans l'air, un chant d'oiseau nous vient de chaque branche ; Jusqu'au soir, dans les cieux, le soleil brillera : Ce jour est un beau jour !... Oh ! bien sûr, il viendra ! Il viendra... mais pourquoi ?... Sait-il donc que je l'aime ? Sait-il que je l'attends, que chaque jour de même, — Que ce jour soit celui d'hier ou d'aujourd'hui — J'espère sa présence et ne songe qu'à lui ? Oh ! non ! il ne sait rien. Qu'aurait-il pu comprendre !... Les battements du cœur se laissent-ils entendre ? Les yeux qu'on tient baissés, ont-ils donc un regard ? Un sourire, dit-il qu'on doit pleurer plus tard ? Que sait-on des pensers cachés au fond de l'âme ! La douleur qu'on chérit, le bonneur que l'on blâme , Au bal, qui les trahit ?... Des fleurs sont sur mon front, À tout regard joyeux mon sourire répond ; Je passe auprès de lui sans détourner la tête, Sans ralentir mes pas.... et mon cœur seul s'arrête. Mais qui peut voir le cœur ? qu'il soit amour ou fiel, C'est un livre fermé, qui ne s'ouvre qu'au ciel ! Une fleur est perdue, au loin, dans la prairie, Mais son parfum trahit sa présence et sa vie ; L'herbe cache une source, et le chêne un roseau, Mais la fraîcheur des bois révèle le ruisseau ; Le long balancement d'un flexible feuillage Nous dit bien s'il reçoit ou la brise ou l'orage ; Le feu qu'ont étouffé des cendres sans couleur, Se cachant à nos yeux, se sent par la chaleur ; Pour revoir le soleil quand s'enfuit l'hirondelle, Le pays qu'elle ignore est deviné par elle : Tout se laisse trahir par l'odeur ou le son, Tout se laisse entrevoir par l'ombre ou le rayon, Et moi seule, ici-bas, dans la foule perdue, J'ai passé près de lui sans qu'il m'ait entendue... Mon amour est sans voix, sans parfum, sans couleur, Et nul pressentiment n'a fait battre son cœur ! Ma mère, c'en est fait ! Le jour devient plus sombre ; Aucun bruit, aucun pas, du soir ne trouble l'ombre. Adieux à vous ! — à vous, ingrat sans le savoir ! Vous, coupable des pleurs que vous ne pouvez voir ! Pour la dernière fois, mon Ame déchirée Rêva votre présence, hélas! tant désirée... Plus jamais je n'attends. L'amour et l'abandon, Du cœur que vous brisez les pleurs et le pardon, Vous ignorerez tout !... Ainsi pour nous, un ange. Invisible gardien, dans ce monde où tout change. S'attache à notre vie et vole à nos côtés ; Sous son voile divin nous sommes abrités, Et jamais, cependant, on ne voit l'aile blanche Qui, sur nos fronts baissés, ou s'entrouvre ou se penche. Dans les salons, au bal, sans cesse, chaque soir, En dansant près de vous, il me faudra vous voir ; Et cependant, adieu... comme à mon premier rêve ! Tous deux, à votre insu, dans ce jour qui s'achève, Nous nous serons quittés ! — Adieu, soyez heureux !... Ma prière, pour vous, montera vers les Cieux : Je leur demanderai qu'éloignant les orages, Ils dirigent vos pas vers de riants rivages, Que la brise jamais, devenant aquilon, D'un nuage pour vous ne voile l'horizon ; Que l'heure à votre gré semble rapide ou lente ; Lorsque vous écoutez, que toujours l'oiseau chante ; Lorsque vous regardez, que tout charme vos yeux, Que le buisson soit vert, le soleil radieux ; Que celle qui sera de votre cœur aimée, Pour vous, d'un saint amour soit toujours animée !... — Si parfois, étonné d'un aussi long bonheur, Vous demandez à Dieu : « Mais pourquoi donc, Seigneur ? » Il répondra peut-être : « Un cœur pour toi me prie... Et sa part de bonheur, il la donne à ta vie ! »

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Jeune fille, la grâce emplit tes dix-sept ans Ton regard dit : « Matin, » et ton front dit : « Printemps. » Il semble que ta main porte un lys invisible. Don Juan te voit passer et murmure : « Impossible ! » Sois belle. Sois bénie, enfant, dans ta beauté. La nature s'égaie à toute ta clarté ; Tu fais une lueur sous les arbres ; la guêpe Touche ta joue en fleur de son aile de crêpe ; La mouche à tes yeux vole ainsi qu'à des flambeaux. Ton souffle est un encens qui monte au ciel. Lesbos Et les marins d'Hydra, s'ils te voyaient sans voiles, Te prendraient pour l'Aurore aux cheveux pleins d'étoiles. Les êtres de l'azur froncent leur pur sourcil Quand l'homme, spectre obscur du mal et de l'exil, Ose approcher ton âme, aux rayons fiancée. Sois belle. Tu te sens par l'ombre caressée, Un ange vient baiser ton pied quand il est nu, Et c'est ce qui te fait ton sourire ingénu. Février 1843.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Mes deux filles Dans le frais clair-obscur du soir charmant qui tombe, L'une pareille au cygne et l'autre à la colombe, Belle, et toutes deux joyeuses, ô douceur ! Voyez, la grande soeur et la petite soeur Sont assises au seuil du jardin, et sur elles Un bouquet d'oeillets blancs aux longues tiges frêles, Dans une urne de marbre agité par le vent, Se penche, et les regarde, immobile et vivant, Et frissonne dans l'ombre, et semble, au bord du vase, Un vol de papillons arrêté dans l'extase. La Terrasse, près Enghien, juin 1842.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    À ma fille Ô mon enfant, tu vois, je me soumets. Fais comme moi : vis du monde éloignée ; Heureuse ? non ; triomphante ? jamais. -- Résignée ! -- Sois bonne et douce, et lève un front pieux. Comme le jour dans les cieux met sa flamme, Toi, mon enfant, dans l'azur de tes yeux Mets ton âme ! Nul n'est heureux et nul n'est triomphant. L'heure est pour tous une chose incomplète ; L'heure est une ombre, et notre vie, enfant, En est faite. Oui, de leur sort tous les hommes sont las. Pour être heureux, à tous, -- destin morose ! Tout a manqué. Tout, c'est-à-dire, hélas ! Peu de chose. Ce peu de chose est ce que, pour sa part, Dans l'univers chacun cherche et désire : Un mot, un nom, un peu d'or, un regard, Un sourire ! La gaîté manque au grand roi sans amours ; La goutte d'eau manque au désert immense. L'homme est un puits où le vide toujours Recommence. Vois ces penseurs que nous divinisons, Vois ces héros dont les fronts nous dominent, Noms dont toujours nos sombres horizons S'illuminent ! Après avoir, comme fait un flambeau, Ébloui tout de leurs rayons sans nombre, Ils sont allés chercher dans le tombeau Un peu d'ombre. Le ciel, qui sait nos maux et nos douleurs, Prend en pitié nos jours vains et sonores. Chaque matin, il baigne de ses pleurs Nos aurores. Dieu nous éclaire, à chacun de nos pas, Sur ce qu'il est et sur ce que nous sommes ; Une loi sort des choses d'ici-bas, Et des hommes ! Cette loi sainte, il faut s'y conformer. Et la voici, toute âme y peut atteindre : Ne rien haïr, mon enfant ; tout aimer, Ou tout plaindre ! Paris, octobre 1842.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    À ma fille Adèle Tout enfant, tu dormais près de moi, rose et fraîche, Comme un petit Jésus assoupi dans sa crèche ; Ton pur sommeil était si calme et si charmant Que tu n'entendais pas l'oiseau chanter dans l'ombre ; Moi, pensif, j'aspirais toute la douceur sombre Du mystérieux firmament. Et j'écoutais voler sur ta tête les anges ; Et je te regardais dormir ; et sur tes langes J'effeuillais des jasmins et des oeillets sans bruit ; Et je priais, veillant sur tes paupières closes ; Et mes yeux se mouillaient de pleurs, songeant aux choses Qui nous attendent dans la nuit. Un jour mon tour viendra de dormir ; et ma couche, Faite d'ombre, sera si morne et si farouche Que je n'entendrai pas non plus chanter l'oiseau ; Et la nuit sera noire ; alors, ô ma colombe, Larmes, prière et fleurs, tu rendras à ma tombe Ce que j'ai fait pour ton berceau.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    À une jeune femme Voyez-vous, un parfum éveille la pensée. Repliez, belle enfant par l'aube caressée, Cet éventail ailé, pourpre, or et vermillon, Qui tremble dans vos mains comme un grand papillon, Et puis écoutez-moi. – Dieu fait l'odeur des roses Comme il fait un abîme, avec autant de choses. Celui-ci, qui se meurt sur votre sein charmant, N'aurait pas ce parfum qui monte doucement Comme un encens divin vers votre beauté pure, Si sa tige, parmi l'eau, l'air et la verdure, Dans la création prenant sa part de tout, N'avait profondément plongé par quelque bout, Pauvre et fragile fleur pour tous les vents béante, Au sein mystérieux de la terre géante. Là, par un lent travail que Dieu lui seul connaît, Fraîcheur du flot qui court, blancheur du jour qui naît, Souffle de ce qui coule, ou végète, ou se traîne, L'esprit de ce qui vit dans la nuit souterraine, Fumée, onde, vapeur, de loin comme de près, – Non sans faire avec tout des échanges secrets, – Elle a dérobé tout, son calme à l'antre sombre, Au diamant sa flamme, à la forêt son ombre, Et peut-être, qui sait ? sur l'aile du matin Quelque ineffable haleine à l'océan lointain ! Et vivant alambic que Dieu lui-même forme, Où filtre et se répand la terre, vase énorme, Avec les bois, les champs, les nuages, les eaux, Et l'air tout pénétré des chansons des oiseaux, La racine, humble, obscure, au travail résignée, Pour la superbe fleur par le soleil baignée, A, sans en rien garder, fait ce parfum si doux, Qui vient si mollement de la nature à vous, Qui vous charme, et se mêle à votre esprit, madame, Car l'âme d'une fleur parle au cœur d'une femme. Encore un mot, et puis je vous laisse rêver. Pour qu'atteignant au but où tout doit s'élever, Chaque chose ici-bas prenne un attrait suprême, Pour que la fleur embaume et pour que la vierge aime, Pour que, puisant la vie au grand centre commun, La corolle ait une âme et la femme un parfum, Sous le soleil qui luit, sous l'amour qui fascine, Il faut, fleur de beauté, tenir par la racine, L'une au monde idéal, l'autre au monde réel, Les roses à la terre et les femmes au ciel. Le 16 mai 1837.

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    À une jeune fille Pourquoi te plaindre, tendre fille ? Tes jours n’appartiennent-ils pas à la première jeunesse ? Daïno Lithuanien Vous qui ne savez pas combien l’enfance est belle, Enfant ! n’enviez point notre âge de douleurs, Où le cœur tour à tour est esclave et rebelle, Où le rire est souvent plus triste que vos pleurs. Votre âge insouciant est si doux qu’on l’oublie ! Il passe, comme un souffle au vaste champ des airs, Comme une voix joyeuse en fuyant affaiblie, Comme un alcyon sur les mers. Oh ! ne vous hâtez point de mûrir vos pensées ! Jouissez du matin, jouissez du printemps ; Vos heures sont des fleurs l’une à l’autre enlacées ; Ne les effeuillez pas plus vite que le temps. Laissez venir les ans ! le destin vous dévoue, Comme nous, aux regrets, à la fausse amitié, À ces maux sans espoir que l’orgueil désavoue, À ces plaisirs qui font pitié. Riez pourtant ! du sort ignorez la puissance Riez ! n’attristez pas votre front gracieux, Votre oeil d’azur, miroir de paix et d’innocence, Qui révèle votre âme et réfléchit les cieux ! Février 1825

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    Emile Deschamps

    Emile Deschamps

    @emileDeschamps

    La rose Jeune fille, jeune fleur. -(Chateaubriand.) Au coin du boulevard de la Reine, à Versailles, Sur un vieux mur terreux, hérissé de broussailles, Qui clôt de sa tristesse un plus triste jardin, Une rose fleurit, comme au parc d’Aladin. Je passe devant elle, & sa fraîcheur me trouble. Cette rose n’a pas de nom ; à peine double, La greffe a négligé ses rameaux délicats, Et nos horticulteurs en feraient peu de cas. Je ne sais quoi trahit sa sauvage origine, Un air, une senteur des bois, — & j’imagine (Tant sa distinction naturelle vous plaît !) Qu’elle seule, avec Dieu, s’est faite ce qu’elle est. O fleur, dont la sultane ornerait sa fenêtre ! Quelle dérision du hasard te fit naître Dans un berceau pareil ? Ou quel vent de malheur A ton gazon natal vint t’arracher, ô fleur ! Si tu n’es, par miracle, à cet exil ravie, Tu mourras jeune… après une trop longue vie, Car tout est laid, mauvais, vulgaire autour de toi, Et nul ne sait ta grâce, ô fleur, si ce n’est moi ! Et j’en suis à prier qu’aucun regard profane Avant ton dernier soir ne t’approche & te fane, Et qu’aucun souffle impur ne vienne, sous nos yeux, Détourner tes parfums de la route des cieux ! Or, tandis que, parmi l’herbe jaune & les ronces, Hier, deux ouvriers déchiffraient les annonces Dont l’industrie encor noircit le sombre mur, Moi, je rêvais plus loin… &, pareils au fruit mûr Qui tombe, en gémissant, détaché de la branche, Je sentis de mon front, qui sous l’automne penche, Tomber ces vers plaintifs où quelque autre rêveur Découvrira, peut-être, une intime saveur.

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