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Secret

10 poésies en cours de vérification
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Poésies de la collection secret

    Anatole France

    Anatole France

    @anatoleFrance

    Les choses de l'amour Les choses de l'amour ont de profonds secrets. L'instinct primordial de l'antique Nature Qui mêlait les flancs nus dans le fond des forêts Trouble l'épouse encor sous sa riche ceinture ; Et, savante en pudeur, attentive à nos lois. Elle garde le sang de l'Ève des grands bois.

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    Antoine-Vincent Arnault

    Antoine-Vincent Arnault

    @antoineVincentArnault

    Le secret de polichinelle Qui découvre une vérité, A dit un grave personnage, La gardera pour soi, s'il est quelque peu sage Et chérit sa tranquillité. Socrate, Galilée, et gens de cette étoffe, Ont méconnu ce dogme, et s'en sont mal trouvés. Quels maux n'ont-ils pas éprouvés ! D'abord c'est Anitus qui crie au philosophe ; Mélitus applaudit ; et mon sage, en prison, Reconnaît, mais trop tard, le tort d'avoir raison : Socrate y but la mort : mais quoi ! son infortune, Qui n'a fait qu'assurer son immortalité, Pourrait-elle étonner mon intrépidité ? Ce qu'il osa cent fois, je ne l'oserais une ! Non, non, je veux combattre un préjugé reçu. Dût l'Anitus du jour, aboyant au scandale, Calomnier mes mœurs pour venger la morale, Je rectifie un fait qu'on n'a jamais bien su ; Des générations erreur héréditaire, Erreur qu'avec Fréron partage aussi Voltaire ; Polichinelle, amis, n'était pas né bossu. L'histoire universelle affirme le contraire ; Je le sais fort bien ; mais-qu'y faire ? Ne pas lui céder sur ce point, Ni sur cet autre encor : monsieur Polichinelle Grasseyait bien un peu, mais ne bredouillait point, Quoi qu'en ait dit aussi l'histoire universelle. Du reste, en fait d'esprit, se croyant tout donné, Pour avoir un peu de mémoire, Monsieur Polichinelle, au théâtre adonné, Fondait sur ce bel art sa fortune et sa gloire : Il voulait l'une et l'autre. Assez mal à propos, Un soir donc il débute en costume tragique, Ignorant, l'idiot, qu'un habit héroïque Veut une taille de héros. Aussi la pourpre et l'or dont mon vilain rayonne, Font-ils voir aux plus étourdis Ce qui, sous ses simples habits, N'avait encor frappé personne ; Son dos un peu trop arrondi, Son ventre un peu trop rebondi, Sa figure un peu trop vermeille. De plus, si ce n'est trop de la plus douce voix Pour dire ces beaux vers qui charment à la fois L'esprit, et le cœur et l'oreille, Imaginez-vous mon grivois Psalmodiant Racine et grasseyant Corneille. On n'y tint pas : il fut hué, Siffle, bafoué, conspué. Un autre en serait mort, ou de honte ou de rage. Lui, plus sensé, n'en mourut pas ; Et crut même de ce faux pas Pouvoir tirer quelqu'avantage. Mes défauts sont connus : pourquoi m'en affliger ? Mieux vaudrait les mettre à la mode. Je ne saurais les corriger, Affichons-les ; c'est si commode ! Il est plusieurs célébrités, Hommes de goût, gens à scrupules, La vôtre est dans vos qualités, La nôtre est dans nos ridicules. Il dit, et sur son dos, qui n'était que voûté, il ajuste une bosse énorme ; Puis un ventre de même forme À son gros ventre est ajouté. Loin d'imiter ce Démosthènes, Qui, bredouilleur ambitieux, Devant les flots séditieux, Image du peuple d'Athènes, S'exerçait à briser les chaînes De son organe vicieux, Confiait aux vents la harangue Où des Grecs il vengeait les droits, Et, pour mieux triompher des rois, S'efforçait à dompter sa langue, Polichinelle croit qu'on peut encore charmer Sans être plus intelligible Que tel que je pourrais nommer, Et met son art à se former Un parlage un peu plus risible. Puis, vêtu d'un habit de maint échantillon, Il barbouille de vermillon Sa face déjà rubiconde ; Prend des manchettes, des sabots ; Dit des sentences, des gros mots ; Bref, n'omet rien pour plaire aux sots Et plaît à presque tout le monde. Quels succès, par les siens, ne sont pas effacés ? Les Roussels passeront, les Janots sont passés ! Lui seul, toujours de mode, à Paris comme à Rome, Peut se prodiguer sans s'user ; Lui seul, toujours sûr d'amuser, Pour les petits enfants est toujours un grand homme. Ajoutons à ce que j'ai dit, Que tel qui tout bas s'applaudit De la faveur universelle, Ne doit sa vogue et son crédit Qu'au secret de Polichinelle.

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    Charles Cros

    Charles Cros

    @charlesCros

    Possession Puisque ma bouche a rencontré Sa bouche, il faut me taire. Trêve Aux mots creux. Je ne montrerai Rien qui puisse trahir mon rêve. * Il faut que je ne dise rien De l'odeur de sa chevelure, De son sourire aérien, Des bravoures de son allure, Rien des yeux aux regards troublants, Persuasifs, cabalistiques, Rien des épaules, des bras blancs Aux effluves aromatiques. * Je ne sais plus faire d'ailleurs Une si savante analyse, Possédé de rêves meilleurs Où ma raison se paralyse. Et je me sens comme emporté, Épave en proie au jeu des vagues, Par le vertige où m'ont jeté Ses lèvres tièdes, ses yeux vagues. * On se demandera d'où vient L'influx tout-puissant qui m'oppresse, Mais personne n'en saura rien Que moi seul... et l'Enchanteresse.

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    A

    Alexis-Félix Arvers

    @alexisFelixArvers

    L'amour caché Mon âme a son secret, ma vie a son mystère, Un amour éternel en un moment conçu : Le mal est sans espoir, aussi j'ai dû le taire, Et celle qui l'a fait n'en a jamais rien su. Hélas ! j'aurai passé près d'elle inaperçu, Toujours à ses côtés, et pourtant solitaire. Et j'aurai jusqu'au bout fait mon temps sur la terre, N'osant rien demander et n'ayant rien reçu. Pour elle, quoique Dieu l'ait faite douce et tendre, Elle suit son chemin, distraite et sans entendre Ce murmure d'amour élevé sur ses pas. À l'austère devoir, pieusement fidèle, Elle dira, lisant ces vers tout remplis d'elle " Quelle est donc cette femme ? " et ne comprendra pas.

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    J

    Jean-Pierre Claris de Florian

    @jeanPierreClarisDeFlorian

    Les serins et le chardonneret Un amateur d'oiseaux avait, en grand secret, Parmi les œufs d'une serine Glissé l'œuf d'un chardonneret. La mère des serins, bien plus tendre que fine, Ne s'en aperçut point, et couva comme sien Cet œuf qui dans peu vint à bien. Le petit étranger, sorti de sa coquille, Des deux époux trompés reçoit les tendres soins, Par eux traité ni plus ni moins Que s'il était de la famille. Couché dans le duvet, il dort le long du jour A côté des serins dont il se croit le frère, Reçoit la becquée à son tour, Et repose la nuit sous l'aile de la mère. Chaque oisillon grandit, et, devenant oiseau, D'un brillant plumage s'habille ; Le chardonneret seul ne devient point jonquille, Et ne s'en croit pas moins des serins le plus beau. Ses frères pensent tout de même : Douce erreur qui toujours fait voir l'objet qu'on aime Ressemblant à nous trait pour trait ! Jaloux de son bonheur, un vieux chardonneret Vient lui dire : Il est temps enfin de vous connaître ; Ceux pour qui vous avez de si doux sentiments Ne sont point du tout vos parents. C'est d'un chardonneret que le sort vous fit naître. Vous ne fûtes jamais serin : regardez-vous, Vous avez le corps fauve et la tête écarlate, Le bec... Oui, dit l'oiseau, j'ai ce qu'il vous plaira ; Mais je n'ai point une âme ingrate, Et mon cœur toujours chérira Ceux qui soignèrent mon enfance. Si mon plumage au leur ne ressemble pas bien, J'en suis fâché ; mais leur cœur et le mien Ont une grande ressemblance. Vous prétendez prouver que je ne leur suis rien, Leurs soins me prouvent le contraire : Rien n'est vrai comme ce qu'on sent. Pour un oiseau reconnaissant Un bienfaiteur est plus qu'un père.

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    Marceline Desbordes-Valmore

    Marceline Desbordes-Valmore

    @marcelineDesbordesValmore

    Le secret Dans la foule, Olivier, ne viens plus me surprendre ; Sois là, mais sans parler, tâche de me l'apprendre : Ta voix a des accents qui me font tressaillir ! Ne montre pas l'amour que je ne puis te rendre, D'autres yeux que les tiens me regardent rougir. Se chercher, s'entrevoir, n'est-ce pas tout se dire ? Ne me demande plus, par un triste sourire, Le bouquet qu'en dansant je garde malgré moi : Il pèse sur mon coeur quand mon coeur le désire, Et l'on voit dans mes yeux qu'il fut cueilli pour toi. Lorsque je m'enfuirai, tiens-toi sur mon passage ; Notre heure pour demain, les fleurs de mon corsage, Je te donnerai tout avant la fin du jour : Mais puisqu'on n'aime pas lorsque l'on est bien sage, Prends garde à mon secret, car j'ai beaucoup d'amour !

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Renaissance Je voudrais, les prunelles closes, Oublier, renaître, et jouir De la nouveauté, fleur des choses, Que l'âge fait évanouir. Je resaluerais la lumière, Mais je déplierais lentement Mon âme vierge et ma paupière Pour savourer l'étonnement ; Et je devinerais moi-même Les secrets que nous apprenons ; J'irais seul aux êtres que j'aime Et je leur donnerais des noms ; Émerveillé des bleus abîmes Où le vrai Dieu semble endormi, Je cacherais mes pleurs sublimes Dans des vers sonnant l'infini ; Et pour toi, mon premier poème, Ô mon aimée, ô ma douleur, Je briserais d'un cri suprême Un vers frêle comme une fleur. Si pour nous il existe un monde Où s'enchaînent de meilleurs jours, Que sa face ne soit pas ronde, Mais s'étende toujours, toujours... Et que la beauté, désapprise Par un continuel oubli, Par une incessante surprise Nous fasse un bonheur accompli.

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    Théodore de Banville

    Théodore de Banville

    @theodoreDeBanville

    Chanson d'amour Qui veut avant le point du jour, Vers le bien-aimé de mon âme, Parce que je languis d'amour, Porter le secret de ma flamme ? Ô mon cœur, à quel cœur discret Peux-tu te confier encore ? — Si l'alouette a mon secret, Elle ira le dire à l'Aurore. Le désir de son javelot A percé mon cœur qui se brise. — Si je dis mon secret au flot, Le flot l'ira dire à la brise. Un frisson glisse sur mon col, Et glace ma lèvre déclose. — Si je le dis au rossignol, Il ira le dire à la rose. Qui donc saura le supplier De finir mes peines mortelles ? — Si je le dis au blanc ramier, Il l'ira dire aux tourterelles. Je me ploie ainsi qu'un roseau Et ma beauté penche flétrie. — Si je le dis au bleu ruisseau, Il l'ira dire à la prairie. Vous qui voyez mon désespoir, Flots, ailes, brises des montagnes ! — Si je le dis à mon miroir, Il l'ira dire à mes compagnes. Parce que je languis d'amour, Vous qui voyez que je me pâme, — Allez, allez de ce séjour Vers le bien-aimé de mon âme !

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    Théophile Gautier

    Théophile Gautier

    @theophileGautier

    Affinités secrètes Madrigal panthéiste Dans le fronton d’un temple antique, Deux blocs de marbre ont, trois mille ans, Sur le fond bleu du ciel attique Juxtaposé leurs rêves blancs ; Dans la même nacre figées, Larmes des flots pleurant Vénus, Deux perles au gouffre plongées Se sont dit des mots inconnus ; Au frais Généralife écloses, Sous le jet d’eau toujours en pleurs, Du temps de Boabdil, deux roses Ensemble ont fait jaser leurs fleurs ; Sur les coupoles de Venise Deux ramiers blancs aux pieds rosés, Au nid où l’amour s’éternise Un soir de mai se sont posés. Marbre, perle, rose, colombe, Tout se dissout, tout se détruit ; La perle fond, le marbre tombe, La fleur se fane et l’oiseau fuit. En se quittant, chaque parcelle S’en va dans le creuset profond Grossir la pâte universelle Faite des formes que Dieu fond. Par de lentes métamorphoses, Les marbres blancs en blanches chairs, Les fleurs roses en lèvres roses Se refont dans des corps divers. Les ramiers de nouveau roucoulent Au coeur de deux jeunes amants, Et les perles en dents se moulent Pour l’écrin des rires charmants. De là naissent ces sympathies Aux impérieuses douceurs, Par qui les âmes averties Partout se reconnaissent soeurs. Docile à l’appel d’un arome, D’un rayon ou d’une couleur, L’atome vole vers l’atome Comme l’abeille vers la fleur. L’on se souvient des rêveries Sur le fronton ou dans la mer, Des conversations fleuries Prés de la fontaine au flot clair, Des baisers et des frissons d’ailes Sur les dômes aux boules d’or, Et les molécules fidèles Se cherchent et s’aiment encor. L’amour oublié se réveille, Le passé vaguement renaît, La fleur sur la bouche vermeille Se respire et se reconnaît. Dans la nacre où le rire brille, La perle revoit sa blancheur ; Sur une peau de jeune fille, Le marbre ému sent sa fraîcheur. Le ramier trouve une voix douce, Echo de son gémissement, Toute résistance s’émousse, Et l’inconnu devient l’amant. Vous devant qui je brûle et tremble, Quel flot, quel fronton, quel rosier, Quel dôme nous connut ensemble, Perle ou marbre, fleur ou ramier ?

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Amour secret Ô toi d'où me vient ma pensée, Sois fière devant le Seigneur ! Relève ta tête abaissée, Ô toi d'où me vient mon bonheur ! Quand je traverse cette lieue Qui nous sépare, au sein des nuits, Ta patrie étoilée et bleue Rayonne à mes yeux éblouis. C'est l'heure où cent lampes en flammes Brillent aux célestes plafonds ; L'heure où les astres et les âmes Échangent des regards profonds. Je sonde alors ta destinée, Je songe à toi, qui viens des cieux, A toi, grande âme emprisonnée, A toi, grand coeur mystérieux ! Noble femme, reine asservie, Je rêve à ce sort envieux Qui met tant d'ombre dans ta vie, Tant de lumière dans tes yeux Moi, je te connais tout entière Et je te contemple à genoux ; Mais autour de tant de lumière Pourquoi tant d'ombre, ô sort jaloux ? Dieu lui donna tout, hors l'aumône Qu'il fait à tous dans sa bonté ; Le ciel qui lui devait un trône Lui refusa la liberté. Oui, ton aile, que le bocage, Que l'air joyeux réclame en vain, Se brise aux barreaux d'une cage, Pauvre grande âme, oiseau divin ! Bel ange, un joug te tient captive, Cent préjugés sont ta prison, Et ton attitude pensive, Hélas, attriste ta maison. Tu te sens prise par le monde Qui t'épie, injuste et mauvais. Dans ton amertume profonde Souvent tu dis : si je pouvais ! Mais l'amour en secret te donne Ce qu'il a de pur et de beau, Et son invisible couronne, Et son invisible flambeau ! Flambeau qui se cache à l'envie, Qui luit, splendide et clandestin, Et qui n'éclaire de la vie Que l'intérieur du destin. L'amour te donne, ô douce femme, Ces plaisirs où rien n'est amer, Et ces regards où toute l'âme Apparaît dans un seul éclair, Et le sourire, et la caresse, L'entretien furtif et charmant, Et la mélancolique ivresse D'un ineffable épanchement, Et les traits chéris d'un visage, Ombre qu'on aime et qui vous suit, Qu'on voit le jour dans le nuage, Qu'on voit dans le rêve la nuit, Et les extases solitaires, Quand tous deux nous nous asseyons Sous les rameaux pleins de mystères Au fond des bois pleins de rayons ; Purs transports que la foule ignore, Et qui font qu'on a d'heureux jours Tant qu'on peut espérer encore Ce dont on se souvient toujours. Va, sèche ton bel oeil qui pleure, Ton sort n'est pas déshérité. Ta part est encor la meilleure, Ne te plains pas, ô ma beauté ! Ce qui manque est bien peu de chose Quand on est au printemps vermeil, Et quand on vit comme la rose De parfums, d'ombre et de soleil. Laisse donc, ô ma douce muse, Sans le regretter un seul jour, Ce que le destin te refuse Pour ce que te donne l'amour !

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