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Aimer

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Aimer

Poésies de la collection aimer

    Alfred De Musset

    Alfred De Musset

    @alfredDeMusset

    Chanson de Fortunio Si vous croyez que je vais dire Qui j'ose aimer, Je ne saurais, pour un empire, Vous la nommer. Nous allons chanter à la ronde, Si vous voulez, Que je l'adore et qu'elle est blonde Comme les blés. Je fais ce que sa fantaisie Veut m'ordonner, Et je puis, s'il lui faut ma vie, La lui donner. Du mal qu'une amour ignorée Nous fait souffrir, J'en porte l'âme déchirée Jusqu'à mourir. Mais j'aime trop pour que je die Qui j'ose aimer, Et je veux mourir pour ma mie Sans la nommer.

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    Anna de Noailles

    Anna de Noailles

    @annaDeNoailles

    Aimer, c'est de ne mentir plus Aimer, c'est de ne mentir plus. Nulle ruse, n'est nécessaire Quand le bras chaleureux enserre Le corps fuyant qui nous a plu. — Crois à ma voix qui rêve et chante Et qui construit ton paradis. Saurais-tu que je suis méchante Si je ne te l'avais pas dit ? — Faiblement méchante, en pensée, Et pour retrouver par moment Cette solitude sensée Que j'ai reniée en t'aimant !

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    Arsène Houssaye

    Arsène Houssaye

    @arseneHoussaye

    Ceux qui aiment toujours Chanson. Aimons-nous follement ! C'est la chanson, ma mie, Que dit le cœur de ton amant À chaque battement. La plus belle folie Sous le ciel d'Italie, C'est d'aimer follement ! Aimons-nous follement ! La science de vivre Est de mourir tout doucement Près de ton sein charmant Où l'Amour, étant ivre, Écrivit ce beau livre : Aimons-nous follement ! Aimons-nous follement Jusqu'à la frénésie ! Que dit l'étoile au firmament, La rose à son amant, La lèvre à l'ambroisie, L'Art à la Poésie ? Aimons-nous follement !

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    Charles Cros

    Charles Cros

    @charlesCros

    Aux femmes Noyez dans un regard limpide, aérien, Les douleurs. Ne dites rien de mal, ne dites rien de bien, Soyez fleurs. Soyez fleurs : par ces temps enragés, enfumés De charbon, Soyez roses et lys. Et puis, aimez, aimez ! C'est si bon !... Il y a la fleur, il y a la femme, Il y a le bois où l'on peut courir Il y a l'étang où l'on peut mourir. Alors, que nous fait l'éloge ou le blâme ? L'aurore naît et la mort vient. Qu'ai-je fait de mal ou de bien ? Je suis emporté par l'orage, Riant, pleurant, mais jamais sage. Ceux qui dédaignent les amours Ont tort, ont tort, Car le soleil brille toujours ; La Mort, la Mort Vient vite et les sentiers sont courts. Comme tu souffres, mon pays, Ô lumineuse, ô douce France, Et tous les peuples ébahis Ne comprennent pas ta souffrance.

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    Charles Cros

    Charles Cros

    @charlesCros

    Soir Je viens de voir ma bien-aimée Et vais au hasard, sans desseins, La bouche encor tout embaumée Du tiède contact de ses seins. Mes yeux voient à travers le voile Qu'y laisse le plaisir récent, Dans chaque lanterne une étoile, Un ami dans chaque passant. Chauves-souris disséminées, Mes tristesses s'en vont en l'air Se cacher par les cheminées. Noires, sur le couchant vert-clair. Le gaz s'allume aux étalages... Moi, je crois, au lieu du trottoir, Fouler sous mes pieds les nuages Ou les tapis de son boudoir. Car elle suit mes courses folles, Et le vent vient me caresser Avec le son de ses paroles Et le parfum de son baiser.

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    C

    Charles d'Orléans

    @charlesDorleans

    J'aime qui m'aime J'aime qui m'aime, autrement non ; Et non pourtant, je ne hais rien, Mais voudrait que tout fut bien, À l'ordonnance de Raison. Je parle trop, las ! se fait mon ! Au fort, en ce propos me tient : J'aime qui m'aime, autrement non, Et non pourtant je ne hais rien. De pensées son chaperon A brodé le pauvre coeur mien ; Tout droit de devers lui je viens, Et ma baillé cette chanson : J'aime qui m'aime, autrement non.

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    Charles-Augustin Sainte-Beuve

    Charles-Augustin Sainte-Beuve

    @charlesAugustinSainteBeuve

    À mon ami Ulric Guttinguer Depuis que de mon Dieu la bonté paternelle Baigna mon cœur enfant de tendresse et de pleurs, Alluma le désir au fond de ma prunelle, Et me ceignit le front de pudiques couleurs ; Et qu'il me dit d'aller vers les filles des hommes Comme une mère envoie un enfant dans un pré Ou dans un verger mûr, et des fleurs ou des pommes Lui permet de cueillir la plus belle à son gré ; Bien souvent depuis lors, inconstant et peu sage. En ce doux paradis j'égarais mes amours ; À chaque fruit charmant qui tremblait au passage, Tenté de le cueillir, je retardais toujours. Puis, j'en voyais un autre et je perdais mémoire : C'étaient des seins dorés et plus blonds qu'un miel pur ; D'un front pâli j'aimais la chevelure noire ; Des yeux bleus m'ont séduit à leur paisible azur. J'ai, changeant tour-à-tour de faiblesse et de flamme, Suivi bien des regards, adoré bien des pas, Et plus d'un soir, rentrant, le désespoir dans l'âme, Un coup-d'œil m'atteignit que je ne cherchais pas. Caprices ! vœux légers ! Lucile, Natalie, Toi qui mourus, Emma, fantômes chers et doux. Et d'autres que je sais et beaucoup que j'oublie, Que de fois pour toujours je me crus tout à vous ! Mais comme un Ilot nouveau chasse le flot sonore, Comme passent des voix dans un air embaumé, Comme l'aube blanchit et meurt à chaque aurore. Ainsi rien ne durait... et je n'ai point aimé. Non jamais, non l'amour, l'amour vrai, sans mensonge. Ses purs ravissements en un cœur ingénu, Et l'unique pensée où sa vertu nous plonge, Et le choix éternel.... je ne l'ai pas connu ! Et si, trouvant en moi cet ennui que j'évite, Retombé dans le vide et las des longs loisirs, Pour dévorer mes jours et les tarir plus vite, J'ai rabaissé mon âme aux faciles plaisirs ; Si, touché des cris sourds de la chair qui murmure. Sans attendre, ô mon Dieu, le fruit vermeil et frais, J'ai mordu dans la cendre et dans la pourriture, Comme un enfant glouton, pour m'assoupir après ; Pardonne à mon délire, à l'affreuse pensée D'une mort sans réveil et d'une nuit sans jour, À mon vœu de m'éteindre en ma joie insensée ; Pardonne. — Tout cela, ce n'était pas l'amour. Mais, depuis quelques soirs et vers l'heure où l'on rêve, Je rencontre en chemin une blanche beauté ; Elle est là quand je passe, et son front se relève, Et son œil sur le mien semble s'être arrêté. Comme un jeune Asphodèle, au bord d'une eau féconde, Elle penche à la brise et livre ses parfums ; Sa main, comme un beau lys, joue à sa tête blonde ; Sa prunelle rayonne à travers des cils bruns. Comme sur un gazon, sur sa tempe bleuâtre Les flots de ses cheveux sont légers à couler ; Dans le vase, à travers la pâleur de l'albâtre, On voit trembler la lampe et l'âme étinceler. Souvent en vous parlant, quelque rêveuse image Tout-à-coup sur son front et dans ses yeux voilés Passe, plus prompte à fuir qu'une ombre de nuage, Qui par un jour serein court aux cimes des blés. Ses beaux pieds transparents, nés pour fouler la rose, Plus blancs que le satin qui les vient enfermer, Plus doux que la senteur dont elle les arrose, Je les ai vus.... Mon Dieu, fais que je puisse aimer ! Aimer, c'est croire en toi, c'est prier avec larmes Pour l'angélique fleur éclose en notre nuit, C'est veiller quand tout dort et respirer ses charmes, Et chérir sur son front ta grâce qui reluit ; C'est, quand autour de nous le genre humain en troupe S'agite éperdument pour le plaisir amer. Et sue, et boit ses pleurs dans le vin de sa coupe. Et se rue à la mort comme un fleuve à la mer, C'est trouver en soi seul ces mystiques fontaines, Ces torrents de bonheur qu'a chantés un saint Roi ; C'est passer du désert aux régions certaines, Tout entiers l'un à l'autre, et tous les deux dans toi : C'est être chaste et sobre, et doux avec courage ; C'est ne maudire rien quand ta main a béni ; C'est croire au ciel serein, à l'éclair dans l'orage ; C'est vouloir qu'ici bas tout ne soit pas fini ; C'est, lorsqu'au froid du soir, aux approches de l'ombre, Le couple voyageur s'est assis pour gémir, Et que la mort sortant, comme un hôtelier sombre, Au plus lassé des deux a crié de dormir ; C'est, pour l'inconsolé qui poursuit solitaire, Être mort et dormir dans le même tombeau ; Plus que jamais c'est vivre au-delà de la terre, C'est voir en songe un ange avec un saint flambeau. Juillet 1819.

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    Charles-Augustin Sainte-Beuve

    Charles-Augustin Sainte-Beuve

    @charlesAugustinSainteBeuve

    Ô laissez-vous aimer À Madame ***. Ô laissez-vous aimer !... ce n'est pas un retour, Ce n'est pas un aveu que mon ardeur réclame ; Ce n'est pas de verser mon âme dans votre âme, Ni de vous enivrer des langueurs de l'amour ; Ce n'est pas d'enlacer en mes bras le contour De ces bras, de ce sein ; d'embraser de ma flamme Ces lèvres de corail si fraîches ; non, madame, Mon feu pour vous est pur, aussi pur que le jour. Mais seulement, le soir, vous parler à la fête, Et tout bas, bien longtemps, vers vous penchant la tête, Murmurer de ces riens qui vous savent charmer ; Voir vos yeux indulgents plus mollement reluire ; Puis prendre votre main, et, courant, vous conduire À la danse légère... ô laissez-vous aimer !

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Aubade parisienne Pour venir t’aimer, ma chère, Je franchis les blancs ruisseaux, Et j’ai l’âme si légère Que j’ai pitié des oiseaux. Quel temps fait-il donc ? Il gèle, Mais je me crois au printemps. Entends-tu, mademoiselle ? Tu m’as rendu mes vingt ans. Tu m’as rendu ma jeunesse. Ce coeur que je croyais mort, Je veux pour toi qu’il renaisse ; Écoute comme il bat fort ! Quelle heure est-il ? Tu déjeunes; Prends ce fruit et mords dedans. C’est permis, nous sommes jeunes, Et j’en mange sur tes dents. Parle-moi, dis-moi des choses. Je n’écoute pas, je vois S’agiter tes lèvres roses Et je respire ta voix. Je t’aime et je t’aime encore; A tes pieds je viens m’asseoir. Laisse-moi faire ; j’adore Le tapis de ton boudoir !

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Lettre Non, ce n'est pas en vous « un idéal » que j'aime, C'est vous tout simplement, mon enfant, c'est vous-même. Telle Dieu vous a faite, et telle je vous veux. Et rien ne m'éblouit, ni l'or de vos cheveux, Ni le feu sombre et doux de vos larges prunelles, Bien que ma passion ait pris sa source en elles. Comme moi, vous devez avoir plus d'un défaut ; Pourtant c'est vous que j'aime et c'est vous qu'il me faut. Je ne poursuis pas là de chimère impossible ; Non, non ! mais seulement, si vous êtes sensible Au sentiment profond, pur, fidèle et sacré, Que j'ai conçu pour vous et que je garderai, Et si nous triomphons de ce qui nous sépare, Le rêve, chère enfant, où mon esprit s'égare, C'est d'avoir à toujours chérir et protéger Vous comme vous voilà, vous sans y rien changer. Je vous sais le cœur bon, vous n'êtes point coquette ; Mais je ne voudrais pas que vous fussiez parfaite, Et le chagrin qu'un jour vous me pourrez donner, J'y tiens pour la douceur de vous le pardonner. Je veux joindre, si j'ai le bonheur que j'espère, À l'ardeur de l'amant l'indulgence du père Et devenir plus doux quand vous me ferez mal. Voyez, je ne mets pas en vous « un idéal, » Et de l'humanité je connais la faiblesse ; Mais je vous crois assez de cœur et de noblesse ; Pour espérer que, grâce à mon effort constant, Vous m'aimerez un peu, moi qui vous aimetant !

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Orgueil d'aimer Hélas ! la chimère s'envole Et l'espoir ne m'est plus permis ; Mais je défends qu'on me console. Ne me plaignez pas, mes amis. J'aime ma peine intérieure Et l'accepte d'un cœur soumis. Ma part est encor la meilleure Puisque mon amour m'est resté ; Ne me plaignez pas si j'en pleure. À votre lampe, aux soirs d'été, Les papillons couleur de soufre Meurent pour avoir palpité. Ainsi mon amour, comme un gouffre, M'entraîne et je vais m'engloutir ; Ne me plaignez pas si j'en souffre. Car je ne puis me repentir, Et dans la torture subie J'ai la volupté du martyr ; Et s'il faut y laisser ma vie, Ce sera sans lâches clameurs. J'aime ! j'aime et veux qu'on m'envie ! Ne me plaignez pas si j'en meurs.

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    François Coppée

    François Coppée

    @francoisCoppee

    Réponse — « Mais je l'ai vu si peu ! » — disiez-vous l'autre jour. Et moi, vous ai-je vue en effet davantage ? En un moment mon cœur s'est donné sans partage. Ne pouvez-vous ainsi m'aimer à votre tour ? Pour monter d'un coup d'aile au sommet de la tour, Pour emplir de clartés l'horizon noir d'orage, Et pour nous enchanter de son puissant mirage, Quel temps faut-il à l'aigle, à l'éclair, à l'amour ? Je vous ai vue à peine et vous m'êtes ravie ! Mais à vous mériter je consacre ma vie Et du sombre avenir j'accepte le défi. Pour s'aimer faut-il donc tellement se connaître, Puisque, pour allumer le feu qui me pénètre, Chère âme, un seul regard de vos yeux a suffi ?

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    A

    Alexis-Félix Arvers

    @alexisFelixArvers

    Pourtant, si tu m'aimais Pourtant, si tu m'aimais ! si cette raillerie Avait jeté racine et germé sourdement ; Si, moi qui me jouais, si tu m'avais, Marie, De la bouche et du cœur appelé ton amant ! Si je t'avais trompée, et si j'avais su rendre Si puissant et si doux mon sourire moqueur. Que ton âme crédule ait pu se laisser prendre Aux semblants d'un amour qui n'est point dans mon cœur, Malheur à tous les deux ! Tôt ou tard l'imposture Rapportera ses fruits d'angoisse et de douleur ; Et toi, qui n'a rien fait, toi, pauvre créature, Tu prendras comme moi ta moitié du malheur. Et si j'avais dit vrai ; cependant, quand j'y songe... Ô femme ! vois un peu ce que c'est que de nous ! Pour peu que cette voix, qui riait du mensonge. Eût de torrents d'amour inondé tes genoux ! Comme un berceau d'enfant à la branche fleurie, Si j'avais suspendu mon bonheur à tes pas, Malheur, encor malheur ! car cette fois, Marie, Hélas ! ce serait toi qui ne m'aimerais pas ! Était-ce donc ta loi, pitoyable nature. De reculer toujours le but que j'entrevois, Et de ne mettre au cœur de chaque créature Qu'un désir sans espoir, et qu'un écho sans voix. Ô malédiction ! était-ce ton envie De n'accomplir jamais qu'une part du souhait, Et le seul avenir est-il pour cette vie, De haïr qui nous aime, ou d'aimer qui nous hait.

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    Henri-Frédéric Amiel

    Henri-Frédéric Amiel

    @henriFredericAmiel

    Si tu m'aimes Je sens voler sur tes traces, Ô belle aux yeux languissants, Tout émus et frémissants, Si tu passes, Mon cœur, mon âme et mes sens. Vierge aux manières modestes, Près de toi je suis troublé ; Pars-tu, tout est désolé ; Si tu restes, Pour moi le monde est peuplé. J'aime, vives ou touchantes, Les chansons que, dans les bois, Le rossignol dit parfois... Si tu chantes, Je n'entends plus que ta voix. J'ai connu, vierge, des heures... A leur souvenir, d'effroi Déjà mon cœur se sent froid ; Si tu pleures, Alors il se brise en moi. Ton front pur, ô fille d'Eve, D'aucun souffle n'est terni ; Un bon ange l'a béni, Et, s'il rêve, Il m'entr'ouvre l'infini. Tes yeux noirs et doux, qui laissent Filtrer tant d'âme au travers, Sur les miens, chargés d'éclairs, S'ils s'abaissent, Je crois voir les cieux ouverts. Que m'importent tous problèmes, Soucis, plaisirs ou chagrins ? En toi, je vis et je crains : Si tu m'aimes, J'ai consommé mes destins !

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    Louise Colet

    Louise Colet

    @louiseColet

    Isola-Bella Vierges, lorsqu'à vos cœurs l'amour se révéla, Par votre fiancé quand vous fûtes aimées, Le jour où son destin au vôtre se mêla. Ne rêvâtes-vous pas aux îles Borromées ? Et parmi les trois sœurs, corbeilles parfumées, Au rivage enchanteur de l'Isola-Bella Où l'on voit des palais sous de fraîches ramées, N'avez-vous pas choisi quelque blanche villa ? Là, le grand lac qu'entoure un cercle de collines Reflète dans l'azur de ses eaux cristallines L'Italie au ciel bleu, la Suisse aux sombres monts. N'est-il pas, ici-bas, deux âmes exilées Qui coulent sur ces bords, l'une à l'autre mêlées, Une vie enfermée en ce seul mot : AIMONS !

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    Paul Verlaine

    Paul Verlaine

    @paulVerlaine

    J'ai presque peur, en vérité J'ai presque peur, en vérité, Tant je sens ma vie enlacée À la radieuse pensée Qui m'a pris l'âme l'autre été, Tant votre image, à jamais chère, Habite en ce coeur tout à vous, Mon cœur uniquement jaloux De vous aimer et de vous plaire ; Et je tremble, pardonnez-moi D'aussi franchement vous le dire, À penser qu'un mot, un sourire De vous est désormais ma loi, Et qu'il vous suffirait d'un geste. D'une parole ou d'un clin d'oeil, Pour mettre tout mon être en deuil De son illusion céleste. Mais plutôt je ne veux vous voir, L'avenir dût-il m'être sombre Et fécond en peines sans nombre, Qu'à travers un immense espoir, Plongé dans ce bonheur suprême De me dire encore et toujours, En dépit des mornes retours, Que je vous aime, que je t'aime !

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    Pierre de Ronsard

    Pierre de Ronsard

    @pierreDeRonsard

    Ode saphique XXXI Mon âge et mon sang ne sont plus en vigueur, Les ardents pensers ne m'eschauffent le cœur ; Plus mon chef grison ne se veut enfermer Sous le joug d'aimer. En mon jeune avril, d'Amour je fus soudart, Et, vaillant guerrier, portay son estendart ; Ores à l'autel de Venus je l'appens, Et forcé me rens. Plus ne veux ouyr ces mots delicieux : « Ma vie, mon sang, ma chere âme, mes yeux. » C'est pour les amants à qui le sang plus chaud Au cœur ne défaut. Je veux d'autre feu ma poitrine eschaufer, Cognoistre nature et bien philosopher, Du monde sçavoir et des astres le cours, Retours et destours. Donc, sonnets, adieu ! adieu, douces chansons ! Adieu, dance ! adieu de la lyre les sons ! Adieu, traits d'Amour ! volez en autre part Qu'au cœur de Ronsard. Je veux estre à moy, non plus servir autruy ; Pour autruy ne veux me donner plus d'ennuy. Il faut essayer, sans plus me tourmenter, De me contenter. L'oiseau prisonnier, tant soit-il bien traité, Sa cage rompant, cherche sa liberté : Servage d'esprit tient de liens plus forts Que celuy du corps. Vostre affection m'a servy de bonheur. D'estre aimé de vous ce m'est un grand honneur. Tant que l'air vital en moy se respandra, II m'en souviendra. Plus ne veut mon âge à l'amour consentir, Repris de nature et d'un tard repentir. Combattre contre elle et luy estre odieux, C'est forcer les dieux.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Les chaînes J'ai voulu tout aimer, et je suis malheureux, Car j'ai de mes tourments multiplié les causes ; D'innombrables liens frêles et douloureux Dans l'univers entier vont de mon âme aux choses. Tout m'attire à la fois et d'un attrait pareil : Le vrai par ses lueurs, l'inconnu par ses voiles ; Un trait d'or frémissant joint mon cœur au soleil, Et de longs fils soyeux l'unissent aux étoiles. La cadence m'enchaîne à l'air mélodieux, La douceur du velours aux roses que je touche ; D'un sourire j'ai fait la chaîne de mes yeux, Et j'ai fait d'un baiser la chaîne de ma bouche. Ma vie est suspendue à ces fragiles nœuds, Et je suis le captif des mille êtres que j'aime : Au moindre ébranlement qu'un souffle cause en eux Je sens un peu de moi s'arracher de moi-même.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Réalisme Elle part, mais je veux, à mon amour fidèle, La garder tout entière en un pieux portrait, Portrait naïf où rien ne me sera soustrait Des grâces, des défauts, chers aussi, du modèle. Arrière les pinceaux ! sur la toile cruelle Le profane idéal du peintre sourirait : C'est elle que je veux, c'est elle trait pour trait, Belle d'une beauté que seul je vois en elle. Mais, ô soleil, ami qui la connais le mieux, Qui prêtes à son cœur, quand nous sommes ensemble Tes rayons les plus purs pour luire dans ses yeux, Artiste dont la main ne cherche ni ne tremble, Viens toi-même au miroir que je t'offre imprimer Chacun de ces rayons qui me la font aimer.

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    Sully Prudhomme

    Sully Prudhomme

    @sullyPrudhomme

    Soupir Ne jamais la voir ni l'entendre, Ne jamais tout haut la nommer, Mais, fidèle, toujours l'attendre, Toujours l'aimer. Ouvrir les bras et, las d'attendre, Sur le néant les refermer, Mais encor, toujours les lui tendre, Toujours l'aimer. Ah ! Ne pouvoir que les lui tendre, Et dans les pleurs se consumer, Mais ces pleurs toujours les répandre, Toujours l'aimer. Ne jamais la voir ni l'entendre, Ne jamais tout haut la nommer, Mais d'un amour toujours plus tendre Toujours l'aimer.

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    Stéphane Mallarmé

    Stéphane Mallarmé

    @stephaneMallarme

    Si tu veux nous nous aimerons Si tu veux nous nous aimerons Avec tes lèvres sans le dire Cette rose ne l'interromps Qu'à verser un silence pire Jamais de chants ne lancent prompts Le scintillement du sourire Si tu veux nous nous aimerons Avec tes lèvres sans le dire Muet muet entre les ronds Sylphe dans la pourpre d'empire Un baiser flambant se déchire Jusqu'aux pointes des ailerons Si tu veux nous nous aimerons.

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    Théodore de Banville

    Théodore de Banville

    @theodoreDeBanville

    Aimons-nous et dormons Aimons-nous et dormons Sans songer au reste du monde ! Ni le flot de la mer, ni l'ouragan des monts, Tant que nous nous aimons Ne courbera ta tête blonde, Car l'amour est plus fort Que les Dieux et la Mort ! Le soleil s'éteindrait Pour laisser ta blancheur plus pure. Le vent, qui jusqu'à terre incline la forêt, En passant n'oserait Jouer avec ta chevelure, Tant que tu cacheras Ta tête entre mes bras ! Et lorsque nos deux cœurs S'en iront aux sphères heureuses Où les célestes lys écloront sous nos pleurs, Alors, comme deux fleurs Joignons nos lèvres amoureuses, Et tâchons d'épuiser La Mort dans un baiser !

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    Victor Hugo

    Victor Hugo

    @victorHugo

    Âme ! être, c'est aimer Âme ! être, c'est aimer. Il est. C'est l'être extrême. Dieu, c'est le jour sans borne et sans fin qui dit : j'aime. Lui, l'incommensurable, il n'a point de compas ; Il ne se venge pas, il ne pardonne pas ; Son baiser éternel ignore la morsure ; Et quand on dit : justice, on suppose mesure. Il n'est point juste ; il est. Qui n'est que juste est peu. La justice, c'est vous, humanité ; mais Dieu Est la bonté. Dieu, branche où tout oiseau se pose ! Dieu, c'est la flamme aimante au fond de toute chose. Oh ! tous sont appelés et tous seront élus. Père, il songe au méchant pour l'aimer un peu plus. Vivants, Dieu, pénétrant en vous, chasse le vice. L'infini qui dans l'homme entre, devient justice, La justice n'étant que le rapport secret De ce que l'homme fait à ce que Dieu ferait. Bonté, c'est la lueur qui dore tous les faîtes ; Et, pour parler toujours, hommes, comme vous faites, Vous qui ne pouvez voir que la forme et le lieu, Justice est le profil de la face de Dieu. Vous voyez un côté, vous ne voyez pas l'autre. Le bon, c'est le martyr ; le juste n'est qu'apôtre ; Et votre infirmité, c'est que votre raison De l'horizon humain conclut l'autre horizon. Limités, vous prenez Dieu pour l'autre hémisphère. Mais lui, l'être absolu, qu'est-ce qu'il pourrait faire D'un rapport ? L'innombrable est-il fait pour chiffrer ? Non, tout dans sa bonté calme vient s'engouffrer. On ne sait où l'on vole, on ne sait où l'on tombe, On nomme cela mort, néant, ténèbres, tombe, Et, sage, fou, riant, pleurant, tremblant, moqueur, On s'abîme éperdu dans cet immense coeur ! Dans cet azur sans fond la clémence étoilée Elle-même s'efface, étant d'ombre mêlée ! L'être pardonné garde un souvenir secret, Et n'ose aller trop haut ; le pardon semblerait Reproche à la prière, et Dieu veut qu'elle approche ; N'étant jamais tristesse, il n'est jamais reproche, Enfants. Et maintenant, croyez si vous voulez !

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    Evariste de Parny

    Evariste de Parny

    @evaristeDeParny

    Aimer est un destin charmant Élégie VIII. Aimer est un destin charmant ; C'est un bonheur qui nous enivre, Et qui produit l'enchantement. Avoir aimé, c'est ne plus vivre, Hélas ! c'est avoir acheté Cette accablante vérité, Que les serments sont un mensonge, Que l'amour trompe tôt ou tard, Que l'innocence n'est qu'un art, Et que le bonheur n'est qu'un songe.

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